Mazarinades et territoires

Premier numéro

Volume dirigé par Stéphane Haffemayer et Patrick Rebollar

Published by Stéphane Haffemayer and Patrick Rebollar

Mazarinades et territoires

Les mazarinades dans un territoire à l’écart des conflits, l’exemple de la ville de Lyon1

Édouard Klos


Texte intégral

1De « Fronde » à Lyon, il n'y a qu'une rue. Située dans le Vieux Lyon, dans le cinquième arrondissement, c'est une petite rue étroite qui rejoint la rue Saint-Jean et la rue Gadagne. Elle tire son nom de l’enseigne d'une auberge qui y était installée et qui représentait une fronde2. Il n’y a là aucun lien avec les troubles politiques qui ont accompagné la minorité de Louis XIV entre 1648 et 1653. L'enseigne fait plutôt référence au dieu suprême de la mythologie celtique Lug, divinité des hauts lieux et des places fortes, dont l’un des attributs est une fronde. Il a donné le nom gaulois de la ville, Lugdunon, devenu Lugdunum en latin qui signifie la forteresse du Dieu Lug3. Ainsi, à Lyon, la Fronde se rapporte plus à la mythologie et aux origines de la cité rhodanienne qu'au milieu du xviie siècle.

2La ville est, en effet, restée « à l’abri des troubles de la Fronde, à laquelle elle ne prit aucune part4 », parfaitement fidèle au roi durant ces quatre années, sans jamais participer au conflit. La cité rhodanienne subit, bien sûr, les hausses fiscales imposées depuis le ministère de Richelieu et déteste sans doute Mazarin comme le reste du pays. Cependant, sans parlement, ni importante noblesse de robe qui aurait des griefs contre la politique royale, Lyon n’avait pas de raison de se révolter en 1648-1649. La création de nouveaux offices et le non-renouvellement du droit de la paulette n’exercent aucune influence sur elle, si bien que les combats des parlementaires lui sont totalement étrangers. À partir de 1650 et durant la Fronde princière, certaines villes non parlementaires ont rejoint le parti condéen comme l'illustre le soulèvement d'Angers en janvier 1652 sous la pression de son gouverneur, le duc de Rohan, très proche de la famille Condé. Une fois encore, Lyon n’a pas rejoint ce mouvement de révolte. Le gouverneur de la province, Nicolas de Villeroy, précepteur de Louis XIV, n’appartient pas à l'énorme clientèle condéenne et n’a jamais tenté de soulever sa province. De son côté, le consulat lyonnais, qui détient le pouvoir municipal et se constitue d’un prévôt des marchands et de quatre échevins5, est resté d’une fidélité absolue au roi, conformément à l’imaginaire politique partagé alors par les élites urbaines. Comme l’a montré Yann Lignereux, ce total loyalisme a pris naissance après la Ligue6. Lyon avait alors adopté une position ultra-catholique et avait longtemps refusé, avec violence, tout ralliement à Henri de Navarre. Depuis, la cité rhodanienne s’est attachée à effacer cet événement par des déclarations d’union quasi-charnelles avec le roi. Pour le consulat qui dirige la cité, la Fronde est ressentie comme le moment pour la ville de passer du discours aux actes. Cette période de troubles doit permettre de montrer au roi que toutes les promesses de fidélité tant de fois répétées ne sont pas de simples exercices rhétoriques7. À l’écart du conflit politique de la Fronde, la cité rhodanienne ne reçoit pas moins ce flot de libelles séditieux que constituent les mazarinades, par des envois parisiens mais aussi par l’organisation d’une production locale8. Il se constitue même, grâce à son importante activité d’imprimerie, un véritable marché de la mazarinade organisé autour de quelques marchands libraires, qui rééditent majoritairement des pamphlets déjà diffusés à Paris.

À la recherche des pièces lyonnaises, un marché de la mazarinade à Lyon

3La diffusion de mazarinades depuis Paris en direction de Lyon est complexe à quantifier. La venue de ces imprimés depuis la capitale se fait clandestinement et s’appuie le plus souvent sur des liens interpersonnels entre marchands libraires ou entre bibliophiles comme l’illustre l’exemple de Guy Patin. Ce dernier relate le grand succès rencontré par ces imprimés, véritables phénomènes d’édition, auprès de ses différents interlocuteurs, comme le lyonnais Charles Spon. En 1649, lorsque les parutions se succèdent, il promet plusieurs fois à cet ami de lui remettre une de ces pièces « sérieuse, ridicule, bouffonne, bonne, mauvaise9 » qui paraît quotidiennement. Plusieurs prétextes semblent cependant l’en empêcher, comme les « obstructions qui sont sur les chemins10 » ou l’attente d’un « recueil général » de toutes ces mazarinades11. Guy Patin semble néanmoins s’exécuter en 1650 en envoyant plusieurs extraits de mazarinades qu’il a peut-être pris soin de recopier en annexe de deux de ses lettres12. Ainsi, le 10 avril 1650, dans un post-scriptum écrit en marge verticalement, il signale une pièce jointe à son courrier : « Je vous envoye des vers qui courent sur la Fronde depuis hier13 ». Le 30 janvier 1652, durant la Fronde condéenne, il affirme qu’« il court icy des vers latins contre le Mazarin soubs ombre de sa bibliothèque. On ne les fait voir qu'en cachette14 ». Les trouvant de bonne qualité, il en offre à son ami :

Je vous envoye une copie que l'autheur m'a donnée luy mesme et qui est icy assez peu connu. Il est mon amy et je le nommeray à mon bon amy de Lyon : C'est M. François Ogier, autrement dit M. Ogier le prédicateur15.

4Ces envois directs de mazarinades depuis Paris demeurent extrêmement minoritaires parmi les sources d’approvisionnement au sein de la ville de Lyon. L’essentiel des mazarinades qui s’échangent à Lyon sont de production locale et sont donc l’œuvre de marchands libraires lyonnais. Ceux-ci se sont engagés dans cette activité en pleine expansion et réimpriment majoritairement des pièces parisiennes qu’ils sont assurés d’écouler facilement. Un véritable « marché de la mazarinade » se constitue alors à Lyon, contrôlé par un nombre restreint d’imprimeurs libraires.

5Parmi eux, Jean Jullieron et Jacques Justet semblent avoir imprimé quelques mazarinades en 1648-1649. Le premier est imprimeur du roi et a, à ce titre, publié trois déclarations royales avant de mourir en 1649. Il appartient à une dynastie d'imprimeurs et de libraires installés à Lyon, rue Raisin, de la fin du xvie siècle au début du xviiie siècle16. Son fils, Antoine Jullieron qui lui succède, ne semble pas reprendre l'impression de tels imprimés et se concentre sur des ouvrages religieux17. Le second, Jacques Justet, libraire lyonnais resté peu célèbre18, réimprime une pièce parisienne clairement favorable aux parlementaires frondeurs en 1648, la Harangue faite au Roy et à la Reyne par M. Talon, sans qu’on ne lui connaisse d’autres rééditions de mazarinades19. De leur côté, deux autres imprimeurs-libraires, Guillaume Barbier et surtout Jean-Aimé Candy, sont bien plus prolixes. Le premier, dont l’atelier se situe place de Confort, originaire de Chalon-sur-Saône, est célèbre pour sa réimpression lyonnaise de la Gazette de Renaudot entre 1645 et le mois d’octobre 164820. Il a réédité, avec sa seule adresse, au moins sept mazarinades. Cette production est loin de celle de Jean-Aimé Candy, qui s’engage fortement dans la publication de ces libelles. Son atelier connaît une forte croissance de son activité commerciale lorsque survient la Fronde. Ce libraire a reçu le titre d’imprimeur du roi en 164221 puis a repris, en 1648, la réimpression de la Gazette. Il a édité au moins trente-cinq mazarinades portant son adresse. Ensemble, Guillaume Barbier et Jean-Aimé Candy ont également réimprimé six pièces, qui portent leurs deux noms. Au total, ces derniers publient, durant les quatre années de la Fronde, une soixantaine de mazarinades avec leur adresse lyonnaise, majoritairement favorables au parti royal. Jean-Aimé Candy est particulièrement actif dans ce domaine et son atelier édite à lui seul plus de 80 % des mazarinades imprimées avec une adresse lyonnaise.

6Partir à la recherche de ces mazarinades « lyonnaises » ou plutôt réimprimées par des libraires lyonnais, nécessite l’exploration de très nombreux fonds de bibliothèques. La bibliothèque municipale de Lyon, même si elle en conserve une courte majorité, est loin de posséder l’ensemble de ces imprimés. La bibliothèque municipale de Grenoble ainsi que la bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence constituent deux autres pôles détenteurs importants. L’exploration de bibliothèques étrangères, comme celle effectuée par Hubert Carrier à la bibliothèque Herzog August de Wolfenbüttel22 et plus récemment par Anders Toftgaard à la bibliothèque royale de Copenhague23 apportent parfois de belles surprises qui nourrissent le présent recensement. Ainsi, le fonds de la bibliothèque Herzog August compte quatre mazarinades « lyonnaises » inconnues par ailleurs, tandis que celui de la bibliothèque royale de Copenhague propose douze pièces inédites avec une adresse lyonnaise sur les dix-neuf conservées. Ces résultats, forcément amendables, ne demandent qu’à être complétés par les bibliographes.

7Durant la Fronde parlementaire, nos recensements font apparaître trente-et-une réimpressions lyonnaises qui célèbrent l'action du roi et soutiennent les paix de Rueil et de Saint-Germain – considérées comme des victoires du monarque. La plupart du temps, les libraires se contentent de réimprimer les déclarations du roi contre les frondeurs. Il faut ajouter à ce total, cinq mazarinades proprement lyonnaises, ignorées de la bibliographie de Célestin Moreau24. Elles consistent en quatre lettres ou déclarations du roi envoyées à Camille de Villeroy, nommé « abbé d’Esnay25 », le lieutenant général de la province en l’absence de son frère le gouverneur, Nicolas de Villeroy. Les trois lettres royales développent un récit des grands événements de la Fronde parlementaire comme la prise de Charenton le 8 février 1649 par les troupes royales26 ou encore la paix de Ruel conclue le 11 mars 1649 mettant fin à la Fronde parlementaire27. Derrière certains titres de mazarinades inédites lyonnaises, se cache en réalité la réédition de déclarations royales ou de mazarinades parisiennes. Jean-Aimé Candy intègre alors le nom de Camille de Villeroy dans le titre de l’imprimé, pour offrir une dimension locale et valoriser le lieutenant général de la province, mais le contenu n’est pas lui-même original. Ainsi, la Declaration du Roy, envoyée à Monseigneur l'Abbé d'Esnay […]28 correspond à une mazarinade parisienne, numérotée 953 par Célestin Moreau29. De son côté, la Lettre du Roy à Monseigneur l'Abbé d'Esnay […] sur ce qui s'est passé avec les Deputez venus de Paris à S. Germain, le 25. Février 164930 correspond bien à un courrier reçu par Camille de Villeroy mais qui a été en réalité transmis à tous les gouverneurs de province. Son contenu est donc identique à une mazarinade qui présente la lettre circulaire envoyée « aux gouverneurs des provinces sur ce qui s’est passé avec les députés venus de Paris, le 25 février 164931 ». Ces documents très probablement donnés à Jean-Aimé Candy par Camille de Villeroy lui-même témoignent de l’importance politique que peuvent revêtir les mazarinades dans une ville comme Lyon. Ils marquent la volonté du lieutenant général d’apparaître dans le débat public comme un acteur de premier plan et de montrer à toute la ville les rapports très étroits qui le lient au roi. Par ce biais, Camille de Villeroy tente de conforter son autorité, déjà forte, sur la cité et de mettre en scène ses qualités d’interlocuteur privilégié du pouvoir royal. Durant les années 1648-1649, les imprimeurs lyonnais se tiennent, au moins pour les pièces qu’ils signent, largement à l’écart des mazarinades frondeuses. Jean-Aimé Candy s’est prudemment abstenu de telles publications. De son côté, Guillaume Barbier a réédité les minutes des séances du Parlement de Paris dans l’Histoire du temps32 puis le Journal contenant tout ce qui s’est fait et passé en la Cour de Parlement de Paris, à partir de novembre 164833. Le contenu est frondeur, puisqu’il s’agit du verbatim des séances parlementaires. Il demeure cependant celui d’un document officiel, sans ajout de commentaire. De son côté, Jacques Justet a publié, en 1648, une harangue faite par l’avocat général, M. Talon, au roi et à la reine, au Parlement de Paris, souvent considérée comme marquant les prémisses de la Fronde parlementaire34.

8Entre 1650 et 1653, la production lyonnaise se maintient, avec un total de vingt-huit pièces imprimées, uniquement chez Jean-Aimé Candy et chez Guillaume Barbier. Les mazarinades gouvernementales demeurent, ici aussi, très largement majoritaires, avec dix-sept titres recensés. Aucun ne paraît inédit à Lyon et ceux-ci se constituent avant tout de rééditions de déclarations, d’édits et de lettres du roi. Les mazarinades publiées par Jean-Aimé Candy et Guillaume Barbier s’écartent également davantage des seuls textes officiels pour proposer des mazarinades plus littéraires et satiriques. Citons à titre d’exemple les Remontrances de la province de Guyenne à monseigneur le Prince de Condé pour la réunion de la maison royale qui se construit autour d’une personnification de la province de Guyenne accusant son gouverneur, Condé, d’apporter avec lui la désobéissance et la désunion dans la région35. Le Discours et considérations politiques et morales sur la prison des princes de Condé, de Conty et duc de Longueville36, de son côté, justifie l’emprisonnement de Condé le 18 janvier 1651 dans une « paraphrase plus morale que politique de la lettre du roi au parlement37 ». Les débats liés aux États Généraux devaient eux aussi intéresser les lecteurs lyonnais. Jean-Aimé Candy imprime six mazarinades sur ce sujet durant l’année 1651. Enfin, les deux libraires sont suffisamment assurés pour réimprimer, avec leur adresse, deux mazarinades polémiques et satiriques, prenant ouvertement le parti de Condé. Les Motifs de la retraite de Monsieur le Prince, mazarinade éditée chez J.-A. Candy et G. Barbier38 justifie la révolte du prince de Condé qui prend les armes contre le roi en septembre 1651 et se réfugie dans sa province de Guyenne. De son côté, la mazarinade intitulée Très humble remontrance faite au Roy par messieurs les députés du parlement de Paris contre le retour de Mazarin39, dénonce le rappel d’exil de Mazarin par le roi le 24 décembre 1651. Celui-ci donne raison, selon le texte, au prince de Condé qui avait pris les armes pour dénoncer l’emprise de Mazarin sur la reine. La présence de tels documents « séditieux » peut constituer le signe d’une certaine acceptabilité sociale et politique d’un genre littéraire auquel les contemporains sont accoutumés et dont ils sont certainement même friands.

9Ce bilan ne peut, cependant, avoir vocation à l’exhaustivité. Il n’inclut pas les nombreuses mazarinades que les deux imprimeurs lyonnais n’ont pas signées et ont réimprimées sans adresse ou en maintenant l’adresse parisienne. L’identification exacte de ces documents, probablement nombreux, est donc presque impossible, à quelques exceptions près. Dans son exemplaire annoté de la Bibliographie des mazarinades, Hubert Carrier a, par exemple, considéré trois mazarinades à l’adresse parisienne comme étant lyonnaises, car se trouvant dans un recueil constitué uniquement de pièces locales à la bibliothèque municipale de Lyon40.

10Les fonds de certaines bibliothèques lyonnaises, actives au milieu du xviie siècle, parvenus dans les collections de la bibliothèque municipale de Lyon, parfois riches de nombreuses mazarinades, constituent des reflets possibles de l’importante circulation de ces imprimés au sein de la cité rhodanienne durant la Fronde. Parmi ces collections, le fonds de mazarinades de la bibliothèque de Camille de Villeroy, le lieutenant général de la province et frère du gouverneur, Nicolas de Villeroy, est de loin le plus important. Un peu moins d’un millier de mazarinades, réparties en plusieurs recueils, prennent place dans ce qui est l’une des plus grandes bibliothèques de Lyon à cette époque avec plus de cinq mille volumes41. L’importance de cette collection montre le souci que Camille de Villeroy a de se tenir informé des différentes mazarinades circulant dans la province et à Lyon et de surveiller les lectures des Lyonnais. Les bibliothèques religieuses ont, elles aussi, acquis un nombre non négligeable de mazarinades, comme le montrent les cinq cents pièces du fonds des Grands Augustins et de celui des chanoines du chapitre cathédral de Lyon. Les collections du couvent de Saint-Bonaventure et des Dominicains sont, quant à elles, plus modestes et se limitent à une cinquantaine de pièces seulement. La présence parfois importante de mazarinades, y compris dans des bibliothèques religieuses, indique que ces libelles infiltraient l’ensemble de la société lyonnaise. Elle témoigne également d’une curiosité partagée dans la majorité des groupes sociaux lyonnais, politiques comme religieux, pour une production littéraire quelques fois talentueuse.

11La diffusion croissante de mazarinades par les imprimeurs-libraires lyonnais contraint le consulat à réagir, sous la pression royale. Au début du mois de mai 1652, à une époque où les impressions de ces documents explosent, le consulat, sur ordre du roi, demande à chacun de remettre les pièces séditieuses en sa possession au lieutenant général, Camille de Villeroy. Une lettre du roi, reproduite dans les délibérations municipales, remercie le consulat de lui avoir obéi :

De par le Roy,
Très cher et bien amés, ayans esté informés par les lettres du Seigneur Abbé d'Aisnay comme vous ayans esté adressé de ces libelles imprimés tendans a sedition et à fomenter les presens troubles que les rebelles et factieux ont excitez dans notre Estat, vous les avés remis ez mains du Seigneur Abbé d'Aisnay et avez rendu sur ce subjet tous les temoignages que nous pouvions attendre de votre fidélité et affection accoustumée à notre service, nous avons bien voulu vous temoigner par ceste lettre comme nous vous en saurons beaucoup de gré et desirons vous en recognoistre de vous donner en tout ce qui regardera le bien et le soulagement de notredite ville des effets de la consideration particuliere en laquelle nous la tenons et de notre bonne volonté, vous exhortant de continuer dans ceste mesme bonne conduitte aux occasions qui s'offriront de nous y confiant entierement, nous ne vous ferons la presente plus longue ny plus expresse42...

12Il est compliqué de dire si une telle mesure a pu avoir des effets durables sur le flux de mazarinades circulant à Lyon, faute d’autres sources archivistiques. Elle a peut-être contraint Jean-Aimé Candy et Guillaume Barbier à plus de discrétion, à défaut de mettre fin à un commerce si florissant. Ces derniers irriguent également certaines villes voisines, comme Grenoble, où ils exportent plusieurs exemplaires de leurs réimpressions de mazarinades. Le libraire grenoblois Nicolas, dont les registres ont été conservés et publiés, est ainsi un client régulier de Jean-Aimé Candy et de Guillaume Barbier43. Sur les soixante-dix-sept titres de mazarinades vendus par le libraire Nicolas dans sa boutique, dix-sept sont achetés à ces deux marchands lyonnais, soit un peu plus de 20 %. Ces derniers sont d’ailleurs les deux seuls fournisseurs extérieurs de Nicolas, lequel devait probablement réimprimer lui-même les autres pièces vendues. Les commandes auprès des libraires lyonnais varient de six à une cinquantaine d’exemplaires, en fonction du succès attendu de chaque pièce. Parmi les dix-sept titres achetés par Nicolas, une dizaine sont des mazarinades lyonnaises déjà identifiées avec l’adresse de l’un ou l’autre imprimeur lyonnais44. Les sept autres titres vendus à Nicolas par Jean-Aimé Candy n’ont pas été retrouvés avec des adresses lyonnaises par les bibliographes ou lors de nos propres recherches. Essentiellement frondeurs, ils datent très majoritairement de 1651 et ont probablement été imprimés sans l’adresse de cet imprimeur45. Jean-Aimé Candy vend, par exemple, un texte signé de l’auteur condéen Claude Dubosc Montandré46, une harangue en faveur de la « liberté de M. les Princes et l’observation de la déclaration d’octobre 164847 » ou encore un « manifeste de l’Espagne contre Mazarin » que présente Madame de Longueville aux princes lors de leur rencontre48. En considérant que le libraire Nicolas achetait une part représentative de la production de Candy et de Barbier, ces derniers commercialisaient probablement autant, sinon un peu moins, de mazarinades avec adresse lyonnaise que de libelles sans adresse ou avec une adresse parisienne.

13Durant la Fronde, les mazarinades ont donc largement circulé à Lyon, grâce à des envois d’imprimés depuis Paris mais surtout et avant tout par des réimpressions locales. Il se constitue ainsi un véritable marché de la mazarinade à Lyon essentiellement organisé par deux imprimeurs-libraires, Jean-Aimé Candy et Guillaume Barbier, qui réalisent surtout des réimpressions de pièces déjà parues dans la capitale. Cette production déclarée n’est cependant qu’une partie des mazarinades produites par ces imprimeurs lyonnais. Ceux-ci réimprimaient volontiers des volumes sans adresse ou avec des adresses fictives, comme en témoigne la variété des pièces conservées dans les différents fonds anciens de la bibliothèque municipale de Lyon. Le réel engouement pour les mazarinades qui ne se dément pas, donne un poids particulièrement important aux informations qui peuvent y être diffusées. Ainsi, le consulat se montre vigilant quant à l’image que les mazarinades peuvent donner de sa ville.

L’image de Lyon dans les mazarinades, entre désinformation et reflet de sa fidélité royale

14Ce « flot de libelles séditieux » offre un immense corpus dont les analyses sémantiques sérielles s’avèreraient quasiment impossibles du fait de l’importance démesurée du corpus à l’échelle de l’analyse strictement humaine, sans l’usage de l’informatique. La base de données créée par l’équipe des Recherches Internationales sur les Mazarinades (RIM) constitue ainsi un formidable outil pour partir à la recherche d’un terme dans le labyrinthe des mazarinades49. Le toponyme « Lyon » compte ainsi 111 occurrences dans le corpus numérisé50, ce qui le place en huitième position des villes françaises. La cité rhodanienne se trouve logiquement loin derrière les cités les plus impliquées dans la Fronde comme Paris, Bordeaux ou encore Rouen51. L’essentiel de ces 111 occurrences font référence à la cité lyonnaise mais sans lien direct avec la Fronde. Il peut s’agir d’un événement historique antérieur à la Fronde qui s’est déroulé au sein de la ville ou d’un terme qui n’a d’autre valeur qu’une indication géographique. Lyon est alors citée pour sa dimension institutionnelle ou fiscale à côté d’autres villes, comme une liste de provinces, de généralités, de lieux soumis à tel ou tel impôt, ou encore pour son activité commerciale, sans faire de lien particulier avec le conflit. Nous avons retenu finalement huit mazarinades52 qui font référence au rôle de Lyon durant cette période de troubles. Ces textes mettent tous en jeu, à différents niveaux, la question de la fidélité lyonnaise durant la Fronde.

15En 165253, durant la Fronde princière, deux mazarinades se font l’écho d’un projet de déplacement de la cour à Lyon, qui se trouve alors à Gien, au bord la Loire, loin de Paris tenu par le prince de Condé. La situation militaire est défavorable au roi. Ses troupes sont en difficulté et viennent d'être repoussées à proximité de la capitale. Lyon apparaît comme un lieu de repli sûr pour le roi, loin de Paris et de la frontière du Nord. Un des partisans de cette solution est le duc de Bouillon, frondeur jusqu'à la libération des princes, et depuis lors soutien fidèle du roi, ministre d'État et surintendant des finances. Le duc d’York rapporte, dans ses Mémoires, les paroles du duc de Bouillon au milieu de l’année 1652 : « il n'y avait point d'autre ville où le Roi pût être en sureté, puisque c'était la seule grande ville qui voulût le recevoir. […] Lyon était l'endroit de la France d'où on pouvait le mieux faire tête aux ennemis, puisque tous les environs étaient dévoués aux intérêts du Roi54 ». La fidélité lyonnaise, qui est pourtant la raison principale de cet hypothétique déplacement de la cour, est totalement absente de ces deux mazarinades. Pour la première, qui épouse la forme de la gazette, « la Cour a dessein d’aller à Lyon, soit que la paix se fasse ou qu’elle n’ait assez de forces pour attaquer Paris, afin d’incommoder les Parisiens par l’esloignement de la personne du Roy55 ». Le choix stratégique de l’éloignement serait donc un moyen de créer un sentiment d’attente du peuple parisien pour son souverain, alors que les troupes royales seraient incapables de prendre militairement la capitale. Le deuxième imprimé voit dans le déplacement de la cour à Lyon, la main de Mazarin qui tirerait seul les ficelles auprès du jeune roi, selon un thème récurrent au sein des mazarinades. Le ministre italien se rapprocherait de son pays d’origine pour pouvoir s’y enfuir si l’opposition à son égard devenait définitivement insupportable :

La Cour est tousiours à Gyen, où se tient fort souvent Conseil, pour resoudre où le Roy prendra sa marche, le Cardinal Mazarin a beaucoup de fois proposé de mener sa Maiesté à Lyon, peut-estre plus proche d’Italie où il pourroit faire sa retraitte en cas qu’il y fust contraint56.

16Ces deux mazarinades passent donc totalement sous silence la fidélité lyonnaise pourtant à l’origine de cette hypothèse de repli, stratégiquement discutable. La cité lyonnaise est probablement trop éloignée de la capitale pour qu’un tel projet se concrétise. Le 17 juillet 1652, la cour préfère s'installer à Pontoise, après un détour par Mantes pour repousser les Espagnols entrés dans la ville. Ces exemples montrent en tout cas que les mazarinades ne reprennent pas la rhétorique consulaire lyonnaise, cultivant, durant cette guerre civile, son image de ville fidèle parmi les fidèles au roi. Le contraste entre le discours porté par certaines mazarinades et l’image que Lyon souhaite donner d’elle-même ne cesse d’agacer les autorités consulaires.

17Durant la Fronde parlementaire, trois années plus tôt, en 1649, plusieurs mazarinades rapportent que Lyon s’est révoltée et a rejoint le mouvement de contestation politique. Ces informations proviennent essentiellement du Courrier français, le concurrent frondeur de la Gazette de Renaudot. Dans son troisième numéro, il rapporte que les Lyonnais auraient accueilli avec joie la révolte des parlementaires, en janvier 1649, et auraient même pris parti en leur faveur, en empêchant des troupes favorables au roi de traverser à proximité de Lyon57. Saint-Julien, auteur probable d’une transformation de ce journal en vers, écrit ainsi :

Ce iour icy l’on eut advis
Que Messieurs de Lyon ravis
Faisoient des accueils favorables
A tous nos Arrests equitables58.

18Deux mois plus tard, dans son onzième numéro, le Courrier français va plus loin et décrit la ville de Lyon en état de révolte, laissant sous-entendre un engagement frondeur de la cité :

L'on a eu advis de Lyon que les habitans de cette ville se mettoient en estat de se deffendre des surprises que l'on voudroit attenter contre eux, & donnoient ordre pour la conservation de leur ville, duquel ordre, & du succez d'iceluy on nous a promis envoyer les particularitez au prochain voyage59.

19La révolte lyonnaise est clairement tournée contre Mazarin dans la version versifiée du journal. Saint-Julien fait de Lyon une ville pleinement engagée dans l’opposition frondeuse :

Nous avons advis de Lyon,
Que plus furieux qu’un Lyon
Le Lyonnois est en deffence,
Et le tout contre l’Eminence60.

20Or, s’il est vrai que des troubles ont touché Lyon en mars 1649, ses causes sont cependant purement économiques. Les Lyonnais protestent contre l’enchérissement des céréales dans les marchés et la misère qui accompagne la montée du chômage. Ces émeutes sociales sont ainsi politisées à Paris pour faire croire à un mouvement de contestation et de révolte, généralisé à l’échelle du royaume, y compris dans les villes les plus fidèles au roi.

21Mais c’est surtout une dernière mazarinade, publiée à la même époque, qui crée des crispations au sein du consulat lyonnais. La Harangue du député de la ville de Lion, à nosseigneurs du parlement et à Monsieur le Prevost des Marchands & Eschevins de la ville de Paris61 est un texte extrêmement violent contre Mazarin, comme la période a pu en produire. Le document affirme lui aussi que la cité rhodanienne soutient la Fronde parlementaire et qu’elle demande l'éloignement de Mazarin et son retour en Italie. À la fin du texte, le député lyonnais va jusqu'à apporter un soutien militaire et financier à la Fronde parlementaire :

Nous vous supplions de n'attendre plus longtemps à resipiscence le Mazarin, que s'il ne s'en veut pas retourner en Sicille de son propre gré que vous devez user de contrainte ; & la force doit estre du costé de la Iustice : nous sommes certains que vous n'avez pas besoin d'armes ny des soldats, neantmoins nous vous offrons dix mille cavaliers payez et soldoyez : Et nous avons mis sur le Loire quinze mille muids de bled, dont nous vous faisons un present, & le zele que vous avez pour le bien commun des favoris, & vostre singuliere prudence nous fait esperer de voir regner le siecle d'or, dont vous hastez le retour par le fer & par l'argent que vous employez contre ce favori, de l'aveugle fortune, qui pour ne mériter pas tant de bien, & des faveurs qu'il a receu de la France, il ne sçait point en cognoistre la valeur, ny en user à son advantage, si bien qu'il merite d'en estre despoüillé : C'est ce que nous souhaitons pour l'honneur de la France, la gloire du Roy & repos de son peuple, & le bien du public62.

22Toutes ces mazarinades et rumeurs nuisent à l'image de fidélité que la ville tente de construire. Elles relèvent d'une stratégie politique dont le but est de démontrer l'ampleur de la Fronde, mouvement irrésistible, même à une ville qui respire la fidélité royale. Elles jouissent d'un certain crédit à Paris, à tel point que l'avocat de la ville, M. Chanu s’en émeut dans plusieurs lettres et demande à la ville de confirmer qu'elle n'est pas entrée dans la Fronde. Le 30 mars 1649, le consulat écrit à son avocat parisien : « Avecq raison vous avez esté surpris, ayant la publication de ceste harangue imprimée jointe a vostre lettre du XIXè de ce mois63. » Le consulat affirme qu'elle le « met en grand peyne de justifier ceste ville par un desadveu attendu64 ». Les autorités lyonnaises lui confirment encore, le 2 avril 1649, que les « bruitz » selon lesquels Lyon serait « en troubles et desordres [sont] aussi peu veritables que le contient en la harangue dont nous avons eu icy copie65 ». Elles ajoutent :

Nous y sommes en grande paciffiquation, Unyon et tranquilité, il est vray que ce n'est pas sans souhaiter avecq passion qu'elle puisse estre bientost generalle par une bonne conclusion de ces conferances qui s'y font à St Germain afin que le commerce (la descheance duquel met a la faim grand nombre d'ouvriers et artisans) se restablisse66.

23Le consulat tient donc à démentir avec rapidité et avec fermeté les rumeurs lancées par certaines mazarinades frondeuses. Outre le désir de rétablir les faits, les autorités lyonnaises s’émeuvent de la diffusion de ces textes qui contreviennent à l’image de fidélité absolue au roi que souhaitent afficher les élites lyonnaises.

24La ville de Lyon s’est tenue, durant l’ensemble de la Fronde, à une stricte opposition aux menées frondeuses et à une fidélité politique totale envers le roi, conforme à l’imaginaire politique de ses élites urbaines. Cette ligne politique n’a pas empêché une grande circulation des mazarinades dans la cité rhodanienne. Quelques imprimeurs-libraires, en particulier Guillaume Barbier et Jean-Aimé Candy, ont profité de la période pour imprimer et diffuser des mazarinades, dont le coût est faible et la demande importante. Une part de leur production présente l’adresse de ces libraires mais une grande partie des mazarinades frondeuses réimprimées le sont avec l’adresse parisienne ou sans adresse du tout. Ces deux marchands ont également réalisé quelques mazarinades inédites, le plus souvent des lettres royales destinées à Camille de Villeroy, lieutenant général du Lyonnais. Ces titres constituent pour ce dernier un moyen de renforcer son pouvoir sur la cité, en se présentant comme l’interlocuteur privilégié du pouvoir royal. La cité rhodanienne constitue même un centre de réimpression de mazarinades à l’échelle régionale. Jean-Aimé Candy et Guillaume Barbier exportent certains de leurs imprimés dans les villes voisines, comme à Grenoble où ils approvisionnent le libraire Nicolas. Il existe donc à Lyon un véritable marché de la mazarinade, porté par un attrait et une réelle curiosité au sein des différentes strates sociales, comme l’illustre l’abondance des fonds de bibliothèques aussi bien civiles que religieuses de la ville. Le consulat tente tardivement et sans doute vainement de contrôler ce flux à partir de 1652. Il demeure très soucieux de l’image que donnent ces libelles de la ville de Lyon. Cette dernière est victime de fausses informations en 1649 lorsque plusieurs mazarinades affirment qu’elle est entrée en révolte contre le roi. Si les mazarinades utilisent peu la ville de Lyon pour développer argumentations et attaques, le projet de transfert de la cour à Lyon au milieu de l’année 1652 affleure également dans quelques pièces. Les réactions du consulat sont vives, d’autant que ces accusations vont à l’encontre de l’idéal de fidélité qu’il veut montrer à l’occasion de ces guerres civiles. La cité lyonnaise qui refuse tout soutien politique à la Fronde, participe ainsi, à son niveau, par sa production de mazarinades et leur importante diffusion y compris dans les villes voisines, à la célèbre « Fronde des mots » chère à Christian Jouhaud67.

Notes

1 Cette communication est une version retravaillée de notre travail de master. Édouard Klos, Lyon et les Lyonnais à l’époque de la Fronde (1648-1653), mémoire de master sous la direction de Nicolas Le Roux, soutenu à l’École Normale Supérieure de Lyon, 2009.

2 Maurice Vanario, Les rues de Lyon à travers les siècles, du xive au xxe siècle, Lyon, Éditions lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2002, p. 117.

3 Jean-Paul Persigout, Dictionnaire de mythologie celte : dieux et héros, Monaco, Éditions du Rocher, 1990, p. 193-195.

4 André Latreille (dir.), Histoire de Lyon et du Lyonnais, Toulouse, Privat, 1975, p. 204 pour la présente citation. Voir également Yann Lignereux, Lyon et le roi. De la « bonne ville » à l’absolutisme municipal (1594-1654), Paris, Champ Vallon, p. 613 ; Arthur Kleinclausz, Histoire de Lyon, 1595-1815, Marseille, Laffitte, 1978, tome 2, p. 52 ; Jean-Pierre Gutton, Histoire de Lyon et du Lyonnais, Paris, Presses Universitaires de France, 1998, p. 66.

5 Henri IV réorganise le consulat lyonnais en décembre 1595. L’Édit de Chauny s’inspire du modèle parisien. Les douze consuls sont remplacés par quatre échevins et un prévôt des marchands. Les nominations sont très étroitement contrôlées par la monarchie.

6 Yann Lignereux, Lyon et le roi…, op. cit., p. 45-76. La fidélité lyonnaise durant la Fronde est évoquée rapidement p. 613-615.

7 Édouard Klos, Lyon et les Lyonnais…, op. cit., p. 29-35.

8 Ce sont des pièces le plus souvent imprimées mais parfois aussi manuscrites « d'allure politique qui furent publiées pendant les quatre années que dura la lutte entre le premier ministre d'une part, et d'autre part le parlement, les Princes et la bourgeoisie parisienne ». Une mazarinade doit avoir un rapport avec les péripéties de la Fronde et se situer entre l'arrêt des Cours souveraines du 13 mai 1648 et la paix de Bordeaux du 31 juillet 1653. Une pièce antérieure ou postérieure, hostile ou favorable à Mazarin n'est pas une mazarinade. Voir Hubert Carrier, Les Mazarinades. La conquête de l'opinion, Paris, Droz, 1989, tome 1, p. 60-65.

9 Loïc Capron (édition), Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin, Lettre à Charles Spon en date du 20 mars 1649, Paris, Bibliothèque interuniversitaire de santé, en ligne, 2018. Celle-ci ressemble à une sorte de journal régulier relatant les événements frondeurs. L’extrait est ainsi indiqué à la date du 18 février 1649.

10 Loïc Capron (édition), Correspondance…, op. cit., ibid. L’extrait est indiqué à la date du 23 février 1649.

11 Loïc Capron (édition), Correspondance…, op. cit., ibid. L’extrait est indiqué à la date du 16 avril 1649. Dans cette même lettre, Guy Patin écrit encore : « Pour les imprimeurs, ils avaient tous cessé et nul d’eux n’a travaillé qu’aux libelles mazariniques. Nous ne savons pas qui sont les auteurs de tant de pièces et cela ne se dit pas encore ; mais quand je vous en enverrai le recueil, je vous en manderai plusieurs que je découvrirai pendant ce temps-là. »

12 Cet exemple montre la grande malléabilité dans la diffusion des mazarinades qui passent facilement d’un support à un autre, de l’imprimé au manuscrit, recopiés intégralement ou partiellement. Guy Patin avait pourtant écrit à Henri Gras le 18 juin 1649 : « Pour ces pièces mazarines, n’en attendez pas de moi, je n’en achète aucune, quoique j’avoue qu’il y en a de bonnes, mais il y en a aussi une infinité de mauvaises. », Loïc Capron (édition), Correspondance…, op. cit., Lettre à Henri Gras en date du 18 juin 1649.

13 Loïc Capron (édition), Correspondance…, op. cit., lettre à Charles Spon, en date du 10 avril 1650.

14 Loïc Capron (édition), Correspondance…, op. cit., lettre à Charles Spon, en date du 30 janvier 1652.

15 Ibid.

16 Marie-Anne Merland, Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au xviie siècle, Baden-Baden, Valentin Koerner, tome XXV, p. 261-272.

17 Marie-Anne Merland, Répertoire bibliographique..., op. cit., tome XXV, p. 276-278.

18 On ne lui connaît que peu d'impressions. Sa boutique « à la biche couronnée » se situe Grande Rue de Confort à Lyon. Marie-Anne Merland, Répertoire bibliographique..., op. cit., tome XXVI, p. 11.

19 Harangue faite au Roy et à la Reyne, par M. Talon, avocat général, à l'entrée du parlement, après la Saint Martin, l'an 1648, Lyon, Chez Jacques Justet, 1648, [M0_1585]. Exemplaire de la Bibliothèque nationale de France (désormais BnF), LB37-4591.

20 Marie-Anne Merland, Répertoire bibliographique..., op. cit., tome XVIII, p. 47-63.

21 Marie-Anne Merland, Répertoire bibliographique..., op. cit., tome XVIII, p. 204-218. Son enseigne rue du Puy Pelu nommée le « Dauphin » prend alors le titre de « dauphin royal ».

22 Exemplaire personnel d’Hubert Carrier de la bibliographie des mazarinades de Célestin Moreau.

23 Anders Toftgaard, « La collection de mazarinades de la Bibliothèque royale de Copenhague », Histoire et civilisation du livre, revue internationale, n° XII : « Mazarinades, nouvelles approches, éd. Stéphane Haffemayer, Patrick Rebollar et Yann Sordet », 2016, p. 37-38.

24 Deux ont été retrouvées spécifiquement à Copenhague.

25 Camille de Villeroy est abbé commendataire de l’abbaye de Saint-Martin d’Ainay, située sur la presqu’île lyonnaise.

26 Lettre du Roy à Monseigneur l'Abbé d'Esnay, Lieutenant Général pour Sa Majesté au Gouvernement de Lyonnois, Forests, & Beaujollois : Avec la Relation de ce qui s'est fait & passé à Charenton, Lyon, Chez Jean-Aimé Candy, 1649. Il existe un exemplaire à la Bibliothèque royale de Copenhague et un second, incomplet, à la bibliothèque du duc Auguste à Wolfenbüttel. Voir Anders Toftgaard, op. cit., p. 38.

27 Lettre du Roy écrite à Monseigneur l’abbé d’Esnay, le douzième Mars 1649. Concernant l'accommodement fait à Ruel, Chez Jean-Aimé Candy, 1649. Bibliothèque municipale de Lyon (désormais BML), Res 367.715 et Bibliothèque de Wolfenbüttel, Gk 2190 (1).

28 Declaration du Roy, envoyée à Monseigneur l'Abbé d'Esnay, Lieutenant Général pour Sa Majesté au Gouvernement de Lyonnois, Forests, & Beaujollois. Verifiée en parlement, Sa Majesté seant en son lict de Justice, le dernier Juillet, mil six cens quarante-huict, Lyon, chez Jean-Aimé Candy, 1648. Exemplaire de la Bibliothèque royale de Copenhague.

29 Déclaration du roi, vérifiée en parlement, Sa Majesté y séant en son lit de justice, le dernier juillet mil six cens quarante-huit, Paris, par les imprimeurs et libraires ordinaires du roi, 1648, [M0_953].

30 Lettre du Roy à Monseigneur l'Abbé d'Esnay, Lieutenant Général pour Sa Majesté en la ville de Lyon, Pays de Lyonnois, Forests, & Beaujollois. Sur ce qui s'est passé avec les Deputez venus de Paris à S. Germain, le 25. Février 1649. Et les responses faites ausdits Deputez, Lyon, chez Jean-Aimé Candy, 1649. Exemplaire de la Bibliothèque royale de Copenhague.

31 Lettre du roi aux gouverneurs des provinces sur ce qui s’est passé avec les députés venus de Paris, le 25 février 1649, et les réponses faites auxdits députés, Saint-Germain-en-Laye, 27 février 1649, 3 pages, [M0_2141].

32 Histoire du temps, ou le Véritable récit de ce qui s'est passé dans le parlement, depuis le mois d'août 1647 jusques au mois de novembre 1648, avec les harangues et les avis différents qui ont été proposés dans les affaires qu'on y a solennellement traitées, Lyon, chez Guillaume Barbier, 1648, [M0_1644]. Exemplaire de la Bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence, C 4923.

33 Journal contenant tout ce qui s’est fait et passé en la cour de Parlement de Paris, toutes les chambres assemblées, sur le sujet des affaires du temps présent, Lyon, chez Guillaume Barbier, 1649, [M0_1741]. Exemplaire de la BML, 311 529.

34 Harangue faite au Roy et à la Reyne, par M. Talon…, op. cit., Lyon, Chez Jacques Justet, 1648. Exemplaire de la BnF, LB37-4591.

35 Remonstrances de la province de Guyenne a Monseigneur le Prince de Condé, pour la reunion de la maison royale, Lyon, chez Guillaume Barbier et Jean-Aimé Candy, 1651, [M0_3337]. Exemplaire de la BnF, 4-LB37-1929 (A) ou de la Bibliothèque municipale de Grenoble (désormais BMG), K 2172.

36 Discours et considérations politiques et morales sur la prison des princes de Condé, de Conty et duc de Longueville, Lyon, chez Jean-Aimé Candy, 1651, [M1_100]. Exemplaire de la BML, Rés 310 175.

37 Célestin Moreau, Bibliographie des mazarinades, Paris, J. Renouard, 1850-1851, tome 1, p. 328.

38 Motifs de la retraite de Monsieur le prince, Lyon, chez Jean-Aimé Candy et Guillaume Barbier, 1651, [M0_2503]. Exemplaire de la BnF LB37-1928 (A) ou de la BMG, K 2030.

39 Très humble remontrance faite au roi par messieurs les députés du Parlement de Paris, contre le retour de Mazarin, Lyon, chez Jean-Aimé Candy et Guillaume Barbier, 1652, [M0_3822]. Exemplaire de la Bibliothèque municipale d'Amiens, Mas 2271/30.

40 Magnificat de la reine sur la détention des princes, [s. l.], [s. n.], 1650, [M0_2340] ; exemplaire de la BML, Res 310178. Le Revers du prince de Condé en vers burlesques : et le regret de quitter la ville de Paris pour aller loger au château de Vincennes, [s. l.], [s. n.], 1649, [3546] ; exemplaire de la BML, Res 310182. Marseille délivrée de la tyrannie du Comte d’Alais et remise sous l’autorité du roi, [s. l.], [s. n.], 1650, [M0_2417] ; exemplaire de la BML, Res 310187. Les positions de ces trois documents sont variées. La première est pro-condéenne, tandis que les deux suivantes sont opposées au prince de Condé.

41 Le fonds de Camille de Villeroy est reconnaissable à un ex-legato imprimé en latin : « Ex libris Bibliothecae quam Illustrissimus Archiepiscopus & Prorex Lugdunensis Camillus de Neufville Collegio SS. Trinitatis Patrum Societatis JESU Testamenti tabulis attribuit anno 1693 ». En effet, la bibliothèque a été léguée aux Jésuites après sa mort en 1693.

42 Archives municipales de Lyon (désormais AML), registres des délibérations consulaires, BB 206, f° 326v-327r.

43 Les liens commerciaux entre Guillaume Barbier et Jean-Aimé Candy, d’un côté, et le libraire grenoblois Nicolas, de l’autre, sont anciens et réguliers. En effet, Guillaume Barbier puis Jean-Aimé Candy fournissent à Grenoble la réimpression lyonnaise de la Gazette de Renaudot. Henri-Jean Martin et Micheline Lecocq, Les registres du libraire Nicolas (1645-1668), Genève, Droz, 1977, tome 1, p. 267-269.

44 Le fonds ancien de la Bibliothèque municipale de Grenoble conserve ainsi une quinzaine de mazarinades de Guillaume Barbier et surtout de Jean-Aimé Candy, ce qui en fait le deuxième pôle de conservation des pièces lyonnaises, après la cité rhodanienne elle-même.

45 Parmi ces titres non identifiés dans des éditions lyonnaises, un seul date de 1649. Il s’agit de la pièce frondeuse intitulée, selon les registres de Nicolas, Discours exempt de passion, reçue de Jean-Aimé Candy à vingt-cinq exemplaires. Selon Hubert Carrier, le titre est sans doute approximatif car cette mazarinade n’existe pas. Il rapproche ce document du Discours véritable sur le gouvernement de l'Etat…, Paris, [s. n.], 1649, [M0_1153]. Henri-Jean Martin et Micheline Lecocq, Les registres…, op. cit., tome 2, p. 644.

46 Claude Dubosc de Montandré, Les dernières convulsions de la monarchie reconnues […], [s. l.], [s. n.], 1651, [M0_1032]. Le libraire Nicolas en achète vingt-cinq exemplaires à Jean-Aimé Candy. Henri-Jean Martin et Micheline Lecocq, Les registres…, op. cit., tome 2, p. 643.

47 Harangue faite par messieurs les députés de la noblesse à l'Assemblée du clergé pour la liberté de messieurs les princes et l'observation de la déclaration (d'octobre 1648), Paris, chez la veuve J. Guillemot, 1651, [M0_1602]. Le libraire Nicolas en achète vingt-cinq exemplaires à Jean-Aimé Candy. Henri-Jean Martin et Micheline Lecocq, Les registres…, op. cit., tome 2, p. 647.

48 Manifeste de l'Espagne fait contre Mazarin apporté par Madame la Duchesse de Longueville, présenté à Messieurs les Princes à son arrivée, [s. l.], [s. n.], 1651, [M0_2353]. Le libraire Nicolas en achète une nouvelle fois vingt-cinq exemplaires à Jean-Aimé Candy. Henri-Jean Martin et Micheline Lecocq, Les registres…, op. cit., tome 2, p. 656-657.

49 http://mazarinades.org/recherche/

50 Sur un total de 259 occurrences du mot. Il faut déduire les « lemmes » qui désignent l’animal, le plus souvent dans le cadre de comparaisons animalières pour désigner la force d’une action ou d’un personnage.

51 À l’occasion d’une étude réalisée à partir du mot « Bordeaux », Patrick Rebollar a réalisé un très utile tableau récapitulatif du nombre d’occurrences des villes françaises dans les mazarinades du corpus en ligne. Le mot « Paris » compte ainsi 12 619 occurrences, « Bordeaux » 868, « Rouen » 370, « Aix » 239, « Grenoble » 136 et « Toulouse » 124. Patrick Rebollar, « Bordeaux dans les Mazarinades en ligne, approches méthodologiques », Eidôlon, n° 116, 2015, p. 73-75.

52 Le total des occurrences est légèrement plus élevé (10 occurrences) car le terme apparaît plusieurs fois dans quelques-unes. Par ailleurs, nous ajoutons à ce corpus, la Harangue du député de la ville de Lion, à nosseigneurs du parlement et à Monsieur le Prevost des Marchands & Eschevins de la ville de Paris, Paris, chez Claude Morlot, 1649, [M0_1559]. Exemplaire de la BML, 350505.

53 Nous rompons volontairement la chronologie pour présenter une argumentation en fonction de l’écho des mazarinades sur l’image de la ville.

54 Ce témoignage est rapporté dans Duc d'York, Mémoires sur les événements arrivés en France de 1652 à 1659, Nouvelle collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France depuis le xiiie siècle jusqu'à la fin du xviiie siècle, Paris, Didier, 1854, tome 27, p. 550.

55 Journal contenant ce qui se passe de plus remarquable en tout le royaume. Depuis le vendredy 20. Iusques au vendredy 27 septembre 1652, Paris, chez Simon le Porteur, 1652, p. 8, [M0_1740].

56 Relation véritable de ce qui s’est passé à Compiègne, depuis le premier de ce mois iusques a present, Paris, [s. n.], 1652, p. 11, [M0_3209].

57 « L’on a eu advis que la ville de Lyon a receu avec la ioye qu’elle donnait, les Arrest rendus par la Cour de Parlement, & suivant iceux, que les Magistrats et Officiers de cette Ville, ont non seulement donné ordre à la seureté d’icelle, mais encores empesché que les Troupes que le Mareschal Schomberg avoit tiré de Catalogne par le commandement du Cardinal Mazarin pour les admener avec les autres, que ledit Cardinal avoit mandées de toutes les Frontieres pour establir sa tyrannie, avoient esté retenues & empeschées de passer. », Suitte et troisieme arrivée du Courier françois, apportant toutes les nouvelles de ce qui s'est passé depuis sa seconde arrivée jusques à present, Paris, Chez Rolin de la Haye, 1649, p. 3-4, [M0_830].

58 Saint-Julien, Le Troisieme courrier françois traduit fidellement en vers burlesques, Paris, chez Claude Boudeville, 1649, p. 12, [M0_2848]. Le même extrait se trouve également dans Saint-Julien, Le Courrier burlesque de la guerre de Paris, [s. l.], [s. n.], 1650, p. 13, [M0_814].

59 Suitte et unziesme arrivée du courrier françois, apportant toutes les nouvelles de ce qui s’est passé depuis sa dixième arrivée iusqu’à présent, Paris, Rolin de la Haye, 1649, p. 9, [M0_830].

60 Saint-Julien, Le unziesme courrier françois, traduit fidellement en vers burlesques, Paris, chez Claude Boudeville, p. 9, [M0_2848].

61 Harangue du député de la ville de Lion, à nosseigneurs du parlement et à Monsieur le Prevost des Marchands. & Eschevins de la ville de Paris, Paris, Chez Claude Morlot, 1649, [M0_1559].

62 Ibid., p. 7.

63 AML, Correspondance consulaire, AA 121, f°246v, en date du 30 mars 1649.

64 Ibid.

65 AML, Correspondance consulaire, AA 121, f°247r, en date du 2 avril 1649.

66 Ibid.

67 Christian Jouhaud, Mazarinades : la Fronde des mots, Paris, Aubier, 2009.

Pour citer ce document

Édouard Klos, « Les mazarinades dans un territoire à l’écart des conflits, l’exemple de la ville de Lyon1 » dans Mazarinades et territoires,

Premier numéro

© Revue du GRHis, « Revue du GRHis », n° 1,2025

URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/grhis/index.php?id=134.

Quelques mots à propos de :  Édouard Klos

Professeur agrégé d'histoire, docteur en histoire moderne de l'université Lyon 2, membre du LARHRA. Après avoir soutenu une thèse sur l'abbaye de Clairvaux entre le XVIe et le XVIIIe siècle, sous la direction de M. Philippe Martin, ses recherches portent essentiellement sur les jeux de pouvoir et de puissance au sein du monde monastique moderne. Son intérêt la Fronde et les mazarinades provient de son Master intitulé "Lyon à l'époque de la Fronde", réalisé sous la direction de M. Nicolas Le Roux.