Sommaire
Corneille : un théâtre où la vie est un jeu
II. Jeux d’esprit et bons tours
sous la direction de Liliane Picciola
no 4, 2025

- Liliane Picciola Introduction
Des jeux de compétition et de hasard aux jeux d’esprit et aux bons tours - Myriam Dufour-Maître Le jeu de l’amour dans les comédies de Corneille : « conversation des honnêtes gens » ou « galanterie noire » ?
- Nina Ekstein Jeux de voiles : le tour de force de Corneille dans La Galerie du Palais
- Nina Ekstein Corneille’s tour de force in La Galerie du Palais
- Liliane Picciola Distraire de la peur : jeux d’assemblage, de manipulation et d’esprit dans Héraclius
- Yasmine Loraud L’héroïsme en mode mineur. Formes et effets de l’usage de l’ironie dans Nicomède, Agésilas et Pulchérie de Corneille
- Anissa Jaziri Jouer avec la vieillesse en contexte tragique : insolites fictions de mariage dans Sertorius
- Cécilia Laurin « Do I look like I’m joking? »
Proposition de rétrolecture spectaculaire de quelques jokers criminels de la tragédie cornélienne à travers la figure du Joker de Batman - Séverine Reyrolle Bourles d’honnêtes gens dans Le Berger extravagant de Thomas Corneille : entre jeux de rôles et entrées de ballet
Corneille : un théâtre où la vie est un jeu
Jouer avec la vieillesse en contexte tragique : insolites fictions de mariage dans Sertorius
Anissa Jaziri
1Furetière définit « le jeu » comme « ce qui est opposé à sérieux, qui se fait par divertissement pour relâcher l’esprit, qui n’est pas fait tout de bon1 ». Il précise qu’il « faut prendre le jeu par divertissement, & non par occupation » et distingue ainsi plusieurs sortes de jeux, notamment « les jeux d’exercice & d’adresse », mais également « les jeux d’esprit » qui « sont aussi des compositions agréables, qui sont faites plutôt pour divertir que pour instruire », ou encore « les jeux de paroles » qui sont « les allusions, les équivoques, & les pointes qui ne consistent que dans les mots sans aucune subtilité pour le sens ». Si la dignité de la tragédie exclut qu’on puisse y voir des jeux d’adresse à proprement parler, en revanche l’adresse verbale et les jeux d’esprit ne paraissent pas devoir en être écartés car ils peuvent naître d’un caractère fort. On note au reste que les définitions de Furetière n’excluent pas que quelque instruction puisse accompagner le jeu2.
2Un héros de tragédie doit apparaître comme brillant. On peut considérer que Corneille a cherché à jouer avec la difficulté en faisant de Sertorius un vieillard. Certes, il existe d’autres personnages âgés dans les pièces de Corneille : Égée dans Médée, Syphax dans Sophonisbe, Martian dans Pulchérie ; mais ceux-là ne sont pas héros éponymes. Par ailleurs, et en lien implicite avec cette étrangeté, le poète annonce dans l’avis au lecteur de Sertorius (1662) avoir privé volontairement sa tragédie des agréments habituels de la tragédie : « vous n’y trouverez, ni tendresses d’amour, ni emportements de passion, ni descriptions pompeuses, ni narrations pathétiques. »
3Corneille semble donc s’être donné le plaisir de déconcerter spectateurs et lecteurs : il a fait réussir au théâtre un poème dramatique qui n’aurait pas dû réussir en façonnant à plaisir la réception du personnage principal. Comment a-t-il procédé ? La vieillesse semble impliquer un ralentissement de l’action, sinon de la pensée. Non seulement Corneille n’a pas évité d’évoquer le grand âge du héros éponyme mais il l’a souligné, et il a par ailleurs accru sa faiblesse en lui prêtant des sentiments amoureux. De surcroît, l’inventio cornélienne consistant à proposer une image inversée du type le plus courant, le vieillard, traditionnellement cantonné dans le cadre d’une comédie3, est ici recherché par deux femmes et jalousé par deux hommes.
4Par un jeu de valorisation que nous aurons à étudier, Sertorius constitue en quelque sorte l’enjeu de la tragédie, le cœur des rivalités. Il est d’ailleurs omniprésent dans les dialogues dominés par les jeux d’esprit, lui-même ne s’en privant pas dans son long entretien avec Pompée, au centre de la pièce. Le prince Nicomède, emprisonné dans le palais de son père et privé de moyens d’action, y recourait aussi, dans une nouvelle forme de combativité grâce à laquelle Corneille animait la scène. Les jeux du verbe et de l’esprit, destinés à rabaisser l’adversaire comme dans un contexte comique et dont le poète souligne la présence dans la tragédie de Sertorius, se substituent-ils à une force manquante ou révèlent-ils sa réalité ? Sertorius n’est cependant pas le seul à les pratiquer, comme nous allons le voir. Dans ce contexte grave de la tragédie, le sentiment, chez les spectateurs les plus capables de se distancier de l’action représentée, d’avoir disposé d’éléments de comédie mais d’avoir seulement frôlé le genre, semble de nature à avoir créé chez eux, non le rire, mais un certain agréable « amusement4 », au sens classique du terme.
Le personnage de Sertorius : la fabrique ludique d’un paradoxe dramaturgique
5Dans la tragédie où l’action est portée par des personnages de rang élevé, le héros noble est généralement présenté comme admirable, jeune, fort et viril, et par là attirant. Toutefois, cette image semble bien pâlie dans le Sertorius de Corneille où l’aspect physique du héros éponyme laisse à désirer, cédant la place à un dynamisme d’un nouveau type.
6D’apparence faible, un homme vieux semble, d’une part être interdit d’héroïsme et appelé à figurer parmi les personnages de comédie, d’autre part être dépourvu de sentiments amoureux ; or Corneille n’était nullement tenu par la vraisemblance historique de présenter un tel Sertorius.
7Dans la réalité, au moment des faits évoqués, le personnage avait quarante-neuf ans. Pour l’époque, il s’agissait d’un âge avancé, mais la source historique à laquelle Corneille renvoie concernant Sertorius, les Vies parallèles de Plutarque, bien connues depuis leur traduction par Jacques Amyot (rééditée en 1620), n’insiste guère sur l’âge du général romain au moment de son assassinat par Perpenna. La seule évocation de son aspect physique, dans le chapitre xvii, « Caractère de Sertorius », laisse même du héros romain choisi par Corneille une image vigoureuse :
Sertorius […] lors se trouvoit en la fleur de son aage plein de vigoureux esprits, oultre ce que de nature il avait le corps merveilleusement bien composé pour la force, légereté et sobrieté : car il n’estoit aucunement subject à sa bouche, ny ne beuvait jamais outre mesure, non pas mesme quand il estoit hors d’affaires en plein repos : car il s’estoit accoutumé de jeunesse à supporter de grands travaux, faire de longues traittes, passer plusieurs jours et nuicts de reng sans dormir ; […] et quand il se trouvoit de loisir, il estoit sans cesse à cheval à chasser et courir çà et là parmi les champs5 […]
8Dans cette pièce, Corneille joue avec l’ironie en accentuant la contradiction que constitue la position de héros romain et son irrémédiable état de vieillesse. Divers moyens sont mis en œuvre pour souligner les « défauts » physiques de Sertorius susceptibles d’altérer cette image flatteuse du grand guerrier qu’il est. L’âge de Sertorius est comparé avec celui, bien moindre, de Perpenna, dont il n’a pas la noblesse, et de Pompée, un guerrier et homme politique plus prometteur. Aussi Pompée n’hésite-t-il pas à rappeler implicitement à Sertorius sa vieillesse en faisant sonner sa propre jeunesse (III, 1, v. 771-772) :
Je suis jeune et guerrier, et tant de fois vainqueur,
Que mon trop de fortune a pu m’enfler le cœur6 ;
9L’adjectif « jeune » placé sous l’accent en début de vers met bien en valeur la vigueur de Pompée et vise à dévaloriser son rival. Pompée ne cesse de clamer sa jeunesse en se comparant implicitement aux deux vieux chefs, Sertorius et Sylla. En réalité, il incrimine implicitement l’âge de Sertorius en évoquant celui de Sylla (III, 2, v. 1039-1040) :
Sylla n’a que son temps, il est vieil et cassé :
Son règne passera, s’il n’est déjà passé ;
10Gare à la vieillesse et à la mort, qui s’approchent à grands pas (v. 1077-1078) :
Ayez plus de courage et moins d’impatience :
Souffrez que Sylla meure, ou quitte sa puissance…
11En amour, Sertorius semble également conscient du charme qu’exerce le jeune Pompée sur sa prétendante Aristie à qui il déclare avec l’apparence du désespoir (I, 3, v. 273-278) :
En vain donc je me flatte ; en vain j’ose, Madame,
Promettre à mon espoir quelque part en votre âme :
Pompée en est encor l’unique souverain.
Tous vos ressentiments n’offrent que votre main ;
Et quand par ses refus j’aurai droit d’y prétendre,
Le cœur, toujours à lui, ne voudra pas se rendre.
12Corneille prête à son héros une conscience des ravages du temps. Sertorius aime, certes, mais il avoue avoir honte d’aimer à son âge (I, 2, v. 179-182) :
J’aime ailleurs. À mon âge il sied si mal d’aimer,
Que je le cache même à qui m’a su charmer ;
Mais tel que je puis être, on m’aime, ou pour mieux dire,
La Reine Viriate à mon hymen aspire :
13Par malheur, Sertorius aime Viriate, avec la violence triste d’un amour d’arrière-saison (IV, 1, v. 1195-1198) :
J’aime, et peut-être plus qu’on n’a jamais aimé ;
Malgré mon âge et moi, mon cœur s’est enflammé.
J’ai cru pouvoir me vaincre et toute mon adresse
Dans mes plus grands efforts m’a fait voire ma faiblesse.
14Toutefois dans une approche dramatique contraire à celle du vieillard libidineux de la comédie, cette conscience « obsessionnelle » de Sertorius, son aveu de vieillesse et la honte de son état de faiblesse amoureuse (IV, 2 : « J’ai cru honteux d’aimer quand on n’est plus aimable : / J’ai voulu m’en défendre à voir mes cheveux gris ») servent à lui épargner le ridicule et appuient son image glorieuse de héros tragique, lucide sur ses limites et dépassé par ses passions. Le génie de Corneille consiste ici en sa capacité de jouer avec les règles, de frôler le comique tout en préservant autant que possible l’aspect grandiose du théâtre tragique.
15Curieusement, et au fil de la pièce, l’agréable co-jouissance avec celui qui transforme une faiblesse en force nous a paru reculer au profit d’un sourire infériorisant à l’encontre de notre héros dont la grâce se révélait contestée par certains personnages. Thamire, dame d’honneur de la reine, présente cruellement Sertorius comme un homme disgracieux et dépourvu de tout charme (II, 1, v. 395-400) :
Madame, en ce héros tout est illustre et grand ;
Mais à parler sans fard, votre amour me surprend.
Il est assez nouveau qu’un homme de son âge
Ait des charmes si forts pour un jeune courage,
Et que d’un front ridé les replis jaunissants
Trouvent l’heureux secret de captiver les sens.
16Étonnante description de la laideur physique d’un héros tragique au visage ridé et au teint cireux ! Les réflexions dépréciatives de Thamire ne s’arrêtent pas là, et la dame d’honneur rappelle à la reine que la mort de son illustre prétendant est imminente (II, 1, v. 463-465) :
Mais enfin ce héros, sujet au cours des ans,
A trop longtemps vaincu pour vaincre encor longtemps,
Et sa mort…
17La réponse de la reine, qui valide cette perception, peut étonner (v. 465-468) :
Jouissons, en dépit de l’envie,
Des restes glorieux de son illustre vie :
Sa mort me laissera pour ma protection
La splendeur de son ombre et l’éclat de son nom.
18Perpenna, l’ultime rival de Sertorius, ne semble pas moins cruel à son tour en déclarant à la reine, après l’assassinat de ce dernier, qu’il s’agissait bel et bien d’un « mauvais » choix d’époux, pour une reine jeune (V, 4, v. 1705-1706) :
C’était un grand guerrier, mais dont le sang ni l’âge
Ne pouvaient avec vous faire un digne assemblage ;
19Selon lui, la reine est « éblouie » uniquement par le « titre et […] l’emploi » (v. 1711), mais guère par l’aspect physique de Sertorius.
20Corneille ajoute aux caractéristiques physiques du grand âge le caractère fluctuant et irrésolu de Sertorius qui pourrait apparenter encore davantage le héros cornélien aux vieillards amoureux de la comédie. D’Aubignac y voit une occasion de s’indigner de « la faiblesse » du général romain – avouée par le héros dans les vers 1197-1198 : « J’ai cru pouvoir me vaincre et toute mon adresse / Dans mes plus grands efforts m’a fait voir ma faiblesse ». L’abbé juge cette faiblesse indigne d’une pièce tragique :
[…] Sertorius surmonte son amour par son amitié, & fait ceder les tendresses de son cœur aux obligations de sa fortune. Il agit en faveur de son Inferieur & son Rival, c’estoit assez pour faire une Comedie7…
21De fait, ce vieillard amoureux se rapproche bien de la figure généralement ridiculisée dans les genres comiques. Depuis Horace, il était convenu de marquer les mœurs de chaque âge et de donner aux caractères, changeant avec les années, les traits qui leur conviennent, en se gardant toujours de « donner à un jeune homme le rôle d’un vieillard, à un enfant celui d’un homme fait8 ». Et comme l’amour est le propre de la jeunesse, tout vieillard amoureux sortira forcément du lot en s’écartant de son caractère habituel et paraîtra ainsi ridicule aux yeux des spectateurs. Ce type « comique » tient son ridicule, en effet, d’« […] une forme de disconvenance ou, pour le dire autrement, à un manquement à ce que La Mesnardière nomme la vraisemblance ordinaire, et qui touche notamment les caractères en tant qu’ils agissent selon leur condition, leur âge, leur nation ou leur fortune9 ».
22Selon les goûts de D’Aubignac, Sertorius, ce personnage très indécis et peu exaltant, s’écarte du caractère classique du héros tragique, du fait qu’il n’est pas en proie aux « contradictions intérieures poussées de tant de nobles emportemens opposés et de tant de genereuses irrésolutions ». L’abbé ajoute :
Sertorius pourroit estre en doute s’il doit aimer à son age, s’il doit servir une Etrangere, s’il doit preferer cet amour aux avantages de la fortune, s’il doit prier pour Perpenna, s’il doit preferer les devoirs de son amitié aux tendresses de l’amour10.
23Curieuse invention de Corneille ? Caprice d’un génie qui se plaît à jouer avec la norme ? Le poète semble ici jouer à contrer les attentes sans endommager l’image de son héros. En effet, on lit chez Plutarque, au chapitre iv de La vie de Sertorius, qu’il
[…] feit de merveilleuses armes de sa propre main, sans s’espargner aux plus dangereuses meslées, tellement qu’à la fin il y perdit un œil qui luy fut crevé en combatant : dequoy tant s’en fault qu’il eust honte, que au contraire il s’en glorifioit ordinairement. Car les autres, disoit-il, ne portent pas tousjours quand et eulx les marques et tesmoignages de leurs prouesses, ains les laissent quelquefois à la maison comme les chaisnes, carquans, javelines et couronnes11 […].
24Ne peut-on considérer qu’à l’instar de Sertorius lui-même, qui transforme sa laideur en beauté, Corneille s’est plu à démontrer que, par une opération de l’esprit des meilleurs, spectateurs comme personnages, ce personnage éponyme pouvait être considéré de manière tout à fait opposée à la plus commune ? Ce sont les personnages féminins qui imposent cette seconde vision du général romain mais aussi le comportement du dramaturge lui-même.
Conférer à un vieillard nubile la dignité tragique : un tour de magie verbale
25La réalité d’un personnage a peut-être au théâtre moins d’importance que la manière dont il parle des autres et dont on parle de lui. C’est là que Corneille se révèle magicien par le verbe.
26La reine de Lusitanie et la Romaine Aristie se disent toutes deux non pas amoureuses de Sertorius mais désireuses de l’épouser. Corneille crée là de toutes pièces une situation piquante puisque Viriate n’a aucune existence historique et que la relation du général romain avec l’épouse répudiée de Pompée est également le fruit de son imagination. Le poète transforme sous nos yeux le handicap du héros en un avantage car, à l’âge qui est le sien, être admiré et recherché de deux femmes célèbres relève d’une sorte de tour de force.
27Pourquoi et comment, se demande Bénédicte Louvat,
[…] un type qui est ridicule dans la comédie – et dans la vie dont elle est l’image […] – et qui, en tant que tel, n’a pas a priori sa place en tragédie, non seulement trouve à exister chez Corneille mais encore et surtout parvient à émouvoir, à toucher, voire à susciter l’admiration12 ?
28D’abord Corneille a défendu son vieillard amoureux et l’a mis à couvert du ridicule en concevant pour lui une façon convenable de « faire l’amour » en vieillard et non en jeune homme. Ainsi Sertorius peut malgré son âge prétendre à être aimé pour son grade militaire ou pour sa richesse dans la mesure où, comme Corneille, il pense qu’une femme ne peut l’aimer que par intérêt pour « l’ambition du rang » :
C’est le propre d’un jeune homme d’être amoureux et non pas d’un vieillard, cela n’empêche pas qu’un vieillard ne le devienne ; les exemples en sont assez souvent devant nos yeux ; mais il passerait pour fou s’il voulait faire l’amour en jeune homme, et s’il prétendait se faire aimer par les bonnes qualités de sa personne. Il peut espérer qu’on l’écoutera, mais cette espérance doit être fondée sur son bien, ou sur sa qualité, et non pas sur ses mérites ; et ses prétentions ne peuvent être raisonnables, s’il ne croit avoir affaire à une âme assez intéressée, pour déférer tout à l’éclat des richesses, ou à l’ambition du rang13.
29Sertorius n’a rien d’un naïf. La conscience qu’il manifeste de sa propre vieillesse, et qu’on a signalée plus haut, semble déjà neutraliser son ridicule. Surtout, la lucidité prêtée au général romain ne se limite pas à l’obstacle que son âge crée à l’amour : il sait aussi que les motivations de Viriate d’une part, d’Aristie de l’autre, excluant la considération de l’âge, sont d’une nature bien différente d’un tel sentiment. Ainsi perçoit-il le comportement de la reine Viriate à son égard (I, 1, v. 182-184) :
La Reine Viriate à mon hymen aspire :
Elle veut que ce choix de son ambition14
De son peuple avec nous commence l’union
30Il n’entretient aucune illusion non plus sur les sentiments d’Aristie à son endroit (I, 3, v. 272-273) :
Et quand par ses refus j’aurai droit d’y prétendre,
Le cœur, toujours à lui, ne voudra pas se rendre.
31Le général romain ne s’aveugle pas davantage sur la marge de liberté dont lui-même dispose pour son choix et, s’il ne cède pas plus vite à son inclination pour Viriate, c’est par « politique », parce qu’il lui faut se ménager des alliés dans les forces romaines, comme il l’énonce aux vers 370-372, dès qu’Aristie a tourné les talons :
Que c’est un sort cruel d’aimer par politique !
Et que ses intérêts sont d’étranges malheurs,
S’ils font donner la main quand le cœur est ailleurs !
32Sertorius qui, selon l’histoire, tirait bénéfice d’une disgrâce physique, s’entend chez Corneille à faire une force de son âge, qui rend patient. En effet, il manifeste, devant Viriate même, une étonnante absence de hâte (III, 2, v. 1388) : « Soyons heureux plus tard pour l’être plus longtemps ». N’est-ce pas parce qu’il discerne bien que Viriate a besoin de lui et de son talent de chef de guerre ?
33Sa propre attitude lui assurant déjà une belle dignité, Sertorius se trouve également valorisé par les deux héroïnes dans la mesure où elles ne cherchent nullement à le leurrer. Corneille l’énonce clairement dans une lettre à l’abbé de Pure :
Mes héroïnes ont le même caractère de vouloir épouser par ambition un homme pour qui elles n’ont aucun amour, et le dire à lui-même, et toutefois je crois que cette ressemblance se trouve si diversifiée par la manière de l’exprimer, que beaucoup ne l’y apercevront pas. Elles s’offrent toutes les deux à lui sans blesser la pudeur du sexe, ni démentir la fierté de leur rang15.
34La jeune Romaine lui déclare solennellement qu’« […] en cet hymen l’amour n’a point de part » (v. 328) et « Qu’il n’est qu’un pur effet de noble politique » (v. 329) , de même que la reine Viriate n’est pas tendre envers le vieux général, à qui elle avoue froidement qu’elle n’est point amoureuse et qu’elle agit par pur intérêt au moment même où elle essaye d’arracher son accord : « Vous savez que l’amour n’est pas ce qui me presse » (v. 1390), ou « Je ne veux point d’amant mais je veux un époux » (v. 1288). Ce faisant, Corneille s’amuse à renverser le schéma traditionnel de la tragédie où les élans amoureux sont l’affaire des femmes et où les héros sont plutôt préoccupés par la politique et les intérêts de l’État. Sertorius, ce grand général, malgré sa circonspection, semble par moments plus sensible aux élans du cœur que ses deux jeunes prétendantes16. Il n’y cède pas pour autant.
35Alors que Sertorius propose à Perpenna « Si donc je vous offrais pour époux un Romain ? », la reine n’a même pas envisagé pour elle ce guerrier plus jeune, ce qui est flatteur pour Sertorius. Son exigence : « Je veux bien un Romain, mais je veux qu’il commande ; » (II, 2, v. 526) fonctionne comme un éloge du héros éponyme. Dans la scène 1 de l’acte III, Viriate le désigne deux fois, relayée par Thamire en deux autres occurrences, par l’expression « ce héros ». Sertorius, qu’à ses yeux ses exploits militaires rattachent à l’aristocratie (v. 444 : « ce noble fugitif »), est présenté par elle comme tout puissant contre l’ennemi de la Lusitanie, Rome. En lui, elle voit le « front » (v. 408), le « bras » (v. 409), un homme exceptionnel, capable d’influer sur les dieux eux-mêmes (v. 421-424) :
Rome seule aujourd’hui peut résister à Rome :
Il faut pour la braver qu’elle nous prête un homme,
Et que son propre sang en faveur de ces lieux
Balance les destins et partage les dieux.
36À côté, les considérations d’âge, apparaissent comme parfaitement négligeables. Le décalage entre les réflexions terre-à-terre de Thamire, qui pointe du doigt la vieillesse du général, et les hautes aspirations politiques de la reine est notable. Si l’attirance vers un homme telle que la définit la dame d’honneur prend essentiellement en compte les qualités physiques et sensuelles, celle de la reine – moins passionnelle – semble aller bien au-delà du visage (v. 405-406) :
J’aime en Sertorius ce grand art de la guerre
Qui soutient un banni contre toute la terre ;
37Sertorius a des « charmes éclatants » (v. 411) – le qualificatif s’applique d’habitude aux jeunes gens – parce qu’il dirige de vastes mouvements d’armées et à cause de sa magnifique solitude. La finesse d’esprit de la reine – celle aussi de Corneille – va jusqu’à présenter d’une manière positive les parties du corps moquées par Thamire (les cheveux et le front) et à les valoriser pour faire un portrait glorieux de Sertorius. Viriate ne voit que le brillant de la gloire du général romain et sa vertu, car la blancheur des cheveux resplendit, associée au vert de la couronne de lauriers (v. 407-408) :
J’aime en lui ces cheveux tous couverts des lauriers,
Ce front qui fait trembler les plus braves guerriers
38Les cheveux blancs, déjà peu considérés car « l’amour de la vertu n’a jamais d’yeux pour l’âge » (v. 410), perdent leur couleur symbolique dès l’instant que les lauriers leur confèrent un inégalable éclat. Toutes les objections du vulgaire sont écartées d’un revers de parole par une assertion comme « Et quiconque peut tout est aimable en tout temps ».
39Si la reine fait preuve d’une notable subtilité de jugement, elle ne paraît pas moins habile dans son jeu de séduction ni dans sa technique de manipulation du vieux général.
Les personnages joueurs : manipulation et ironie
40Dans cette tragédie, plusieurs personnages se livrent au jeu d’adresse, à des tours d’esprit et à l’ironie. Nous pourrions bien dire que la reine Viriate joue et qu’elle joue parfaitement, car « on dit, qu’un homme joüe bien son jeu, quand il sçait bien dissimuler, ou qu’il se comporte adroitement en quelque affaire17 ».
41Dans cette affaire du mariage, la reine joue des sentiments de Sertorius. En effet, alors qu’elle négocie depuis longtemps pour lui faire accepter leur union, et qu’elle sait, comme elle le dit à Thamire, que le général romain l’« aime au fond de l’âme » (v. 674), elle feint dans la grande scène 2 de l’acte IV la colère et l’indignation face à l’offre que celui-ci lui fait de son subalterne, pour ensuite faire semblant, in fine, de lui obéir et d’accepter son offre et « Dès ce même moment » (v. 1227). Elle insiste même sur l’urgence du mariage proposé (v. 1228-1230) :
Ce n’est pas obéir qu’obéir lentement ;
Et quand l’obéissance a de l’exactitude,
Elle voit que sa gloire est dans la promptitude.
42La ruse de la reine, qui consiste à exiger une exécution immédiate de ses vœux, et son adresse manœuvrière troublent le grand général ; aussitôt, il avoue sa jalousie et déclare ne pas pouvoir supporter la « […] voir entre les bras d’un autre. » (v. 1258). Malice de femme : quoi de plus subtil pour provoquer la jalousie d’un homme amoureux et d’arracher son aveu que de feindre d’en favoriser un autre ? L’indomptable et impérieuse reine se veut bon stratège ; elle agit vite, et joue la candide pour contraindre le Chef à avouer son amour (v. 1254-1255) :
L’hymen où je m’apprête est pour vous une gêne !
Vous m’en parlez enfin comme si vous m’aimiez !
43Pourtant, parlant de l’« amour » qu’elle ressentirait elle-même, elle en marque énergiquement les limites, précisant que, ni sensuel, ni émotif, il est juste, rationnel, et intéressé (v. 1283-1290) :
Je vais vous obéir,
Mais je ne sais que c’est d’aimer ni de haïr ;
Et la part que tantôt vous aviez dans mon âme
Fut un don de ma gloire, et non pas de ma flamme.
Je n’en ai point pour lui, je n’en eus point pour vous :
Je ne veux point d’amant, mais je veux un époux ;
Mais je veux un héros, qui par son hyménée
Sache élever si haut le trône où je suis née,
44Thamire ne se montre pas moins joueuse, dans la première scène de l’acte IV, face aux soupirs amoureux du général romain à qui elle déclare ironiquement : « […] quand un Romain, quand un héros soupire, / Nous n’entendons pas bien ce qu’un soupir veut dire ; » (v. 1185). Tout comme sa maîtresse, la jeune femme se plaît à arracher l’aveu du discret général en feignant de ne pas pouvoir déchiffrer ses sentiments (v. 1190-1192) :
L’amour par un soupir quelquefois se déclare ;
Mais la gloire, qui fait toutes vos passions,
Vous met trop au-dessus de ces impressions :
45De son côté, Aristie n’envisage de se faire épouser par Sertorius que pour exciter la jalousie de Pompée, lui faire abandonner Émilie, la femme que Sylla lui a imposée, et ainsi le ramener avec ses soldats dans le camp des républicains. Elle n’hésite même pas à énoncer son chantage devant son ex-époux (III, 2, v. 1024-1032) :
Fiers enfants de l’honneur, nobles emportements ;
C’est vous que je veux croire ; et Pompée infidèle
Ne saurait plus souffrir que ma haine chancelle :
Il l’affermit pour moi. Venez, Sertorius ;
Il me rend toute à vous par ce muet refus.
Donnons ce grand témoin à ce grand hyménée ;
Son âme, toute ailleurs, n’en sera point gênée :
Il le verra sans peine, et cette dureté
Passera chez Sylla pour magnanimité.
46Outre la manipulation, la blessure verbale peut aussi tester son efficacité. Elle se pratique, elle aussi, comme un jeu et suppose une grande vivacité d’esprit.
47Entre Pompée et Sertorius, dans la fameuse entrevue qui constitue la scène 1 de l’acte III, les expressions piquantes ne manquent pas pour déstabiliser l’autre et l’amener dans son camp. Ainsi Sertorius n’hésite pas à dénoncer ouvertement en Pompée, et face à lui-même, une faible expérience en matière de guerre, contrepartie de sa jeunesse (v. 801-802) :
Si mon expérience en prend quelque avantage,
Le grand art de la guerre attend quelquefois l’âge ;
48Le grand général parle orgueilleusement en maître et met le jeune Pompée dans la situation d’un disciple novice qui a encore beaucoup à apprendre de son exemple (v. 803-806) :
Le temps y fait beaucoup ; et de mes actions
S’il vous a plu tirer quelques instructions,
Mes exemples un jour ayant fait place aux vôtres,
Ce que je vous apprends, vous l’apprendrez à d’autres ;
49Et Pompée de lui répondre, avec une humilité apparente : « Je vois ce qu’il faut faire, à voir ce que vous faites : » (v. 777). Si le dialogue entre les deux généraux commence par les civilités coutumières, il ne tarde pas toutefois à provoquer l’irritation de part et d’autre. Les expressions « pointilleuses » se multiplient dans leur échange : Sertorius reproche à Pompée de se comporter comme un esclave ; il ne manque pas de dénoncer sa soumission à Sylla, bien qu’il prétende veiller au rétablissement du régime républicain : « Mais cependant18, Seigneur, vous servez comme un autre ; » (v. 870). Surtout, le vieux général lui assène la dure vérité qu’il fait en réalité son apprentissage de la tyrannie (v. 873-876) :
Nous craignons votre exemple, et doutons si dans Rome
Il n’instruit point le peuple à prendre loi d’un homme ;
Et si votre valeur, sous le pouvoir d’autrui,
Ne sème point pour vous lorsqu’elle agit pour lui.
50Agacé, Pompée entend répondre aux provocations de Sertorius et lui énonce une « vérité » à son tour, selon laquelle, ce représentant du parti républicain ne serait pas moins tyran que Sylla (v. 893-896) ; l’ironie consiste ici en la démystification :
Ne vit-on pas ici sous les ordres d’un homme ?
N’y commandez-vous pas comme Sylla dans Rome ?
Du nom de dictateur, du nom de général,
Qu’importe, si des deux le pouvoir est égal ?
51Cependant là encore, Sertorius se révèle d’une extrême agilité verbale, qui dément son âge avancé, et il rectifie bien vite la vision que Pompée propose de la situation. Tout en peignant avec politesse et exactitude la manière dont il se comporte avec ses hommes, il dénonce les crimes de la dictature, avec laquelle le jeune général collabore (v. 905-910) :
Vous pourriez […]
[…] me faire ressembler un peu moins à Sylla.
Si je commande ici, le sénat me l’ordonne ;
Mes ordres n’ont encore assassiné personne.
Je n’ai pour ennemis que ceux du bien commun ;
Je leur fais bonne guerre, et n’en proscris pas un.
C’est un asile ouvert que mon pouvoir suprême ;
Et si l’on m’obéit, ce n’est qu’autant qu’on m’aime.
52Selon Corneille, de tels dialogues ne servent pas seulement à pimenter la pièce, mais également à attiser le plaisir du spectateur et ils participent eux aussi à l’animation qui pourrait manquer à Sertorius, vu son grand âge :
Les vers de ceux-ci […] semblent bien aussi forts et plus pointilleux, ce qui aide souvent au théâtre où les picoteries soutiennent et réveillent l’attention de l’auditeur19.
53L’échange entre Viriate et Sertorius n’est pas non plus exempt d’ironie et évite toute mièvrerie au discours des deux « amants » : quand Viriate reprend pour les retourner contre Sertorius les arguments qu’il a prononcés en faveur de Perpenna, en alléguant son ascendance royale, le vieux général est assez vif pour montrer dans le vers 1242 qu’il n’a pas oublié non plus le vers 526 prononcé par la reine, « Je veux bien un Romain, mais je veux qu’il commande », en proposant de se démettre de sa charge pour la laisser à son subordonné.
54Aristie et Viriate, mues par une jalousie réciproque autour de la personne de Sertorius, ce qui honore ce dernier, adoptent à l’occasion le même style « pointilleux » dans la scène d’ouverture de l’acte V, qui les réunit pour la première fois. La vivacité intellectuelle et verbale de Sertorius semble se répercuter sur les autres personnages et les deux rivales se lancent mutuellement des brocards. En effet, Aristie, qui prétend épouser Sertorius, feint de « n’avoir pas dessein » d’être la rivale de la reine de Lusitanie car il semble impossible que celle-ci ait pu oublier le double obstacle, apparemment escamoté, que constituent d’une part l’infériorité sociale de son « illustre » prétendant, dépourvu de toute noblesse, d’autre part l’impossibilité pour un Romain, dont la nation a les couronnes en horreur depuis la chute de Tarquin le Superbe, d’épouser une reine (V, 1, v. 1555-1560) :
Et n’ai point dû prévoir, ni que vers un Romain
Une Reine jamais daignât pencher sa main,
Ni qu’un héros, dont l’âme a paru si romaine,
Démentît ce grand nom par l’hymen d’une Reine.
J’ai cru dans sa naissance et votre dignité
Pareille aversion et contraire fierté.
55Manière subtile de ramener Viriate au réel. De son côté, la reine de Lusitanie ne manque pas d’humilier Aristie en l’incluant dans les troupes de Pompée afin de rappeler que les exploits réalisés en sa propre faveur par Sertorius ont mis les partisans de Sylla, dont est objectivement sa rivale, en fâcheuse posture (v. 1593-1594) :
[…] enfin il a poussé nos armes fortunées
Jusques à vous réduire au pied des Pyrénées.
56Notre dramaturge lui-même semble pratiquer l’ironie à l’égard des doctes, puisque le plaisir, règle suprême, fait toujours vibrer son théâtre. Il assume son audace. Dans son adresse Au lecteur de Sertorius, Corneille justifie la légèreté des intrigues amoureuses et une certaine « imprudence » dans les péripéties, telle la scène de conférence imaginaire entre Pompée et Sertorius, par la seule règle du plaisir :
Si vous ne voulez la pardonner à l’impatience qu’il avait de voir sa femme dont je la fais encore si passionnée, et à la peur qu’elle ne prît un autre mari, faute de savoir ses intentions pour elle, vous la pardonnerez au plaisir qu’on a pris à cette conférence, que quelques-uns des premiers de la Cour, ont estimé autant qu’une pièce entière. Vous n’en serez pas désavoué par Aristote, qui souffre qu’on mette quelquefois des choses sans raison sur le théâtre, quand il y a apparence qu’elles seront bien reçues, et qu’on a lieu d’espérer que les avantages que le poème en tirera pourront mériter cette grâce20.
57Ainsi, dans cette pièce douce-amère mais constellée de saillies jusqu’à l’assassinat, Corneille ne cesse de défier les doctes en créant des personnages un peu étrangers au genre tragique21, et différents de ceux qu’avait conçus Aristote. L’originalité de notre dramaturge consiste en sa capacité à jouer avec les règles de l’art dramatique et à en créer à sa manière et selon ses envies, mêlant ainsi le tragique à l’amusant, ou, pour mieux dire, donnant au sérieux une teinture de « plaisant », et multipliant entre personnages les petits incidents qui risquent de trouver une grande résonance. Le jeu cornélien se veut parfois purement verbal (métaphores, ironie, raillerie, antiphrase, langage précieux), mais il touche, par moments, l’action elle-même : Corneille crée et / ou adapte des personnages de toutes pièces (Viriate et Aristie) et il multiplie les rebondissements amoureux susceptibles d’effets historiques considérables.
58Le plaisir apporté au spectateur par l’ironie est notable : outre la création d’une complicité non seulement avec le personnage qui la pratique mais avec le dramaturge, l’ironie remplit une fonction libératrice pour le poète lui-même en lui permettant de revêtir un masque face à ses détracteurs. Corneille a su merveilleusement combiner héroïsme et ironie, surprise et sublime, sérieux et facétieux.
59Le génie cornélien consiste ainsi à manipuler à merveille les frontières des genres, à glisser un sourire là où on est censé s’émouvoir, à faire frôler le ridicule par un personnage attendu comme admirable, à humaniser ces demi-dieux de la tragédie en leur redonnant leurs caractéristiques et leurs faiblesses humaines et en nous permettant même de sourire à leurs dépens ; mais en même temps, il confère au héros en péril un indéniable prestige. Dans Sertorius,
La comédie humaine, et la plus familière, se glisse sous la tragédie et la soutient. Les vrais tragiques n’ont jamais pensé qu’il fût interdit de sourire au spectacle instructif des faiblesses humaines, spontanées ou imposées par les circonstances22.
60Armé d’ironie, notre dramaturge s’amuse à braver les limites et impose sa propre et nouvelle conception du texte tragique, démarche admirablement évoquée par Nina Ekstein :
[…] il est question d’un écart là où on se serait attendu à une continuité sans heurt. L’ironie vient non pas du fait que Corneille s’oppose à une telle ou telle autorité, mais qu’il fait mouvoir les frontières créées par cette opposition, déstabilisant et mettant en question sa propre position, attaquant une autorité en se garantissant par une alliance avec une autre, se défendant de même23.
1 Dictionnaire Universel, édition de 1727, revue et augmentée par Henri Basnage de Beauval & Jean-Baptiste Brutel de La Rivière.
2 Voir l’introduction générale à ce volume.
3 Sauf exception notable, comme Œdipe dans l’Œdipe à Colonne de Sophocle.
4 « L’amusement est aussi une espèce de tromperie que font ceux qui, pour gagner du temps, font de belles promesses, qui donnent de belles espérances » (Dictionnaire Universel, 1690).
5 Œuvres de Plutarque, tome cinquième, Les Vies des hommes illustres, traduites du grec par Jacques Amyot, [1559], Paris, J.-B. Cussac, 1785, p. 419.
6 Nous citons le texte de Corneille dans l’édition d’A. Stegmann (Corneille, Œuvres complètes, Paris, Éditions du Seuil, 1963, désignée plus loin par OC).
7 François Hédelin, abbé d’Aubignac, Deux dissertations concernant le poème dramatique, en forme de remarques sur deux tragédies de M. Corneille intitulées SOPHONISBE & SERTORIUS : envoyées à Madame la duchesse de R*, Paris, J. Du Brueil, 1663, p. 43.
8 Art poétique, v. 156-157 et v. 176-177, édition et traduction par François Villeneuve, Paris, Les Belles Lettres, 1941, p. 210-211.
9 Bénédicte Louvat-Molozay, « Le vieillard amoureux, de la comédie à la tragédie », dans Héros ou personnages ? Le personnel du théâtre de Pierre Corneille, dir. de Myriam Dufour-Maître, Mont-Saint-Aignan, PURH, 2013, p. 53.
10 François Hédelin, abbé d’Aubignac, Deux dissertations […], éd. citée, p. 49.
11 Œuvres de Plutarque, tome cinquième, Les Vies des hommes illustres, traduites du grec par Jacques Amyot, édition citée, p. 398.
12 Bénédicte Louvat-Molozay, « Le vieillard amoureux, de la comédie à la tragédie », art. cité, p. 53.
13 Corneille, Discours de l’utilité et des parties du poème dramatique [1660], dans Trois Discours sur le poème dramatique, éd. Bénédicte Louvat et Marc Escola, Paris, GF-Flammarion, 1999, p. 81-82.
14 Nos italiques.
15 Pierre Corneille, « Lettre à l’abbé de Pure, à Rouen ce 3 de novembre 1661 », dans OC, p. 861.
16 « sertorius / On a peine à haïr ce qu’on a bien aimé, / Et le feu mal éteint est bientôt rallumé. » (I, 2, v. 263-265).
17 Dictionnaire de l’Académie Française, 1694.
18 Au sens, classique, de « en attendant ».
19 Pierre Corneille, « Lettre à l’abbé de Pure, à Rouen ce 3 de novembre 1661 », dans OC, p. 861.
20 Corneille, Sertorius, dans OC, p. 621.
21 Non seulement Sertorius, mais les deux caractères féminins : « la nouveauté de ce caractère pourra ne déplaire pas si elle est bien soutenue par le reste de l’action », écrit-il à l’abbé de Pure (« Lettre à l’abbé de Pure, à Rouen ce 3 de novembre 1661 », dans OC, p. 861).
22 André Lebois, « Pour une reprise de Sertorius », Littératures, no 13, 1966, p. 56.
23 Nina Ekstein, « La pratique ironique de l’appel à l’autorité dans les péritextes du théâtre de Corneille », dans Pratiques de Corneille, Mont-Saint-Aignan, PURH, 2012, p. 402 Disponible en ligne : https://books.openedition.org/purh/10389, p. 3.
sous la direction de Liliane Picciola
© Publications numériques du CÉRÉdI, « Revue Corneille présent », n° 4, 2025
URL : https://publis-shs.univ-rouen.fr/ceredi/2135.html.
Quelques mots à propos de : Anissa Jaziri
Docteur ès Lettres
Université Paris Nanterre
