L’écriture féministe en collaboration et ses enjeux dans la formation d’une identité collective : l’exemple de Rivolta Femminile et de Carla Lonzi

Federica Doria


Texte intégral

Écriture politique et « résonance » dans les écrits de Rivolta Femminile

Incohérence. L’écriture est un acte public. On écrit pour s’exprimer et pour donner de la résonance, pour qu’une autre femme puisse s’exprimer et donner de la résonance. Toute autre façon d’écrire est une manifestation d’intégration culturelle. Si nous ne nous reconnaissons pas l’une l’autre, c’est l’homme qui est reconnu : sa culture est ainsi consolidée1.

1C’est ainsi que Carla Lonzi (1931-1982), critique d’art et écrivaine, l’une des principales figures du féminisme italien des années 1970 ainsi que la fondatrice du groupe politique autonome de Rivolta Femminile, s’exprime au sujet de l’écriture. D’après Lonzi, l’écriture donne de la résonance, à savoir elle crée, comme le souligne Francesco Ventrella, « un espace d’écoute », « l’écoute [étant] aussi liée à une pratique d’écriture authentique, une écriture permettant la reconnaissance de l’autre, dont la voix était restée silencieuse2 ». C’est à travers la reconnaissance réciproque que peut donc naître l’écriture, mais aussi la possibilité, pour les femmes, de devenir des sujets autonomes : écrire est ainsi un geste public et collectif ainsi que le premier moment de la prise de conscience politique.

2Dans cet article, nous nous proposons d’analyser les pratiques d’écriture en collaboration du groupe militant féministe italien de Rivolta Femminile à travers un corpus de textes à caractère politique, à savoir le « Manifeste » du groupe (1970)3, quelques textes extraits de Sputiamo su Hegel (Nous crachons sur Hegel), écrits entre 1970 et 1972 et publiés en 1974 dans la maison d’édition de Rivolta Femminile et récemment traduits en français, ainsi que des écrits signés collectivement : È già politica4 (1977) et La presenza dell’uomo nel femminismo (1978). Le journal de Lonzi, Taci anzi parla. Diario di una femminista (1978)5 constituera un support historique et critique fondamental pour la lecture et l’interprétation de notre corpus d’analyse.

3En reprenant la tradition critique féministe, en particulier la pensée de la différence sexuelle dont Lonzi est l’une des principales théoriciennes en Italie, il sera question de comprendre dans quelle mesure l’écriture en collaboration des femmes de Rivolta Femminile s’avère performative, c’est-à-dire si elle favorise la prise de conscience et la formation d’une identité politique collective, d’un « nouveau sujet collectif6 ». Le choix politique d’une signature multiple permet, en effet, au groupe de critiquer et de déconstruire la notion d’un auteur considéré comme « une unité première, solide et fondamentale7 », interprétée par les féministes de Rivolta Femminile comme une manifestation du pouvoir masculin patriarcal. Par conséquent, le choix de la signature collective, pratiquée de manière consciente à une époque où d’autres mouvements féministes préféraient l’anonymat, devient un acte politique en impliquant d’autres : le séparatisme politique, le refus de toute manifestation de la culture masculine, l’isolement presque total de la société, la révolte contre toute forme de domination, l’affirmation de la pluralité du sujet politique.

4Nous analyserons, tout d’abord, le choix de la monstration de la signature collective comme tentative de déconstruction de la notion d’auteur  tentative qui n’est pas sans rappeler les gestes accomplis, dans les mêmes années, par des écrivains comme Michel Foucault ou Roland Barthes. Nous nous pencherons, ensuite, sur la question de l’écriture collaborative comme étape fondamentale pour la formation d’un sujet politique collectif. Nous discuterons également les conséquences de ces choix et pratiques sur le parcours littéraire et politique de Lonzi.

5Notre objectif principal est de comprendre pourquoi Rivolta Femminile est l’un de rares groupes féministes de cette période à accorder une importance fondamentale à la circulation de la parole entre femmes et à l’écriture, conçue tout d’abord comme une possibilité d’un retour à soi, un outil d’analyse politique et un « vecteur de la libération8 » personnelle, sociale et politique.

6Comme l’écrit Carla Lonzi en 1978, dans son Diario di una femminista : « Écrire, s’exprimer pour soi, [c’est] rassembler toutes les bribes qu’on laissait ici et là et les reconnecter les unes aux autres, trouver une articulation des moments, une sorte de complétude9. »

Déconstruction de la notion d’auteur à travers la pratique de l’écriture féministe en collaboration : une « écriture de l’autoconscience10 »

7Dans quelle mesure la signature collective dans les écrits collaboratifs de Rivolta Femminile s’avère-t-elle une tentative de déconstruire la notion d’un auteur unique, universel, masculin et patriarcal, dans le but de créer un nouveau type de subjectivité féminine et féministe dans le texte ?

8Le groupe de Rivolta Femminile naît au printemps 1970, sa création officielle remontant au mois de juillet, mois de publication du premier « Manifeste ». L’écriture occupe, d’emblée, une place fondamentale dans le travail du groupe, car, comme l’affirme Carla Lonzi elle-même « le passage de la parole à l’écriture représente [le moment initial de la] prise de conscience de soi11 ». D’après la critique Giovanna Zapperi, le manifeste est l’« acte fondateur12 » du mouvement, le programme du texte coïncidant avec le geste même de la révolte contre le patriarcat et ses mythes. Avant d’être publié en volume en 1974 avec d’autres écrits de Lonzi, le texte est affiché dans les rues de Rome et de Milan où le collectif se réunit, discute et agit. Rivolta Femminile se forme autour de trois figures fondamentales : à part Lonzi, les fondatrices sont l’artiste Carla Accardi et la journaliste Elvira Banotti. Très tôt, pendant l’été 1970, intervient une première rupture : Banotti quitte le collectif et c’est un moment décisif dans l’orientation politique du groupe, « dans le choix de l’autoconscience, ou plus précisément [dans le] rapport entre l’autoconscience et l’écriture en tant que vecteur de libération13 ». C’est à partir de ce moment que le collectif commence également à opérer des choix politiques importants : le séparatisme (seulement des femmes sont acceptées dans les réunions), l’enfermement (la maison d’édition est le seul moyen de communiquer avec l’extérieur), la prise de distance du principe de l’égalité pour privilégier la différence14. Nous lisons dans le « Manifeste » : « La femme ne doit pas être définie par rapport à l’homme. Sur cette prise de conscience se fondent aussi bien notre lutte que notre liberté15. » Ou encore : « L’homme n’est pas le modèle auquel il faudrait conformer le processus de découverte de soi de la femme16. »

9Dans une lettre de 1975 envoyée à une journaliste et publiée dans la collection des « Libretti verdi » édités par Rivolta Femminile, Lonzi donne un aperçu des modalités de rédaction du manifeste :

Nous avons commencé ainsi, en nous réunissant et en exprimant librement en phrases synthétiques les premières réactions à la nouvelle de la reprise du féminisme dans le monde. […] La rédaction du manifeste nous occupa pendant tout le printemps : nous étions un groupe et quelques-unes d’entre nous restions ensemble du matin au soir17.

10L’écriture du manifeste constitue donc un geste d’auto-fondation naissant du dialogue entre les différentes protagonistes de l’expérience politique : les origines de Rivolta Femminile remontent aux réunions, à l’écriture collaborative, à l’expression libre à travers la parole créatrice. D’après Maria Luisa Boccia, écrivaine, féministe et critique littéraire, « le lien entre l’écriture et l’autoconscience est [en effet] une spécificité de Rivolta18 » que le groupe n’abandonnera jamais.

11La lettre se poursuit sur la définition du collectif, sur le récit de la rupture avec Elvira Banotti qui incarne l’autre aile du groupe et sur la revendication / affirmation de la vraie identité politique de Rivolta Femminile :

Nous avons ainsi commencé à nous apercevoir des différences qui existaient entre nous ; une fois le Manifeste publié, l’illusion initiale de l’unité était d’emblée détruite. Deux tendances sont alors apparues : l’une consistait à « s’accommoder du marxisme » et à s’engager dans l’action politique, l’autre recherchait la libération sur un plan personnel, en tant que prise de conscience. Nous, qui nous sommes appelées Rivolta Femminile, nous étions les porte-parole de cette deuxième tendance. […] Notre voie était l’authenticité, le chemin inattendu de la découverte et de la manifestation de nous-mêmes19.

12Rivolta Femminile déclare ainsi, dès ses origines, sa spécificité dans le panorama des mouvements féministes de son époque, se constituant comme un collectif séparatiste, antipolitique (recherchant la libération sur un plan personnel) et antimarxiste. En axant, en particulier, sa réflexion autour du travail d’introspection, de prise de conscience et de prise de distance de toutes les superstructures – ce qu’elles appelleront dans le « Manifeste », « les efforts acharnés de la culture [masculine]20 » –, le groupe considère l’écriture précisément comme l’aboutissement du parcours, à la fois subjectif et collectif, de l’autoconscience21. L’autoconscience est une pratique politique héritée du féminisme américain (le consciousness-raising22) impliquant l’écoute et le dialogue entre femmes : comme le suggère Giovanna Zapperi, c’est une « expérimentation collective23 », l’ouverture d’un « espace historique séparé24 » où affirmer une nouvelle « subjectivité féminine25 ». Ce travail « déclenche la conscience de soi entre femmes [et] c’est dans cette transition que surgit la possibilité de l’action créatrice féministe26 » et de la liberté.

13À travers cette écriture de l’autoconscience et l’usage de la signature collective, Rivolta Femminile professe ainsi, à l’instar du Mouvement de libération des femmes en France à la même époque, « le refus de l’usage du nom du père ou du mari dans une logique de désaliénation des femmes27 ». En effet, comme l’écrit Audrey Lasserre, la plupart des mouvements féministes privilégiait, dans cette époque exaltant, avec Foucault et Barthes, la mort de l’auteur, quatre options pour « témoigner d’une tentative de révolution de l’autorité28 » : l’anonymat, la signature collective, le prénonymat et le pseudonymat. Les femmes de Rivolta Femminile choisissent la signature collective, ce qui signifie le rejet total, de la part d’un sujet collectif, d’une culture et d’un pouvoir absolus d’une autre classe ou groupe, à savoir le patriarcat. Rivolta Femminile proclame dans « Sexualité féminine et avortement » : « Nous, les féministes, mettons un terme à cette conjuration du pouvoir masculin ; nous nous sauvons de la ruine complète29. »

Dire et écrire nous pour exister : création d’un sujet politique collectif

14Pourquoi le groupe de Rivolta Femminile choisit-il de privilégier la signature multiple en déconstruisant ainsi la notion d’auteur à travers la création d’un nous qui est à la fois mode d’existence d’un discours collectif, création d’un sujet politique et inscription de ce sujet, les femmes et/ou les féministes, dans l’Histoire ? Pour répondre à cette question, nous analyserons le rôle du pronom personnel de la première personne du pluriel dans les écrits du groupe et dans quelques écrits extraits de Nous crachons sur Hegel, signés personnellement par Carla Lonzi.

15Tout d’abord, le pronom nous représente le groupe et, plus généralement, le féminisme ; ce nous a, par ailleurs, le pouvoir performatif de créer un sujet collectif. En effet, d’après Roland Barthes, toute écriture moderne est performative, à savoir « il n’y a d’autres temps que celui de l’énonciation et tout texte est écrit éternellement ici et maintenant », car écrire :

[…] ne peut plus désigner une opération d’enregistrement, de constatation, de représentation, de « peinture » […], mais bien ce que les linguistes, à la suite de la philosophie oxfordienne, appellent un performatif, forme verbale rare (exclusivement donnée à la première personne et au présent), dans laquelle l’énonciation n’a d’autre contenu (d’autre énoncé) que l’acte par lequel elle se profère. [Écrire, c’est] un pur geste d’inscription (et non d’expression), [c’est] trace[r] un champ [qui] n’a d’autre origine que le langage lui-même30.

16En ce sens, le nous de Rivolta Femminile représente précisément le geste d’inscription du féminisme dans l’Histoire, dans le temps historique du patriarcat, le geste d’auto-fondation du groupe en tant que sujet collectif, constitué par une pluralité de voix de femmes.

17Dans son « Avant-propos » à Nous crachons sur Hegel, Carla Lonzi explique le rôle que ce nous a joué par rapport à l’Histoire masculine et patriarcale :

L’homme a toujours reporté les solutions à un futur idéal de l’humanité – qui n’existe pas –, mais nous pouvons révéler l’humanité du présent, c’est-à-dire nous-mêmes31.

18Les femmes sont l’humanité du présent, le présent de l’histoire, et peuvent ainsi changer le cours du temps en s’y insérant de manière imprévue et en interrompant le temps cyclique et linéaire de l’histoire patriarcale pour produire leur propre libération :

Nous, les femmes, ne sommes pas conditionnées de manière irrémédiable ; c’est seulement qu’il n’existe au cours des siècles aucune expérience de libération qui a été exprimée par nous32.

19C’est à travers la libération / création de ce nous – un nous signifiant les femmes –, suggérée par la répétition du pronom personnel en début et en fin de proposition, que « la femme peut se penser comme un sujet historique33 ».

20Ensuite, dans « Nous crachons sur Hegel », texte qu’elle signe de sa main tout en y utilisant constamment la première personne du pluriel, Carla Lonzi explique ainsi le devenir sujet des femmes :

Le destin imprévu du monde consiste à reprendre le chemin pour le parcourir avec la femme en tant que sujet.
Nous reconnaissons notre propre capacité à faire de ce moment une transformation totale de la vie. Qui sort de la dialectique maître-esclave devient conscient et introduit dans le monde le Sujet Imprévu34.

21Le Sujet Imprévu est précisément la présence ou l’irruption des femmes dans l’histoire : le féminisme crée donc une nouvelle subjectivité plurielle à travers une transformation des relations je-tu ou homme / femme – que l’autrice évoque, en citant la dialectique hégélienne du maître-esclave –, cela s’opérant à travers l’usage du pronom personnel nous.

22Aussi dans le « Manifeste » les prédicats associés au pronom nous sont-ils toujours des verbes d’opinion ou des verbes d’action, ce qui suggère la coïncidence entre la parole et l’action politique dans le discours de Rivolta Femminile : « nous reconnaissons35 », « nous dénonçons36 », « nous ne voulons pas37 », « nous réévaluons38 », « nous considérons39 », « nous demandons40 », « nous voulons41 », « nous recherchons42 ». Le « Manifeste » se clôt, par ailleurs, sur la déclaration « de la pratique choisie et [de] l’attitude avec laquelle les femmes du groupe abordent le scénario décrit [au préalable]43 », à savoir la situation de subordination des femmes, et sur la proclamation finale du séparatisme politique. Ici, l’usage du verbe communiquer permet de souligner l’importance de la parole et du dialogue entre femmes, donc de la pratique de l’autoconscience pour le groupe de Rivolta Femminile : « Nous communiquons seulement avec des femmes44 ».

23En conclusion, c’est le pronom personnel nous qui permet l’existence du discours de Rivolta Femminile et qui remplit, dans les textes, les diverses fonctions de sujet : sujet du texte, sujet de l’énonciation, sujet historique et collectif, sujet politique. C’est ainsi qu’un auteur unique et universel et que l’on pourrait identifier au sujet masculin et patriarcal n’existe pas et ne peut plus exister, le but des textes de Rivolta Femminile étant précisément de le déconstruire pour lui substituer une subjectivité féminine nouvelle et collective, créée à travers la réflexion, le dialogue, puis à travers l’acte politique de l’écriture collaborative.

24Dans l’une de très rares entrevues accordées, à Michèle Causse, autrice et collaboratrice du groupe féministe lié aux Éditions des Femmes, Lonzi explique ce besoin que le groupe et qu’elle-même avaient de prendre leurs distances avec la culture, domaine par excellence de la masculinité, pour renaître à elles-mêmes :

Mon premier besoin en tant que féministe a été de faire tabula rasa des idées reçues, tabula rasa en moi-même pour me priver de toute garantie offerte par la culture, convaincue que les certitudes acquises cachent un poison paralysant. […] Ces écrits ne sont pas nés d’une quelconque adhésion culturelle, mais de ma vie. En ce sens, ils ont ouvert la voie à l’autoconscience, au discours à la première personne […]. L’authenticité de ces textes réside en ce qu’ils s’appuient sur un vécu personnel45.

Construction d’une nouvelle créativité féminine et féministe dans le texte

25Le choix du pronom personnel nous permet, ensuite, la construction d’une nouvelle créativité féminine et féministe dans le texte46. Tout d’abord, il faut que les femmes effectuent ce travail de tabula rasa ou de « vide » consistant, d’après Carla Lonzi, « en une disposition subjective à assumer pour pouvoir à chaque fois s’adresser à l’une ou à l’autre contribution culturelle, pour pouvoir les distinguer, sans pour autant en subir les idées reçues47 ». Ensuite, peut agir la créativité des femmes libérées.

26Texte collectif écrit en mars 1971, « Absentement de la femme des moments de célébration de la créativité masculine » analyse le rôle qu’ont, d’après Rivolta Femminile, les femmes dans le domaine de l’art et de la « créativité patriarcale48 », à savoir celui de spectatrices49, et montre comment la libération politique peut être atteinte à travers un processus culturel et artistique. D’après Maria Luisa Boccia, le texte « résume ce que Lonzi a appris sur la relation entre l’artiste et le spectateur, le premier étant réciproquement lié à l’homme en tant que protagoniste exclusif de la culture, et le second à la femme en tant que figure colonisée de la culture50 ». En effet, comme le souligne déjà Lonzi en 1970, dans « Nous crachons sur Hegel », « les exigences que [la femme] met au jour n’impliquent pas une antithèse, mais supposent de se mouvoir sur un autre plan51 ». Rivolta Femminile théorise ainsi une façon différente pour les femmes d’arriver à leur « reconnaissance en tant que sujet[s]52 » : l’absence, le silence et la différence dans l’art. Nous lisons :

En nous absentant des moments qui célèbrent la manifestation de la créativité masculine, nous ne posons pas de jugement idéologique sur la créativité ni la contestons, mais en refusant de l’accueillir, nous mettons en crise l’idée que les bienfaits de l’art seraient une grâce que l’on pourrait dispenser aux autres. Ne plus croire à une libération par procuration fait sortir la créativité des rapports patriarcaux. Par son absentement, la femme accomplit un geste qui est une prise de conscience – un geste libérateur, donc créatif53.

27Plusieurs points sont intéressants dans cet écrit : la nécessité, pour les femmes, de s’absenter des moments de la construction et de la monstration de l’auctorialité (les manifestations de la créativité masculine), mais aussi le choix de l’absence comme première forme d’existence, ce qui rappelle l’idée de la « mort de l’auteur » de Barthes. Aussi, le texte semble s’ouvrir et se clore sur une même idée, à savoir le fait que la pratique libératrice de la créativité ne peut s’effectuer qu’à partir d’une rupture. À cet égard, Giovanna Zapperi a défini la pensée de Carla Lonzi comme une temporalité non linéaire où les mots se répètent et se construisent en se répétant54. Cette rupture (temporelle, historique) précède immédiatement la prise de conscience et est indispensable pour la création d’un sujet nouveau ; le geste de la destruction, c’est le geste de la révolte, confié exclusivement à un sujet collectif, au pronom personnel nous :

Nous, de Rivolta Femminile, refusons de participer aux moments de célébration de la créativité masculine, parce que nous avons pris conscience du fait que dans le monde patriarcal, c’est-à-dire dans le monde fait par les hommes et pour les hommes, même la créativité, qui est une pratique libératrice, est mise en œuvre par les hommes et pour les hommes55.

28Déconstruction du passé et construction d’un sujet collectif nouveau semblent ainsi être les deux mouvements qui structurent la pensée de Rivolta Femminile dans les premières années de vie du groupe. Ces mouvements prennent forme à travers la prise de conscience qui naît de la parole et se transforme ensuite en écriture. Néanmoins, des questions demeurent : comment ce sujet collectif, se forme-t-il ? Quelles relations existent entre ce sujet collectif et chaque subjectivité dans le groupe politique ?

L’écriture collaborative comme étape fondamentale pour la formation d’un sujet politique collectif

29L’écriture collaborative apparaît, dans les textes de Rivolta Femminile, comme un moment fondamental de la formation d’un sujet collectif : c’est en écrivant ensemble et en réfléchissant à travers le geste de l’écriture que le groupe forme sa propre identité. Or, la pensée et le parcours de chaque femme du groupe peuvent être changés par ces pratiques, comme l’illustre l’analyse de l’évolution biographique et politique de Carla Lonzi.

30Maria Luisa Boccia définit le féminisme de Rivolta Femminile comme un « féminisme existentiel56 », car sa caractéristique distinctive réside dans « la nature existentielle de l’action et de la pensée, vécue par les femmes autour de leur condition de femmes, et non d’hommes57 », dans cette coïncidence, déclarée à plusieurs reprises par Lonzi dans son journal58, entre « “naître femme” et “faire du féminisme”59 ». C’est à cet égard aussi que Boccia propose la notion d’un féminisme mettant au centre le sujet et sa formation tant au niveau collectif qu’individuel, dans la mesure où « être sujet » signifie « être capable de construire sa propre théorie sur soi-même et sur la réalité par rapport à soi-même60 ». Et cela s’avère possible lorsque deux femmes, à savoir deux sujets, entrent en relation l’une avec l’autre et se reconnaissent ou entrent en résonance. Ainsi, « la naissance de soi en tant que sujet se révèle accomplie non pas au moment de s’exprimer, de se manifester, mais au moment de l’écoute, de l’accueil61 » de l’autre en soi et de soi en l’autre. Il apparaît donc évident que la circulation de la parole entre femmes s’avère fondamentale pour Rivolta Femminile, mais aussi que la naissance de différentes subjectivités ou consciences féminines s’accomplit dans un processus de formation collective (où il y aurait relation, du moins, entre deux individues).

31Dans « Signification de l’autoconscience dans les groupes féministes », texte écrit en janvier 1972 et signé collectivement, Rivolta Femminile élabore deux thèmes essentiels : la déconstruction du mythe de l’homme et l’autoconscience comme moment de formation de la subjectivité féminine ou de la venue des femmes au rôle de sujet. Comme le suggère Maria Luisa Boccia :

L’autoconscience est la pratique qui permet aux femmes de passer du fait de se reconnaître « dans les vertus du sujet » à la résonance de soi, et non des autres à travers soi. Ce n’est qu’ainsi que les femmes deviennent des êtres humains complets. Cette reconnaissance se produit dans les relations entre femmes. Se reconnaître mutuellement comme des êtres humains complets, et par rapport à l’autre sexe, signifie donner forme à la conscience féminine, qui est autonome et différente de la conscience masculine62.

32D’après Rivolta Femminile, les femmes ont été traitées comme des « objets63 » ou des « instruments64 » par les hommes les ayant privé d’un « espace physique65 », mais aussi et surtout « historique, psychologique et mental66 » dans lequel exister. L’autoconscience, et donc le féminisme, ont précisément comme tâche de permettre aux femmes d’« occuper petit à petit cet espace67 », de les aider à « prendre conscience [d’elles-mêmes] et de déclencher la conscience de soi entre femmes68 ». En effet, le texte montre comment s’opère la naissance d’un sujet collectif contenant à la fois la somme de différentes subjectivités individuelles. « Signification de l’autoconscience dans les groupes féministes » se termine, en effet, ainsi :

Le féminisme commence lorsque la femme cherche une résonance dans l’authenticité d’une autre femme, en comprenant qu’elle ne peut se retrouver que dans son espèce. […] Le féminisme est la découverte de la mise en œuvre du devenir sujet des composantes d’une espèce qui a été subjuguée par le mythe de la réalisation de soi dans l’union amoureuse avec l’espèce détentrice du pouvoir69.

33Si Rivolta Femminile revient ici sur la question de la résonance entre femmes, il est aussi question de la constitution d’un sujet s’avérant à la fois individuel et collectif. Le texte dit, en effet, la découverte et la mise en œuvre d’un devenir sujet d’une subjectivité et de ses composantes, opération se faisant toujours dans une opposition avec l’homme en tant que catégorie au pouvoir. Pour que ce devenir sujet s’accomplisse, il faut que les femmes soient ensemble (une espèce), sans pour autant perdre leur propre individualité (la femme).

34La formation du sujet collectif se produit donc à travers un va-et-vient entre un je et un nous, entre la subjectivité et le groupe. Ce type de mouvement caractérise précisément la pratique de l’autoconscience qui, déjà d’après Giovanna Zapperi :

[…] permettait en effet de relier l’expérience subjective à l’horizon collectif de la libération. Cela s’est traduit par une prise de conscience de la dimension structurellement politique de la sphère personnelle. […] Dans l’autoconscience, la singularité de chacune prend une signification politique dans la mesure où elle participe d’une entreprise collective dans laquelle se définit la possibilité d’un nouveau savoir sur soi70.

35Cela explique, par ailleurs, pourquoi la participation au féminisme comporte, d’après Lonzi, aussi des risques, comme celui de rester enfermées dans le groupe, sans pouvoir se réaliser en tant que subjectivité autonome.

Ambiguïté du rôle de Carla Lonzi : se mouvoir entre le je et le nous

36Ces risques se montrent dans toute leur complexité dans le rapport que Lonzi noue avec le féminisme et, en particulier, avec le groupe de Rivolta Femminile et dont rend compte toute l’entreprise de son Diario di una femminista de 197871. Néanmoins, déjà son « Avant-propos » à Nous crachons sur Hegel, écrit en novembre 1973, témoigne de la relation avec le groupe et de cette oscillation constante entre son propre devenir sujet (je) et l’adhésion à un sujet collectif (nous), imprégnant les ouvrages de Lonzi en même temps que les textes collectifs de Rivolta Femminile, écrits quelquefois de sa main. Le texte s’ouvre, en effet, sur une explication des raisons l’ayant poussée à l’écriture :

Ces textes, aussi bien ceux signés par moi que ceux signés collectivement, marquent les étapes de ma prise de conscience, du printemps 1970 au début de l’année 1972, encouragée par la découverte du féminisme dans le monde et par les rapports avec les femmes de Rivolta Femminile72.

37Les deux points essentiels de sa prise de conscience sont, en effet, la découverte du féminisme et les relations avec les autres femmes du groupe. Toutefois, précise Lonzi, ces écrits ne doivent pas être considérés comme des « repères théoriques figés73 », car « ils ne représentent pour [elle] qu’une première tentative de formulation74 », suivie à « l’indignation due au fait d’avoir réalisé que la culture masculine sous toutes ses formes avait théorisé l’infériorité de la femme75 ». Si cette définition des écrits collectifs comme d’une première tentative de formulation semble suggérer d’emblée l’écart entre son évolution personnelle et le parcours plutôt figé des autres femmes de Rivolta Femminile, l’impression est confirmée à la fin du texte, où elle affirme : « Ces textes n’ont été pour moi qu’un pas vers cette expérience, une prémisse et une prophétie76. » Les écrits collectifs ont été à l’origine et ont été l’origine, d’après l’écrivaine, de la prise de conscience (une prémisse), ils ont été une étape (un pas) vers la véritable « existence de soi en tant que sujet77 », ils ont été l’élan l’ayant amenée à la recherche et à la réalisation de soi (une prophétie), mais l’expérience ultime demeure sa venue à la subjectivité. Comme elle l’évoque également dans un texte de 1977, « Itinerario di riflessioni », avec le féminisme :

[…] a agi la conscience individuelle qui conduit à la constitution d’un Moi bien défini soit par rapport au Moi de l’homme (phallique), soit par rapport au pseudo-Moi féminin comme structure qui lui est complémentaire, qui atteint le maximum de son potentiel en améliorant la réalité masculine dans tous ses domaines sans jamais s’affirmer. […] Je me reconnais dans une identification ailleurs78.

38Or, cette conception du féminisme comme une étape et à la fois une révélation est déjà présente dans l’« Avant-propos » à Nous crachons sur Hegel. En parlant du « Manifeste » de Rivolta Femminile, Lonzi affirme, en effet :

Notre « Manifeste » contient les formulations les plus significatives que l’idée générale du féminisme avait portées à notre conscience au cours de nos premiers échanges. La clé féministe opérait comme une révélation. Nous avons accueilli le besoin de nous exprimer comme étant en soi synonyme de libération79.

39Si le travail fait avec Rivolta Femminile est considéré comme une révélation, autrement dit comme le début de la prise de conscience de soi et de la situation (historique, politique), comme la clé permettant l’ouverture d’autres significations ainsi que le moment initial de la libération, le paragraphe suivant semble déjà mettre à distance ce type de féminisme. Lonzi poursuit, en effet, ainsi :

J’ai écrit « Nous crachons sur Hegel » parce que j’avais été profondément troublée de constater que la quasi-totalité des féministes italiennes accordaient plus de crédit à la lutte de classe qu’à leur propre oppression80.

40Il existe donc une opposition entre un je et un nous, entre ce qui a été fait avec le groupe (le « Manifeste ») et le chemin à parcourir toute seule (« Nous crachons sur Hegel ») ainsi qu’une opposition aux autres mouvements féministes italiens contemporains et à leur choix politiques (préférer le marxisme au choix de l’autonomie et de la différence sexuelle).

41En conclusion, l’« Avant-propos » à Nous crachons sur Hegel contient déjà les germes de la future séparation de Lonzi d’avec le féminisme, dont son journal tiendra compte avec précision et sur un ton d’auto-analyse et d’auto-critique constantes. Cela révèle, d’une part, comment le processus de la prise de conscience conduisant à la libération de la culture masculine, tout en se faisant grâce et à travers le groupe, demeure complexe et nécessite, par moments, une mise à distance du groupe lui-même. D’autre part, ce procédé de distanciation est une conséquence naturelle du processus de libération et d’autonomie, car, pour devenir un sujet à part entière, il faut prendre conscience de soi, de sa propre voie, de sa propre « authenticité81 ». Lonzi note, en effet, quelques années plus tard, dans l’« Avant-propos » à son journal, son besoin de distinguer sa propre subjectivité des autres subjectivités racontées dans ce texte :

Toute relation dessert le sujet de cette même relation (celui qui se pose comme sujet) non pas parce que le sujet utilise les autres, mais parce que la relation dessert celui qui en prend la responsabilité, même s’il en est la victime. Dans le journal [par exemple], il n’y a qu’un seul sujet, celui ou celle qui écrit : on ne prétend pas que les autres ne soient pas des sujets, mais, dans la réalité, ils ne peuvent pas apparaître comme tels parce qu’ils n’ont pas de voix propre82.

Conclusion

42Pour conclure, nous avons choisi d’analyser les écrits collaboratifs du groupe féministe de Rivolta Femminile, car ils témoignent non seulement de l’importance de la pratique de l’autoconscience, de la circulation de la parole entre femmes, mais aussi et surtout de l’importance de l’écriture collaborative dans le processus de création d’une subjectivité féminine collective.

43Nous avons vu, en effet, comment la pratique de l’écriture féministe en collaboration amène à la construction d’un sujet politique collectif, à partir de la déconstruction de la notion d’un auteur unique et universel et d’une destruction totale d’une culture autre, masculine et patriarcale. Néanmoins, ce processus de création d’un sujet collectif implique, de la part du sujet, un mouvement constant de rapprochement et d’éloignement du groupe dans lequel il se forme et agit. Cela peut engendrer des risques et, en tout état de cause, amener les femmes qui en font l’expérience à la séparation du groupe à la suite de la découverte d’elles-mêmes, de leur propre autonomie, de leur propre liberté en tant que sujets.

44En conclusion, l’écriture en collaboration, envisagée avant tout comme une pratique politique féministe, détermine la prise de conscience, la transformation et l’affirmation d’une subjectivité féminine nouvelle et peut être inscrite, à part entière, parmi les pratiques politiques du vingtième siècle ayant contribué à modifier le rôle des femmes dans la société.

Notes

1 Carla Lonzi, « Mito della proposta culturale », dans Marta Lonzi, Anna Jaquinta et Carla Lonzi, La presenza dell’uomo nel femminismo, Milan, Scritti di Rivolta Femminile, coll. « Libretti Verdi », 1978, p. 137-154, ici p. 137. (Nous traduisons.)

2 Francesco Ventrella, « Carla Lonzi e la disfatta della critica d’arte: registrazione, scrittura e risonanza », Studi Culturali, no 12/1, 2015, p. 83-100, ici, p. 88-89. (Nous traduisons.)

3 Rivolta Femminile, « Manifesto di Rivolta Femminile », dans Carla Lonzi, Sputiamo su Hegel. La donna clitoridea e la donna vaginale e altri scritti, [Milan, Scritti di Rivolta Femminile, 1974], postfazione di Maria Luisa Boccia, Milan, Et al, coll. « Economica », 2010. Traduit de l’italien sous le titre « Manifeste de Rivolta Femminile » dans Carla Lonzi, Nous crachons sur Hegel. Écrits féministes, traduit et présenté par Patrizia Atzei et Muriel Combes, Caen, Nous, 2023. Nous utiliserons, dans nos citations, la traduction française du texte.

4 Maria Grazia Chinese, Carla Lonzi, Marta Lonzi et Anna Jaquinta, È già politica, Milan, Scritti di Rivolta Femminile, coll. « Libretti Verdi », 1977.

5 Carla Lonzi, Taci anzi parla. Diario di una femminista, [Milan, Scritti di Rivolta Femminile, coll. « Libretti Verdi », 1978], postfacions di Annarosa Buttarelli, Milan, Et al, 2010, vol. 1 et vol. 2.

6 Giovanna Zapperi, Carla Lonzi: un’arte della vita, Roma, DeriveApprodi, coll. « Operaviva », 2017. Traduit de l’italien par Christophe Degoutin sous le titre Carla Lonzi : un art de la vie : critique d’art et féminisme en Italie, Dijon, Les Presses du réel, coll. « Œuvres en sociétés », 2018, p. 41.

7 Michel Foucault, « Qu’est-ce qu’un auteur ? », dans Michel Foucault, Dits et Écrits (1954-1988), édition établie sous la direction de Daniel Defert et François Ewald, avec la collaboration de Jacques Lagrange, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », p. 789-821, ici p. 792.

8 Giovanna Zapperi, Carla Lonzi : un art de la vie, op. cit., p. 43.

9 Carla Lonzi, Taci anzi parla, op. cit., p. 86.

10 Nous empruntons la définition de « scrittura autocoscienziale » à la critique Maria Luisa Boccia. Voir Maria Luisa Boccia, L’io in rivolta. Vissuto e pensiero di Carla Lonzi, Milan, La Tartaruga, coll. « Saggistica », 1990, p. 204.

11 Carla Lonzi, « Mito della proposta culturale », art. cité, p. 137.

12 Giovanna Zapperi, Carla Lonzi, op. cit., p. 41.

13 Ibid., p. 43.

14 Voir Fiamma Lussana, Il movimento femminista in Italia. Esperienze, storie, memorie (1965-1980), Rome, Carocci, coll. « Quality Paperbacks », 2012, p. 155.

15 Rivolta Femminile, « Manifeste de Rivolta Femminile », dans Carla Lonzi, Nous crachons sur Hegel, op. cit., p. 11-19, ici p. 11.

16 Ibid.

17 Rivolta Femminile, « Lettera inviata a una giornalista… », dans Maria Grazia Chinese et al., È già politica, op. cit., p. 109-112, ici p. 109-110. (Nous traduisons.)

18 Maria Luisa Boccia, L’io in rivolta, op. cit., p. 67 (Nous traduisons.)

19 Rivolta Femminile, « Lettera inviata a una giornalista… », art. cité, p. 110. (Nous traduisons.)

20 Rivolta Femminile, « Manifeste de Rivolta Femminile », art. cité, p. 18.

21 Voir Fiamma Lussana, Il movimento femminista in Italia, op. cit., p. 159.

22 Pour approfondir, voir Carol Hanisch, « The Personal is Political », dans Notes from the Second Year: Women’s Liberation, dir. Shulamith Firestone and Anne Koedt, New York, Radical Feminism, 1970, p. 76-78.

23 Giovanna Zapperi, Carla Lonzi, op. cit., p. 112.

24 Ibid.

25 Ibid., p. 113.

26 Carla Lonzi, « Signification de l’autoconscience dans les groupes féministes », dans Carla Lonzi, Nous crachons sur Hegel, op. cit., p. 139-145, ici p. 144.

27 Audrey Lasserre, « Une révolution de l’autorité et de l’auctorialité. La signature au sein du Mouvement de libération des femmes », dans Genre et signature, dir. Frédéric Regard et Anne Tomiche, Paris, Classiques Garnier, 2018, p. 233-246, ici p. 233.

28 Ibid., p. 234.

29 Rivolta Femminile, « Sexualité féminine et avortement », dans Carla Lonzi, Nous crachons sur Hegel, op. cit., p. 67-75, ici p. 74.

30 Roland Barthes, « La mort de l’auteur », dans Roland Barthes, Le Bruissement de la langue, Paris, Seuil, coll. « Essais critiques IV », 1984, p. 61-67, ici p. 64.

31 Carla Lonzi, « Avant-propos », dans Carla Lonzi, Nous crachons sur Hegel, op. cit., p. 7-10, ici p. 9.

32 Ibid.

33 Giovanna Zapperi, Carla Lonzi, op. cit., p. 121.

34 Carla Lonzi, « Nous crachons sur Hegel », dans Carla Lonzi, Nous crachons sur Hegel, op. cit., p. 21-62, ici p. 61.

35 Rivolta Femminile, « Manifeste de Rivolta Femminile », art. cité, p. 13.

36 Ibid.

37 Ibid., p. 14.

38 Ibid., p. 16.

39 Ibid., p. 17.

40 Ibid.

41 Ibid., p. 18.

42 Ibid., p. 19.

43 Maria Luisa Boccia, L’io in rivolta. Vissuto e pensiero di Carla Lonzi, op. cit., p. 76.

44 Rivolta Femminile, « Manifeste de Rivolta Femminile », art. cité, p. 19.

45 Carla Lonzi, « Intervista di Michèle Causse à Carla Lonzi », Maria Grazia Chinese et al., È già politica, op. cit., p. 103-109, ici p. 105. (Nous traduisons.)

46 Pour la notion de créativité dans l’œuvre de Carla Lonzi, voir Maria Luisa Boccia, Con Carla Lonzi. La mia opera è la mia vita, Rome, Ediesse, coll. « Saggi », 2014, p. 55-58.

47 Maria Luisa Boccia, L’io in rivolta, op. cit., p. 62. En italique dans l’original.

48 Rivolta Femminile, « Absentement de la femme des moments de célébration de la créativité masculine », dans Carla Lonzi, Nous crachons sur Hegel, op. cit., p. 63-65, ici p. 64.

49 Sur l’évolution de la pensée de Carla Lonzi et sur son rapport avec l’art, voir Laura Iamurri, Un margine che sfugge. Carla Lonzi e l’arte in Italia. 1955-1970, Macerata, Quodilbet, coll. « Quodlibet studio. Teoria delle arti e cultura visuale », 2016.

50 Maria Luisa Boccia, L’io in rivolta, op. cit., p. 60.

51 Carla Lonzi, « Nous crachons sur Hegel », art. cité, p. 55. En gras dans l’original.

52 Rivolta Femminile, « Absentement de la femme des moments de célébration de la créativité masculine », art. cité, p. 64.

53 Ibid., p. 65.

54 Voir, à cet égard, Giovanna Zapperi, Carla Lonzi, op. cit., p. 124-132.

55 Rivolta Femminile, « Absentement de la femme des moments de célébration de la créativité masculine », art. cité, p. 63.

56 Maria Luisa Boccia, L’io in rivolta, op. cit., p. 20.

57 Ibid. (Nous traduisons.)

58 Voir, sur ce point Carla Lonzi, Taci anzi parla, op. cit., p. 209 : « Je suis une femme, je fais du féminisme ». Et : ibid., p. 463 : « Je suis née femme et j’ai beaucoup souffert, mais du moins je n’avais rien d’autre sur quoi réfléchir ». (Nous traduisons.)

59 Maria Luisa Boccia, L’io in rivolta, op. cit., p. 20.

60 Ibid., p. 16.

61 Ibid., p. 23.

62 Ibid., p. 197-198.

63 Carla Lonzi, « Signification de l’autoconscience dans les groupes féministes », art. cité, p. 141.

64 Ibid.

65 Ibid., p. 142.

66 Ibid.

67 Ibid., p. 143.

68 Ibid., p. 144.

69 Ibid., p. 145.

70 Giovanna Zapperi, Carla Lonzi, op. cit., p. 112-113.

71 Voir, sur ce thème, les textes de la critique Annarosa Buttarelli : « Me stessa non sono io. Carla Lonzi scrive il suo diario », dans Mancarsi. Assenza e rappresentazione del sé nella letteratura del Novecento, dir. Laura Graziano, Vérone, Ombre Corte, coll. « Culture », 2005 ; « Postfazione », dans Carla Lonzi, Taci, anzi parla, op. cit.

72 Carla Lonzi, « Avant-propos », art. cité, p. 7.

73 Ibid.

74 Ibid.

75 Ibid.

76 Ibid., p. 10.

77 Giovanna Zapperi, Carla Lonzi, op. cit., p. 40.

78 Carla Lonzi, « Itinerario di riflessioni », dans Maria Grazia Chinese et al., È già politica, op. cit., p. 13-50, ici p. 20-21. (Nous traduisons.)

79 Carla Lonzi, « Avant-propos », art. cité, p. 8.

80 Ibid.

81 Sur le thème de l’authenticité dans l’écriture de Carla Lonzi, voir Linda Bertelli et Marta Equi Pierazzini, « “Le thème est l’authenticité”. Une analyse de Carla Lonzi à travers le processus d’écriture de Vai pure. Dialogo con Pietro Consagra », L’Homme & la Société, nos 203-204, 2017/1-2, traduit de l’italien par Elena Modotto, p. 203-232.

82 Carla Lonzi, Taci anzi parla, op. cit., p. 1-2. (Nous traduisons.)

Pour citer ce document

Federica Doria, « L’écriture féministe en collaboration et ses enjeux dans la formation d’une identité collective : l’exemple de Rivolta Femminile et de Carla Lonzi » dans ,

© Publications numériques du CÉRÉdI, « Actes de colloques et journées d’étude »,

URL : https://publis-shs.univ-rouen.fr/ceredi/2002.html.

Quelques mots à propos de :  Federica Doria

Université Paris 8 et Université Clermont Auvergne
LEGS et CELIS