Première partie : Lectures ésotériques des textes littéraires – Coord. scientifique : Frank Greiner

La littérature française et l’ésotérisme de Dante

Piero Latino


Texte intégral

1L’idea deforme, tel est le titre de l’ouvrage dirigé par Maria Pia Pozzato, et qui peut être considéré comme le premier travail scientifique sur la question de l’ésotérisme attribué à Dante et aux poètes d’amour du Moyen Âge1. Ce livre est le résultat d’une recherche menée par l’« Istituto di Discipline della Comunicazione » (« Institut des disciplines de la communication ») de l’université de Bologne pendant le cours monographique de sémiose hermétique tenu par Umberto Eco2. Ce travail, ayant duré trois années, a été effectué par une équipe de recherche composée de sept chercheurs, dirigée par Umberto Eco. L’auteur du Nom de la Rose a écrit l’introduction de l’ouvrage collectif L’idea deforme, tandis que Maria Pia Pozzato a écrit la préface, ainsi qu’un chapitre sur Luigi Valli (1878-1931), l’une des figures les plus importantes de la soi-disant « école hétérodoxe » d’études dantesques inaugurée au xixe siècle par Gabriele Rossetti (1783-1854).

2L’approche adoptée par les contributeurs de L’idea deforme envers l’école « hétérodoxe » dantesque est critique et s’oppose à l’interprétation ésotérique de l’œuvre de Dante et de la poésie d’amour des soi-disant Fidèles d’Amour, qui étaient au centre des recherches de Gabriele Rossetti, de Luigi Valli et du courant critique qui suivit. Gabriele Rossetti, dans son Mistero dell’Amor Platonico nel Medio Evo (1840), parle en effet pour la première fois de l’Ordre initiatique des Fidèles d’Amour, dont Dante aurait fait partie, ainsi que d’autres poètes d’amour du Dolce Stil Novo, tels que Guido Cavalcanti ou Cecco D’Ascoli. Sous le voile du thème de l’amour, ces poètes italiens – ainsi que les troubadours du Moyen Âge français – auraient caché dans leurs œuvres littéraires une doctrine ésotérique et initiatique, et en même temps, ils utilisaient un jargon d’amour conventionnel pour communiquer secrètement des idées de nature religieuse et politique. Le vers obscur était donc, selon Gabriele Rossetti, une manière de transmettre un savoir occulte, mais aussi de ne pas être puni par le Pouvoir, à une époque où l’Inquisition était en vigueur. Gabriele Rossetti donna vie à un courant critique qui fut poursuivi par d’autres savants, comme Francesco Perez, le poète Giovanni Pascoli et son disciple Luigi Valli, ou encore Eugenio Ricolfi et Mario Alessandrini, et au-delà des confins italiens, il faut mentionner Eugène Aroux, E. J. Delécluze, Alexandre Masseron et René Guénon qui a écrit L’Ésotérisme de Dante (1925). Ce courant critique est défini par Umberto Eco en ces termes :

[…] courant d’interprètes dantesques, qui n’ont pas été acceptés par la critique officielle, parce qu’ils lisaient chez Dante plus de choses que les autres et surtout ils voyaient ce qu’il n’y avait pas (selon la critique officielle). Une bonne partie des adeptes du voile repèrent […] chez Dante un jargon secret, sur la base duquel toute référence à des faits amoureux et à des personnes réelles est à interpréter comme une invective chiffrée contre l’Église3.

3Eco définit les interprètes du courant ésotérique par l’expression « adepti del velame4 », les « adeptes du voile », et conteste l’interprétation ésotérique de l’œuvre de Dante. Or, sa position envers l’ésotérisme attribué à Dante, et plus généralement envers les relations entre ésotérisme et littérature, est un sujet qui mériterait une attention particulière. En effet, Eco semble renier l’ésotérisme et, par conséquent, l’interprétation ésotérique de la littérature, mais en même temps, il fonde presque tous ses romans sur l’ésotérisme, du Nom de la Rose au Cimetière de Prague, du Pendule de Foucault à Numero Zero5. Tous ses romans sont imprégnés d’ésotérisme. Mais au-delà du fait que son approche est critique envers l’interprétation ésotérique de la littérature, et spécifiquement de l’œuvre de Dante, il importe de reconnaître que c’est surtout grâce à Umberto Eco, ainsi que grâce à Maria Pia Pozzato et à l’ouvrage qu’elle a dirigé, L’idea deforme, que la question du courant interprétatif hétérodoxe des études dantesques a, pour la première fois, été débattue au niveau universitaire, vers la fin des années 1980. En effet, comme le rappelle Alberto Asor Rosa, le sujet de l’école interprétative inaugurée par Gabriele Rossetti a toujours représenté un « courant de la critique dantesque […] que les spécialistes ont toujours brièvement liquidé6 ». Alberto Asor Rosa a écrit la postface de L’idea deforme, dans laquelle il s’exprime avec prudence à propos de l’ésotérisme attribué à Dante et aux poètes d’amour médiévaux :

Si l’on doit parler d’ésotérisme à propos de ces origines de la culture européenne moderne, ce ne sera certainement pas l’ésotérisme des sectes secrètes improbables ou des conspirations anti-ecclésiastiques, mais l’ésotérisme lié au culte sacré de la poésie et à l’idée, typiquement élitiste, du rôle supérieur joué par les lettrés et en particulier les poètes par rapport aux vils mécaniciens et même aux savants d’origine technico-scientifique […]. Si l’on ne peut parler, au sens propre du terme, de la fondation (ou de la refondation) d’une franc-maçonnerie des poètes, il est certainement légitime de penser à la constitution consciente d’une véritable élite d’esprits supérieurs, qui ne manquent même pas de courage […] pour se sentir assis à la même table, et au même niveau que la « science de Dieu7 » […].

4Au-delà de L’idea deforme, l’interprétation ésotérique de l’œuvre de Dante et des poètes d’amour du Moyen Âge connut de nombreux opposants aux xixe et xxe siècles. Déjà Benedetto Croce affirmait à cet égard : « quoi que puissent prétendre et faire valoir les investigateurs et les conjecturistes des allégories de Dante, en poésie et dans l’histoire de la poésie, les explications des allégories sont tout à fait inutiles et, en tant qu’inutiles, nuisibles8. » Toutefois, malgré son opposition à la lecture ésotérique de l’œuvre de Dante, Croce reconnaît que, chez l’auteur de La Divine Comédie, on peut trouver des « communications cryptographiques9 », tandis que Natalino Sapegno parle de « jargon incompréhensible10 ». Une autre figure majeure de la critique italienne, Francesco De Sanctis, s’opposait à l’idée de voir un ésotérisme chez Dante et les poètes du Dolce Stil Novo et, critiquant la contribution de Rossetti, affirmait : « il nous reste sept ou huit volumes de lui [de Gabriele Rossetti] que personne n’a lus et, je le dis franchement, je ne les ai pas lus non plus11. » De Sanctis affirme ne pas avoir lu les ouvrages de Rossetti, en même temps critique ses idées, en les définissant « remarques triviales de Rossetti12 ».

5Or, s’il est vrai que les soi-disant « adeptes du voile » ont été fortement critiqués pour leur interprétation ésotérique de l’œuvre de Dante et, plus généralement, de la poésie d’amour, il est également vrai que des spécialistes qui font autorité ont, au contraire, exprimé leur intérêt et fait l’éloge de ces travaux « hétérodoxes ». L’on songe ainsi à Erich Auerbach, qui s’exprime en ces termes :

[…] on ne doit se croire en droit de nier l’obscurité de maints poèmes du Style nouveau, ou de leur trouver à chacun une explication historique – les étrangetés y sont trop nombreuses, les rapports et les concordances, dans le contenu et dans l’expression, trop visibles, et les renvois à une signification secrète, accessible aux seuls élus, trop fréquents13.

Tous les poètes du Style nouveau ont une bien-aimée mystique, tous vivent à peu près les mêmes aventures amoureuses extraordinaires, à tous Amour accorde ou refuse des dons qui ressemblent plus à une satisfaction sensuelle, tous sont membres d’une sorte de ligue secrète qui détermine leur vie intérieure, voire peut-être leur vie sociale – et seul l’un d’eux, Dante, a su représenter ces épisodes ésotériques de telle manière qu’ils doivent être reçus comme une réalité authentique, même lorsque leurs thèmes et allusions sont tout à fait mystérieux14.

6Une voix digne de foi qui a défendu l’idée d’un message de nature ésotérique caché dans La Divine Comédie est celle de l’éminent spécialiste de Dante à la Sorbonne, Paul Renucci, ayant affirmé que « l’hypothèse fondamentale selon laquelle il existe dans la Comédie un contenu ésotérique, avec son mode d’expression approprié, n’est pas du tout absurde15 », et que « derrière l’hypothèse du sens ésotérique s’ouvre un domaine qui n’est pas du tout imaginaire16 ». En effet, selon Renucci, on retrouve chez Dante des traits caractérisant la littérature ésotérique, à savoir « l’initiatisme, la prémisse d’une classification des connaissances avec des niveaux de plus en plus réservés, l’utilisation d’un langage qui, bien que publié, reste dépourvu de sens véritable pour le “profane” ou l’“inepte” : tout cela est présent dans la Comédie17. »

7Pour sa part, Antoine Faivre, pionnier des études sur l’ésotérisme occidental, souligne : « on a voulu voir de l’alchimie dans La Divine Comédie […] et il est certain qu’il ne faut pas un gros effort d’imagination pour y déceler çà et là un enseignement de type ésotérique18. »

8On peut donc affirmer qu’une dimension ésotérique de l’œuvre de Dante a été reconnue par d’éminents spécialistes tels que Erich Auerbach, Paul Renucci et Antoine Faivre, et cet ésotérisme dantesque se retrouve également dans la littérature française du xixe siècle. L’on songe, par exemple, à Gérard de Nerval, dont la dimension mystique et initiatique de l’auteur de la Vita Nova (ainsi que celle d’Apulée ou de Swedenborg) imprègne l’œuvre, à tel point que Léon Cellier a défini Nerval comme l’un des « sosies spirituels19 » de Dante. Mais Nerval n’est pas le seul auteur français à être lié à l’ésotérisme dantesque. En particulier, deux écrivains de la littérature française sont mentionnés dans Il Mistero dell’Amor Platonico ainsi que dans les correspondances de Gabriele Rossetti, à savoir Honoré de Balzac et Victor Hugo. Chez ces deux écrivains du xixe siècle, d’après Rossetti, on peut également retrouver la doctrine ésotérique de Dante et des Fidèles d’Amour du Moyen Âge. Ainsi, dans une lettre de Gabriele Rossetti à John Hookham Frere du 1er juin 1834, Victor Hugo est évoqué en tant que connaisseur de la même doctrine initiatique que Dante. Et ce qu’il est intéressant de noter, c’est que ce savoir ésotérique était aussi présent, selon l’auteur du Mistero, dans Le Roman de la Rose de Jean de Meung et Guillaume de Lorris, ainsi que dans Le Songe de Poliphile de Francesco Colonna :

On a laissé chez moi, alors que je n’y étais pas, cette œuvre énigmatique du dominicain Francesco Colonna, qui s’intitule La Hypnerotomachia de Poliphile […]. J’ai connu pour la première fois ce livre grâce à un annotateur du Roman de la Rose, lequel affirme que cette œuvre [La Hypnerotomachia Poliphili] est de la même nature que ce roman d’Amour [Le Roman de la Rose] ; et étant donné que j’avais déjà compris de quelle nature était ce roman, je n’ai pas eu de difficultés à apercevoir la nature du livre qui lui est relative ; mais après j’en ai rencontré beaucoup d’autres qui sont de la même nature, et qui disent en substance la même chose […]. Même aujourd’hui on produit de tels travaux, Admirablement ! En plus de The Epicurean de Thomas Moore, paru à Londres en 1826, a été édité à Paris en 1831 Notre Dame de Paris de Victor Hugo, qui est l’un des romans les plus ingénieux et les plus intéressants que j’ai jamais lus du même genre. Tout le monde se plonge dans cette lecture, mais seulement peu de personnes peuvent la comprendre20.

9Ce passage montre donc l’existence d’une filiation de nature initiatique et ésotérique reliant Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, Le Songe de Poliphile, Le Roman de la Rose et une œuvre moins connue, The Epicurean de Thomas Moore (1779-1852). Un autre passage de même lettre est très intéressant à souligner, car Rossetti écrit qu’il était en contact, bien que de manière indirecte, avec Victor Hugo :

J’ai connu ici à Londres un ami de Victor Hugo à qui j’ai dit que j’avais compris l’esprit intérieur de ce Roman [Notre-Dame de Paris], et que je pouvais aussi le faire comprendre à d’autres ; […] mais que je me garderais bien de le faire. Quand il rentra à Paris, il raconta à Hugo ce que je lui avais dit, et lui donna à lire mon Spirito Antipapale. Et l’auteur français […] lui dit de m’en féliciter ; et il ajouta qu’il n’était pas étonné que j’eusse saisi le sens intime de son roman21.

10Ce passage est digne d’intérêt car il montre un lien indirect entre Gabriele Rossetti et Victor Hugo, et ce dernier aurait confirmé connaître la même doctrine ésotérique que Dante exposée par l’auteur du Mistero dell’Amor Platonico22. Non seulement il la connaissait, mais il aurait également imprégné ses œuvres littéraires de cette doctrine initiatique, qui se retrouve à toutes les époques. Ainsi, dans une lettre à Charles Lyell datée du 24 janvier 1837, Gabriele Rossetti rattache Notre-Dame de Paris de Victor Hugo à des œuvres du xvie siècle, telles que les Dialoghi d’amore de Giambattista Manso, La Cecaria e l’Illuminaria d’Antonio Epicuro et le Tempio d’Amore du Marquis del Carretto :

Je n’ai jamais lu, ni jamais vu les Dialogues d’amour du Marquis Giambattista Manso, homme de lettres et mécène des lettrés du xvie siècle. Mais je sais que celui-ci fut un temps très actif au sein de la secte, et que d’innombrables compositions de ce genre sortirent de ces nombreuses académies italiennes, qui paraissaient littéraires et qui étaient secrètes. J’ai recueilli et lu des compositions très précieuses, entre autres, un petit poème intitulé La Cecaria e l’Illuminaria d’un fameux homme de lettres napolitain nommé Antonio Epicuro : il s’agit d’un petit poème qui est audacieusement sectaire, et que j’ai expliqué23. Un autre poème, très longue, est le Tempio d’Amore du Marquis du Carretto de la même époque, dans lequel de nombreuses figures sont expliquées : dans ce temple sont enterrés en couple, dans des arches séparées, Dante et Béatrice, Pétrarque et Laura, Boccace et Fiammetta, Cino et Selvaggia, et beaucoup d’autres. Ces œuvres et bien d’autres travaux (dont certains procèdent selon le dessein de Boèce) ont été analysés par moi et mis en ordre siècle par siècle, de Dante jusqu’à nos jours. La dernière œuvre que j’analyse est le roman de Victor Hugo, Français vivant, intitulé Notre-Dame de Paris ; il s’agit d’un véritable travail sectaire, et attesté par l’auteur lui-même en tant que tel. Dans quel monde d’illusions nous avons vécu et nous continuons à vivre24 !

11C’est donc à travers Victor Hugo que Rossetti montre la continuité d’une filiation initiatique entre le xixe siècle et les époques précédentes, c’est-à-dire le Moyen Âge et la Renaissance. Il est à noter, en outre, que c’est en faisant allusion à la dimension ésotérique de Victor Hugo que Gabriele Rossetti introduit la distinction entre les mots « ésotérique » et « exotérique » : « cet auteur vivant [Victor Hugo] a écrit quelques œuvres avec un sens ésotérique et exotérique, sur le même système que celui de Dante, et il provient de la même école25 ». Ainsi, le mot « ésotérique » apparaît pour la première fois, à ma connaissance, dans un ouvrage de critique littéraire. La contribution de Gabriele Rossetti est donc un terrain d’investigation à explorer non seulement dans le domaine littéraire, mais aussi et surtout dans celui des études de l’ésotérisme occidental.

12Quant à Honoré de Balzac, Rossetti souligne notamment l’importance du Livre mystique, comme il l’écrit dans une lettre à Charles Lyell du 1er février 184326, dans laquelle est mis en évidence le lien entre Dante et Swedenborg, étant l’un des thèmes les plus importants de la réflexion rossettienne, et Balzac transpose sous forme d’œuvre littéraire ce que Gabriele Rossetti avait exposé sous forme d’ouvrage de critique littéraire27.

13Mais Balzac est directement rattaché à l’une des figures du xixe siècle qui ont proposé une interprétation symbolico-ésotérique de l’œuvre de Dante, à savoir Michelangelo Caetani, duc de Sermoneta (1804-1882), lequel présente ses idées dans les ouvrages suivants : Della Dottrina che si asconde nell’ottavo e nono canto dell’Inferno della Divina Commedia di Dante Allighieri (1852) ; Di una più precisa dichiarazione intorno ad un passo della Divina Commedia nel XVIII canto del Paradiso (1852) ; La materia della Divina Commedia di Dante Alighieri dichiarata in VI tavole (1855) ; Matelda nella divina foresta della Commedia di Dante Allighieri (1857)28. Michelangelo Caetani était le descendant de deux papes, Gélase II et Boniface VIII, et les salons qu’il organisait à Rome étaient fréquentés par Honoré de Balzac, qui lui dédia son roman La Cousine Bette29.

14La figure de Michelangelo Caetani nous conduit aussi à un autre personnage crucial au sein du contexte ésotérisant italien : Leone Caetani (1868-1935)30. Ce dernier était le petit-fils de Michelangelo Caetani, et l’un des principaux représentants de l’occultisme romain entre la fin du xixe siècle et le début du siècle suivant. Il gravita autour d’une des figures pivot du panorama ésotérique italien au tournant du xixe siècle, à savoir Ciro Formisano, alias Giuliano Kremmerz31, fondateur de la Confrérie initiatique de Miriam (ou Myriam : Schola Philosopphica Hermetica Classica Italica Fr+Tm+di Miriam), née sous la protection du « Grande Oriente Egiziano » (« Grand Orient Égyptien »), émanation de l’Ordre Égyptien de Leone Caetani. Chez Kremmerz aussi, l’ésotérisme dantesque joue un rôle fondamental, car selon l’ésotériste italien, « Dante […] a écrit le rituel d’initiation magique le plus complet32 ». On peut donc voir comment, à partir de Balzac, on parvient à explorer le panorama de l’ésotérisme italien entre la fin du xixe siècle et le début du xxe siècle.

15Si l’on considère le milieu de l’occultisme français, l’une des figures qui propose, au xixe siècle, une lecture ésotérique de la production littéraire de Dante est Éliphas Lévi (1810-1875), lequel affirme que l’œuvre de Dante représente « la révélation hardie des mystères33 » :

On a multiplié les commentaires et les études sur l’œuvre de Dante, et personne, que nous sachions, n’en a signalé le principal caractère. L’œuvre du grand Gibelin est une déclaration de guerre à la papauté par la révélation hardie des mystères. L’épopée de Dante est joannite et gnostique, c’est une application hardie des figures et des nombres de la kabbale aux dogmes chrétiens, et une négation secrète de tout ce qu’il y a d’absolu, dans ces dogmes ; son voyage à travers les mondes surnaturels s’accomplit comme l’initiation aux mystères d’Éleusis et de Thèbes34.

16En outre, Lévi ajoute qu’il existe une filiation de nature initiatique reliant la Divine Comédie, le Roman de la Rose et le mouvement des Rose-Croix :

[…] l’enfer de Dante n’est qu’un purgatoire négatif. Expliquons-nous : son purgatoire semble s’être formé dans son enfer comme dans un moule, c’est le couvercle et comme le bouchon du gouffre, et l’on comprend que le titan florentin en escaladant le paradis voudrait jeter d’un coup de pied le purgatoire dans l’enfer.
Son ciel se compose d’une série de cercles kabbalistiques divisés par une croix comme le pentacle d’Ézéchiel ; au centre de cette croix fleurit une rose, et nous voyons apparaître pour la première fois exposé publiquement et presque catégoriquement expliqué le symbole des rose-croix.
Nous disons pour la première fois, parce que Guillaume de Lorris, mort en 1260, cinq ans avant la naissance d’Alighieri, n’avait pas achevé son Roman de la rose, qui fut continué par Clopinel, un demi-siècle plus tard. On ne découvrira pas sans étonnement que le Roman de la rose et la Divine comédie sont les deux formes opposées d’une même œuvre : l’initiation à l’indépendance de l’esprit, la satire de toutes les institutions contemporaines et la formule allégorique des grands secrets de la Société des rose-croix.
Ces importantes manifestations de l’occultisme coïncident avec l’époque de la chute des templiers, puisque Jean de Meung ou Clopinel, contemporain de la vieillesse de Dante, florissait pendant ses plus belles années à la cour de Philippe le Bel. Le Roman de la rose est l’épopée de la vieille France. C’est un livre profond sous une forme légère, c’est une révélation aussi savante que celle d’Apulée des mystères de l’occultisme.
La rose de Flamel, celle de Jean de Meung et celle de Dante sont nées sur le même rosier35.

17La filiation entre Dante, la poésie d’amour du Moyen Âge français et la tradition rosicrucienne fut également proposée par une autre figure du milieu ésotérisant français fin de siècle, à savoir Joséphin Péladan, qui consacra deux ouvrages à l’ésotérisme dantesque et à la poésie amoureuse médiévale : Le Secret des troubadours. De Parsifal à Don Quichotte (1906) et La Doctrine de Dante (1908)36. On peut également citer à cet égard un ouvrage de Remy de Gourmont, Dante, Béatrice et la Poésie amoureuse. Essai sur l’idéal féminin en Italie à la fin du xiie siècle (1908), dans lequel l’auteur fait connaître au lecteur français Gabriele Rossetti et ses deux ouvrages sur l’ésotérisme dantesque et la poésie d’amour médiévale, c’est-à-dire Il Mistero dell’Amor Platonico et La Beatrice de Dante37. Remy de Gourmont mentionne aussi d’autres représentants du soi-disant courant interprétatif « hétérodoxe », tels que Francesco Perez et Eugène Aroux38.

18On peut conclure en affirmant que l’idée d’un « Dante ésotérique » traverse notamment le xixe siècle et le début du xxe. La question de l’ésotérisme attribuée à Dante et aux poètes d’amour du Moyen Âge n’intéresse pas seulement les spécialistes de littérature italienne, car elle concerne une quantité considérable d’auteurs de la littérature européenne, notamment français (comme Nerval, Balzac, Hugo ou Péladan). D’une façon silencieuse, étant presque passée inaperçue, l’histoire de la doctrine ésotérique d’amour proposée par Gabriele Rossetti et ses successeurs a traversé l’histoire de la littérature, de la critique littéraire et de l’histoire de l’ésotérisme occidental, sans même que l’on ne s’en rende compte. Une approche méthodologique fondée sur l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité est donc à la base de futures recherches visant à déceler les relations entre l’ésotérisme et la littérature, comme dans le cas de la littérature française et l’ésotérisme de Dante, car, comme le dit Antoine Faivre à juste titre, « la forme de pensée ésotérique est par elle-même, et par excellence, de nature transdisciplinaire39 ».

Notes

1 L’idea deforme. Interpretazione esoteriche di Dante, éd. Maria Pozzato, introduction d’Umberto Eco, postface d’Alberto Asor Rosa, Milano, Bompiani, coll. « Studi Bompiani. Campo Semiotico », 1989.

2 Les textes dactylographiés du cours sémiose hermétique d’Umberto Eco sont contenus dans Aspetti della semiosi ermetica, Università degli Studi di Bologna, Cattedra di Semiotica, A. A. 1986-1987.

3 « Filone di interpreti danteschi, i quali non sono stati accettati dalla critica ufficiale, perché in Dante leggevano più che tutti gli altri e specialmente ciò che (secondo la critica ufficiale) non c’era. Buona parte degli adepti del velame individuano […] in Dante un gergo segreto, in base al quale ogni riferimento a fatti amorosi e a persone reali è da interpretare come invettiva cifrata contro la Chiesa ». Ibid., p. 29.

4 Ibid., p. 29-34-35-36.

5 Numero Zero est le dernier roman d’Umberto Eco et a pour sujet principal la conspiration, les soi-disant théories du complot. En effet, cette œuvre traite des thèmes liés au monde des services secrets italiens et américains, touchant aussi le contexte des « années de la tension » en Italie. Umberto Eco, Numero Zero, Milano, Bompiani, 2015.

6 « Un filone della critica dantesca […] che gli specialisti hanno sempre liquidato in poche battute ». Alberto Asor Rosa, « Postfazione », dans L’idea deforme, op. cit., p. 296.

7 « Se di esoterismo si deve parlare a proposito di queste origini della cultura europea moderna, non si tratterà certo dell’esoterismo di improbabili sette segrete o delle congiure antiecclesiastiche, ma dell’esoterismo connesso al culto sacro della poesia e con l’idea, tipicamente elitistica, del ruolo superiore svolto dai letterati e in particolare dei poeti nei confronti dei vili meccanici e perfino dei dotti di origine tecnico-scientifica […]. Se non si può parlare, nel senso proprio del termine, della fondazione (o rifondazione) di una massoneria dei poeti, certo è lecito pensare alla costituzione cosciente di una vera e propria élite di spiriti superiori, a cui non manca neppure il coraggio […] di sentirsi assisi allo stesso tavolo, e sullo stesso piano della “scienza di Dio” ». Ibid., p. 309.

8 « Checchè pretendano e vantino gli investigatori e congetturisti delle allegorie dantesche, nella poesia e nella storia della poesia le spiegazioni delle allegorie sono affatto inutili e, in quanto inutili, dannose ». Benedetto Croce, La Poesia di Dante, Bari, Laterza, 1921, p. 13.

9 « Comunicazioni criptografiche ». Benedetto Croce, « Camille Mauclair - Le protestantisme et les romans de chevalerie », La Critica, t. 26, 1926, p. 352.

10 « Gergo incomprensibile ». Natalino Sapegno, « Sulla scuola poetica del dolce stil novo », dans Archivium Romanicum, t. XIII, n. 2/3, avril-septembre 1929, p. 276.

11 « Ci rimangono di lui sette od otto volumi, che nessuno ha letti e, lo dichiaro francamente, non li ho letti nemmeno io ». Francesco De Sanctis, « Gabriele Rossetti », dans Francesco De Sanctis, La letteratura italiana nel secolo XIX. La scuola liberale e la scuola democratica, éd. Franco Catalano, Bari, G. Laterza e figli, 1953, p. 385.

12 « Triviali osservazioni del Rossetti ». Francesco De Sanctis, Lezioni e saggi su Dante, Torino, Einaudi, 1955, p. 377.

13 Erich Auerbach, Écrits sur Dante, traduction de Diane Meur, Paris, Macula, coll. « Argô », 1999, p. 56.

14 Ibid., p. 86.

15 « L’ipotesi fondamentale che esista nella Commedia un contenuto esoterico, col suo metodo di espressione adatto, non è per niente assurda ». Paul Renucci, « Dantismo esoterico nel secolo presente », dans Atti del Congresso internazionale di studi danteschi a cura della Società Dantesca Italiana e dell’Associazione Internazionale per gli Studi di Lingua e Letteratura Italiana e sotto il patrocinio dei Comuni di Firenze, Verona e Ravenna (20-27 aprile 1965), 2 vol., Firenze, Sansoni, vol. 1, 1965, p. 316.

16 « Dietro l’ipotesi dei sensi esoterici si apre un campo tutt’altro che immaginario, in cui si affacciano delle realtà storiche e culturali poco note fino a quaranta o cinquant’anni fa e non ancora abbastanza esplorate dai dantisti ». Ibid., p. 326-327.

17 « L’iniziatismo, la premessa di una graduatoria della conoscenza con livelli sempre più strettamente riservati, l’uso di un linguaggio che, per quanto sia pubblicato, resta privo di significazione vera per i “profani” o gli “inetti” : tutto questo è presente nella Commedia ». Ibid., p. 313.

18 Antoine Faivre, Accès de l’ésotérisme occidental, 2 vol., Gallimard, Paris, coll. « Bibliothèque des Sciences Humaines », vol. I, 1996, p. 126.

19 Léon Cellier, Gérard de Nerval. L’homme et l’œuvre, Paris, Hatier-Boivin, coll. « Connaissance des Lettres », 1956, p. 185.

20 « È stato lasciato in mia casa, mentre io non v’era, quell’enigmatica opera del Domenicano Francesco Colonna la quale s’intitola La Hypnerotomachia di Polifilo […]. Ebbi la prima volta notizia di un tal libro da un annotatore del Romanzo della Rosa, il quale asserisce essere della stessa natura di quel romanzo d’Amore ; e siccome avea già capito di che natura è quel Romanzo, così non mi fu tanto difficile lo scorgere la tempra del libro che gli era relativo ; ma poi ne incontrai tanti altri che sono della stessa fatta, e i quali dicono in sostanza la medesima cosa […]. Anche ai dì nostri si producono tali lavori, mirabile di che ! Oltre The Epicurean di Tommaso Moore comparso in Londra nel 1826, è uscito in Parigi nel 1831 Notre Dame de Paris di Victor Hugo, ch’è uno de’ più ingegnosi e de’ più interessanti ch’io mi abbia mai letti dello stesso genere. Tutti s’immergono avidissimamente in quella lettura, e son così pochi quei che la capiscono ! » Lettre de Gabriele Rossetti à John Hookham Frere du 1er juin 1834, dans Gabriele Rossetti. Carteggi. Volume terzo (1832-1836), éd. Alfonso Caprio, Philip Horne et John Woodhouse, Napoli, Loffredo, vol. III, 1984, p. 422-423.

21 « Ho conosciuto qui in Londra un amico di Victor Hugo a cui ho detto ch’io capiva lo spirito interno di quel Romanzo, e poteva anche farlo capire altrui ; […] ma che mi sarei ben guardato dal farlo. Quand’ei tornò a Parigi, narrò all’Hugo quel che io gli avea detto, e gli dié a leggere il mio Spirito Antipapale. E l’autor francese nel renderglielo gli disse di farmene le sue congratulazioni ; e che non si maravigliava ch’io capissi il senso intimo del suo romanzo ». Ibid., p. 423.

22 Sur la relation indirecte entre Gabriele Rossetti et Victor Hugo, voir aussi Piero Latino, « L’esoterismo dantesco del dimenticato Gabriele Rossetti e la sua influenza sulla letteratura francese e inglese », Rivista di Studi Italiani / Journal of Italian Studies, Year XL, no 2, 2022, p. 35-36.

23 Rossetti parle de La Cecaria et La Luminaria dans son Mistero dell’Amor Platonico. Voir Gabriele Rossetti, Gabriele Rossetti, Il mistero dell’Amor platonico del Medio Evo [1840], 2 vol., Milano, Luni, coll. « Grandi pensatori d’Oriente e d’Occidente », vol. 1, 2013, p. 600.

24 « Non ho mai letto, né mai veduto Dialoghi d’amore del Marchese Giambattista Manso, letterato e mecenate di letterati del’500. So però che quello fu un tempo di grande attività nella setta, e che innumerevoli componimenti di quel genere usciro da quelle tante accademie Italiane, che parevano letterarie ed erano segrete. Preziosissimi ne ho raccolti e letti, e fra gli altri un poemetto intitolato La Cecaria e l’Illuminaria di un famoso letterato Napoletano chiamato Antonio Epicuro : poemetto ch’è sfacciatamente settario, che ho tutto spiegato per quanto prudenza il concesse. Un altro ben lungo è quello del Tempio d’Amore del Marchese del Carretto della stessa età, dove sono spiegate molte figure : in quel tempio sono sepolti a coppia a coppia, in arche separate, Dante e Beatrice, Petrarca e Laura, Boccaccio e Fiammetta, Cino e Selvaggia, e così altri. Questi ed altri molti lavori (alcuni de’ quali procedono sul disegno di Boezio) sono stati da me analizzati e posti per ordine secolo per secolo, dal tempo di Dante fino al nostro. L’ultimo che analizzo è il romanzo di Victor Hugo, francese vivente, intitolato Notre Dame de Paris : lavoro settario quanto altro mai, e dallo stesso autore confessato per tale. In che mondo d’illusioni siamo vissuti e viviamo ! » Lettre de Gabriele Rossetti à Charles Lyell du 24 janvier 1837, dans Gabriele Rossetti. Carteggi. Volume quarto (1837-1840), op. cit., p. 22-23.

25 « Questo autore vivente ha scritto qualche opera con senso esoterico e exoterico, sullo stessissimo sistema di Dante, e dalla medesima scuola proveniente ». Gabriele Rossetti, Il mistero dell’Amor platonico nel Medio Evo, op. cit., vol. I, p. 417.

26 Voir Gabriele Rossetti. Carteggi. Volume quinto (1841-1847), éd. Alfonso Caprio, Philip Horne, Sergio Minichini, John Woodhouse, Napoli, Loffredo, 2001, p. 188.

27 Dans la Préface du Livre mystique, Balzac considère la doctrine swedenborgienne « comme une nouvelle Divine Comédie ». Honoré de Balzac, La Comédie Humaine. XI. Études philosophiques. Études analytiques, édition publiée sous la direction de Pierre-Georges Castex avec, pour ce volume, la collaboration de Nicole, Henri Gauthier, René Guise, Michel Lichtlé, Anne-Marie Meininger, Arlette Michel, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », t. XI, 1980, p. 506.

28 Michelangelo Caetani, Della Dottrina che si asconde nell’ottavo e nono canto dell’Inferno della Divina Commedia di Dante Allighieri, Roma, Tipografia Menicanti, 1852 ; Michelangelo Caetani, Di una più precisa dichiarazione intorno ad un passo della Divina Commedia nel XVIII canto del Paradiso, Roma, Menicanti, 1852 ; Michelangelo Caetani, Matelda nella divina foresta della Commedia di Dante Allighieri : disputazione tusculana, Roma, Salviucci, 1857.

29 Voir Honoré de Balzac, La Comédie humaine. VII. Études de mœurs : scènes de la vie parisienne, édition publiée sous la direction de Pierre-Georges Castex avec, pour ce volume, la collaboration de Patrick Berthier, André Lorant, Anne-Marie Meininger, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », t. VII, 1977, p. 53. Sur les relations entre Balzac et Michelangelo Caetani, voir Anne-Marie Baron, Balzac et la Bible. Une herméneutique du romanesque, Paris, Honoré Champion, coll. « Romantisme et Modernité », 2007, p. 273-280 ; Anne-Marie Baron, Balzac occulte. Alchimie, magnétisme, sociétés secrètes, Lausanne, L’Âge d’homme, coll. « Océan noir », 2012, p. 191 ; Piero Latino, « Balzac, Caetani et l’ésotérisme dantesque », dans Mondes invisibles, éd. Sylvain Ledda, Cahier publié avec le soutien du Centre National du Livre et de l’IRIHS (Institut de Recherche Inter-disciplinaire Homme Société) et du Laboratoire CÉRÉdI (Centre d’Études et de Recherches Éditer-Interpréter) de l’université de Rouen, Paris, Éditions de L’Herne, coll. « Cahiers de l’Herne », 2023, p. 201-203.

30 Leone Caetani était un islamiste érudit et a également été membre du Parlement italien. Sur la figure de Leone Caetani, voir Massimo Introvigne, Il cappello del mago. I nuovi movimenti magici dallo spiritismo al satanismo [1990], Milano, SugarCo, 2013.

31 Sur la figure de Giuliano Kremmerz, voir Piero Di Vona, Giuliano Kremmerz, Padova, Edizioni di Ar, coll. « Domicilium Stellarum », 2005 ; Massimo Introvigne, op. cit., p. 301-308 ; Massimo Introvigne, « De l’hypertrophie de la filiation : le milieu kremmerzien en Italie », dans Symboles et Mythes dans les mouvements initiatiques et ésotériques (xviie-xxe siècles). Filiations et emprunts, Actes du colloque International d’A.R.I.E.S. (Association pour la Recherche et l’Information sur l’Ésotérisme), Sorbonne, octobre 1996, éd. Antoine Faivre, Pierre Deghaye et Roland Edighoffer, Paris, Arché / La Table d’Emeraude, 1999, p. 148-156 ; Massimo Introvigne, « Kremmerz, Giuliano », dans Dictionary of Gnosis and Western Esotericism, éd. Wouter J. Hanegraaff, en collaboration avec Antoine Faivre, Roelof van den Broek, Jean-Pierre Brach, Leiden-Boston, Brill, 2006, p. 671-672 ; Ugo Cisaria, L’Ordine Egizio e la Miriam di Giuliano Kremmerz, Viareggio, Rebis, 2008.

32 « Dante che ha scritto il più completo rituale d’iniziazione magica ». Giuliano Kremmerz, Il mondo segreto. Il mondo secreto. Anno 1896. Spiritismo, magia, arte ermetica [1896], vol. 1, Verona, Edizioni CdL, 2015, p. 16.

33 Éliphas Lévi, Histoire de la magie : avec une exposition claire et précise de ses procédés, de ses rites et de ses mystères, Paris, G. Baillière, Londres et New-York, H. Baillière, Madrid, Ch. Bailly-Ballière, 1860, p. 358.

34 Ibid.

35 Ibid., p. 359-360.

36 Joséphin Péladan, Le Secret des Troubadours : de Parsifal à Don Quichotte, Paris, Sansot, 1906 ; Id., Les Idées et les formes. La doctrine de Dante, Paris, Sansot, 1908.

37 Remy de Gourmont, Dante, Béatrice et la Poésie amoureuse. Essai sur l’idéal féminin en Italie à la fin du xiie siècle [1908], Paris, Mercure de France, coll. « Les hommes et les idées », 1922, p. 55. Sur l’intérêt de Remy de Gourmont envers Dante, voir Antonio Jiménez Millán, « Remy de Gourmont, lector de Dante », dans Medioevo y literatura, Actas del V Congreso de la Asociación Hispánica de Literatura Medieval (Granada, 27 septiembre –1 octubre 1993), éd. Juan Paredes, Granada, Universidad de Granada, vol. II, 1995, p. 489-498.

38 Voir Remy de Gourmont, Dante, Béatrice et la Poésie amoureuse. Essai sur l’idéal féminin en Italie à la fin du xiie siècle, op. cit., p. 18, 55-56.

39 Antoine Faivre, Accès de l’ésotérisme occidental, op. cit., vol. II, p. 40.

Pour citer ce document

Piero Latino, « La littérature française et l’ésotérisme de Dante » dans Littérature et occulture,

Programme de recherche
Coordination scientifique : Frank Greiner, Sylvain Ledda et Catherine Douzou

© Publications numériques du CÉRÉdI, « Actes de colloques et journées d’étude », n° 29, 2023

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