Sommaire
Mazarinades et territoires
Premier numéro
Volume dirigé par Stéphane Haffemayer et Patrick Rebollar Published by Stéphane Haffemayer and Patrick Rebollar
- Laura Bordes Étude et classement de la collection de mazarinades de la bibliothèque Méjanes : pour de nouveaux territoires de recherche
- Léonard Dauphant La géographie commune des mazarinades, témoignage des espaces mentaux des Français du xviie siècle
- Laurent Ferri Mazarin et les mazarinades dans la littérature pour la jeunesse (1870-1914)
- Myriam Tsimbidy Les enjeux agoniques des représentations du territoire dans le Recueil de diverses pièces curieuses de ce temps (1649)
- Antonella Amatuzzi Déterritorialiser les mazarinades pour étudier la variation du français classique
- Loïc Capron Guy Patin, un lecteur parisien de mazarinades
- Virginie Cogné Quand Condé dirige et informe Paris : la circulation de l’information pour le parti des Princes, été 1652
- Baptiste Etienne Mazarinades : le duc, la duchesse et la Fronde en Normandie
- Céline Graillat Quelques collections suisses de mazarinades
- Stéphane Haffemayer Les chansons de la Fronde : enjeux de territoires (1648-1653)
- Tadako Ichimaru En tirant le fil du Japon
- Carrie F. Klaus [L]e bonet en teste, la pourpre sur les espaules : Les Dames, la justice, et les mazarinades
- Édouard Klos Les mazarinades dans un territoire à l’écart des conflits, l’exemple de la ville de Lyon
- Teresa Malinowski La Pologne dans les mazarinades
- Takeshi Matsumura Sur quelques mazarinades en proverbes
- Philippe Mauran Le Journal de Jean Vallier et les territoires : géographie d’une anti-mazarinade
- Jean-Dominique Mellot La Muse dialectale (et frondeuse ?) de l’imprimeur-poète rouennais David Ferrand (1589-1660)
- Pierre Ronzeaud Points de vue sur cinquante ans d’études sur les Mazarinades
- Bruno Tribout Les mazarinades après la Fronde : l’exemple du recueil Foppens
- Patrick Rebollar De la fouille textuelle à la cartographie des mazarinades, l’exemple du LETSAJ
Mazarinades et territoires
Mazarin et les mazarinades dans la littérature pour la jeunesse (1870-1914)
Laurent Ferri
Qu’est-ce que c’était, la Fronde ?
Suzanne, plus âgée [que Raymond] de plusieurs années, le plaisanta.
― Comment, tu ne sais pas ?... Tu ne connais pas une fronde… pour lancer des pierres ?
Raymond allait sans doute regimber et répondre, ce qui eût peut-être amené une discussion. Je l’empêchai, en profitant de l’occasion pour donner un conseil suggéré par la vie de Turenne.
― Raymond a raison de me questionner, dis-je, et vous, Suzanne, vous avez tort de vous moquer de lui parce qu’il ne sait pas ce que fut la Fronde, un instrument pour lancer des pierres, c’est vrai, mais dont le nom fut donné à la guerre civile, pendant la minorité de Louis XIV. Cette guerre, à la tête de laquelle se trouvaient presque tous les grands seigneurs contre Mazarin, Anne d’Autriche et le jeune roi, eut deux périodes. Dans la première, Condé combattit pour la royauté… Dans la deuxième partie, ce fut Turenne qui défendit le roi contre Condé.
― Pourquoi ne s’est-il pas tout de suite battu pour le roi ? demanda Jean.
― Parce que… je dois vous le dire, car lorsqu’on apprend la vie d’un héros, il faut connaitre ses grandeurs et ses faiblesses… Turenne et Condé furent toujours vainqueurs quand ils combattirent pour la France, et toujours vaincus quand ils prirent les armes contre leur pays1.
1Ainsi s’exprime-t-on dans L’Histoire de Turenne racontée à mes enfants de Cahu (1898).
2Inspiré notamment par les travaux sur le « roman national » de Christian Amalvi2, je me suis demandé ce que les jeunes lecteurs et lectrices de la IIIe République pouvaient savoir de Mazarin, de la Fronde, et des fameuses mazarinades qui étaient l’objet de ce colloque de Rouen. À ma surprise, Mazarin y figure en bonne place, à côté d’Anne d’Autriche, du petit Louis XIV, de Turenne, du Grand Condé, du conseiller Broussel, du président Molé, du cardinal de Retz, de la Grande Demoiselle, de Saint Vincent de Paul, de Théophraste Renaudot, des trois mousquetaires, ou de Cyrano de Bergerac, sans oublier « le peuple de Paris » qui devint un personnage collectif à part entière. Une fois brossé le contexte d’élaboration du roman national, concernant la Fronde, je m’attacherai au traitement spécifique des mazarinades dans la fiction didactique pour la jeunesse.
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3À l'instar des manuels scolaires, les romans, biographies romancées, et bandes dessinées pour la jeunesse ont permis à la IIIe République, par le culte des grands hommes, de rendre l'histoire de France familière à tous les petits Français.
Le cas de Mazarin était compliqué
4D’abord, bien que naturalisé français par Richelieu dès 1639, il était (toujours sous la IIIe République) « l’Italien » – un point souligné par Laurent Avezou dans le chapitre « Richelieu et Mazarin » de son beau livre, La Fabrique de la gloire3. Or, une vision négative des étrangers domine encore l’historiographie grand public entre 1871 et 1914. On peut, bien sûr, n’y voir que le reflet d’une méfiance réelle envers l’immigration massive en provenance d’Italie : un tiers des immigrés sur le sol français sont des Italiens, dans les années 1880. Comme l’a montré Pierre Milza4, les mentalités, particulièrement au sein de la petite et de la moyenne bourgeoisie, restèrent longtemps prisonnières d’une thématique bien particulière, celle des gens du voyage et des vagabonds (vitriers, ramoneurs, joueurs d’orgue de barbarie ou d’accordéon, vendeurs de statuettes, etc.), sur le modèle de Sans Famille d’Hector Malot5 – alors même que cette population ne représentait qu’une petite fraction des immigrés italiens pendant cette période. La participation de nombreux garibaldistes à la Commune de Paris (avec la fameuse « Légion italienne » devenue le 269e bataillon des Fédérés qui prit part, notamment, à l’exécution des Dominicains d’Arcueil) renforça probablement un préjugé déjà hostile aux immigrés italiens.
5Dans les livres pour la jeunesse imprimés entre 1871 et 1914, les Italiens étaient volontiers loués pour leur contribution artistique : on admirait Léonard de Vinci « mourant dans les bras de François Ier » ou Lulli « dansant avec Louis XIV » ; en revanche, ils avaient mauvaise presse en politique. Ainsi, le massacre des protestants durant la Saint-Barthélemy – énorme point de contention idéologique6 – était imputé par les Républicains à la reine-mère Catherine de Médicis, ambitieuse et rusée veuve noire, et à son « conseil de fanatiques ». C’est bien ainsi qu’elle fut représentée par Édouard Debat-Ponsan7 dans Catherine de Médicis dévisage les cadavres de protestants au pont du Louvre, au lendemain du massacre de la Saint-Barthélemy, une fresque historique peinte en 1880 pour la mairie de Clermont-Ferrand. Et, en 1904, un Cours élémentaire d’histoire de France proposait d’ailleurs comme sujet de rédaction : « Pourquoi je hais Catherine de Médicis8 » !
6La maudite Florentine était suivie de près, dans le classement des figures les plus impopulaires et détestées du roman national, par Concino Concini (dont l’exécution fut justifiée par une vague de pamphlets9) et par son épouse la Galigaï, brûlée comme sorcière la même année 1617.
7Deuxièmement, contrairement à Sully ou à Colbert, Mazarin n’était pas issu de la bourgeoisie laborieuse et économe, mais de la Curie romaine ; c’était une créature de cour, un séducteur et un manipulateur qui, au lieu de mater les Grands avec la dureté d’un Richelieu, ou de renvoyer les quémandeurs de la Cour (comme faisait Colbert), cherchait plutôt à les corrompre et, au passage, à s’enrichir. Dixit Amalvi :
Malgré ses grands services reconnus [Mazarin] est souvent égratigné pour avoir amassé une immense fortune par des moyens peu scrupuleux. Nul n’oserait le dire de Richelieu ou de Colbert, qui ont pourtant confondu leur caisse avec celle de l’État pour amasser des biens colossaux10.
8De fait, l’avarice, la cupidité, la manie collectionneuse, devinrent parfois les principaux traits de la personnalité de Jules Mazarin, sous la plume ou le crayon d’auteurs pour la jeunesse. Le Petit Français illustré. Journal des écoliers et des écolières du 19 mai 1894 reproduisait ainsi, en pleine page, le tableau de Vetter11, « Mazarin mourant se fait montrer une dernière fois les œuvres d’art qu’il avait rassemblées ». Et on lisait encore, dans la revue Le Jeudi de la jeunesse en janvier 1911 :
Voici, un nom, Mazarin, que vous lisez bien souvent, mes petits amis. Il est mis d’ordinaire à côté de celui de Richelieu. Il y a pourtant entre les deux cardinaux une différence extrême. Richelieu fut un très-grand homme […] Tandis que Mazarin fut un Italien avare, sournois, jaloux et lâche. Vous avez appris ou vous apprendrez l’amusante guerre de la Fronde, avec ses grandes dames vêtues de longues robes de velours armoriées, ses princes en révolte, ses chansons et ses arquebuses qui ne tuaient jamais personne… Vous vous en régalerez bientôt avec des romans d’aventures. […] Mazarin, qui fut tout de même un grand homme (sic) était d’une avarice sordide. Il cachait ses pièces d’or dans les caves et prenait plaisir à les faire glisser entre ses doigts crochus.
9Toutefois, Mazarin faisait malgré tout partie des grands ministres ayant servi la France, et (pour citer une nouvelle fois L. Avezou) la IIIe République a intégré Mazarin dans le cortège des figures de l’histoire de France ayant bien mérité de la patrie, ce qui constituait une belle revanche pour celui qui faisait figure, au mieux, de double de Richelieu. Comme le déclare l’auteur du Casque à mèche, roman-feuilleton pour la jeunesse paru en 1910 dans Le Jeudi de la jeunesse :
Vers 1650, dans le pays de Touraine, deux seigneurs se disputaient dans un salon. Le premier avait déclaré que Mazarin était un affreux avare, l’autre que c’était un très grand ministre. Comme ils avaient raison tous les deux, ils ne risquaient pas de s’entendre.
Comment et pourquoi s’opéra ce renversement ?
10Mazarin bénéficia avant tout de la défaite de 1871, qui « promut les images du défenseur des frontières naturelles, qui a posé les jalons de l’intégration de l’Alsace-Lorraine à la France12. » Je renvoie ici aux écrits de deux historiens de Rouen : Théodore Bachelet, professeur agrégé d’histoire au lycée de jeunes garçons de Rouen entre 1847 et 1873, et auteur de neuf ouvrages de vulgarisation pour la jeunesse, publiés par la maison Mégard13, et dont le tirage cumulé atteignit 200 000 exemplaires ; et, bien sûr, Augustin Chéruel qui, en 1833, eut Flaubert comme élève au même lycée de Rouen (lycée Pierre-Corneille depuis 1906). Chéruel devait écrire dans son dernier livre, Histoire de la France sous le ministère de Mazarin (1882) :
Il pouvait dire, en mourant, qu’il laissait deux filles immortelles, la paix de Westphalie et la paix des Pyrénées […] Puisse la France retrouver des ministres qui lui laissent un tel héritage !
11Cette appréciation fut validée par les manuels sous la IIIe République. Ainsi peut-on lire dans le Cours complet d’histoire à l’usage de l’enseignement secondaire rédigé conformément aux programmes officiels de 1902 :
Après la fuite de Condé, la Fronde fut terminée. Mazarin rentra triomphalement à Paris [mais il dut continuer la guerre contre l’Espagne jusqu’à la paix des Pyrénées en 1659]. Mazarin mourut deux ans après. Il avait bien servi la France et il disait avec raison que si son langage n’était pas français, son cœur l’était.
12En outre, par rapport à Richelieu, il n’a pas eu la tentation de la toute-puissance despotique. Il lui suffisait d’être le parrain, l’éminence grise et le trésorier du jeune Louis XIV – sans oublier qu’il lui avait enseigné l’histoire de France14 ! Bref, Mazarin prouva qu’on pouvait « avoir le cœur français avec un accent étranger15 ».
13Nonobstant les deux « guerres des manuels » et les écrits hostiles à la laïcité militante de François Renié16, Auguste Longnon17 et Georges Valois18, les républicains laïques, les monarchistes catholiques et même l’Action française s’accordèrent en général pour souligner avant tout le manque de sérieux et la puérilité des Frondeurs.
14Gustave Ducoudray écrivait :
Une guerre peu sérieuse commença, à laquelle on donna le nom d’un jeu d’enfants, la Fronde : c’était une guerre pour rire où les femmes eurent autant de part que les hommes. Des princesses jouaient le rôle de maréchales de camp. Les Parisiens sortaient en campagne ornés de plumes et de rubans. Ils fuyaient dès qu’ils rencontraient deux cents hommes de l’armée royale19.
15Lui faisait écho, trente ans plus tard, le manuel des Frères des Écoles chrétiennes :
Les enfants du faubourg Saint-Antoine allaient jouer à se battre, armés de fronde, dans les fosses de la Bastille. La police ne pouvait les en empêcher. Les ennemis de Mazarin furent comparés à ces enfants. On les appela des frondeurs et l’on donna le nom de Fronde à cette guerre civile qui se présentait, au premier aspect, avec les apparences d’un combat d’enfants20.
16Enfin, Bainville donnera sa version :
Un jour, une révolte éclata à Paris. Cette révolte s’appela la Fronde, du nom que portait alors le jeu favori des petits garçons, et l’on dit depuis « Fronde » et « Frondeurs ». Pourtant la Fronde ne fut pas tout à fait un jeu d’enfants. On s’y amusa, sans doute à faire des mazarinades, c’est-à-dire des écrits injurieux et des chansons contre le premier ministre. Mais cette révolte faillit devenir une révolution… On se battit entre Français, mais dans un tel désordre et dans une telle légèreté que Condé et Turenne eux-mêmes furent un moment du côté des rebelles… Au combat du faubourg Saint-Antoine, la Grande Demoiselle, cousine du roi, tira elle-même le canon sur les troupes royales. On jouait à la Fronde comme on joue au ballon21.
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17La Fronde fut donc presque toujours réduite, dans la fiction pour la jeunesse, à une fresque haute en couleurs et riche de rebondissements dramatiques, quoique fréquemment dérisoires.
18Mazarin faisait partie de l’imaginaire enfantin depuis les deux chefs d’œuvre d’Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845) et Le Vicomte de Bragelonne (1847) : donc, avant notre période. Mais on ne peut ignorer Dumas : d’abord, c’est véritablement le créateur du roman national (l’expression « romancier national » fut d’ailleurs inventée pour lui22) ; sous la IIIe République, Dumas devint avant tout un auteur pour la jeunesse, un lectorat ciblé par Hachette, Calmann-Lévy, « les Romans illustrés à cinq centimes » de chez Armaing (Toulouse, 1875) ou le Journal des romans populaires illustrés (Tallandier, 1905).
19Notons que, sous la plume de Dumas, « mazarinade » ne désigne pas un pamphlet dirigé contre Mazarin, mais plutôt une supercherie politique :
Vous vous rappelez la Fronde, sire (le jeune roi baissa la tête). Il lui semblait étrange que Mazarin invoquât la bonne foi, lui l’auteur de tant de supercheries politiques qu’on appelait des mazarinades23.
20À la suite de Dumas, les épisodes les plus fréquemment représentés sont : l’arrestation, le 26 août 1648, de Broussel, « le défenseur des droits de la menue bourgeoisie commerçante et artisanale au Parlement », « demeuré [lui-même] un notable bourgeois tandis que ses confrères se muaient en nobles de robe24 » ; et la Grande Mademoiselle, Anne-Marie-Louise d’Orléans-Montpensier faisant tirer le canon de la Bastille sur les troupes royales, le 2 juillet 1652.
21Avec le récit de l’arrestation du vieux Broussel « en pantoufles et robe de chambre », nous avons l’exemple d’une certaine continuité de ton entre les manuels scolaires et les fictions pour la jeunesse :
Depuis qu’ils avaient annulé le testament de Louis XIII, les membres du Parlement se disaient les tuteurs des rois ; ils espéraient, grâce aux troubles du moment, dominer une régente espagnole et triompher d’un ministre italien. À la nouvelle de la victoire de Lens, Mazarin sentit son audace renaître et crut le moment propice de frapper un grand coup. Pendant qu’on chantait le Te Deum à Notre-Dame, il fit arrêter trois des magistrats les plus turbulents : le président Blancmesnil, les conseillers Charton et Broussel, ce dernier surnommé « le Père du Peuple ». La servante de Broussel, en voyant jeter son maître dans un carrosse, ameute le peuple. Aux cris qu’elle pousse, une multitude de mariniers accourent ; on élève des barricades ; la foule se porte sous les fenêtres du Palais-Royal en criant, Liberté et Broussel ! Le lendemain, le peuple était en armes25.
Retz vit la reine se pencher vers Mazarin et lui parler bas. Celui-ci restait hésitant, mais voyant que la Reine le regardait avec un peu de mépris, il inclina la tête en signe d’assentiment. Alors Anne d’Autriche, d’un petit geste, appela son capitaine des gardes, et lui donna quelques ordres brefs. Le sourire de joie orgueilleuse qui plissait la lèvre de la reine surprit le coadjuteur. Il appela auprès de lui un jeune enfant de chœur et lui dit à voix basse : « Suis cet officier, et me rapporte (sic) où il est allé. Le gamin suivit le peloton de cavaliers, et quelle ne fut pas sa stupéfaction de voir le cortège se diriger rue Saint Landry, devant la maison où il travaillait comme petit clerc. Eh quoi, murmura le jeune garçon, est-ce qu’on en voudrait à mon patron ? Tout à coup, une fenêtre de la maison s’ouvrit, et une vieille femme apparut : « À l’aide, criait-elle, on maltraite Monsieur Broussel, notre bon maitre ! » « À l’aide, on assassine Broussel ! » glapit l’enfant ! Qui est ce monsieur Broussel ? demanda un passant. On voit que vous n’êtes pas de ce quartier ! Ne pas connaitre Monsieur Broussel ! C’est un conseiller au Parlement. Il a toujours pris la défense du peuple… La nouvelle de l’arrestation traîna comme une trainée de poudre, et de toutes parts le peuple s’ameuta et essaya de libérer le populaire Broussel […] Le peuple resta aux barricades tant que le vieux conseiller ne fut pas rendu. Il fit son entrée dans Paris au milieu d’un enthousiasme indescriptible. Tout le monde criait : « Vive Broussel ! Vive notre libérateur ! » [Celui-ci] reprit sa place au Parlement et sur sa prière le peuple mit bas les armes et démolit les barricades26.
22Notons qu’aucun auteur ne reprend un épisode inventé de toutes pièces par Dumas : en effet, dans Vingt ans après, D’Artagnan à cheval renverse « un petit homme noir » au coin du cimetière Saint-Jean. L’accident, colporté partout par « un gamin de Paris » aux cris de « Ils ont tué M. Broussel ! M. Broussel le père du peuple ! » est lourd de conséquences, puisqu’au chapitre XXIX, les Grands (dont le coadjuteur, Conti, Longueville et Beaufort) se pressent au chevet du convalescent et décident de s’allier aux parlementaires contre « les cardinalistes ». Quant aux amazones de la Fronde, elles n’étaient certes pas données en modèles aux jeunes filles de bonne famille : elles sont absentes de Vertus et talents. Modèles de jeunes filles (1881) d’Eugénie Foa27 qui leur préfère Mademoiselle de Marillac, fondatrice des Sœurs de Charité. Lorsque La Poupée modèle, journal des petites filles (un magazine édité entre 1865 et 1922) s’intéressa en décembre 1904 aux « femmes célèbres », le ton devint acerbe :
La Grande Demoiselle était fille de Gaston d’Orléans ; elle pouvait aspirer aux plus hautes destinées ; mais son caractère altier et emporté en fit une rebelle ; elle prit part à la guerre de la Fronde, et le canon qu’elle fit tirer pendant les combats du faubourg Saint-Antoine tua son mari (car la jeune princesse avait été fiancée à Louis XIV).
23Madame de Longueville, sœur du Grand Condé, n’est pas mieux lotie :
Elle fut toujours une révoltée, et devint l’âme de la conspiration contre le roi et la cour que l’on appela la Fronde ; amie de l’intrigue et fort adroite, elle sut s’attacher le grand Turenne qui servit sa cause, mais Mazarin déjoua tous les plans de la duchesse28.
24Arvède Barine fut plus nuancée :
La Fronde a été son âge héroïque. Elle y entra par des raisons de roman, pour conquérir un mari à coups de canon, pour voir du neuf et de l’extraordinaire ; elle joua son rôle avec éclat, et s’étonna le reste de sa vie d’avoir pu commettre tant de sottises […] Elle était recherchée, écoutée, populaire, portée au trône par les vœux des mazarinades, à défaut de mieux ; mais, et c’était son chagrin, elle n’avait fait aucune action d’éclat, rien qui la rangeât parmi les « héroïnes, » à côté de Mme de Longueville. L’année 1652 allait enfin lui apporter sa part d’aventures et de gloire29.
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25Venons-en maintenant plus spécifiquement aux mazarinades.
26Pour les libéraux et les progressistes, Gutenberg était le prophète des temps modernes, celui qui avait permis la sortie du Moyen Âge. Aulard et Debidour, dans leur Histoire de France depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours30, célèbrent à longueur de pages les bienfaits de la République et dénoncent les césariens, les royalistes, les cléricaux, qui ne pouvaient que s’opposer, selon eux, à la démocratisation du savoir rendue possible par l’imprimerie.
27Celle-ci avait aussi permis la presse d’opinion et de combat. Or, les mazarinades pouvaient sembler préfigurer le journalisme d’opposition, seul contre-pouvoir, avec l’Académie, au despotisme de Napoléon III. Dans leur Histoire politique et littéraire de la presse en France (1859), Poulet-Malassis et de Boise faisaient explicitement le lien, au risque de l’anachronisme :
Si la Fronde n’a pas produit de journaux dignes de ce nom, elle nous en a donné amplement la monnaie dans ces myriades de libelles connus aujourd’hui sous le nom de Mazarinades. [D’aucunes] traitent avec une certaine liberté des affaires du Gouvernement… Plusieurs imprimeurs furent mis en prison, d’autres obligés de se cacher31.
28Dans le manuel d’Aulard et Debidour, le mot « pamphlet » apparaît deux fois : à propos de « Mazarin, attaqué par des milliers de pamphlets » ; et, à propos de l’opposition républicaine en 1869 : « L’Empire fut non seulement flétri, mais ridiculisé, avec une audace inouïe, par Henri Rochefort, dans un pamphlet hebdomadaire intitulé La Lanterne32 ».
29Ce n’est donc pas un hasard si, dans l’édition de 1875 de L’Histoire de France racontée à mes petits-enfants de Guizot, l’image d’ouvriers dans une imprimerie fait face à celle du coadjuteur parmi les barricades élevées à Paris en 1648.
30Le journaliste devient un héros de fiction pour la jeunesse avec Alcide Jolivet (Michel Strogoff, 1875) et Rouletabille (Le Mystère de la chambre jaune, 1907). En outre, le récit de la Fronde permit l'identification à de nouveaux personnages littéraires : parmi eux, le poète engagé et le reporter33. J’en veux pour preuve cet échange dans L’Enfant à travers les âges, (1890) :
Et les barricades, Madelon, connaissez-vous rien de plus divertissant ? […] Dame ! On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.
Messire Denis, fit la petite que l’aventure indisposait contre son compagnon, ce ne sont point-là des propos de bourgeois, et vous cassez bien les œufs sans vous soucier des omelettes. Il faut espérer que vous changerez de discours et de conduite quand vous serez établi orfèvre…
Je ne serai jamais orfèvre, petite Madelon.
- Bah ! Que ferez-vous donc ?
- Je ferai des vers.
- Avez-vous parlé de ces beaux projets à votre famille ?
- Oui, un jour que l’on trouve mon coffre à mettre les hardes, plein de chansons et de mazarinades. Ah, ma mie, quel accueil34 !
31En 1905, de manière symptomatique, Henry de Gorsse fit commencer son nouveau roman de cape et d’épée, Les Cadets de Gascogne l’après-midi du 20 octobre 1651, au :
Bureau des adresses, que Théophraste Renaudot, le père du journalisme français, avait fondé en 1630 dans une petite rue fort populeuse et qui débouchait sur le Marché-Neuf, tout près du Palais. L’illustre gazetier était seul dans son bureau lorsque Cyrano frappa à sa porte.
32Cyrano de Bergerac s’apprête à rejoindre Molière à Grenoble.
33Mais, pris à partie dans une rixe de rue (il avait pris la défense d’une jeune fille déguisée en garçon qui refusait de crier « À bas Mazarin ! »), il tombe sur son vieil ami le pâtissier Ragueneau (autre personnage rendu populaire par la pièce d’Edmond Rostand) :
Un beau matin, sans savoir pourquoi ni comment, [Ragueneau] s’est réveillé Frondeur. Mais comment faire autrement, lorsqu’on taquine la Muse et que l’on a comme clients tant de faiseurs de mazarinades ? Maintenant, il vendait des bonbons en cornet contenant des chansons contre l’Italien35.
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34La Fronde a donc été un « territoire » fécond pour la littérature à destination de la jeunesse. Elle l’a enrichie en termes de personnel romanesque, de ficelles narratives, d’iconographie, de références méta-textuelles. À titre de comparaison, il faut constater la disparition de Mazarin et des mazarinades de la production actuelle, fascinée en revanche par les intrigues et les mystères de la cour de Louis XIV. Témoin, le succès phénoménal de la série Les Orangers de Versailles, avec plus de 300 000 exemplaires vendus depuis 200036.
35Cela s’explique-t-il par un défaut de transmission des connaissances historiques, sur fond de baisse dramatique du niveau scolaire, en particulier au collège ? Ou bien notre époque serait-elle au fond, et plus qu’on ne le croit, nostalgique de la grandeur, de l’ordre, et de la sacralité associées (à tort ou à raison) au pouvoir monarchique ?
1 Théodore Cahu, Histoire de Turenne racontée à mes enfants. Paris, Société d’édition et de librairie (« Les Héros de France »), 1898, p. 36.
2 Christian Amalvi, Les Héros de l’histoire de France : recherche iconographique sur le panthéon scolaire de la Troisieme République, Paris, Phot’œil (« Regard/Histoire »), 1979 ; De l’art et la manière d’accommoder les héros de l’histoire de France : de Vercingétorix à la Révolution. Essai de mythologie nationale, Paris, Albin Michel, coll. « L’aventure humaine », 1988 ; et Les Héros de l’histoire de France : comment les personnages illustres de la France sont devenus familiers aux Français, Toulouse, Privat, 2001
3 Laurent Avezou, La Fabrique de la gloire : héros et maudits de l’histoire, Paris, Presses Universitaires de France, 2020.
4 Pierre Milza, « L’intégration des Italiens en France : "miracle" ou vertus de la longue durée ? », Pouvoirs, revue française d’études constitutionnelles et politiques, n° 47, Paris, 1988.
5 Hector Malot, Sans famille, Paris, Dentu, 1878.
6 André Encrevé, « La IIIe République, fille du protestantisme ? », L’Histoire, n° 21, 1980, p. 30-38.
7 Ce peintre académique (ancien élève de Cabanel) se rendit célèbre par ses portraits de la grande bourgeoisie parisienne. Républicain, il s'engagea dans la lutte pour la réhabilitation du capitaine Dreyfus, en exposant au Salon de 1898 La Vérité sortant du puits, tableau manifeste qui fut offert en souscription à Émile Zola. Il fut aussi le grand-père de Michel Debré.
8 Gauthier et Deschamps, Cours élémentaire d’histoire de France, Paris, Hachette, 1904, p. 49. Philippe Joutard a fait remarquer que ce manuel fut condamné comme irréligieux par les évêques de France. La Saint Barthélemy, Neuchâtel, Labor et Fides, 1976, p. 202.
9 L’assassinat de Concini fut représenté par Maurice Leloir dans Richelieu, Paris, Combet & Cie, 1901. Sur Concini, voir la biographie d’Hélène Duccini, Concini : grandeur et misère du favori de Marie de Médicis, Paris, Albin Michel, 1991.
10 Amalvi, op. cit., p. 90.
11 Jean Hégesippe Vetter obtient la Légion d’honneur pour son tableau Le Quart d’heure de Rabelais, révélé par l’exposition universelle de 1855. Par la suite, il mit souvent en scène des célébrités françaises du XVIIe siècle. Molière et Louis XIV se trouve au Sénat et Mazarin… (sélectionné pour le Salon de 1872) à l’Assemblée nationale (dépôt du musée d’Orsay).
12 Avezou, op. cit., p. 168.
13 La Maison Mégard était une imprimerie, une maison d'édition et une librairie, tenues par plusieurs membres de la famille Mégard à Rouen au xixe siècle. Entre 1850 et 1900, cette entreprise aujourd’hui oubliée aurait produit 11 millions de livres pour la jeunesse écrits par plus de 270 auteurs ! Ces chiffres donnent d’autant plus le tournis que la maison Mégard avait de sérieux concurrents : la « Bibliothèque de la jeunesse chrétienne » d’Alfred Mame, à Tours ; la « Bibliothèque religieuse, morale et littéraire pour l'enfance et la jeunesse » de Martial Ardent, à Limoges ; et, bien sûr, de la fameuse « Bibliothèque rose », à l’origine une des collections de la « Bibliothèque des chemins de fer ». Lancée par Hachette en 1852, la « Bibliothèque rose » triompha avec les romans de la comtesse de Ségur (vingt livres pour enfants en dix-huit ans, 1855-1873) ; La petite Jeanne ou le Devoir de Zulma Carraud ; Pompéi et les Pompéiens de Marc-Monier ; et Comment j’ai retrouvé Livingstone de Henry Morton Stanley. Mazarin ne semble apparaître, au sein du catalogue de l’éditeur Hachette, que pour une biographie rédigée par Hyacinthe Corne (1802-1887). Après avoir été l’élève des jésuites au collège de Saint-Acheul (Somme), ce dernier fit des études supérieures à la Faculté de droit de Paris. En 1826, il fut nommé conseiller-auditeur à la cour royale de Douai. Il épousa Adélaïde Desmoutiers, fille d’un riche cultivateur et raffineur de sucre, et sœur de Charles Desmoutiers, député de Cambrai de 1876 à 1877 et de 1881 à 1885. Lui-même fut nommé procureur général pour le ressort de la Cour de Douai sous la monarchie de Juillet ; élu représentant du Nord sur la liste des républicains modérés en 1848, il se retira de la vie politique en 1852 jusqu’à la chute de l’Empire. Sénateur inamovible de 1875 à sa mort, il vota contre le rétablissement du divorce et l’exil des princes de la maison d’Orléans, mais pour les institutions républicaines et pour les grandes lois sur l’enseignement primaire. Cf. Alain Corbin et Jean-Marie Mayeur (dir.), Les cent seize inamovibles de la Troisième République, 1871-1918, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995. Sa biographie de Mazarin parut dans la Bibliothèque des chemins de fer (couverture verte) en 1853 puis en 1867 et 1877 (deuxième et troisième tirages). Corne fut également l’auteur d’une biographie de Richelieu, et les deux textes étaient parfois reliés ensemble et offerts comme livre de prix dans les lycées de la IIIe République.
14 Job et Montorgueil, Jouons à l'Histoire : La France mise en scène avec les joujoux de deux petits Français, Paris, Boivin & Cie, 1908. Un petit garçon et une petite fille recréent les scènes de l’histoire de France avec leurs jouets ; certainement un des plus jolis livres pour enfants imprimés avant 1914. Ancien élève du lycée Stanislas et de l’École des Beaux-Arts, Jacques Marie Gaston Onfroy de Bréville, alias « Job », fit beaucoup pour le culte des héros de l’histoire de France, à commencer par Napoléon Ier.
15 L’École et la Famille, numéro du 1er octobre 1880, p. 18.
16 Neveu du professeur d’histoire de la khâgne de Louis-le-Grand et archiviste de l’Institut de France.
17 Ancien élève de l’École des chartes, professeur de géographie historique au Collège de France (1892-1911).
18 Georges Valois (1878-1945) passa de l’anarcho-syndicalisme au nationalisme et au proto-fascisme « à la française ». Toutefois, résistant, il mourut au camp de concentration de Bergen-Belsen.
19 Gustave Ducoudray, Cent Récits d’histoire de France, Paris, Hachette, 1887, p. 135. Élève de Victor Duruy au lycée Henri-IV, Ducoudray (1838-1906) entra à l’École normale supérieure en 1858 et fut reçu à l’agrégation d’histoire en 1862. Il enseigna à l’E. N. S. de Saint-Cloud.
20 Manuel d’Histoire de France, Tours, Mame, 1918, p. 187.
21 Jacques Bainville (1879-1936) commença son œuvre en 1900, à l'âge de vingt ans, avec Louis II de Bavière, écrit pendant un séjour en Allemagne. La même année, il devint monarchiste, et tint pendant un quart de siècle la rubrique de politique étrangère du journal L’Action française (1908-1936). Il fut élu à l’Académie française en 1935.
22 « Si Danton et Napoléon furent les professeurs de l’énergie française, Dumas en est le romancier national » (Hippolyte Parigot, Alexandre Dumas père, Paris, Hachette, 1902, p. 141).
23 Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne, Paris, Maresq, 1852, p. 21. Toutefois, Anne d’Autriche se plaint de ce que la royauté est « à la merci du premier gribouilleur de paperasses du Palais-Royal. »
24 Robert Descimon, « Les Barricades de la Fronde parisienne : une lecture sociologique », Annales ESC, numéro 45-2, 1990, p. 407.
25 Joanni d’Arsac, Cours d'histoire de France et d'histoire générale, Paris, Palmé, 1892, p. 349. Jean-Baptiste Jourda d’Arsac (1836-1891) fut notamment l’auteur d’une Histoire de la guerre de 1870 racontée aux enfants.
26 « Les barricades », bande dessinée publiée dans Les Belles images, Fayard, 12 octobre 1911, p. 6. Encouragé par le succès du Bon Vivant (1899-1911), Fayard lança successivement La Jeunesse illustrée le 1er mars 1903 et Les Belles Images le 21 avril 1904, deux hebdomadaires à dix centimes, prototypes des illustrés modernes pour enfants et adolescents, qui paraîtront respectivement jusqu’en 1935 et 1936. Cf. Annie Renonciat, « Les publications de Fayard seront toujours soucieuses de maintenir une moralité conforme aux valeurs dominantes et dont les enseignements soient sans ambiguïté : respect de la loi et de ses représentants (maire, gendarme, garde champêtre, juge), punition de la malhonnêteté (opprobre et prison) ; récompense par la réussite professionnelle et sociale, quel que soit le milieu d’origine du héros, de l’intelligence, du courage, du travail et de la probité. C’est une préoccupation forte de l’éditeur, homme de droite, qu’il souligne dans l’éditorial de lancement des Belles Images, plus conformiste que celui de La Jeunesse illustrée : « S’il est bon de rire, il est utile aussi que l’histoire amusante laisse dans l’esprit un grain de saine morale. Aussi les Belles Images auront à cœur que leurs lecteurs trouvent dans la lecture de ce journal de quoi se former un petit bagage de bons et solides principes qui leur rendront maintenant et plus tard d’appréciables services (« Les magazines d’Arthème Fayard et la promotion de l’histoire en images "à la française" », 9e Art, n° 7, janvier 2002, p. 56.)
27 Pour certains historiens de la littérature, Eugénie Foa (1796-1852) aurait été la première femme juive à avoir accédé à la carrière d'écrivaine professionnelle en France. Son roman le plus connu, Le Petit Robinson de Paris ou Le Triomphe de l'industrie (1840), connaît de nombreuses rééditions (dont la dernière en 1945). Outre ses romans, elle écrit également des contes qu'elle publie dans diverses revues, telles que Le Journal des demoiselles, La Gazette de la jeunesse ou Le journal des enfants. Cf. Elisabeth-Christine Meulsch, « Creativity, Childhood and Children’s Literature, or How to Become a Woman Writer: The Case of Eugénie Foa », Romance Languages Annual, n° 8, 1997, p. 66-73.
28 Eugenie Foa, Vertus et Talents, Paris, Amédée Bédelet, 1881, p. 43-44. Cet auteur remporta un vif succès en mettant en scène la vie de personnages plus ou moins connus de l’histoire de France, dont Christine de Pisan, Anne de Bretagne, Louis XIV, Lully, Turenne, Madame de Maintenon, Madame de Sévigné, Madame Élisabeth, Madame de Staël, etc.
29 « La Grande Demoiselle » dans La Revue des Deux Mondes, 15 août 1901, p. 721 sqq. Louise Cécile Vincens, alias Arvède Barine (1840-1908) n’écrivait pas prioritairement pour la jeunesse : dans La Recherche du temps perdu, Proust faire lire à Saint-Loup la biographie de Tolstoï de Barvine ; toutefois, ses biographies étaient surtout recommandées aux adolescentes : l’auteur s’intéressait aux rêves et aux aspirations de jeunes femmes et leur offrait des modèles ou des contre-modèles aussi différents que la Grande Mademoiselle, George Sand, ou Sophie Kovalevskaïa.
30 François-Alphonse Aulard et Antonin Debidour, Notions d’Histoire générale et Histoire de France depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, Paris, Édouard Cornély, 1902.
31 Histoire politique et littéraire de la presse en France, Paris, Chez les auteurs, 1859, p. 196. Ancien élève de l’École des chartes, Poulet-Malassis est plus connu aujourd’hui pour avoir été le premier éditeur de Charles Baudelaire.
32 François-Alphonse Aulard et Antonin Debidour, op. cit., p. 177 et 353, respectivement.
33 Terme popularisé par Paul Brulat, Le Reporter. Roman contemporain, Paris, Perrin et Cie, 1898, 298 p. Cf. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k680453/f2.item
34 Jeanne Leroy, « L’Enfant de la Fronde », dans L’Enfant à travers les âges, Paris, Henri Martin, 1900. Jeanne Leroy (1853-1914) était la sœur aînée d’Alphonse Allais. Elle enseigna comme institutrice libre et publia dix-sept livres-albums destinés aux enfants.
35 Henry de Gorsse, Les Cadets de Gascogne, Paris, Hachette et Cie, 1905. De Gorsse (1868-1936), homme de lettres, dramaturge, scénariste et parolier français, se lia d'amitié avec Edmond Rostand avec qui il partageait le goût de l'écriture et des vacances à Bagnères-de-Luchon.
36 Annie Pietri, Les Orangers de Versailles, Paris, Bayard Jeunesse, 3 volumes, 2000-2010.
Premier numéro
© Revue du GRHis, « Revue du GRHis », n° 1,2025
URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/grhis/index.php?id=116.
Quelques mots à propos de : Laurent Ferri
Conservateur des collections anciennes (avant 1800) de livres rares et manuscrits de la bibliothèque de Cornell University, professeur associé de littérature comparée et d’histoire du livre au sein de la même université.