Mazarinades et territoires

Premier numéro

Volume dirigé par Stéphane Haffemayer et Patrick Rebollar

Published by Stéphane Haffemayer and Patrick Rebollar

Mazarinades et territoires

En tirant le fil du Japon

Tadako Ichimaru


Texte intégral

1Comme le montrent les chiffres de Gallica, qui a fêté ses 20 ans d’existence en 2018, l’environnement qui nous entoure au xxie siècle élargit les possibilités de lectures avec des textes numérisés. Quant aux documents appelés Mazarinades, depuis l’ouverture du corpus en ligne et électronique des RIM (Recherches internationales sur les Mazarinades) en 2011, l’accès aux textes publiés pendant la rébellion de la Fronde est plus ouvert que jamais auparavant. Le colloque international « Mazarinades, nouvelles approches » à Paris en 2015 a littéralement montré la diversité des approches scientifiques sur les Mazarinades, avec une trentaine d’intervenants qui ont ouvert les portes du futur sur ce domaine de recherches1.

2Ensuite, le colloque franco-japonais organisé par l’équipe des RIM à Tokyo en 2016, intitulé « L’Exploration des Mazarinades », était le fruit direct de la disponibilité du corpus numérisé en ligne ; les intervenants ont tous travaillé en s’y référant2. Les actes de ce colloque ont été publiés au Japon en 2021, avec le même titre et en version bilingue japonais-français3. Il est donc certain que la numérisation des documents a ouvert la possibilité de nouvelles approches sur les Mazarinades, dont l’une des principales caractéristiques était, depuis longtemps, l’inaccessibilité.

3Maintenant, nous sommes au stade du développement de nouvelles lectures sur les Mazarinades. Par quelle méthode commençons-nous avec ce corpus numérisé ? Chercher un ou deux mots arbitrairement tout d’abord. Le résultat, soit inattendu, soit prévisible, entraîne que le moteur de recherches du corpus en ligne ouvre notre champ de travail.

4Dans la plupart des cas, l’attention sera portée sur les mots à haute fréquence, les grands nombres d’occurrences, parce que leur présence nous rassure, alors que les mots peu fréquents seront assez facilement ignorés. Mais les mots qui ne se présentent presque pas ou jamais dans le texte sont-ils vraiment sans intérêt ? Même les mots qui apparaissent rarement, doivent-ils avoir un certain lien contextuel avec les Mazarinades ? N’y a-t-il vraiment pas de possibilité qu’ils nous conduisent jusqu’à une autre lecture dans un contexte plus large ?

5Nous choisirons, comme à l’essai, un mot qui n’a pas beaucoup d’occurrences dans notre corpus en ligne. Un mot, juste comme une fleur rare qui nous conduit à sortir des sentiers battus et à conquérir une nouvelle lecture dans et en dehors du « territoire » des Mazarinades.

Sept occurrences de « Japon » dans un corpus de 7 millions de mots

6J’ai choisi le mot « Japon » en considérant qu’il n’aurait pas d’occurrences ou bien très peu ; d’abord parce qu’il n’y avait aucune relation commerciale ni diplomatique entre la France et le Japon au xviie siècle. Pour les Français, à l’époque de la Fronde, le Japon devait être un pays insulaire ignoré au bout du monde. D’ailleurs le Japon à l’époque était dans ce qu’on appelle (la situation de) Sakoku : les ports de l’archipel étaient fermés pour exclure les bateaux étrangers, sauf cas exceptionnels4. Les étrangers (tout comme les Japonais) n’étaient pas autorisés à entrer ni à sortir librement du territoire japonais. Le mot « Japon » devrait a priori être un nullax dans les Mazarinades.

7Le résultat était donc différent de notre attente : il y a sept occurrences dans ce corpus d’environ sept millions de mots. Certes, c’est très peu. Toutefois, cette apparition est plutôt surprenante quand on considère la relation entre le Japon et la France au xviie siècle. Le mot « Japon » se trouve dans quatre pièces, dont une est une réédition avec un titre différent : il y en a donc trois sur environ 2700 mazarinades.

8Qui serait ainsi intéressé par le Japon pendant les troubles qui secouent le royaume de France ? Quelle valeur peut bien avoir la référence à ce pays extrême-oriental dans des mazarinades ? Ce petit nombre d’occurrences nous conduit immédiatement à des questions comme celles-ci, et ne peut qu’éveiller la curiosité.

Trois mazarinades qui mentionnent le « Japon »

9À la suite d’une recherche incluant les anciennes variantes orthographiques du xviie siècle (« iappon », « iapon »), la répartition des occurrences est la suivante :

Titre

Occurences

Le Cavalier d’outre-mer5, 1649, 12 p.

2 occ.

Le Festin burlesque du fourbe ou la mi-carême des partisans traités à la cour par leur chef & protecteur le C. M.6, 1649, 8 p.

Le Festin des partisans, aduancé par le Chancelier auant son depart, Chef, & Protecteur de la Maltoste7, 1650, 8 p. (Réédition de la pièce précédente avec un titre différent.)

2 occ.

(2 occ.)

Raisonnements particuliers de Mazarin8, 1649, 12 p.

1 occ.

10Toutes les pièces ont été publiées anonymement en 1649 (sauf la réédition de 1650) et classées comme des pamphlets anti-mazarins. On sait par ailleurs que 1649 est l’année de la Fronde qui a eu le plus grand nombre de publications de mazarinades. Vu le contenu et le nombre de pages (8 et 12 pages), ces mazarinades sont typiques de l’époque. Examinons ci-dessous le contenu de chacune d’elles.

11Le Cavalier d’outre-mer est écrit sous forme de dialogue, dans lequel le Cavalier itinérant arrive en France, entend parler du régime oppressif de Mazarin par un vieil homme du royaume, et s’indigne à juste titre. Il raconte l’histoire d’un usurpateur abattu par le peuple au Japon.

12Le suivant, Le Festin burlesque..., est le menu de fête de Mazarin pour le jour de la Mi-Carême, où le collecteur d’impôts est invité à se livrer à toutes ses extravagances. L’auteur dépeint un appétit insatiable qui rappelle Rabelais. Cependant les ingrédients utilisés ne sont pas nécessairement des ingrédients communs, mais plutôt des plats qui vous rendraient malade si vous les mangiez :

Issues, Ragouts & entremets
Soixante douzaines de nerfs de bœuf fumez pour langues.
Cinq mille testicules d’Enuques à la sauce blanche enuoyez par le Grand Seigneur à son Eminence, en reconnoissance de la contenuatiõ de la guerre en la Chrestienté, dont il a profité sur l’Estat de Venize.
Cinq mille douzaines de cigalles du Iappon pour anchoies.
Six charettes de sauterelles d’Egypte & hannetons du Perrou en fricassee. (p. 5)
Pour le dessert.
Six vingt douzaines de citroüilles de la terre de Promission.
Soixante et douze bassis de gratte culs du Iappon.
Quatre vingts plats de poires d’angoisses et d’estrangle vilain.
Six charettes de pommes d’enfer. […] (p. 6)

13Le Japon est indiqué comme étant l’origine de ces ingrédients, mais il ne semble pas y avoir de raison particulière à cela, si ce n’est son exotisme.

14La troisième pièce, Raisonnements particuliers de Mazarin, est une auto-défense de Mazarin lui-même, le Japon étant cité comme un mauvais exemple d’oppression.

Les peu[p]les ne sont que les instrumens des Rois et des Princes, pour faire venir à eux toutes choses, et dans le Iapon les sujets ne sont que comme les fermiers du Royaume, dont ils rendent compte à leur Prince qui ne leur laisse que ce qui leur est nécessaire. Je sais bien que ce n’est pas la coutume en France [...] (p. 8)

15C’est un texte très ironique qui donne l’impression d’avoir été écrit par un moraliste. Cet auteur ne mentionne le Japon que dans un seul contexte.

16En comparant ces trois mazarinades, il semble que Le Cavalier d’outre-mer donne la plus forte valeur au mot « Japon » puisque le Cavalier, personnage principal, raconte son histoire comme s’il s’agissait de sa propre expérience réelle dans ce pays. Nous examinerons donc le contenu tout d’abord de cette mazarinade un peu plus en détail9.

Le récit du cavalier d’outre-mer

17Le Cavalier d’outre-mer est une pièce de 12 pages en vers burlesques, dialogue entre le cavalier et un paysan. Notre cavalier est un voyageur étranger. Il vient d’arriver en France et s’adresse à un vieux paysan pour lui demander ce qui se passe ici actuellement. Il avait certainement entendu le nom de Mazarin : « Et si vous m’apprenez quel est / Le Mazarin qui vous déplaît... » (p. 5)

18Le Paysan raconte :

C’est un homme appris à tout vice,
De la couleur d’une écrevisse
Quand elle a bouilli dans un pot ;
Il est plus benêt qu’un fagot
Mais pourtant il sait si bien faire
Qu’il tourne toujours son affaire
Du côté du vent le meilleur [...] (p. 6)

19Le Cavalier s’indigne de cette histoire :

Cet homme est vraiment détestable ;
Mais une histoire véritable
Que j’ai vue dans le Japon,
Peut nous apprendre tout de bon
Qu’il ne faudrait jamais permettre
De s’établir et de se mettre
Au plus haut degré de l’État [...] (p. 6-7)

20Le Paysan se plaint des méfaits de Mazarin, l’usurpateur du royaume :

Je suis bien âgé de cent ans,
Mais je n’ai jamais vu qu’en d’autre temps
Si ruineux qu’ils aient pu être
Le valet soit devenu maître,
Mais celui-ci le tâche bien,
Car vraiment il n’épargne rien,
Pour s’élever sur la Couronne
Et encore qui plus lui donne
De hardiesse et de crédit,
C’est que rien ne lui contredit
La Reine le supporte même,
Quelques Princes en font de même,
Mais je veux voir que quelque jour
Le malheur aura son retour,
Et que cette maudite envie
Lui vaudra l’honneur et la vie. (p. 7)

21Le Cavalier commence à raconter son histoire, ce qu’il a vu au Japon :

Mais oyez un peu mon Histoire.
Mon bon homme vous devez croire
Qu’une fois dedans le Japon
Regnait un petit compagnon
Que le Roi dedans sa Province
Avait élevé comme un Prince,
Et lui déférant tout l’honneur
Il l’avait fait si grand Seigneur,
Qu’il gourmandait la populace,
Et fut si bien rempli d’audace
Qu’il dérobait tous les trésors
Et les faisait sortir dehors. (p. 8)

22L’usurpateur d’un royaume au Japon rend le mal pour le bien, en volant tous les trésors du roi qui l’a élevé comme un prince. Puis il assassine le roi et écrase son peuple sous la tyrannie. Finalement, il se fait tuer par le peuple en colère. Autrement dit, le Cavalier témoigne qu’au Japon, la justice avait été rendue par le peuple en abattant le tyran-usurpateur, à l’instar de ce qui venait de se passer en Angleterre pour Charles Ier.

23Mais l’histoire du cavalier n’est pas encore finie. Il promet au paysan de rendre justice à Mazarin ; mais à sa façon, assez surprenante.

Si je m’y fusse rencontré
Il eut fallu bon gré mal gré
Que Mazarin eut perdu l’âme,
Je l’eusse percé de ma lame,
[...]
Bref je l’eusse si bien puni
Que son corps étant désuni
J’en eusse jetté dans la rue
Une part encore toute crue
L’autre partie l’eusse mangé
Comme fait un loup enragé (p. 11-12)

24Manger comme un loup... La parole du cavalier terrifie le pauvre paysan qui le quitte aussitôt que possible en disant : « Adieu, car malgré la vieillesse, je trouverai de la vitesse, afin de sortir de vos mains, puisque vous mangez les humains » (p. 12).

25Dans des mazarinades, il arrive maintes fois que Mazarin soit exécuté. On se souvient bien de la fin de La Mazarinade de Scarron en 1651 ; comment le corps de Mazarin était humilié, déchiqueté et brûlé dans l’exécution de la sentence de la peine de mort.

26Cette scène évoque immanquablement un autre souvenir historique : la fin du Maréchal d’Ancre, c’est-à-dire Concino Concini, autre Italien, favori de la régente Marie de Médicis, réellement assassiné trente ans avant la Fronde, et dont le corps avait été brûlé par le peuple parisien10.

27Des images similaires à ce destin tragique du Maréchal d’Ancre se trouvent déjà dans les Mazarinades avant Scarron. Surtout en 1649, une vingtaine de mazarinades superposent son horrible fin à celle de Mazarin11. Dans ce climat de 1649, la proposition de notre cavalier de manger Mazarin pour le punir est non seulement surprenante mais aussi assez curieuse... Nous avons besoin d’analyser l’image de ce Cavalier pour mieux clarifier son rôle dans cette mazarinade.

Qui est ce Cavalier ?

28Dans le dictionnaire de l’Académie française, édition 1694, le « cavalier » est « un homme monté à cheval en équipage d’homme de guerre, d’homme d’épée ». D’abord, il est « homme de guerre », peut-être « gentilhomme faisant profession des armes ». Par conséquent, il n’est ni bourgeois ni paysan.

29Après le xviie siècle, le « cavalier » ne sera plus « homme de guerre ». Il perd cette fonction. Il devient simplement un « homme qui est à cheval » (Dictionnaire de l’Académie française, 4e éd., 1762). Encore plus tard, il perdra même la distinction de genre : « Celui, celle qui est à cheval » (Dictionnaire de l’Acad. fr., 8e éd., 1932).

30Notre cavalier, qui est monté à cheval et porte l’épée se présente donc plutôt comme un homme de guerre, presque l’équivalent du chevalier. Et pourtant, il est presque sur le point de perdre son identité. Son image ne nous rappelle-t-elle pas une autre histoire ? Celle de L’Ingénieux Noble Don Quichotte de la Manche, l’histoire d’un homme obsédé par le roman médiéval et qui aspire à être un chevalier. Don Quichotte était exactement apparu dans le monde au début du xviie siècle (en castillan en 1605, en anglais en 1612, en français en 1614 et en italien en 1622). Culturellement, notre Cavalier doit aussi partager cette fin des siècles de la chevalerie avec cet homme de la Manche.

31Une des caractéristiques de notre Cavalier est qu’il voyage. Est-il un soi-disant chevalier itinérant ? Mais notre cavalier ne montre pas l’objectif de son voyage. Alors que le chevalier errant dans la littérature médiévale est mu par une quête symbolique, notre Cavalier voyage comme si aller en différents lieux était, en soi, son but. Son voyage évoque plutôt une image de guerrier ou bien de mercenaire, employé au gré des conflits par des pays étrangers.

32D’ailleurs, le titre de cette mazarinade, Le Cavalier d’outre-mer, présente une certaine discordance, associant un homme à cheval et la mer. Qualification contradictoire ? Il semble que ce titre souligne son voyage « outre-mer ». Il a dû errer beaucoup plus loin que le chevalier du Moyen-Âge. Notre Cavalier d’outre-mer est une sorte d’hybride, pour ainsi dire, du chevalier errant traditionnel et du chevalier moderne qui traverse les océans après l’ère de Grandes découvertes.

33On y trouve un reflet des Occidentaux du xviie siècle qui renforçaient leur ambition d’explorer les terres inconnues et de trouver des opportunités de commerce en établissant des compagnies, comme celle des Indes Orientales. Alors que le Moyen Âge a envoyé des chevaliers croisés hors de la mer, les temps modernes ont envoyé des « chevaliers » marchands armés et des missionnaires à travers le monde.

Notre chevalier navigateur a-t-il visité le Japon ?

34La mazarinade intitulée Le Cavalier d’outre-mer est publiée en 1649. Comme nous l’avons remarqué auparavant, les frontières du Japon étaient alors fermées ; les restrictions radicales imposées à l’interaction avec les étrangers sous le règne des Tokugawa, le Sakoku, ayant été établies vers 1640 (et jusqu’en 1854).

35Notre Cavalier raconte l’histoire d’un tyran abattu par le peuple, en disant que c’est « une histoire véritable que j’ai vue dans le Japon ». Cependant, il est peu probable qu’il soit réellement revenu du Japon, puisque c’était de plus en plus difficile pour les bateaux occidentaux d’y accoster depuis 1633, à l’exception des navires hollandais.

36Les Hollandais avaient installé à Nagasaki un comptoir de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales dès 1609. Le Japon les a acceptés uniquement pour le commerce. En 1649, juste au moment de la Fronde, selon le bilan comptable de cette année-là, le bénéfice net du comptoir japonais était le premier des comptoirs de la région dite des Indes orientales à l’est du Cap de Bonne Espérance12.

37Ils emmenaient aussi des Occidentaux non-hollandais, par exemple des médecins allemands. On trouvera plus tard des noms célèbres, comme Engelbert Kæmpfer, médecin et naturaliste allemand, qui a écrit une Histoire naturelle, civile, et ecclésiastique de I’empire du Japon, publiée à Londres en 1727 et traduite en français en 172913. Cette traduction en français a donné une certaine influence à la description du Japon dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Et encore plus tard, au xixe siècle, Philipp Franz von Siebold, un autre médecin et naturaliste bavarois est venu au Japon. En bref, pour les Occidentaux de l’époque, être membre de la Compagnie néerlandaises des Indes orientales et aller à son comptoir commercial à Nagasaki, c’était à peu près la seule possibilité d’entrer au Japon.

38Notre Cavalier serait-il venu au Japon sur un bateau hollandais ? Il est plutôt probable que l’histoire d’un usurpateur qu’il raconte au Paysan soit basée sur la mémoire de quelqu’un d’autre ou bien qu’elle provienne d’un livre... comme dans l’exemple également connu de Marco Polo, marchand et explorateur vénitien, dont l’aventure est dictée dans une prison à Genève et publiée sous le titre Le Devisement du monde à la fin du xiiie siècle. La description du Japon, « Cipangu » dans son livre, est aussi ce qu’il a entendu dire en Chine par des marchands arabes.

Sources possibles de l’anecdote racontée par le Cavalier d’outre-mer

39En fouillant dans des livres sur l’histoire du Japon, je n’ai pas trouvé l’épisode de l’usurpateur-tyran raconté dans cette pièce. Toutefois, on trouve beaucoup d’exemples d’usurpation, soit par violence soit par trahison, pendant l’époque des provinces en guerre au Japon (1477-1573, époque nommée Sengoku-jidai). À la même époque, il y avait aussi pas mal de révoltes du peuple au Japon14. Mais il n’y a pas de coïncidence exacte...

40Après cette période de grande lutte entre des seigneurs pour le pouvoir, arrive l’unification et la pacification du Japon par Toyotomi, et ensuite Tokugawa qui ont décidé de fermer tous les ports, non seulement pour les étrangers, mais aussi pour les Japonais qui étaient hors du Japon ; juste comme en 2020 à cause de la COVID-19.

41L’anecdote de l’usurpateur-tyran dans le Cavalier d’outre-mer n’a pas de référence directe pour le moment. Elle serait probablement inventée par l’auteur. Mais il s’agit de savoir comment il l’a inventée. Nous ne pouvons exclure la possibilité que l’auteur du Cavalier d’outre-mer ou bien quelqu’un autour de lui ait travaillé pour la Compagnie française des mers orientales créée en 1601 ou pour une des autres compagnies de commerce qui s’occupaient des expéditions en Inde et en Chine, avant la création de la Compagnie française des Indes orientales par Colbert en 1664. Cependant, nous devons chercher des chemins plus réalistes pour l’accès à des informations sur le Japon, au lieu de chercher vainement l’ombre de quelqu’un qu’on ne connaît pas au-delà de l’océan.

42Tout d’abord, après les Grandes découvertes, la quantité d’informations géographiques augmente. On parle du voyage outre-mer et on écrit ce qu’on a vu dans des pays étrangers. D’ailleurs les capitaines notent chaque jour ce qui se passe pendant leurs voyages. Certains journaux de voyage sont publiés pour satisfaire des curieux ; par exemple le journal d’Olivier van Noort, premier navigateur néerlandais qui a réussi la circum­navigation en 1601, a été publié dès son retour et traduit en plusieurs langues, dont le français en 160215. Sa description du Japon est basée sur son propre contact avec des marins japonais.

43Par ailleurs, il y a des correspondances de missionnaires ; surtout la relation de mission de la Compagnie de Jésus, très détaillée et envoyée régulièrement. Ignace de Loyola a établi un système de correspondance avec le Japon. François Xavier, Luis Froïs, Allessendro Valignano, tous ces missionnaires jésuites qui sont venus au Japon ont écrit des lettres ou des livres sur le Japon.

44Leurs correspondances fournissaient aussi des informations plus sérieuses que des récits de voyage commerciaux. Par exemple, l’auteur de l’Histoire de la navigation de Jean Hugues de Linschot Hollandois : aux Indes orientales16... doit beaucoup à l’historien italien de la Compagnie de Jésus, Giovanni Pietro Maffei, qui écrit l’Histoire de l’Inde orientale en faisant référence aux comptes rendus envoyés par d’autres missionnaires jésuites, Luis Froïs et Allessendro Valignano. Les informations fournies par les missionnaires devaient être reconnues comme les sources les plus crédibles pour les contemporains.

45Juste dix ans avant la Fronde, il y eut une révolte de paysans au Japon : la Rébellion de Shimabara (1637-1638), dans la région de Kyushu. C’était un soulèvement contre un seigneur tyran qui écrasait les paysans par la charge énorme des impôts et en même temps opprimait très cruellement les chrétiens dans sa seigneurie pour le compte du shogunat Tokugawa. Le chef symbolique de cette révolte était un jeune garçon de 16 ans, fils d’un samouraï catholique.

46Assiégés, les révoltés attendaient vainement l’aide de catholiques portugais. Les troupes du shogunat Tokugawa demandèrent l’aide des protestants hollandais pour qu’ils tirent au canon depuis leur bateau. Cette rébellion, très violemment réprimée, faisait apparaître la rivalité entre les jésuites portugais (soutenant les populations converties) et les protestants hollandais (pragmatiques forces supplétives du shogunat Tokugawa). Il est alors certain que les missionnaires jésuites traitèrent de ce soulèvement religieux dans leurs lettres et que le capitaine du vaisseau hollandais avait aussi consigné sa version dans son journal de bord. Il n’y avait pas précisément d’usurpation de pouvoir dans cette rébellion, mais il est concevable qu’elle ait un écho dans l’histoire racontée par notre Cavalier en tant que révolte de paysans japonais contre un tyran.

47Depuis la création de la Compagnie des Indes orientales en 1602, les Hollandais monopolisent le commerce en Asie, en excluant les Portugais qui avaient des relations avec le Japon depuis 1530. Alors que les Hollandais accaparent des informations sur cette zone du monde dans leur propres intérêts et que le Japon ferme ses ports, citations et références sur le Japon augmentent paradoxalement de plus en plus. Sans contacts directs, on peut sans doute tisser plus librement une fantaisie avec des témoignages fragmentaires, à l’instar de ce que Marco Polo avait fait... Il s’agit donc maintenant de voir comment l’auteur du Cavalier d’outre-mer assaisonne l’image ambiguë du Japon pour écrire une mazarinade.

Contexte politique des pièces publiées en 1649

48Pendant les troubles politiques de la Fronde, il y a, nous l’avons dit, deux pics de publication, en 1649 et en 1652, déjà mis en lumière par Hubert Carrier17 :

Parti Années

1648

1649

1650

1651

1652

1653

Totaux par parti

Vieille Fronde

25

1375

175

175

50

-

1800

Parti des Princes

-

-

350

425

1150

25

1950

Pièces gouvernementales

25

250

100

50

150

25

600

Autres tendances politiques

-

150

50

50

100

-

350

Pièces peu politiques

-

200

50

100

150

-

500

Totaux par années

50

1975

725

800

1600

50

5200

49Le Cavalier d’outre-mer est publié en 1649, qui est l’année principale des libelles de la Vieille Fronde. Les pamphlets de cette année-là se distinguent diversement de ceux de 1652, parmi lesquels se trouvent principalement des pièces du parti des Princes. Les mazarinades publiées en 1649 sont, comparativement, moins influencées par le conflit politique entre les partis.

50La publication de mazarinades pendant la guerre civile avait un caractère particulier : la quantité de pièces augmente après certains événements, par exemple une arrestation, un changement dans la situation des combats, des conférences, etc. Elle scande l’actualité politique comme quand, au mois de janvier 1649, Le roi et la cour quittent brusquement Paris pour Saint-Germain. C’est le commencement du blocus de la capitale par l’armée royale sous les ordres de Condé. Cet événement accroît la publication de pièces de façon extravagante.

Du début de la Fronde jusqu’au retour du Roi à Paris, le 18 août 1649, qui marque la fin de la première Fronde ou Fronde parlementaire, il n’y a que deux « partis » en présence.
D’un côté, le Parlement et les autres cours souveraines s’appuient sur la bourgeoisie parisienne et l’opinion populaire et reçoivent le soutien actif d’un certain nombre de grands seigneurs mécontents lors du blocus de la capitale. [...] Le point commun entre cette opposition parlementaire au gouvernement et la révolte des grands seigneurs frondeurs, c’est le refus du ministère de Mazarin, et plus profondément encore une hostilité foncière aux progrès de l’absolutisme royal18.

51Le Cavalier d’outre-mer, clairement contre le ministre, a été publié dans ce climat de 1649. Le Paysan de cette pièce se plaint des malheurs du royaume provoqués par Mazarin, plutôt que de la soldatesque et de la famine ; en bref, la misère que tous les paysans devaient subir pendant le blocus. Il souhaite avant tout l’exclusion du premier ministre pour restaurer l’ordre dans la monarchie autour de la famille royale. Pour consoler le paysan, le Cavalier raconte l’histoire d’un peuple qui serait parvenu à chasser son usurpateur et à rétablir la justice de sa monarchie. Pour le Paysan et le Cavalier, autrement dit pour l’auteur du Cavalier d’outre-mer, la justice et l’ordre devraient faire partie des fonctions assumées par la monarchie absolue. L’histoire racontée par le Cavalier montre un pays qui a rétabli la justice et l’ordre monarchique grâce à la révolte du peuple – mais pas ici, ailleurs dans le monde.

Lecture du Cavalier d’outre-mer par la généalogie de l’utopie

52Le paysan se lamente du fait que le royaume est ravagé par Mazarin, dont les beaux discours manipulent la reine-régente sans que les princes ne puissent s’y opposer. Ensuite, le cavalier raconte : « une histoire véritable que j’ai vue dans le Japon », prétendant qu’il y a un peuple qui a réussi à chasser un tyran.

53Mais où est-il, ce Japon ? Plus loin que l’Inde et la Chine... C’est un pays qui se trouve à peine dans la carte maritime, tout au bout à l’Est. Une île, peut-être... Mais presque personne ne la connaît. Dans ce sens d’île qui se trouve on ne sait où, c’est une utopie. Au sens propre, une île situé « en aucun lieu ». Le mot « utopie » remonte à Thomas More et à son livre : La meilleure forme de communauté politique et la nouvelle Île d’Utopie, dit L’Utopie, publié en latin en 1516 et traduit en français un an après19.

54Selon le dictionnaire TLF, l’utopie est « un plan imaginaire de gouvernement pour une société future idéale, qui réaliserait le bonheur de chacun ». Et pourtant, depuis Thomas More, l’utopie est géographiquement caractérisée par une île : malgré la définition du TLF, les utopistes de la Renaissance et de la première moitié du xviie siècle préféraient un territoire entouré et isolé par la mer. Et c’est toujours un marin qui raconte ce nouveau territoire et « une société future idéale ».

55Ainsi, La Cité du Soleil, écrit par Tomasso Campanella en 1623, est un dialogue entre un marin génois et un chevalier de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem20. Ou La Nouvelle Atlantide de Francis Bacon publiée en 1627, dont le narrateur est probablement le capitaine du bateau parti du Pérou pour la Chine et le Japon en traversant le Pacifique et qui parvient à une île à cause d’un orage21. Ainsi, ce ne serait pas un hasard que les narrateurs de ce genre soient des marins.

56Après Christophe Colomb, les Européens se lancent à la conquête des océans et des terres inexplorées. Les voyages extra-européens comportent non seulement des informations géographiques mais aussi de nouvelles connaissances à propos de la vie sur les lieux. La description de la carte s’enrichit non seulement d’informations topographiques mais aussi ethnologiques, avant la naissance du mot.

57L’ère des Grandes découvertes ouvre aussi la voie vers la colonisation. Il ne s’agit pas que de nouveaux territoires. L’esprit critique de la Renaissance nourrit l’idée de ceux qui ne sont pas satisfaits par la société de leur temps en vue de créer une autre société dans de nouvelles contrées. Chaque auteur imagine sa société idéale avec des aspects différents, mais cette société se situe sur un territoire vierge, une île au bout du monde.

58Pourtant, l’auteur de l’Utopie n’invente pas son nouveau monde à partir de rien. D’un côté, il a des connaissances sur les Grandes découvertes apportées par les navigateurs, d’un autre côté, il reste encore le même fantasme, apporté par Marco Polo : l’Orient mythique qui incite à traverser l’océan Indien pour rejoindre l’Inde et l’Asie. Thomas More influence aussi un ami français, François Rabelais, le premier auteur français de roman utopique. Rabelais fait voyager son personnage, Pantagruel, pour sauver la ville des Amaurotes attaquée et assiégée par les Dipsodes. La ville des Amaurotes est la ville principale de l’île de L’Utopie de Thomas More (tome 2, chap. 23)22.

59Pantagruel part de Paris et s’embarque sur un navire à Honfleur. En passant par Madère et les Îles Canaries, jusqu’au Cap de Bonne-Espérance… en navigant le long des côtes de l’Afrique, Pantagruel entre ensuite dans une zone imaginaire pour arriver au port de l’Utopie.

60Abel Lefranc signale dans son ouvrage de 1905 intitulé Les Navigations de Pantagruel ; Étude sur la géographie rabelaisienne :

[…] tous les éléments d’ordre géographique ou topographique sont strictement empruntés à la réalité et […] l’imagination du conteur n’est intervenue en rien pour les transformer ou les combiner arbitrairement23.

61Lefranc remarque l’influence de la mappemonde et pense que Rabelais a choisi de placer l’île de l’Utopie, comme son ami Thomas More, dans une région intermédiaire entre l’Amérique et Ceylan, du côté de la Chine ou de Cathay. Rabelais imagine ses Pygmées produits par Pantagruel à sa façon (vous savez bien laquelle…) au moment de fêter la victoire du premier combat contre des Dipsodes, agresseurs de l’Utopie :

[…] en raison de ce fait que les cartes contemporaines mettaient les Pygmées dans cette même région du globe, au nord du Cathay, près de l’Océan Pacifique et en face le Japon [sic], à l’est de la Scythie24.
Vers l’époque des grandes découvertes, ces épisodes deviennent de plus en plus fréquents, et leur vogue tend naturellement à s’accroitre. Beaucoup de romans promènent leurs héros jusqu’aux Indes et au Cathay25.

La justice plutôt que le bonheur

62L’imagination travaille sous forme de superposition à « la réalité » ; la réalité, mais celle de la mappemonde du xvie siècle pour Rabelais. L’auteur du Cavalier d’outre-mer aussi, certainement, avait des connaissances géographiques en arrière-plan. De nombreux récits utopiques visent de la même manière l’Extrême-Orient pour y créer une société idéale, qui réalise le bonheur selon le dictionnaire TLF.

63L’auteur du Cavalier d’outre-mer, pourtant, raconte l’histoire d’un usurpateur massacré par le peuple. Son récit n’est pas une simple fantaisie pour le bonheur, mais l’aspiration vers la justice, entravée par le ministre du roi. Le Cavalier d’outre-mer est avant tout un libelle contre Mazarin. Pour cela, son héros ne peut pas rester un narrateur-marin, il a besoin d’être guerrier qui se bat contre l’injustice. Notre chevalier-navigateur est chargé d’une mission par l’auteur pour exterminer cruellement et complètement l’origine de cette injustice. Il affirme au Paysan qu’il tuerait et mangerait Mazarin « comme un loup enragé ». Ce propos du Cavalier terrifie le Paysan qui imagine peut-être des anthropophages de contrées lointaines.

64Avant de finir, je signale que, pour le lecteur de l’époque, contemporain de la Fronde, il reste encore une autre image que notre cavalier peut évoquer : c’est celle d’un courrier, porteur des messages à cheval, « celui qui court la poste pour porter les dépêches » (Dictionnaire de l’Académie, 1694). Dans la mesure où il délivre des nouvelles, le cavalier / courrier est un équivalent du navigateur des Grandes découvertes. Ce messager transmet au lecteur l’épisode du tyrannicide au Japon en promouvant la justice à conquérir contre Mazarin.

65Le Japon, sans contact direct, restera toujours (pour les gens de l’époque) une île imaginaire et continuera à produire des fantasmes et des images utopiques en reflétant le désir de chaque époque26. Le mot « Japon » dans le Cavalier d’outre-mer nous fait sortir du territoire des mazarinades pour mieux le voir de l’extérieur et y revenir. Il y a certainement, dans les mazarinades, d’autres noms de pays lointains ou de peuples méconnus dont l’évocation devrait être étudiée, tant du point de vue politique (de la Fronde) qu’anthropologique (global).

Notes

1 Les actes du colloque international de juin 2015 à la bibliothèque Mazarine et à la bibliothèque de l’Arsenal (BnF) rassemblent vingt-quatre contributions et ont été publiés en 2016 dans Histoire et civilisation du livre, revue internationale, n° XII : « Mazarinades, nouvelles approches », Genève, Éditions Droz.

2 Le corpus du Projet Mazarinades (http://www.mazarinades.org), ouvert au public depuis 2011, fonctionne en même temps comme une plateforme pour les chercheurs. Construit par l’équipe des RIM à partir de la numérisation de la collection des mazarinades de l’Université de Tokyo, il est constitué d’environ 2700 pièces. Cf. T. Ichimaru, « Enjeux de la numérisation des mazarinades », Histoire et civilisation du livre, op. cit., p. 77.

3 L’Exploration des Mazarinades, sous la direction de Tadako Ichimaru, traduit par Yuko Nakatsumi, Tokyo, Projet Mazarinades, 2021.

4 Le terme Sakoku désigne généralement les restrictions imposées à l’interaction radicale avec les étrangers sous le règne des Tokugawa. Ce régime a été établi vers 1640 et a duré jusqu’en 1854. Cependant, à proprement parler, le Sakoku n’était pas un isolement complet, et des relations internationales avec les pays et régions voisins étaient maintenues en utilisant Nagasaki, Tsushima, Ezo et Ryukyu comme points de contact. Les relations internationales et le commerce entre la Chine et l’Asie de l’Est durant cette période ont été passés en revue ces dernières années (Cf. Yasunori Arano, « Sakoku » wo minaosu, Tokyo, Iwanami-shoten, 2019).

5 M0_660 (soit la pièce n° 660 dans Célestin Moreau, Bibliographie des mazarinades, Paris, Renouard, 1850-1851, 3 vol.), cote Tokyo C_2_26.

6 M0_1376, cote Tokyo C_5_7.

7 M0_1376, cote Tokyo C_5_6.

8 M0_2972, cote Tokyo C_9_3.

9 Cette mazarinade, Le Cavalier d’outre-mer, est disponible dans le corpus du Projet Mazarinades où tous les textes peuvent être lus sous trois formats : le texte en image numérique, la transcription diplomatique et la version en langue moderne. La version moderne du Cavalier d’outre-mer a été établie dans mon cours de littérature française du xviisiècle avec des étudiants

10 Le Maréchal d’Ancre est assassiné à la Porte du Louvre le 24 avril 1617. Grâce aux images diffusées en estampe, par exemple, le peuple parisien se souvenait bien de. ce qui s’était passé avec le corps de ce favori italien (Cf. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8401755r/f1/).

11 Cf. Hubert Carrier, Le Labyrinthe de l’État : Essai sur le débat politique en France au temps de la Fronde (1648-1653), Paris, Honoré Champion, 2004, p. 36-40.

12 Yasunori Arano, op. cit., p. 58-59.

13 Engelbert Kæmpfer, Histoire naturelle, civile et ecclésiastique de l’Empire du Japon, La Haye , P. Gosse & J. Neaulme, 1729. Cf. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65811342

14 Par exemple, la Révolte du Moyen Âge au Japon (Kaga-ikko-ikki, 1488-1580) : des paysans, croyants d’une nouvelle secte bouddhiste qui se sont débarrassés de leur seigneur et ont réalisé leur autonomie pendant 90 ans. Cf. Shizuo Katsumata, Ikki : Coalitions, ligues et révoltes dans le Japon d’autrefois, Paris, CNRS éditions, 2011 (première édition en japonais en 1982).

15 Olivier van Noort, Description du pénible voyage faict entour de l’univers ou globe terrestre... : pour traversant le destroict de Magellanes, descouvrir les côtes da Cica, Chili & Peru, & puis passant la Molucque, & circummavigant le globe du monde retourner à la Patrie. [...] de Rotterdame le 2 juillet 1598 et l’an 1601..., ou sont déducates ses estranges adventures et pourtraicts au vif... / par Sr Olivier du Nort d’Utrecht, général de quattre navires. Translaté du flamand en franchois…, Amsterdam, C. Claesz, 1602.

16 Jan Huyghen van Linschoten, Histoire de la navigation de Jean Hugues de Linschot Hollandois : aux Indes orientales, contenant diverses descriptions des lieux jusques à present descouverts par les Portugais : observations des coustumes & singularitez de delà, & autres declarations. Avec annotations de B. Paludanus, docteur en medecine sur la matiere des plantes & espiceries. Item quelques cartes geographiques, & autres figures. Troixieme edition augmentee, Amsterdam, Evert. Cloppenburg, 1638. Voir https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k316096v/f9.image

17 H. Carrier, La Presse de la Fronde (1648-1653) : Les Mazarinades. La conquête de l’opinion, Genève, Librairie Droz, 1989, p. 84.

18 Ibid, p. 81-82.

19 Thomas More (Morus), L’Utopie de Thomas Morus, traduction nouvelle, par M. Victor Stouvenel, avec une introduction, une notice bibliographique et des notes par le traducteur, Paris, Paulin, libraire-éditeur, 1842. Cf. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54526179?rk=21459;2

20 Tomasso Campanella, La cité du soleil, ou Idée d’une république philosophique, par F. Th. Campanella ; traduite du latin par Villegardelle, Paris, A. Levavasseur, 1840.

21 Francis Bacon, La nouvelle Atlantide de François Bacon,... traduite en françois, et continuée, avec des réflexions sur l’institution et les occupations des académies françoise, des sciences et des inscriptions, par M. R. (Raguet), Paris, J. Musier, 1702. Cf. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k82587c?rk=21459;2

22 François Rabelais, Pantagruel, Roy des Dipsodes..., dans Œuvres de Rabelais. Texte collationné sur les éditions originales avec une vie de l’auteur, des notes et un glossaire [par Louis Moland]. Illustrations de Gustave Doré..., tome 2, Paris, Garnier frères, 1873.

23 Abel Lefranc, Les navigation de Pantagruel ; Étude sur la géographie rabelaisienne, Genève, Slatkine Reprints, 1967, p. 6.

24 Ibid., note 2, p. 21-22.

25 Ibid. p. 268.

26 Par exemple, Fontenelle indique clairement le nom du Japon dans le contexte de l’utopie environ cent ans après la Fronde. Cf. Bernard de Fontenelle, La République des philosophes, ou Histoire des Ajaoiens, ouvrage posthume de Mr. Fontenelle, On y a joint une lettre sur la nudité des sauvages, Genève, 1768 (disponible dans Gallica).

Pour citer ce document

Tadako Ichimaru, « En tirant le fil du Japon » dans Mazarinades et territoires,

Premier numéro

© Revue du GRHis, « Revue du GRHis », n° 1,2025

URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/grhis/index.php?id=130.

Quelques mots à propos de :  Tadako Ichimaru

Enseignante-chercheuse de l'Université Gakushuin (Tokyo), docteure ès arts libéraux de l'Université de Tokyo, co-fondatrice du Projet Mazarinades (2010), membre de l'équipe RIM (Recherches internationales sur les mazarinades) et du GRIM, co-directrice du colloque Mazarinades, nouvelles approches (Paris 2015), directrice du colloque L'exploration des mazarinades (Tokyo 2016), spécialiste anthropologie historique et mazarinades.