Mazarinades et territoires

Premier numéro

Volume dirigé par Stéphane Haffemayer et Patrick Rebollar

Published by Stéphane Haffemayer and Patrick Rebollar

Mazarinades et territoires

Mazarinades : le duc, la duchesse et la Fronde en Normandie

Baptiste Etienne


Texte intégral

1La Fronde est un extraordinaire mouvement de remise en cause de la régence d’Anne d’Autriche qui touche le royaume de France entre 1648 et 1652. En raison de sa complexité, de la diversité des acteurs et des différentes périodes qui voient les équilibres politiques évoluer continuellement, il s’agit d’un temps d’ébullition qui génère une multitude d’écrits. Toutefois, en Normandie, le soulèvement ne s’étend pas dans le temps, si on regarde la révolte uniquement à travers le prisme local : de la fin du mois de janvier 1649 – avec l’entrée du duc de Longueville dans la ville, le 24 janvier 1649 – à la paix de Saint-Germain, au début d’avril1. Quelques semaines d’insoumission à peine, mais avec des répercussions durables à Rouen, voire dans l’ensemble de la province.

2La Normandie est un espace pivot de la Fronde à l’échelle du royaume puisque – en tant que province révoltée ou à risque – elle assure une menace constante sur le gouvernement royal. La « fureur normande2 » fait trembler le pouvoir réfugié à Saint-Germain-en-Laye et le pousse à une réaction vive. Dans ce cadre, les mazarinades offrent un écho lointain de cette Normandie révoltée et de ses grands protagonistes en pleine crise. Néanmoins, l’idée n’est pas de se contenter des quelques semaines de révolte effective puisque la province, le duc ou la duchesse sont cités dans de nombreux écrits pamphlétaires, et ce, sur l’ensemble de la période de la Fronde.

3Il convient de garder à l’esprit que ce questionnement du lien entre la Normandie et les Longueville par l’intermédiaire des mazarinades repose sur un biais conséquent, lié à la sélection et à l’origine même de ces écrits. Le corpus principal mobilisé pour cette étude est constitué essentiellement de « mazarinades normandes », ce qui implique quelques limites3. Si on en connaît plus de 2 700 publiées sur le site « Projet Mazarinades » développé par l’équipe des Recherches Internationales sur les Mazarinades4, une recherche par mots clés permet de n’en retenir que 4605. Afin de bien comprendre le choix opéré dans le corpus, l’ensemble des 2 700 écrits de ce type mis en ligne totalise environ 50 millions de caractères, soit plus de 7 millions de mots. À titre de comparaison, cette sélection de « mazarinades normandes » ne représente que 10 millions de caractères formant près de 2 millions de mots. S’intègrent également à ce corpus quelques mazarinades conservées dans différents dépôts d’archives.

4S’ajoute un second biais à prendre en considération. Parmi ces mazarinades, seule une dizaine sont imprimées uniquement à Rouen, loin derrière les 214 issues des presses de Paris (soit un peu plus de 60 %) et les 77 sans lieu d’édition. Par conséquent, elles ne sont dites normandes que parce qu’elles évoquent la situation normande, mais elles le font avant tout depuis et à destination de la capitale et des Parisiens. Pour l’essentiel, la province n’est citée que de manière anecdotique et seuls 10 % de ces imprimés évoquent en détail la Fronde dans cette province ; leurs titres sont souvent révélateurs comme Le manifeste de la noblesse de Normandie ou la Responce à une lettre escritte de Rouen6. Par ailleurs, il importe nécessairement de mettre en balance ces libelles avec différents types de sources, dans le but de pondérer l’approche ou d’apporter un regard plus local quant à la lecture des évènements7. L’analyse de cet échantillonnage de mazarinades a donc pour objectif d’explorer le traitement qu’offrent ces écrits pamphlétaires de l’image du gouverneur et de son épouse dans le contexte normand.

Le « duc de Normandie », artisan de la paix ?

5Dans ses Mémoires, la normande et proche de la reine Anne d’Autriche Françoise Bertaud, dame de Motteville, se montre très critique envers le duc de Longueville et son action durant la Fronde. En 1649, elle lui attribue un trait d’humour adressé à Saint-Simon8 :

6je sais qu’on dit à la Cour que je me veux faire duc de Normandie ; je n’en ai pas le dessein, et vos sentimens sont beaux et genereux ; mais avouez le vrai : ce seroit un beau coup à faire9.

7Parmi les 143 mazarinades qui concernent le duc, aucune ne se fait l’écho de telles intentions. Dans ces écrits, son image demeure intrinsèquement liée à son rôle de gouverneur et à sa carrière qui assoie considérablement son autorité. On insiste sur son rapport au territoire, en particulier à partir du mois de janvier :

Dès ce jour pour la Normandie,
Terre belliqueuse & hardie,
Le grand Longueville quitta
Paris, qui fort le regretta10

8Principal représentant du roi, il est absolument partout à Rouen et dans les autres villes locales, que ce soit avant ou après la Fronde. Aucune affaire d’importance ne semble échapper à ses interventions, à divers titres. Le choix de le placer à ce poste est donc le signe d’une confiance accordée par l’autorité royale.

9Tout basculement dans la révolte du gouverneur doit donc être perçu comme un évènement à part entière, susceptible d’entraîner avec lui la province la plus riche de France. Nombre de mazarinades insistent sur ce point et sur la démarche du duc de Longueville. Territoire normand et gouverneur sont absolument indissociables dans ces écrits frondeurs, on en attend un secours imminent pour faire cesser le siège de Paris. Néanmoins, au cours du temps, l’image du duc évolue considérablement et la critique devient de plus en plus ouverte, à mesure que se lèvent les doutes sur son action. Il convient donc de suivre ce changement progressif au moment où son rapport à l’espace normand se transforme.

La révolte d’un fidèle

Monsieur le duc de Longueville, qui est un des plus sages princes de l’Europe, & qui a tousjours eu part à toutes les belles actions qui se sont faites pendant sa vie, a creu qu’il ne pourroit plus rien desirer pour sa gloire, s’il pouvoit rendre ce service à l’Estat, & contribuer de ses forces & de son credit pour en chasser les monstres, & tous les geans qui se sont assis sur le trosne des Dieux, & emparés de l’authorité royale11.

10Une bonne part des mazarinades rejoignent ce qu’on peut trouver dans les manuscrits : le duc est un personnage éminent en Normandie et dans le royaume. De fait, il incarne la province, il en est la figure de proue12. Et pour cause, Henri II d’Orléans est un prince et pair de France, né en 1595 et parrainé par Henri IV lui-même. Partageant sa jeunesse à la Cour avec Louis XIII, il est issu d’une grande maison et dispose d’appuis conséquents. Le duc bénéficie déjà d’une pension royale à hauteur de 100 000 livres tournois, avant ses vingt ans. Il a d’abord été gouverneur de Picardie, puis de Normandie à partir de 161913. De campagne en campagne, le duc de Longueville s’illustre, tout en devenant un fidèle de la Cour14. À tel point que l’auteur de l’Histoire de la maison, rédigée au lendemain de la Fronde, considère qu’une « petite disgrace ne servit qu’à l’augmentation de sa gloire15 ».

11Ainsi, le duc n’hésite pas à se révolter dès 1620, en ralliant le parti de Marie de Médicis. Il est alors suspendu et interdit d’exercer ses fonctions durant quelques mois. À partir de 1637 et jusqu’en 1641, on observe un certain retour en grâce, à l’occasion duquel il mène des campagnes en Franche-Comté, dans le Piémont, en Alsace et dans le Palatinat. Le milieu des années 1640 constitue l’aboutissement de sa carrière. Il dirige la délégation française au moment des pourparlers préliminaires des traités de Westphalie qui achèvent la guerre de Trente Ans16. Dans les mazarinades, le cas est d’importance, puisque près de 25 de ces documents qui concernent le duc font référence à son rôle de plénipotentiaire. Son action dans ces négociations de 1645 à 1648 est absolument centrale dans ces écrits frondeurs. On s’interroge sur l’ingérence de Mazarin, accusé d’avoir mis à mal la paix négociée par le gouverneur. À l’image de L’entretien familier du Roy, nombre de ces imprimés pamphlétaires soulignent donc que le cardinal aurait préféré son intérêt particulier, suscitant le mécontentement du duc :

12« ç’a esté M. le C. Mazarin, qui l’a fait empescher par M. Servien, afin de pouvoir faire mieux nos affaires, & de pouvoir marier ses niepces plus hautement17 ».

13Néanmoins, toutes les mazarinades ne se montrent pas aussi élogieuses envers le duc que Les raisons ou les motifs veritables. Son engagement frondeur ne paraît pas évident pour de nombreux auteurs et on interroge ses ressorts. Au-delà d’une frustration liée aux négociations de paix qui revient continuellement, d’autres arguments semblent être mis en avant plus tardivement :

Le duc de Longue ville n’est avec toy, que parce qu’on luy a refusé le Havre, après qu’on luy avoit desja donné Caën & le comté de Jous. Attends-tu des conseils fideles & de durée d’un homme qui a manqué à son maistre, qui luy avoit fait l’honneur de l’appeller dans les siens ; qui luy avoit fait tant de graces, & qui a tourné casaque aussi souvent que l’occasion s’en est offerte18 ?

14Si la plupart des mazarinades insistent sur le désintéressement personnel du duc19, certaines reviennent longuement sur ses raisons d’être « mal-content20 ». Ainsi, depuis 1646 en survivance de son père, le gouvernement du Havre reste entre les mains du petit-neveu du cardinal de Richelieu. Cette place forte échappe donc au duc de Longueville, en formant une enclave convoitée dans la province21.

15Par ailleurs, il est assez net que l’engagement frondeur du gouverneur s’inscrit dans une vision politique plus large. Signe de la perception que le duc peut avoir de son action, lorsqu’il procède à une relecture de l’ensemble de sa carrière bien après la Fronde, il affirme qu’il est « entré 14 fois dans des parties contre le Roy et il faut, ainsy, pour avertir le Roy que nous sommes au monde22 ». Ce genre de discours renvoie indéniablement au devoir de révolte d’un grand, attaché à la notion de monarchie mixte.

La « petite bluette » contre le « comte de Hap-tout »

16Après un bref passage par Paris, le duc entre en catimini à Rouen et se rend maître d’une partie de la Normandie. Certains libellistes mettent en avant qu’il aurait refusé l’épée de connétable et donc la proposition de rallier le cardinal Mazarin. S’il s’agit d’un moyen d’appuyer encore l’idée d’un prétendu altruisme, d’autres écrits soulignent la frustration du duc de voir le prince de Conti nommé généralissime de la capitale à sa place. Ce choix cantonne le gouverneur à un rôle secondaire et serait à l’origine de son retrait – parfois jugé boudeur – en Normandie23.

Les Tabourettiers24 ont recours au prince & au duc de Longueville leurs protecteurs : responce de la [l]anterne du Conseil d’enhaut aux Antitabourettiers25 qui n’en estans pas satisfaicts menacent de se joindre au Parlement, d’où s’ensuit que le cardinal ayant choqué en cela, le prince se voit en danger de fortifier les frondeurs par le nouveau party des Antitabourettiers26.

17Dès lors, la plupart des mazarinades suivent la même logique que De la guerre des tabourets en faisant du duc un protecteur. Il est qualifié de « héros », alors que son action viserait avant tout le secours de Paris. Ainsi, un peu plus d’une douzaine de ces imprimés soulignent l’espoir et l’attente de l’arrivée de l’armée normande27. Toutefois, si on insiste d’abord sur la « furore Normanorum28 », les mazarinades discutent de plus en plus des promesses non tenues. À mesure que les mois avancent, les troupes ne viennent jamais et le blocus continue à Paris. Et pour cause, sur le terrain normand, l’action militaire du duc est totalement contrecarrée par celui qui est surnommé ironiquement le « comte de Hap-tout29 ». Dès le 13 janvier 1649, on apprend l’arrivée imminente du comte d’Harcourt à Rouen, avec une commission de gouverneur de Normandie. Cet homme de guerre de Lorraine a une longue carrière derrière lui lorsqu’il est envoyé pour remplacer le duc dans son gouvernement30.

18Son entrée dans la ville au moment où le duc est encore incertain aurait pu rompre toute velléité frondeuse en assurant la principale cité de Normandie, mais les royalistes semblent ébruiter l’affaire trop tôt et la population s’alarme. Tant et si bien que les autorités locales (aidées par les partisans de la Fronde) préfèrent lui refuser l’accès à Rouen, ce qui laisse l’espace libre pour la venue du duc qui se présente, quant à lui, comme le chantre du soulagement du peuple. Dès lors qu’il s’installe dans la province, l’une de ses premières préoccupations reste de lever l’impôt dans le but de tenir tête au comte qui « tenoit la campagne31 » depuis sa place forte du Pont-de-l’Arche. Néanmoins, les liquidités manquent rapidement et les troupes sur pied s’avèrent insuffisantes. De ce point de vue, on observe un phénomène intéressant : moins les forces militaires du gouverneur sont considérables sur le terrain, plus les imprimés frondeurs spéculent sur le nombre de combattants. Il existe donc une réelle décorrélation entre les effectifs réels et l’image que les mazarinades en donnent.

Que sera-ce encore quand Monsieur le duc de Longueville avec vingt-trois, ou vingt-quatre mille mains, plus que bigarée viendra secourir nos demy Dieux32. Que cette esperance seule nous console, de ce que le pain est un peu chair, & cependant n’espargnons ny nos bourses, ny nos personnes pour concourir avec ceux qui travaillent à l’establissement de nostre liberté33.

19Ainsi, de mazarinades en mazarinades, on observe une certaine inflation des chiffres, mais tous les libellistes ne vont pas jusqu’à cette extrémité. Certains auteurs suggèrent, de manière plus réaliste, « cinq ou six cens chevaux », « trois regimens grossis d’un escadron de cavalerie composé d’une partie des gentils hommes de la province de Normandie, qui n’ont point encor effacé de leur cœur les fleurs de Lis, faisant 60 maistres commandez par le marquis de Montlevrier34, le tout se montant par ce moyen à 800 chevaux » ou même « trois mille hommes de pied, deux mille chevaux, & un equipage d’artillerie ». En parallèle, peut-être pour entretenir l’espoir parisien ou pour se moquer de l’espoir du parti adverse, on trouve encore l’évocation fantaisiste de « dix à douze mil hommes35 ».

20Comme on peut le constater, les écrits pamphlétaires se multiplient sur ce sujet et insistent sur le prétendu siège de Pont-Audemer36 et les assauts de Quillebeuf, d’Harfleur ou du château de Neufbourg37. Le territoire normand est alors présenté comme un véritable terrain de guerre. Toutefois, sans revenir sur le détail des opérations, cette opposition des deux gouverneurs se caractérise avant tout par quelques escarmouches et sièges de petite envergure. Les efforts du comte sont concentrés afin d’empêcher la jonction des troupes du duc, qui aboutirait à la formation d’un « corps considerable38 ». Dans les faits, ni l’un ni l’autre ne disposent réellement des forces militaires pour s’imposer. C’est ce dont témoigne, par exemple, le protestant Isaac Dumont de Bostaquet, âgé alors de 17 ans, qui quitte Caen et se place au service du gouverneur. Amer, dans ses Mémoires rédigés des décennies après la Fronde, il affirme que « les choses n’allèrent pas loin » et que « ce ne fut qu’un feu de paille39 ».

21Progressivement, au fil des semaines, le sentiment de désillusion semble s’installer et la critique est de plus en plus ouverte dans les mazarinades. On prête au personnage fictif du Gazetier une déclaration qui dévalorise conjointement Rouen et le duc :

Que pour Roüen ce n’estoit qu’une petite bluette40 qui seroit esteinte au moindre souffle du comte de Harcour, lequel avec une puissante armée portoit de la terreur par tout, sans que M. de Longueville osast parestre en campagne41.

22Au fil du temps, l’aide escomptée n’arrivant pas à Paris, les écrits frondeurs se montrent de plus en plus acerbes, distants avec le gouverneur et favorables à une paix, seule capable de lever le blocus de Paris. Si les négociations de paix durant la Fronde permettent souvent de rappeler le rôle de bâtisseur de paix joué par le duc à Münster entre 1645 et 1648, ses hésitations lors des semaines qui suivent et son soutien au pouvoir royal provoquent un glissement de l’appréciation à l’encontre du gouverneur normand, de sauveur à véritable traître.

La paix et le traître ?

23En ce qui concerne la paix de Saint-Germain qui met fin à la Fronde en Normandie, la perception des mazarinades demeure assez positive. On souhaite voir aboutir les tractations vers une issue dont tout le monde sortirait gagnant :

Mais ce qui resjouyt le plus, c’est qu’on sçeust aussi que Mr de Longue ville avoit eu de très-grands avantages sur les troupes mazarines en Normandie, & que son secours estoit tout prest à venir joindre l’armée des bons François : & ce qui donnoit encore esperance que nos miseres finiroient bien-tost, c’est qu’on sçeust aussi que l’ouuerture d’un accommodement avoit esté faite à Saint Germain, & que la Cour avoit deputé des presidens & des conseillers de toutes les Chambres, très gens de bien42.

24Signé au début du mois d’avril 1649, ce compromis est âprement discuté. Certains libellistes mentionnent que, lors des négociations, le gouverneur « travaille beaucoup maintenant pour le soulagement de [son] peuple43 ». D’autres imprimés, à l’image du Remerciment des Normans dédié au duc, vont même plus loin en soulignant que la paix est obtenue par le duc qui serait le véritable meneur de la Fronde, secondé par Conti et Condé :

Que Messeigneurs, tes deux beaux freres
Ont bien secondé tes desseins
À nous retirer des miseres
Où nous plongeoient d’avares mains44.

25Si elle est élogieuse et totalement en dissonance avec la réalité de l’action sur le terrain, cette mazarinade met ensuite en avant un point qui pèse considérablement sur les évènements : la recherche d’une paix générale, y compris sur le front extérieur, est réclamée. Or, à mesure qu’il apparaît que cette demande ne peut être satisfaite, des imprimés se montrent de plus en plus violents, même si on observe une certaine retenue lors de l’arrestation et de la prison des princes. Condé et Conti, ainsi que Longueville sont appréhendés sur ordre de Mazarin, le 18 janvier 1650, et envoyés au Havre parce qu’on les soupçonne de vouloir prendre le contrôle de la régence. Au-delà du secret d’État, l’autorité royale souligne que l’idée est d’empêcher que le mariage du duc de Richelieu, alors mineur, ne provoque de nouveaux remous frondeurs45.

26Néanmoins, cette retenue dans la critique à l’encontre du duc n’est liée qu’à l’éloignement des princes du pouvoir et ne dure pas dans le temps. À mesure que la perspective d’une libération voit le jour, les positionnements opposés au gouverneur ressortent de manière sensible. Celui-ci est alors qualifié de traître dans plusieurs mazarinades46. Les allusions à la lenteur décuplent, dès lors qu’il semble certain que le duc demeure fidèle à l’autorité royale à partir de 1652. Si un écrit frondeur établit son logement « ruë du Renard qui pesche, & de la limasse47 », le Nouveau fourrier est tout aussi ironique :

Le duc de Longueville, au Limaçon, au Chat
qui vielle, au Vieux Singe & à l’Escrevisse48.

27Toujours en 1652, l’image du gouverneur est régulièrement dévalorisée, souvent en se basant sur les mêmes éléments rhétoriques. Les auteurs de proverbes, par exemple, insistent sur un angle similaire :

Le duc de Longueville.
Bas bruit est bon garçon, & qui va lentement, va seurement.
Le Critique.
Autant chemine un homme en un jour, qu’une limasse en cent ans49.

28De manière générale, l’image du duc de Longueville n’est plus alors associée qu’à l’attentisme. On souligne ses hésitations, ses doutes de janvier 1649, mais aussi ceux survenus au lendemain de la paix. À travers diverses métaphores, on met en avant un duc rusé, prêt à bondir s’il le décide, mais d’une lenteur affligeante. Dans les faits, le gouverneur de Normandie demeure volontairement dans une position d’entre-deux, une partie de sa clientèle demeure proche de la révolte et il est difficile de lire une ligne claire. De sorte que son revirement en faveur de la Cour n’est explicite qu’après le sacre du jeune roi, qui se déroule le 7 juin 165450.

29À travers l’ensemble des éléments touchant au duc, il est évident que, tout au long des évènements, de 1649 à 1652, il est associé en permanence à la Normandie. Ce lien peut, plus ou moins, se distendre en fonction de l’actualité. À tel point qu’on n’hésite pas à faire le rapprochement avec les ducs de Normandie, en suggérant une réelle recherche d’indépendance de la province. Toutefois, on lui prête également une dimension politique à l’échelle du royaume, comme en témoigne son rôle de plénipotentiaire à Münster ou de protecteur de Paris durant la Fronde. Il y a une évolution concrète dans l’image du personnage du duc et son rapport au territoire change jusqu’à être considéré en véritable traître dans les libelles imprimés à Paris. D’incarnation de la Normandie révoltée, il est petit à petit déconnecté du terrain à partir de son arrestation et de son rattachement de plus en plus explicite à la couronne.

30En outre, un point peut étonner : son épouse, la duchesse de Longueville, apparaît dissociée de son action. Les deux individualités jouent une partition qui ne se croise jamais. Si leurs trajectoires peuvent s’entrecroiser à l’occasion, au gré des évènements, c’est le plus souvent par accident. Le duc et la duchesse ont deux comportements très différents et leurs rôles politiques ne répondent pas aux mêmes principes. Toutefois, ce traitement disjoint résulte essentiellement de leurs relations personnelles durant la Fronde. L’affaire est exposée par un proche du couple, le prieur Victor Texier51 :

Pendant les 1er années, Mr de Longueville aimoit fort Mademoiselle de Bourbon qui estoit très belle, mais elle ne l’aimoit gueres. Un jour, allant à la chasse, il entra dans sa chambre, elle avoit les cheveux admirables, Mademoiselle Leger, fille d’un homme qui s’est ruiné de faire imprimer une poliglote et depuis mariée en Basse Normandie, qu’elle aimoit fort, les luy peignoit, elle reçeut M. de Longueville assez bien, il se retourna pour sortir.
Leger luy mit les deux doigts par derriere pour dire "cocu", il le vit dans un miroir, cru que c’estoit Madame de Longueville qui avoit fait cela et revint pour luy dire : "je le sçavois bien, Madame, mais il n’estoit pas necessaire que vous prissiez la peine de m’en avertir". Elle ne l’entendit point. Depuis, il n’a jamais couché avec elle52.

31Cet épisode houleux de la vie du ménage se déroule à la veille de la Fronde. Celui-ci est à l’origine d’une rupture de confiance qui s’étend sur plusieurs années. La scène décrite fait certainement référence au rapprochement de la duchesse avec le prince de Marcillac, futur duc de La Rochefoucauld, qui commence deux ans après son mariage avec le gouverneur de Normandie53.

32Cette situation du couple implique qu’ils suivent des impératifs différents durant cette période. Le duc et la duchesse demeurent déchirés, ce qui a un impact sur leurs positionnements respectifs et leurs alliances de circonstances. S’il ne fallait qu’un exemple, alors que le duc ne soutient plus Condé dans son opposition à la Cour et obtient des places militaires à tenir contre les frondeurs, la duchesse, de son côté, continue sa révolte avec une certaine forme d’émancipation54. Souvent qualifiée d’intrigante, d’indépendante, d’« instrument héroïque », d’amazone, de femme de caractère et de séductrice55, celle-ci a bien plus attiré l’attention des historiens que son époux56. Son rôle interroge aussi et mérite d’être questionné dans son rapport distant au territoire normand.

La géographie frondeuse de la « belle Megalopolie »

33Trentenaire lorsque la Fronde éclate, la duchesse de Longueville est secondaire dans ces imprimés. Dans le sens où elle est présentée en tant que supplétive du duc, voire le plus souvent de ses frères, le Grand Condé et le prince de Conti. À titre d’exemple, les mazarinades qui mentionnent la duchesse sont pratiquement cinq fois moins nombreuses que celles qui évoquent les actions du duc. Si elle joue un rôle conséquent, sa démarche est souvent minimisée par les libellistes et même jugée diversement, comme en témoigne en 1649 La pompe funebre de Voiture, attribuée à Jean-François Sarrasin57. Proche de la duchesse qu’il connaît bien, il la caractérise de « belle Megalopolie58 ».

34Ce texte est en général qualifié de badinage, imitant ironiquement le style de Vincent Voiture59. L’écrit est novateur par bien des aspects, mais ne développe pas son point de vue, qu’il convient de lire entre les lignes. Sans doute faut-il comprendre cette association avec la cité antique d’Arcadie, comme un jeu de mot évoquant la grandeur, ainsi que le goût de la duchesse pour la littérature, résultant de son éducation soignée dans le cercle familial. De plus, quand il s’agit de la décrire, l’auteur insiste sur son physique de manière attendue60.

35Victor Texier estime, également, dans ses mémoires qu’elle « avoit infiniment d’esprit61 ». De plus, seule fille d’Henri II de Bourbon, Anne-Geneviève de Bourbon a 24 ans de moins que le duc. Le mariage entre les deux personnalités a fait l’objet d’intenses tractations puisqu’il est d’un rang inférieur62.

36De 1649 à 1652, de sa venue dans la capitale normande, en passant par son exil ou son retour à Bordeaux, la perception de la duchesse dans les mazarinades évolue considérablement. Ainsi, son image frondeuse suit un agenda différent de celui du gouverneur de Normandie et il convient de l’étudier avec attention.

La duchesse parisienne

37En 1649, la duchesse de Longueville est cantonnée à Paris. Enceinte, elle y demeure afin de tenir une promesse. Son image est alors ambivalente, parfois considérée comme représentante du duc, otage, indépendante, héroïne ou engagée dans une « sainte resolution63 ». Son rôle est à ce moment-là irrémédiablement associé au blocus de la capitale :

Or cette duchesse & la ville
Tinrent le jeune Longueville
Et le nommerent Carolus
De Paris, & s’il en faut plus,
D’Orleans, s’il en faut encore,
Comte de S. Paul, que j’honore64

38La naissance de Charles-Paris d’Orléans intervient le 29 janvier 1649, au moment où la cité est en état de siège depuis une vingtaine de jours. Alors que la duchesse est enfermée à l’Hôtel de Ville transformé en place d’armes, le choix du prénom de l’enfant est considéré comme un « témoignage65 » servant à long terme sa notoriété66. La douzaine de mazarinades à ce sujet sont divisées : une majorité ne cite que la duchesse, mais quatre n’ignorent pas totalement « le judicieux Longueville67 ». S’il a reconnu l’héritier, le duc est tenu à l’écart, et ce, au moment même où sa popularité est également à son zénith en raison de son action en Normandie. Ce qui s’explique par le fait que la paternité est souvent attribuée au prince de Marcillac qui est considéré comme influent quant à l’engagement frondeur de la duchesse. Ainsi, sa prise de position est précoce en faveur de la révolte alors qu’elle est fragilisée d’un point de vue familial. Elle fait partie des interlocuteurs du coadjuteur de Gondi dès le mois de décembre 1648 et elle promet son appui aux séditieux. À cette occasion, elle va jusqu’à assurer du soutien de son mari, sans qu’il soit possible de déterminer si elle agit de son propre chef. De fait, on considère souvent que c’est bien elle qui pousse le duc dans le parti de l’insurrection au moment où les frères de la duchesse demeurent divisés.

39Jusqu’au terme de la Fronde, elle tire profit de son lien avec Paris en l’entretenant perpétuellement. Ainsi, même après la paix de Saint-Germain du 1er avril 1649 qui met fin au soulèvement normand mené par le duc et qui achève le blocus, Anne-Geneviève de Bourbon se met en scène en tardant à prononcer sa soumission à la reine et par l’exploitation de ses intrigues fraternelles :

Le mesme jour Monsieur le prince de Condé
Fut de son cher frere à Challiot secondé,
Mesme on y vid aussi Madame de Longueville,
Qui tousjours a esté aymée en cette ville ;
Le duc de Boüillon s’y rencontra aussi,
Là, salüerent le prince, puis ils revinrent icy68

40Cette entrevue secrète réalisée sur la colline de Chaillot vise à convaincre le Grand Condé de se révolter à son tour. S’il s’agit d’un échec exprimé dans deux mazarinades, cette rencontre permet une réconciliation avec lui69. Sans revenir sur le détail, en évoquant ce point l’imprimé préfère souligner le lien avec la capitale, plutôt que d’insister sur les enjeux du non-évènement. Ce net tropisme parisien a un impact encore plus marqué en 1650 : lors de sa tentative de soulèvement normand, elle ne bénéficie pas des soutiens locaux nécessaires pour parvenir à ses fins70.

L’expédition normande et l’exil

41Ce n’est qu’avec la mise hors d’état de nuire des princes le 18 janvier 1650 que le rôle de la duchesse s’amplifie. Justifié par des raisons d’État, cet évènement jette le trouble au sein de la noblesse qui s’est ralliée à la couronne à la suite des différentes paix. Cette entreprise énergique, véritable provocation, contraint la maison de Condé, habituellement attachée au roi, à retourner ses forces. Le prince de Marcillac, amant de la duchesse, suit le mouvement, pendant qu’Anne-Geneviève se décide à une révolte ouverte, après avoir échappé de peu à une arrestation71. Dès lors, on peut s’étonner du désintérêt des mazarinades à son encontre lors de cet épisode normand. Dans son action, la duchesse n’a jamais fait illusion et les pamphlétaires ne font pas grand cas de ses échecs.

42Ainsi, à l’annonce de la capture des princes, elle se précipite dans la province. Même s’il s’agit d’un client du duc, le marquis de Beuvron reste loyal à l’autorité royale et empêche son entrée dans Rouen. La nouvelle de la venue de la duchesse est connue dès le 26 janvier 1650 et les alliés du gouverneur s’organisent : un de ses proches est envoyé « pour tascher de renouveler dans l’esprit des cabalistes le service et fidellité qu’ils avoient promis à ce prince il y a un an72 ». Empêchée à Rouen, elle choisit alors la ville de Dieppe où « beaucoup de gentilshommes du pays la furent visiter ». La situation de la duchesse en Normandie n’est pas tenable malgré le fait qu’elle dispose d’hommes et d’argent, et ce en raison de l’annonce de l’arrivée prochaine de la Cour qui capte toute l’attention73. En février 1650, Philippes de Montigny, gouverneur de Dieppe de 1642 jusqu’à son décès en 1675, un partisan du duc, reçoit la duchesse après son exclusion de Rouen. Toutefois, ce choix lui vaut une suspension de sa charge et, peu après, il est contraint à l’humiliation en rendant la place désarmée à un fidèle du pouvoir74.

43Durant quelques jours, les agents de l’autorité royale perdent la trace de la duchesse qui s’embarque de nuit, à la fin du mois de février, à destination de la Hollande75. Elle continue d’entretenir une correspondance avec les clients de son mari une fois réfugiée à l’étranger76. La province demeure calme en dépit de ses efforts énergiques et, rapidement, l’épisode normand de la duchesse n’est plus considéré comme une menace. En juillet, elle promet encore de « faire dessendre dans la province » un corps de 5 000 hommes en armes afin de permettre aux partisans du duc de se mobiliser. Or, il ne s’agit que d’une vaine espérance et la correspondance de la duchesse durant l’année 1650 laisse essentiellement apparaître son souhait de se placer au service de Condé, tout en tentant de conserver une certaine liberté de mouvement. Si sa communication démontre une réelle volonté de défendre son action, la duchesse n’a pas réussi à percer en Normandie, comme son époux quelques mois auparavant, et est contrainte à l’exil77.

L’Espagne et Bordeaux pour « une sœur genereuse »

44Pratiquement la moitié de ces imprimés qui évoquent la duchesse se consacrent à son exil auprès de Turenne en mars 1650, ses tractations avec l’Espagne et son rôle à Bordeaux. Le plus souvent, alors qu’elle demeure à l’opposé de la posture de son mari, les mazarinades insistent sur l’honneur fraternel comme source de son devoir de révolte :

C’est une sœur genereuse qui veut partager les disgraces de Monsieur son frere, c’est une princesse pleine de courage, qui veut ou se sauver dans le mesme vaisseau qui porte toute sa famille ou ne survivre point aux ruines de sa maison, pour n’avoir point le deplaisir de servir de trophée à l’insolence de ses ennemis78

45Elle négocie avec les Espagnols au cours de son refuge à Stenay, tout en tentant de pousser le maréchal de Turenne à se mobiliser contre Mazarin. Celui-ci vient seulement d’échapper à l’arrestation des princes et cherche une protection étrangère. Pour justifier son positionnement et sa prétention à l’union « des deux couronnes », la duchesse argumente sur la menace physique qu’encourent certains de ses proches et sur la nécessité de défendre son patrimoine dont la Cour essayerait de la priver79. Si cela peut être considéré comme une trahison, l’objectif avoué et revendiqué ultérieurement pour cette recherche d’un pacte vise à donner davantage de poids aux frondeurs pour obtenir la liberté des princes. Ainsi, celle-ci insiste sur une forme de chantage négocié : la paix générale ne peut être acquise qu’avec la libération des princes80. Communiquer sur cette condition permet d’accentuer la pression sur Mazarin, à l’image de son Apologie. Elle souligne dans cet écrit que l’Espagne ne peut conclure un accord « avec un homme infidelle » et qu’il « empeschoit, seul, la tranquillité de l’Europe81 ».

46Ce genre d’affichage politique, auquel les mazarinades font écho, participe à la mise en place d’un véritable front anti-Mazarin qui s’accentue avec le temps. En comparant de manière maladroite les magistrats du Parlement aux cromwelliens82, il provoque une réaction parisienne poussant à son exclusion et à la libération des princes. Sa position se détériore tellement que le cardinal est contraint d’aller au Havre pour ouvrir les portes de la prison lui-même, avant de quitter le royaume. Rapidement, la situation de Condé se dégrade, dès l’été 1651, et la duchesse subsiste à Bordeaux à partir de mars 1652 avec sa belle-sœur.

47Depuis la Guyenne, elle ne cesse ses provocations. Le 15 septembre 1652, par exemple, elle envoie un bourgeois qui traite le cardinal de Retz de « peste de l’Estat », alors qu’il venait de remercier l’autorité royale pour sa promotion à la pourpre cardinalice83. Toutefois, son action demeure limitée, comme le souligne ironiquement un proverbe la concernant : « Madame de Longueville. On ne peut pas estre & avoir esté84 ».

48Au lendemain de la Fronde, elle est assignée à résidence avant d’être en mesure de rejoindre son mari en Normandie. Ce n’est que lorsqu’elle est confrontée à une déroute totale qu’elle se sent finalement obligée à un compromis avec Mazarin et à un rapprochement avec son époux.

49Cet accommodement difficile entre eux est décrit par Victor Texier. À une date incertaine, il évoque « force negotiations » orchestrées par des amis dans un cadre privé. Il est alors convenu « qu’estant couché, elle iroit dans sa chambre ». Cette mise en scène de réconciliation est d’abord un échec puisque le gouverneur de Normandie n’a pas pensé à faire allumer la cheminée de ses appartements. La duchesse préfère donc se réfugier dans sa propre couche, où elle n’a « point de froid85 ». Ainsi, même dans le cas de figure d’un arrangement négocié, la duchesse s’inscrit dans un jeu de pouvoir et de résistance, en imposant ses conditions86. En raison de leurs positionnements diamétralement opposés, il convient d’attendre le terme des « guerres civille » pour que le couple accepte de reprendre une vie maritale. Selon le prieur, le duc « la traitoit d’abord très froidement, cependant à la fin, il luy rendit toute sa confiance ». Toutefois, elle ne semble pas abandonner sa recherche de liberté et, à partir du mois d’octobre 1652, la duchesse entre dans une nouvelle forme de révolte. À la fin de la Fronde, elle se dit donc « touchée de Dieu » au couvent des Carmélites de Bordeaux87. Dès lors, renouant avec la dévotion mystique de son adolescence, elle s’engage intensément dans la charité et le jansénisme.

50En conclusion, il apparaît clairement que le duc et la duchesse jouent un rôle important dans la Fronde à l’échelle du royaume de France. A contrario, leur action dans la province demeure à relativiser par bien des aspects et variable dans le temps. Au cours de l’année 1649, le duc – gouverneur – est bel et bien le meneur de l’agitation dans la Normandie. Son image connaît une détérioration à mesure que la révolte dure. Progressivement, l’évidence de plus en plus éclatante qu’il ne peut tenir ses promesses émerge des libelles, ce qui participe au changement de perception de ce personnage.

51À travers un chassé-croisé, la duchesse, quant à elle, n’entre en scène dans la province que tardivement et de manière éphémère à la suite du coup de théâtre de l’arrestation des princes du 18 janvier 1650. Un an après le soulèvement normand capté par son époux, sa tentative de renouveler l’exploit échoue. Les écrits pamphlétaires reflètent leur influence aux antipodes et présentent un traitement tout à fait différent de ces deux incarnations d’une identité aristocratique. Le rapport à l’espace normand et aux territoires en général n’est donc pas le même pour les deux protagonistes de ce couple intimement déchiré. Ils forment les acteurs de deux frondes parallèles, qui ne se rejoignent pratiquement pas.

52Les mazarinades provoquent un effet de loupe sur le rôle de la duchesse. Sans doute appuyé par les condéens88, son engagement est mis en avant de manière bien plus substantielle que ce qu’il est possible de rencontrer dans des archives locales. Il s’agit d’un autre biais issu du corpus sélectionné : le croisement avec différents types de sources permet de replacer la duchesse dans le contexte normand, où elle est largement ignorée. Ainsi, le rôle conséquent que les libellistes lui octroient résulte sans doute de la bonne image dont elle bénéficie à Paris, alors que les écrits de Normands ne lui accordent qu’une attention relative.

Bibliographie

Bibliographie :

Aron Paul, « L'imitation des auteurs modernes », dans Histoire du pastiche, Presses Universitaires de France, 2008, p. 59-73

Béguin Katia, Les princes de Condé – Rebelles, courtisans et mécènes dans la France du Grand Siècle, Seyssel : Champ Vallon, 1999

Carrier Hubert, La presse de la Fronde (1648-1653), vol. 1, Genève : Droz, 1989

id., « L’action politique et militaire des femmes pendant la Fronde », dans Encyclopédie politique et historique des femmes, Paris : Presses Universitaires de France, 1997

Cousin Victor, « La duchesse de Longueville, avec une correspondance inédite », Revue des Deux Mondes, nouvelle période, vol. 11, 1851

id., La jeunesse de madame de Longueville, Paris : Didier, 1859

Chloé Kürschner, Mazarinades et Normandie, thèse de littérature, université du Havre, 2016

Erlanger Philippe, Madame de Longueville, de la révolte au mysticisme, Paris : Perrin, 1977

Foisil Madeleine, « Une mort modèle – La mort du duc de Longueville, gouverneur de Normandie (1663) », Annales de Normandie, hors-série, n° 1, 1982, p. 243-251

id., Femmes de caractère au xviie siècle (1600-1650), Paris : De Fallois, 2004

Gladu Kim, « Le style brillant », dans La grandeur des petits genres – L'esthétique rococo à l'âge de la galanterie, Hermann, 2019, p. 175-212

Guillaume Marie-Joëlle, « Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville. De la Fronde à Port-Royal, le "devoir de révolte" d'une âme passionnée », dans Le Grand Siècle au féminin – Femmes de foi, de culture et de gouvernement, Perrin, 2022

Jacques Émile, « Madame de Longueville protectrice de Port-Royal et des jansénistes », Chroniques de Port-Royal, vol. 29, 1980, p. 35-83

Jouhaud Christian, « Politiques de princes : les Condé (1630-1652) », dans L’État et les aristocraties (France, Angleterre, Écosse), xiie-xviie siècles – Actes de la Table ronde organisée par le CNRS, Paris : Presses de l’École Normale Supérieure, 1989, p. 335-356

Lebigre Arlette, La duchesse de Longueville, Paris : Perrin, 2004

Lesne-Jaffro Emmanuèle, « La prison des princes (1650) Variantes et convergences des récits mémorialistes », dans La Fronde des Mémoires (1648-1750), Classiques Garnier, 2019, p. 101-119

Logié Paul, « Un épisode de la Fronde en Normandie : la duchesse de Longueville contre le roi », dans Cahiers Léopold Delisle, vol. 1, fasc. 2, 1947, p. 95-126

Pernot Michel, La Fronde, Paris : Fallois, 1994

Terrien Marie-Pierre, Philippe Dien et Manceau Françoise, Le Château de Richelieu (xviie-xviiie siècles), Presses universitaires de Rennes, 2009

Vergnes Sophie, Les Frondeuses – Une révolte au féminin (1643-1661), Seyssel : Champ Vallon, 2013

id., « La duchesse de Longueville et ses frères pendant la Fronde : de la solidarité fraternelle à l'émancipation féminine », Dix-septième siècle, n° 251, 2011

id., « Des discours de la discorde : les femmes, la Fronde et l’écriture de l’histoire », Études Épistémè, vol. 19, 2011 (https://journals.openedition.org/episteme/627, consulté le 31 juillet 2022)

Annexes

Mazarinades citées :

Apologie particuliere pour Monsieur le duc de Longueville, où il est traité des services que sa maison, & sa personne ont rendus à l'Estat, tant pour la guerre que pour la paix – Avec la responce aux imputations calomnieuses de ses ennemis, Amsterdam, 1650

Apologie pour messieurs les princes, envoyée par Madame de Longueville à Messieurs du Parlement de Paris, s.l., 1650

Copie du billet imprimé à S. Germain en Laye, qui a esté semé dans Paris par le chevalier de La Valette – Tendant à faire souslever les Parisiens contre le Parlement, s.l., 1649

L'entretien familier du Roy et de la reine regente sa mere, sur les affaires du temps, Rouen, 1649

De la guerre des tabourets, livre premier – Sommaire des sections, s.l., 1649

Dialogue du cardinal Mazarin, et du marquis de Vieuville, sur-intendant des finances, s.l., 1652

Journal contenant ce qui se passe de plus remarquable en tout le royaume. Depuis le vendredy 13 jusques au vendredy 20 septembre 1652, Paris : Simon Le Porteur, 1652

La decadance des mauvais ministres d'Estat, et les fruicts qu'ils ont receus pour leurs salaires – dediée aux amateurs de la paix, Paris : veuve d'Antoine Coulon, 1649

La conference du cardinal Mazarin avec le gazetier, Bruxelles, 1649

La France esperant la paix, Paris : Pierre Dupont, 1649

La liste des mal-contens de la cour, avec le sujet de leurs plaints, s.l., 1649

L'anti desinteressé ou l'equitable censeur des libelles semez dans Paris sous le nom du des-interessés – Commençant par ces mots, pauvre peuple abusé ; desille les yeux, & tendant à des-unir les habitans de cette ville d'avec les princes & le Parlement, Paris : Cardin Besogne, 1649

La politique sicilienne ou les pernicieux desseins du cardinal Mazarin ; declarés à Monseigneur le duc de Beaufort de la part de toutes les provinces de France, s.l., 1650

La prise du chasteau de Neufbourg – Avec la retraitte du Duc de Longueville à Roüen, apres avoir perdu soixante des siens. Et l’instalation du Parlement de Normandie en la ville de Vernon, s.l., s.d.

La prise par assaut de la ville de Quillebeuf en Normandie – Avec la réduction en l’obeïssance du Roy, de celle de Ponteau-de mer, en la mesme province : Par le Comte d'Harcourt, Saint-Germain, 1649

La verité des proverbes de tous les grands de la Cour, s.l., 1652

Le manifeste de la noblesse de Normandie par lequel elle declare reconnoistre son Altesse Royalle pour Lieutenant General pour le Roy & se joint aux Princes Et aux Parlements – Pour mettre en execution les declarations & Arrest donnez contre le Cardinal Mazarin, Paris : Simon Le Porteur, 1652

Le nouveau fourrier de la cour, reformant les autres logemens, & les accommodant mieux au temps & aux lieux, & logeant commodément ceux qui avoient esté oubliez, Paris, 1652

Le second courrier françois, traduit fidellement en vers burlesques, Paris : Claude Boudeville, 1649

Les raisons ou les motifs veritables de la deffense du Parlement & des habitans de Paris – Contre les perturbateurs du repos public, & les ennemis du roy & de l'Estat, Paris, 1649

Lettre de monsieur le mareschal de Turrenne envoyée à monsieur le duc de Boullon, Paris : Pierre Variquet, 1649

Lettre du chevalier Georges de Paris, à monseigneur le prince de Condé, Paris : chez Nicolas Boisset, 1649

Lettre d'un astrologue à Monseigneur le duc de Longueville, sur l'heureuse naissance du prince son fils, & les remuëmens de l'Estat, s.l., 1649

Lettre intercepté du sieur Cohon, cy-devant evesque de Dol, contenant son intelligence et cabale secrette avec Mazarin, Paris, 1649

Le visage de la Cour, et la contenance des Grands, avec leur censure – et le dialogue du Roy, & du duc d’Anjou, avec la mamman. En proverbes, Paris, 1652

Le visage de la Cour. Et reçois ces trois pieces comme des divertissemens de ma plume, Paris, 1652

Le vray françois, à Messieurs de Paris Sur les actions heroiques des generaux des armées du Roy, & de Nosseigneurs de Parlement, Paris : Guillaume Sassier, 1649

Manifeste de madame la duchesse de Longueville, Bruxelles : Jean Roch, 1650

Manifeste de monsieur le duc de Guyse, contenant les veritables motifs de la levée d'une armée pour le service du Roy, & de Messieurs les princes, s.l., 1652

Nouvelles apportées au roy Louis XIII, Paris : Guillaume Loyson et Jean Baptiste Loyson, 1649

Paris debloqué, ou les passages ouverts, Paris : Claude Huot, 1649

Recit veritable des discours tenus entre les trois figures qui sont sur le Pont au Change, sur les affaires de ce temps, Paris : Pierre Targa, 1649

Relation fidele de ce qui s’est passé de plus remarquable au Parlement – Depuis le 10 febvrier 1649 jusques au premier de mars ensuivant, Rouen : David Du Petit-Val et Jean Viret, 1649

Remerciment des Normans à Son Altesse de longueville pour la paix, Paris : Cardin Besongne, 1649

Responce à une lettre escritte de Rouen, sur un libelle intitule, Apologie particuliere pour Monsieur le Duc de Longueville, faite par un Gentil-homme Breton, Paris, 1651

Response de monsieur le prince de Condé contre la verification de la declaration envoyée contre luy au Parlement de Paris, s.l., 1652

Suitte et troisieme arrivée du courier françois, apportant toutes les nouvelles de ce qui s'est passé depuis sa seconde arrivée jusques à present, Paris : Rolin de La Haye, 1649

Questier Mathurin, dit Fort-Lys, Suitte du journal poetique de la guerre parisienne Dedié aux conservateurs du Roy, des loix, & de la patrie, septieme sepmaine, Paris : veuve d'Antoine Coulon, 1649

id., Suite du journal poetique de la guerre parisienne, dédié aux Conservateurs du Roy, des lois, & de la patrie, Paris : veuve d'Anthoine Coulon, 1649

Morgues Mathieu de (attribué à), Bons advis sur plusieurs mauvais advis, s.l., s.d.

Saint-Julien (attribuée à), Le quatriesme courrier françois, traduit fidellement en vers burlesques, Paris : Claude Boudeville, 1649

id., Le courrier burlesque de la guerre de Paris, envoyé à Monseigneur le prince de Condé, pour divertir son Altesse durant sa prison – Ensemble tout ce qui se passa jusques au retour de Leurs Majestez Paris, 1650

Sandric, Le mareschal des logis, logeant le Roy et toute sa Cour par les ruës & principaux quartiers de Paris, en consequence de la pretenduë amnistie – Demande au vendeur l’estat present de la fortune des Princes

Sarrasin Jean-François (attribué à), Coq-à-l'asne, lettre burlesque du sieur Voiture ressuscité, au preux chevalier Guischeus, aliàs le mareschal de Grammont – Sur les affaires & nouvelles du temps, Paris : veuve de Voiture, 1649

id., La pompe funebre de Voiture – Avec la clef, s.l., 1649

Sources :

Bibliothèque nationale de France, Clairambault 959, Gouverneurs de Normandie (1295-xviiie siècle)

F. FR 11 452, Oraison funebre de madame la duchesse de Longueville
F FR 25007, Mémoires, par Victor Texier

F. FR 4181, « Recueil de copies de pièces (1640-1665) », vol. 14

Dupuy 754, Mémoires pour l'histoire des années 1649 et 1650

Bibliothèque Municipale de Rouen, Y 12, coll. Montbret, « Histoire de la maison de Longueville », v. 1651

Archives départementales de Seine-Maritime, 2 B 229, Chambre des comptes, « Plumitifs (1649) »

Archives Nationales, KK 1083, « Recueil de lettres, billets et mémoires sur les affaires de Normandie, reçus par le cardinal Mazarin (1643-1660) »

Bibliothèque de l'Institut de France, Ms. Godefroy 215, « Harangue pour ceux de la Religion Reformée de Caen, à Madame la duchesse de Longueville, l’an 1648 – Ensuite de son entrée solenelle en icelle ville »

British Library, Egerton Ms 17, Correspondence

« Journal de ce qui s’est fait », dans Le parlement de Normandie pendant la minorité de Louis XIV : deux sources inédites, Etienne Baptiste (éd.), Cahiers Léopold Delisle, vol. lxiv-lxvii, Société parisienne d'histoire & d'Archéologie Normandes, 2018

La veritable vie d'Anne Genevieve de Bourbon, duchesse de Longueville, vol. 1, Amsterdam : Jean-François Jolly, 1739

Bourgoin de Villefore Jean-François, Vie de madame la duchesse de Longueville, Paris, 1738

Motteville Françoise de, « Mémoires », dans Nouvelle collection des Mémoires pour servir à l'histoire de France, Michaud Joseph-François et Poujoulat Jean-Joseph-François (éd.), vol. 10, Paris : éditeur du commentaire analytique du code civil, 1838

Drigon Claude, Livre d’or de la noblesse, vol. 4, Paris : Secrétariat général du collège héraldique, 1847

Dumont Isaac, Mémoires inédits de Dumont de Bostaquet, gentilhomme normand, sur les temps qui ont précédé et suivi la révocation de l’édit de Nantes, sur le refuge et les expéditions de Guillaume III en Angleterre et en Irlande, Read Charles et Waddington Francis (éd.), Paris : Michel Lévy frères, libraires éditeurs, 1864

Moreri Louis, Le grand dictionnaire historique, ou le mélange curieux de l’histoire sacrée et profane, vol. 5, Paris : Le Mercier, Desaint & Saillant, Herissant, Boudet, Vincent, Le Prieur, 1759

Voysin Jean-Baptiste, Mémoire sur la généralité de Rouen (1665) – Analyse et extraits, avec notes et appendices, Esmonin Edmond (éd.), Paris : Hachette, 1913

Notes

1 Il s'agit d'une négociation particulière, qui fait suite à celle, plus connue, de Rueil, intervenant le 11 mars 1649 et mettant fin au siège devant Paris.

2 Lettre d’un normand aux fendeurs de nazeaux de ce temps, qui ont peur de mourir pour leur patrie, Paris, Claude Huot, 1649, p. 9 et 10.

3 Pour l’essentiel, la méthode employée reprend celle exposée dans la thèse de Chloé Kürschner et dans un article de 2014 (Baptiste Etienne, « La Fronde des mazarinades à Rouen », 7 Mares, 2014, p. 85-126 et Chloé Kürschner, Mazarinades et Normandie, thèse de littérature, université du Havre, 2016).

4 Cf. le site des RIM à l’adresse www.mazarinades.org. De manière marginale, afin de compléter le corpus, s'ajoutent quelques mazarinades issues de la bibliothèque municipale de Rouen, une de la bibliothèque de Lisieux et une dernière du musée des Beaux-Arts de Caen.

5 Pour élaborer ce corpus, les recherches par mots-clés portent sur des termes tels que Rouen (Roüen, Rouan, Roven, rouennais…), Normandie (Normands, Normans…), Longueville (Longveville, Longueuille, Long-ueville…) et Harcourt (Harcovrt, Harcour, Arcourt…).

6 Apologie particuliere pour Monsieur le duc de Longueville, où il est traité des services que sa maison, & sa personne ont rendus à l'Estat, tant pour la guerre que pour la paix – Avec la responce aux imputations calomnieuses de ses ennemis, Amsterdam, 1650 ; Le manifeste de la noblesse de Normandie par lequel elle declare reconnoistre son Altesse Royalle pour Lieutenant General pour le Roy & se joint aux Princes Et aux Parlements – Pour mettre en execution les declarations & Arrest donnez contre le Cardinal Mazarin, Paris, Simon Le Porteur, 1652 et Responce à une lettre escritte de Rouen, sur un libelle intitule, Apologie particuliere pour Monsieur le Duc de Longueville, faite par un Gentil-homme Breton, Paris, 1651.

7 Pour cette étude, j’ai consulté notamment l’ensemble des registres des cours souveraines et de l’hôtel de ville, les récits locaux de la Fronde, ainsi que les écrits du for privé disponibles sur cette période.

8 Claude de Rouvroy (1607-1693), duc de Saint-Simon. A été un favori du roi Louis XIII. Après avoir été écarté de la vie de Cour, il soutient finalement l’autorité royale durant la Fronde.

9 Françoise de Motteville, « Mémoires », dans Nouvelle collection des Mémoires pour servir à l'histoire de France, Joseph-François Michaud et Jean-Joseph-François Poujoulat (éd.), vol. 10, Paris, éditeur du commentaire analytique du code civil, 1838, p. 300.

10 Saint-Julien [attribué à], Le courrier burlesque de la guerre de Paris, envoyé à Monseigneur le prince de Condé, pour divertir son Altesse durant sa prison – Ensemble tout ce qui se passa jusques au retour de Leurs Majestez, Paris, 1650, p. 11.

11 Les raisons ou les motifs veritables de la deffense du Parlement & des habitans de Paris – Contre les perturbateurs du repos public, & les ennemis du roy & de l'Estat, Paris, 1649, p. 22.

12 Par exemple : Bibliothèque nationale de France, F FR 25 007 ; Bibliothèque nationale de France, Clairambault 959 ; Bibliothèque municipale de Rouen, Y 12, coll. Montbret ; Bibliothèque de l’Institut de France, Ms. Godefroy 215, « Mélanges de littérature », vol. 3, « Harangue à Mgr le duc de Longueville faite le 8e jour de juin 1648 par Mr de Langle – Au nom de ceux de la Religion Reformée de la ville de Roüen ».

13 Bibliothèque nationale de France, Clairambault 959, f° 98.

14 Dès ses 18 ans, alors qu’il est pourvu du gouvernement de Picardie, il est envoyé pour participer à la campagne d’Italie, mais la paix est signée juste avant son arrivée. Il s’oppose à Concino Concini, ce qui pousse l’autorité royale à lui retirer sa charge et il obtient le gouvernement de Normandie en échange. Alors qu’il est envoyé en Savoie, la paix est une nouvelle fois signée, alors qu’il arrive seulement à Lyon. Par la suite, il se montre actif dans différentes attaques en Piémont et accompagne le roi dans des voyages. Lors de la reprise des hostilités avec l’Espagne, il est plutôt employé pour réprimer les révoltes intérieures en Franche-Comté ou en Lorraine. Alternant entre confiance royale et défiance, il est engagé notamment sur le front allemand, pour empêcher le secours aux troupes espagnoles et faciliter les sièges de Turin et d’Arras en 1640.

15 Bibliothèque municipale de Rouen, Y 12, coll. Montbret, f° 172.

16 Louis Moreri, Le grand dictionnaire historique, ou le mélange curieux de l’histoire sacrée et profane, vol. 5, Paris, Le Mercier, Desaint & Saillant, Herissant, Boudet, Vincent, Le Prieur, 1759, p. 385 ; Madeleine Foisil, « Une mort modèle – La mort du duc de Longueville, gouverneur de Normandie (1663) », Annales de Normandie, hors-série, n° 1, 1982, p. 243-251, et Arlette Lebigre, La duchesse de Longueville, Paris, Perrin, 2004, p. 62.

17 L'entretien familier du Roy et de la reine regente sa mere, sur les affaires du temps, Rouen, 1649, p. 7.

18 Copie du billet imprimé à S. Germain en Laye, qui a esté semé dans Paris par le chevalier de La Valette – Tendant à faire souslever les Parisiens contre le Parlement, [s. l.], 1649, p. 5-6.

19 La plupart des mazarinades de 1649 sont sur la même position que L'anti desinteressé : « s'il a quelque mescontentement il vient plustost des indignitez qu'il a essuyées en sa negociation à Munster : mais j'estime qu'il sacrifie volontiers cet interest à celuy du public, & que son bien seul est maintenant l'ame de ses intentions » (L'anti desinteressé ou l'equitable censeur des libelles semez dans Paris sous le nom du des-interessé – Commençant par ces mots, pauvre peuple abusé ; desille les yeux, & tendant à des-unir les habitans de cette ville d'avec les princes & le Parlement, Paris, Cardin Besogne, 1649, p. 5).

20 La liste des mal-contens de la cour, avec le sujet de leurs plaints, [s. l.], 1649, p. 3.

21 Le duc de Richelieu n'abandonne son titre de gouverneur du Havre qu'en 1661 (Marie-Pierre Terrien, Philippe Dien et Françoise Manceau, Le Château de Richelieu (xviie-xviiie siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 12).

22 BnF, ms. fr. 25007, fos 13 et 14.

23 La decadance des mauvais ministres d'Estat est très explicite sur le rôle de second, noyé parmi les autres frondeurs : « son Altesse le Prince de Conty prendra le soing de secourir l’Estat dans sa foiblesse, & qu’il sera secondé des incomparables ducs de Longueville, d’Elbœuf, de Beaufort, de Boullon, de Cardonne, & la Mothe-Haudancour » (La decadance des mauvais ministres d'Estat, et les fruicts qu'ils ont receus pour leurs salaires – dediée aux amateurs de la paix, Paris, veuve d'Antoine Coulon, 1649, p. 9 ; Lettre intercepté du sieur Cohon, cy-devant evesque de Dol, contenant son intelligence et cabale secrette avec Mazarin, Paris, 1649, p. 4-5 et Saint-Julien [attribué à], Le courrier burlesque... op. cit., p. 8).

24 Utilise ce terme, par dérision, pour qualifier les partisans de l’autorité royale et, en particulier, les aristocrates et la haute noblesse : « sçavoir si les Tabourets conviennent à des fesses bourgeoises alliées avec des fesses molles au prejudice des fesses nobles, & noblement alliées, sçavoir si la mesure des Tabourets doit estre esgale pour toutes ». 

25 Par dérision, le terme d’Antitabouretiers désigne ici les aristocrates qui rejoignent le parti frondeur, en opposition avec la Cour.

26 De la guerre des tabourets, livre premier – Sommaire des sections, [s. l.], 1649, p. 5-6.

27 Si on ne devait prendre qu'un exemple, celui du Second courrier françois est éclairant : « Ce jour Monsieur de Longueville / Partit escorté de Paris / Par des cavaliers aguerris, / Pour conserver la Normandie / Terre belliqueuse & hardie / Qui nous promet en peu de jours / Un considerable secours » (Le second courrier françois, traduit fidellement en vers burlesques, Paris, Claude Boudeville, 1649, p. 10).

28 Jean-François Sarrasin [attribué à], Coq-à-l'asne, lettre burlesque du sieur Voiture ressuscité, au preux chevalier Guischeus, aliàs le mareschal de Grammont – Sur les affaires & nouvelles du temps, Paris, veuve de Voiture, 1649, p. 8.

29 La liste des mal-contens... op. cit., p. 3.

30 Henri de Lorraine (1601-1666), comte d’Harcourt. Issu de la Maison de Guise, il a combattu au siège de La Rochelle et est grand écuyer de France en 1643. Durant la guerre de Trente Ans, il s’empare notamment de la ville de Turin et mène différentes batailles. En 1645, il est fait vice-roi de Catalogne.

31 Dans une lettre, la situation est assez bien décrite : « j’ay remarquez partout que la noblesse est asès bien intentionée, mais que les villes le sont très mal ». Au début du mois de février, aucun argent n’a encore été avancé à Rouen pour les levées de troupes. Il n’y a donc « encore aucune troupe formée » (Archives départementales de Seine-Maritime, 2 B 229, délibération du 29 janvier 1649 ; Archives Nationales, KK 1083, fos 6, 70 et 79 et « Journal de ce qui s’est fait », dans Le parlement de Normandie pendant la minorité de Louis XIV : deux sources inédites, Baptiste Etienne (éd.), Cahiers Léopold Delisle, vol. lxiv-lxvii, Société parisienne d'histoire & d'Archéologie Normandes, 2018, p. 242-245 et 251).

32 Cette expression de « demy Dieux » désigne, ici, les parlementaires parisiens

33 Recit veritable des discours tenus entre les trois figures qui sont sur le Pont au Change, sur les affaires de ce temps, Paris, Pierre Targa, 1649, p. 7.

34 Jacques Du Fay ( -1684), comte de Maulevrier. Selon l’intendant Voysin de La Noiraye, il « a beaucoup de credit parmy la noblesse et les peuples » et, en 1663, l’intendant ajoute qu’il est « bon serviteur du roy » (Jean-Baptiste Voysin, Mémoire sur la généralité de Rouen (1665)Analyse et extraits, avec notes et appendices, Edmond Esmonin (éd.), Paris, Hachette, 1913, p. 76).

35 Une lettre du début du mois de mars ne fait état que de « trente deux cornettes de cavalerie » et « environ trois mil hommes de pied assemblez » à Rouen. Du côté du comte d’Harcourt, on relève « mille hommes d’infanterie, desquelz je ne saurois dire qui sont les meilleurs ou ceux des gardes du Roy ou ceux du regiment de Monsieur le Prince ; pour la cavalerie, elle est aussy fort bonne, j’y ay trouvé plus de trois cens chevaux » et le comte souligne : « toutes nos troupes ensemble seront veritablement très inferieures au nombre de celles que M. de Longueville ». À la fin du mois de mars, le comte considère que les forces du duc sont deux fois supérieures aux siennes et qu’un affrontement aurait de lourdes conséquences : « que le pays ne soit ruyné par nos troupes et par les siennes » (AN, KK 1083, fos 114, 121 et 150 ; Saint-Julien [attribué à], Le courrier burlesque... op. cit., p. 2 ; La prise par assaut de la ville de Quillebeuf en Normandie – Avec la réduction en l’obeïssance du Roy, de celle de Ponteau-de mer, en la mesme province : Par le Comte d'Harcourt, Saint-Germain, 1649, p. 3 et 4 ; La prise du chasteau de Neufbourg – Avec la retraitte du Duc de Longueville à Roüen, apres avoir perdu soixante des siens. Et l’instalation du Parlement de Normandie en la ville de Vernon, [s. l.], [s. d.], p. 2 ; Relation fidele de ce qui s’est passé de plus remarquable au Parlement – Depuis le 10 febvrier 1649 jusques au premier de mars ensuivant, Rouen, David Du Petit-Val et Jean Viret, 1649, p. 8).

36 Les mazarinades diffèrent dans l’interprétation, mais il semble que le duc n’a jamais mis le siège devant Pont-Audemer. Il s’agit uniquement de faire diversion et de faciliter, par ce moyen, l’entrée de secours dans Évreux en simulant une attaque contre cette place tenue par le comte d’Harcourt. Pont-Audemer est d’importance pour le comte puisqu’elle « empesche tout à fait la communication de Rouen et de Caen » (AN, KK 1083, lettre de Bougy à Mazarin, le 10 février 1649, f° 86 et lettre du comte d’Harcourt à Mazarin, le 5 mars 1649, f° 116 ; Hubert Carrier, La presse de la Fronde (1648-1653), vol. 1, Genève, Droz, 1989, p. 218).

37 Quillebeuf est présenté comme « un poste de grande reputation », ayant une « situation avantageuse » (AN, KK 1083, fos 67, 95, 97, 100, 102…).

38 AN, KK 1083, lettre du comte d’Harcourt à Mazarin, le 16 mars 1649, f° 136 et lettre de Talon à Mazarin, le 16 mars 1649, f° 139.

39 Isaac Dumont (1632-1709), sieur de Bostaquet, mousquetaire de la garde du roi, gentilhomme vivant près de Dieppe avant la révocation de l’Édit de Nantes. Il trouve d’abord refuge aux Provinces-Unies, puis en Angleterre et termine pauvrement sa vie en Irlande (Isaac Dumont, Mémoires inédits de Dumont de Bostaquet, gentilhomme normand, sur les temps qui ont précédé et suivi la révocation de l’édit de Nantes, sur le refuge et les expéditions de Guillaume III en Angleterre et en Irlande, Charles Read et Francis Waddington (éd.), Paris, Michel Lévy frères, 1864, p. 6).

40 Dans le sens de petite étincelle.

41 De nombreuses mazarinades soulignent cette impatience. Sous la plume de Mathurin Questier, la lenteur (endormissement) est démentie : « Escoutons ce qu’on dit du duc de Longue-ville, / Car on l’attend dans peu en cette bonne ville ; / Il est en Normandie & n’est point endormy, / Où il combat prudent contre nostre ennemy » (La conference du cardinal Mazarin avec le gazetier, Bruxelles, 1649, p. 24, et Mathurin Questier, dit Fort-Lys, Suitte du journal poetique de la guerre parisienne Dedié aux conservateurs du Roy, des loix, & de la patrie, septieme sepmaine, Paris, veuve d'Antoine Coulon, 1649, p. 3).

42 Nouvelles apportées au roy Louis XIII, Paris, Guillaume Loyson et Jean Baptiste Loyson, 1649, p. 19.

43 La France esperant la paix, Paris, Pierre Dupont, 1649, p. 5.

44 Remerciment des Normans à Son Altesse de longueville pour la paix, Paris, Cardin Besongne, 1649, p. 6.

45 Mathieu de Morgues [attribué à], Bons advis sur plusieurs mauvais advis, [s. l.], [s. d.], p. 8-9.

46 Cette image est durable, comme le montre, par exemple, une mazarinade de 1652, qui témoigne qu'on considère que le duc est loin du soulagement du peuple dans sa pratique : « De l’un jusques à l’autre bout, / Qui cependant qu’il met en cage / Les vrais miracles de nostre aage, / J’entends Longueville & Condé, / Invente quelque tour de dé, / Fait lever imposts & subsides, / Par mille sangsuës avides, / Et reduit le peuple au bissac, / Ne laissans ni frique ni frac, / Qui lors que les forces d’Espagne, / Viennent à se mettre en campagne, / Divertit celle des François / À leuer des pretendus droits » (Dialogue du cardinal Mazarin, et du marquis de Vieuville, sur-intendant des finances, [s. l.], 1652, p. 9, et La politique sicilienne ou les pernicieux desseins du cardinal Mazarin ; declarés à Monseigneur le duc de Beaufort de la part de toutes les provinces de France, [s. l.], 1650, p. 9).

47 Le mareschal des logis, logeant le Roy et toute sa Cour par les ruës & principaux quartiers de Paris, en consequence de la pretenduë amnistie – Demande au vendeur l’estat present de la fortune des Princes ; Et le visage de la Cour. Et reçois ces trois pieces comme des divertissemens de ma plume, Paris, 1652, p. 4.

48 Le nouveau fourrier de la cour, reformant les autres logemens, & les accommodant mieux au temps & aux lieux, & logeant commodément ceux qui avoient esté oubliez, Paris, 1652, p. 5.

49 Le visage de la Cour, et la contenance des Grands, avec leur censure – et le dialogue du Roy, & du duc d’Anjou, avec la mamman. En proverbes, Paris, 1652, p. 12-13.

50 BnF, ms. fr. 25007, fos 10 et 11.

51 Victor Texier (1617-1703) est fait bénédictin à Saint-Martin d'Autun en 1625, alors qu'il n'a que 8 ans. Il suit des études à Paris et, en 1638, il entre au monastère de Saint-Faron de Meaux où il reste simple religieux jusqu’en 1645. Proche des Longueville, il rédige des Mémoires concernant les années 1660-1675, alors qu'il est prieur de Saint-Germain-des-Prés.

52 BnF, ms. fr. 25007, fos 14 et 15.

53 A. Lebigre, La duchesse..., op. cit., p. 120-141, et Madeleine Foisil, Femmes de caractère au xviie siècle (1600-1650), Paris, De Fallois, 2004, p. 83.

54 Longtemps présentée comme tiraillée entre le soutien qu’elle apporte à ses frères, son mari ou son amant, le prince de Marcillac, mais c’est une vision historiographique à relativiser. Par bien des aspects, les choix de la duchesse témoignent d’une réelle démarche politique et d’une recherche d’indépendance durant cette période (Sophie Vergnes, « La duchesse de Longueville et ses frères pendant la Fronde : de la solidarité fraternelle à l'émancipation féminine », Dix-septième siècle, n° 251, 2011, p. 331).

55 Victor Texier la décrit comme une séductrice et ajoute que « quand elle ploit, c’estoit d’ordinaire avec un air gracieux et souriant et certains tours de bouche », ce que le prieur réprouve (BnF, ms. fr. 25007, f° 10).

56 Notamment : Jean-François Bourgoin de Villefore, Vie de madame la duchesse de Longueville, Paris, 1738 ; Victor Cousin, La jeunesse de madame de Longueville, Paris, Didier, 1859, p. 30-31 ; Philippe Erlanger, Madame de Longueville, de la révolte au mysticisme, Paris, Perrin, 1977 ; Hubert Carrier, « L’action politique et militaire des femmes pendant la Fronde », dans Encyclopédie politique et historique des femmes, Paris, Presses Universitaires de France, 1997, p. 56, et Sophie Vergnes, Les Frondeuses – Une révolte au féminin (1643-1661), Seyssel, Champ Vallon, 2013, p. 161 et 319-322.

57 Jean-François Sarrasin (1614-1654) est fils d'un trésorier-général de France à Caen. Il est l'un des poètes les plus connu du xviie siècle et, après divers voyages, il s'engage en 1648 comme secrétaire des commandements de la maison du prince de Conti.

58 Jean-François Sarrasin (attribuée à), La pompe funebre de Voiture – Avec la clef, [s. l.], 1649, p. 17 ; Paul Aron, « L'imitation des auteurs modernes », dans Histoire du pastiche, Paris, Presses Universitaires de France, 2008, p. 59-73, et Kim Gladu, « Le style brillant », dans La grandeur des petits genres – L'esthétique rococo à l'âge de la galanterie, Paris, Hermann, 2019, p. 175-212.

59 Vincent Voiture (1597-1648), fils d'un marchand de vin, est un protégé de Gaston d'Orléans. Soutenu par Richelieu qui en fait un des premiers membres de l'Académie française, il demeure proche du pouvoir. Ses écrits sont représentatifs de la préciosité.

60 Même son Oraison funebre fait le choix d'une référence aux Proverbes (31:30), alors qu'il insiste sur le caractère trompeur du charme et de la beauté (BnF, ms. fr. 11 452, Oraison funebre de madame la duchesse de Longueville, f° 4).

61 BnF, ms. fr. 25007, f° 10.

62 La hauteur de sa naissance est régulièrement soulignée dans les sources : « il est vray que vous estes née dans la pompe et que vostre berceau a esté si proche du throsne, que vous n’y pouvez tant soit peu estendre vos mains, sans toucher aux sceptres et aux diademes » (Bibliothèque de l'Institut de France, Ms. Godefroy 215, « Harangue pour ceux de la Religion Reformée de Caen, à Madame la duchesse de Longueville, l’an 1648 – Ensuite de son entrée solenelle en icelle ville », f° 218, et S. Vergnes, « La duchesse »… , art. cité, p. 311).

63 Dans une mazarinade, on évoque également que « Monseigneur le duc de Longueville, fait voir aussi par ses sacrés deposts qu’ils nous a donnés, la fidelité que nous devons attendre de son cœur ferme & illustre ». Ici, le terme de dépôt est assez proche de l'idée d'otage. Le duc aurait fait ce choix suivant un but assez similaire : « Et pour nous tesmoigner sa foy, / Laissa ses enfans pour ostages / Avec sa femme pour les gages, / Et c’est tout ce qui nous resta » (Le vray françois, à Messieurs de Paris Sur les actions heroiques des generaux des armées du Roy, & de Nosseigneurs de Parlement, Paris, Guillaume Sassier, 1649, p. 4 ; Saint-Julien (attribuée à), Le courrier burlesque..., op. cit., p. 10, et Lettre du chevalier Georges de Paris, à monseigneur le prince de Condé, Paris, chez Nicolas Boisset, 1649, p. 11).

64 Saint-Julien (attribuée à), Le quatriesme courrier françois, traduit fidellement en vers burlesques, Paris, Claude Boudeville, 1649, p. 4.

65 Lettre de monsieur le mareschal de Turrenne envoyée à monsieur le duc de Boullon, Paris, Pierre Variquet, 1649, p. 7.

66 Victor Cousin, « La duchesse de Longueville, avec une correspondance inédite », Revue des Deux Mondes, nouvelle période, vol. 11, 1851, p. 414, et S. Vergnes, « La duchesse de Longueville... », art. cité, p. 314.

67 Si l'une est très factuelle (tout en annonçant que c'est « un pronostic du bonheur que l’on attend par le moyen de Monseigneur son pere »), la seconde va même jusqu'à faire rimer le duc avec suc, quand une troisième développe davantage ce point : « C’est Charles de Paris de l’illustre famille / Du pacificateur, le duc de Longue-ville ; / Il est beau ; & ses yeux nous monstre desja bien / Qu’il doit estre un jour nostre appuy & soustien » (Lettre d'un astrologue à Monseigneur le duc de Longueville, sur l'heureuse naissance du prince son fils, & les remuëmens de l'Estat, [s. l.], 1649 ; Suitte et troisieme arrivée du courier françois, apportant toutes les nouvelles de ce qui s'est passé depuis sa seconde arrivée jusques à present, Paris, Rolin de La Haye, 1649, p. 5 ; Le quatriesme courrier..., op. cit., p. 3 ; Mathurin Questier, dit Fort-Lys, Suite du journal poetique de la guerre parisienne, dédié aux Conservateurs du Roy, des lois, & de la patrie, Paris, veuve d'Anthoine Coulon, 1649, p. 7, et Paris debloqué, ou les passages ouverts, Paris, Claude Huot, 1649, p. 6).

68 M. Questier, dit Fort-Lys, Suite du journal..., op. cit., p. 14.

69 La veritable vie d'Anne Genevieve de Bourbon, duchesse de Longueville, vol. 1, Amsterdam, Jean-François Jolly, 1739, p. 92, et Marie-Joëlle Guillaume, « Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville. De la Fronde à Port-Royal, le "devoir de révolte" d'une âme passionnée », dans Le Grand Siècle au féminin – Femmes de foi, de culture et de gouvernement, Perrin, 2022, p. 259.

70 Dans les correspondances des agents de l'autorité du roi en Normandie, la duchesse est même assez largement ignorée jusqu'en février 1650, ce qui est très révélateur de son impact sur le terrain (AN, KK 1083, f° 195).

71 Christian Jouhaud, « Politiques de princes : les Condé (1630-1652) », dans L’État et les aristocraties (France, Angleterre, Écosse), xiie-xviie siècles – Actes de la Table ronde organisée par le CNRS, Paris, Presses de l’École Normale Supérieure, 1989, p. 335-356 ; Katia Béguin, Les princes de Condé – Rebelles, courtisans et mécènes dans la France du Grand Siècle, Seyssel, Champ Vallon, 1999, p. 107-121 ; Emmanuèle Lesne-Jaffro, « La prison des princes (1650) Variantes et convergences des récits mémorialistes », dans La Fronde des Mémoires (1648-1750), Classiques Garnier, 2019, p. 101-119 ; Michel Pernot, La Fronde, Paris, Fallois, 1994, p. 150-155 et 161-162, et Paul Logié, « Un épisode de la Fronde en Normandie : la duchesse de Longueville contre le roi », dans Cahiers Léopold Delisle, vol. 1, fasc. 2, 1947, p. 95-126.

72 AN, KK 1083, lettre de Corbet à Mazarin, le 26 janvier 1650, f° 177.

73  F. de Motteville, « Mémoires », art. cité, p. 13.

74 « Monseigneur le conte d'Harcourt m'a dict avoir mandé à V. E. touchant l'embarquement de la duchesse de Longueville au port Sainct Jacques, la nuict de samedi à dimanche, et de son carosse, et ces muletz que l'on dict chargés d'argent, escortés de huict ou dix cavaliers celle de dimanche à hyer matin dans un petit vaisseau olandois qui estoit resté » (BnF, ms. fr. 4181, lettre à madame la duchesse de Longueville pour luy ordonner de sortir de Dieppe & se rendre à Trie ou à Coulommiers, f° 131 ; AN, KK 1083, copie d’une lettre de Plessis-Bellière à Montigny, le 9 février 1650, f° 195, et lettre de Saintot, le 22 février 1650, f° 212, et Claude Drigon, Livre d’or de la noblesse, vol. 4, Paris, Secrétariat général du collège héraldique, 1847, p. 313).

75 AN, KK 1083, fos 197, 208, 213, 216 et 297.

76 British Library, Egerton Ms 17, Correspondence, lettre de Mme de Longueville à Matignon, le 16 septembre 1650, f° 135.

77 AN, KK 1083, lettre de Du Hamel à Mazarin, le 2 juillet 1650, fos 276 et 277 ; BnF, Dupuy 754, « Requeste de madame la duchesse de Longueville au Parlement de Roüen », à Rotterdam, 17 février 1650 ; S. Vergnes, « La duchesse de Longueville », art. cité, p. 318, et id., « Des discours de la discorde : les femmes, la Fronde et l’écriture de l’histoire », Études Épistémè, vol. 19, 2011,

78 Response de monsieur le prince de Condé contre la verification de la declaration envoyée contre luy au Parlement de Paris, [s. l.], 1652, p. 18.

79 Manifeste de madame la duchesse de Longueville, Bruxelles, Jean Roch, 1650, p. 7-8.

80 Ibid., p. 11, et Manifeste de monsieur le duc de Guyse, contenant les veritables motifs de la levée d'une armée pour le service du Roy, & de Messieurs les princes, [s. l.], 1652, p. 4-5.

81 Apologie pour messieurs les princes, envoyée par Madame de Longueville à Messieurs du Parlement de Paris, [s. l.], 1650, p. 7.

82 Observations veritables et des-interessées, sur un escrit imprimé au Louvre, intitulé Les sentimens d’un fidelle sujet du Roy, contre l’arrest du Parlement du 29 decembre 1651, Paris, 1652, p. 135 ; et Lettre renduë au Roy en particulier, Paris, 1652, p. 26 ; Les articles des crimes capitaux, dont est accusé le cardinal Mazarin, & desquels il se doit justifier, Paris, 1652, p. 6 ; et Les veritables maximes du gouvernement de la France, justifiées par l’ordre des temps, depuis l’establissement de la Monarchie jusques à present, Paris, 1652, p. 13.

83 Journal contenant ce qui se passe de plus remarquable en tout le royaume. Depuis le vendredy 13 jusques au vendredy 20 septembre 1652, Paris, Simon Le Porteur, 1652, p. 10.

84 La verité des proverbes de tous les grands de la Cour, [s. l.], 1652, p. 3.

85 BnF, ms. fr. 25007, f° 15.

86 H. Carrier, La presse de..., op. cit., vol. 1, p. 107-109 ; A. Lebigre, La duchesse..., op. cit. ; Émile Jacques, « Madame de Longueville protectrice de Port-Royal et des jansénistes », Chroniques de Port-Royal, vol. 29, 1980, p. 35-83 et S. Vergnes, « La duchesse de Longueville »... art. cité, p. 309-332.

87 BnF, ms. fr. 25007, f° 11 et S. Vergnes, Les Frondeuses... op. cit., p. 408.

88 Sophie Vergnes, « Les princesses du parti condéen dans la Fronde bordelaise au miroir des mazarinades », dans Écritures de l’événement : les Mazarinades bordelaises, Pessac : Presses universitaires de Bordeaux, 2015, p. 53-63.

Pour citer ce document

Baptiste Etienne, « Mazarinades : le duc, la duchesse et la Fronde en Normandie » dans Mazarinades et territoires,

Premier numéro

© Revue du GRHis, « Revue du GRHis », n° 1,2025

URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/grhis/index.php?id=125.

Quelques mots à propos de :  Baptiste Etienne

Docteur en histoire moderne, spécialiste de la Normandie du milieu du XVIIe siècle. Membre des laboratoires HisTeMé et Ghris (universités de Caen et de Rouen Normandie), responsable de la bibliothèque patrimoniale d'Avranches depuis 2020 et paléographe professionnel depuis 2016.