De pierre et de larmes. Châteaux à vendre, à détruire, à rêver

Entre symbole et nostalgie : Chateaubriand et les châteaux de l’outre-tombe

François Raviez


Texte intégral

1Les maisons d’écrivain sont à la mode. En prononçant ces mots au château de Monte-Cristo, je pense à la Maison Saint-Simon, à l’entrée du parc de La Ferté-Vidame, mais aussi aux Charmettes, à la maison de tante Léonie ou à Combourg. Les visiter, c’est se faire pèlerin d’un auteur, tenter de capter, dans les murs mêmes où il a vécu, un peu de son rayonnement. Certes, le tourisme y a laissé son empreinte, mais les âmes éprises d’une grande œuvre en feront abstraction pour faire de la visite autre chose qu’un divertissement.

2Les châteaux ne manquent pas dans les Mémoires d’outre-tombe, au premier chef celui de Combourg. Suivre ses traces dans le texte, mais aussi comprendre ce qu’il représente dans la complexe construction des Mémoires, tel sera mon premier objectif. D’autres châteaux affleurent dans la mémoire sans susciter les harmoniques émotionnelles de Combourg. Comment entrent-ils dans le texte, quel rôle y jouent-ils, et par quelle alchimie le château originel y surgit-il quand le lecteur s’y attend le moins ? Autant de questions auxquelles les châteaux de l’outre-tombe donneront peut-être une réponse.

3Chateaubriand porte en son patronyme un château :

Les Brien vers le commencement du onzième siècle communiquèrent leur nom à un château considérable de Bretagne, et ce château devint le chef-lieu de la baronnie de Chateaubriand1.

4Leur écu est « de gueules, semé de fleurs de lys d’or » par récompense de Saint Louis, que le baron Geoffroy accompagne en Terre sainte et auprès de qui il se bat à la bataille de Mansourah, en 1250. Dans l’espace comme dans le temps, voilà des racines ancestrales que Chateaubriand rappelle, comme il est d’usage, dans les premières pages des Mémoires d’outre-tombe. Sans entrer dans la longue histoire des héritages successifs et du morcèlement des domaines, dont un tiers revient aux cadets, on constate qu’au xviiie siècle René de Chateaubriand, le père du mémorialiste, n’a plus ni terre ni château. Il lui reste un très ancien nom, mais qu’est-ce que le nom sans la pierre ? Aussi, après avoir fait fortune dans la guerre de course et ce que l’on appelait pudiquement le « bois d’ébène », achète-t-il au duc de Duras le domaine de Combourg en 1761 pour la somme de 370 000 livres : dix paroisses très pauvres, mal gérées, et une forteresse médiévale édifiée en 1037, soit à peu près à l’origine de sa famille2. C’est là une greffe, un symbole et un symptôme.

5« Une seule passion dominait mon père, celle de son nom3 », écrit le petit dernier d’une fratrie de six enfants4 qui s’installe à Combourg à la mi-mai 1777. Pensionnaire au collège de Dol, de Rennes et de Dinan, enfin aspirant à Brest, François-René n’y passe que les vacances, dont il parle à peine5, avant d’y vivre de seize à dix-huit ans les « deux années de délire » (1784-1786) qu’il conte avec une complaisance rétrospective. Ainsi Combourg ne lui appartient pas, et l’enfant y a peu et mal vécu à l’ombre d’un père irascible, mélancolique et obsédé de féodalité tardive qui, « dès son entrée en possession », prendra le titre de « comte de Combourg6 ».

6Avant d’entrer dans le texte, il importait d’entrer dans les faits, car dès les premières pages des Mémoires d’outre-tombe la machine à nostalgie se met en marche lorsque Chateaubriand décrit avec la plus grande exactitude le château paternel :

Au fond de la cour, dont le terrain s’élevait insensiblement, le château se montrait entre deux groupes d’arbres. Sa triste et sévère façade présentait une courtine portant une galerie à mâchicoulis, denticulée et couverte. Cette courtine liait ensemble deux tours inégales en âge, en matériaux, en hauteur et en grosseur, lesquelles tours se terminaient par des créneaux surmontés d’un toit pointu, comme un bonnet posé sur une couronne gothique.
Quelques fenêtres grillées apparaissaient çà et là sur la nudité des murs. Un large perron, raide et droit, de vingt-deux marches, sans rampes, sans garde-fou, remplaçait sur les fossés comblés l’ancien pont-levis ; il atteignait la porte du château, percée au milieu de la courtine. Au-dessus de cette porte on voyait les armes des seigneurs de Combourg, et les taillades à travers lesquelles sortaient jadis les bras et les chaînes du pont-levis7.

7Nous entrons à sa suite dans le château, que nous explorons tour après tour ; tout est situé, nommé, au point que le guide s’en excuse :

Si, d’après cette trop longue description, un peintre prenait son crayon, produirait-il une esquisse ressemblant au château ? Je ne le crois pas ; et cependant ma mémoire voit l’objet comme s’il était sous mes yeux ; telle est dans les choses matérielles l’impuissance de la parole et la puissance du souvenir8 !

8En utilisant à la fois dans cette description le passé simple (« nous entrâmes dans le bâtiment »), l’imparfait (« au-dessus de cette porte on voyait les armes des seigneurs de Combourg »), le plus-que-parfait (« il avait fallu excaver des murs de huit à dix pieds »), puis le présent, le mémorialiste joue d’un nuancier des temps qu’il exploitera jusqu’à la fin des Mémoires, quand il se représentera en train de descendre dans sa tombe. Mais la description, en même temps, ne dissonerait pas dans un de ces romans gothiques alors fort à la mode : « des passages et des escaliers secrets, des cachots et des donjons, un labyrinthe de galeries couvertes et découvertes, des souterrains murés dont les ramifications étaient inconnues ; partout silence, obscurité et visage de pierre : voilà le château de Combourg9. »

9Cette forteresse n’a pas d’équivalent dans les Mémoires, même si Chateaubriand lui esquisse un double, en miroir, comme on le verra plus loin. Combourg est, en 1777, totalement anachronique. En 1768, année de la naissance du mémorialiste, le banquier Laborde rachète, à La Ferté-Vidame, le château de Saint-Simon, autre forteresse du xe siècle ; il le fait aussitôt raser pour édifier un château plus vivable, aux grandes fenêtres ouvertes sur le parc, un lieu d’agrément et de réception pour remplacer une construction humide et sombre. Combourg est aux antipodes de l’art de vivre sous Louis XVI, mais le symbole l’emporte sur toute autre considération : le château comprend un « salon des Archives, ou des Armoiries, ou des Oiseaux, ou des Chevaliers, ainsi nommé d’un plafond semé d’écussons coloriés et d’oiseaux peints10 ». L’environnement féodal flatte le narcissisme paternel tout en excitant l’imagination de son cadet, qui écrira, bien des années plus tard : « La vie de château aux environs de Paris ne peut donner une idée de la vie de château dans une province reculée11. » Les « vassaux » qui viennent « lever la bannière du seigneur12 », vingt ans avant 1789, sont un spectacle d’un autre état du monde. Pour le père, le château est la négation du passage du temps, que son fils évoquera comme un perpetuum mobile et dont il fera l’âme de ses Mémoires. Écrire la fuite, l’impermanence et la vanité des choses est une réponse à la volonté paternelle d’enracinement. Le château de Chateaubriand, c’est le texte, autre « grande Pyramide13 » dont le mort erre dans des « labyrinthes » qui sont ceux de la mémoire. N’écrit-il pas « du fond de [s]on cercueil14 » ? Et n’a-t-on pas enterré vif, dans la muraille de Combourg, un pauvre chat censé conjurer le mauvais sort ? Des travaux ont permis de le retrouver et il est exposé, aujourd’hui, desséché et grimaçant, sous le regard voyeur des visiteurs. Rappelons que dans la petite société qui gravite autour de Fontanes, Chateaubriand était surnommé « le Chat ».

10Pour René de Chateaubriand, Combourg est un fantasme qu’il impose à sa famille. Pour son fils, un nid à fantômes : « Les gens étaient persuadés qu’un certain comte de Combourg, à jambe de bois, mort depuis trois siècles, apparaissait à certaines époques, et qu’on l’avait rencontré dans le grand escalier de la tourelle ; sa jambe de bois se promenait aussi quelquefois seule avec un chat noir15 », sans doute celui mort d’asphyxie et de terreur dans les entrailles de l’édifice, et à qui l’on eût mieux fait d’offrir aujourd’hui, dans le parc, une sépulture plutôt qu’un petit coussin blanc dans le musée du château. Sans entrer dans le détail des spectres, revenants et autres fantômes qui hantent les Mémoires d’outre-tombe, on constate que si le projet du père est de matérialiser sa noblesse par l’achat d’un château du Moyen Âge, celui du fils, homme du songe, du souvenir, de la rêverie, est de le dématérialiser jusqu’à ne lui plus donner qu’une existence poétique. Redonner un château aux Brien, recommencer l’histoire, telle est l’obsession du père ; dissoudre Combourg dans le songe d’un mort, dans une histoire en métamorphose, telle est la déviance, la désobéissance du fils. René de Chateaubriand, en pleine névrose du passé, se croit revenu, parce qu’il a réinvesti ses capitaux dans la pierre après avoir dérogé à sa caste, aux temps archaïques de la féodalité16 ; François-René, en pleine sublimation du passé, transforme une bâtisse incommode, où il a souffert et déliré, en un lieu de mémoire.

11Il a besoin, pour cela, de dématérialiser le père, ce qui n’est pas le tuer, plutôt le perpétuer sous une forme impalpable. Telle est la fonction de la scène où, pendant « les soirées d’automne et d’hiver », M. de Chateaubriand apparaît comme, si j’ose dire, une apparition :

Mon père commençait alors une promenade, qui ne cessait qu’à l’heure de son coucher. Il était vêtu d’une robe de ratine blanche, ou plutôt d’une espèce de manteau que je n’ai vu qu’à lui. Sa tête, demi-chauve, était couverte d’un grand bonnet blanc qui se tenait tout droit. Lorsqu’en se promenant, il s’éloignait du foyer, la vaste salle était si peu éclairée par une seule bougie qu’on ne le voyait plus ; on l’entendait seulement encore marcher dans les ténèbres : puis il revenait lentement vers la lumière et émergeait peu à peu de l’obscurité, comme un spectre, avec sa robe blanche, son bonnet blanc, sa figure longue et pâle. Lucile et moi, nous échangions quelques mots à voix basse, quand il était à l’autre bout de la salle ; nous nous taisions quand il se rapprochait de nous. Il nous disait, en passant : « De quoi parliez-vous ? » Saisis de terreur, nous ne répondions rien ; il continuait sa marche. Le reste de la soirée, l’oreille n’était plus frappée que du bruit mesuré de ses pas, des soupirs de ma mère et du murmure du vent17.

12Dans le « spectre » se lit le « père », mais un père qui n’existe déjà plus, un père fantomatique qui bloque les mots dans la gorge, car lui répondre serait entrer dans sa folie. Aussitôt qu’il est parti, au silence succède « un débordement de paroles », parmi lesquelles, plus tard, les Mémoires d’outre-tombe. Parler après le père, c’est écrire, c’est « recouvr[er] les fonctions de la vie ». Le père et le château se confondent, et sont décrits avec les mêmes mots. La façade est « triste et sévère », car « son état habituel était une tristesse profonde que l’âge augmenta » et son visage « ridé et sévère18 ». Le « grand bonnet blanc » du père rappelle le « toit pointu » des tours, « comme un bonnet posé sur une couronne gothique ». Le « silence » et l’« obscurité » du château sont ceux de la « maison paternelle, si sombre et si silencieuse19 », qui qualifient une psyché autant qu’une réalité ; cette « noble et belle demeure » est en même temps « sombre et grave », digne séjour d’« un des caractères les plus sombres qui aient été20 ». Le visage du père devient ainsi « visage de pierre », et comme le premier devient « spectre », le second devient souvenir, présence mentale, complaisante obsession, nostalgique leitmotiv.

13Le récit des années bretonnes n’est pas encore terminé que le château fait déjà une « apparition » dans le célèbre épisode de la grive. Le chapitre 9 du livre deuxième est daté de « Montboissier, juillet 1817 ». Nous sommes donc très tôt dans les Mémoires, mais Combourg est déjà devenu un pur objet émotionnel.

Je fus tiré de mes réflexions par le gazouillement d’une grive perchée sur la plus haute branche d’un bouleau. À l’instant, ce son magique fit reparaître à mes yeux le domaine paternel. J’oubliai les catastrophes dont je venais d’être le témoin, et, transporté subitement dans le passé, je revis ces campagnes où j’entendis si souvent siffler la grive. Quand je l’écoutais alors, j’étais triste de même qu’aujourd’hui. Mais cette première tristesse était celle qui naît d’un désir vague de bonheur, lorsqu’on est sans expérience ; la tristesse que j’éprouve actuellement vient de la connaissance des choses appréciées et jugées. Le chant de l’oiseau dans les bois de Combourg m’entretenait d’une félicité que je croyais atteindre ; le même chant dans le parc de Montboissier me rappelait des jours perdus à la poursuite de cette félicité insaisissable21.

14Cette tristesse est un legs, la marque du père dans la psyché, le père qui n’est plus ni château ni corps, car sa tombe a été profanée pendant la Terreur : « mon père ne coucha pas longtemps dans son linceul : il en fut jeté hors quand on jeta la vieille France à la voirie22 ». Le père n’est plus qu’un affect qui hante un imaginaire. La « demeure paternelle » est un héritage invisible, la présence récurrente d’une humeur que le château donnait à voir, et qui devient, sous la plume de Chateaubriand, sa signature sensible. Le chant de la grive, en faisant ressurgir Combourg, est la seconde « révélation du mystère de [sa] vie », après la dimension érotique de l’existence. Aussi faut-il lire les apparitions du château dans les Mémoires d’outre-tombe comme autant d’images de rêves, des signes que le rêveur s’emploie à tisser dans la toile temporelle de son récit. La matérialité de Combourg lui importe moins que son nom dans l’imaginaire, sa résonance, son écho.

Depuis cette époque, écrit-il dans le livre troisième, je n’ai revu Combourg que trois fois : après la mort de mon père, nous nous y trouvâmes en deuil, pour partager notre héritage et nous dire adieu. Une autre fois j’accompagnai ma mère à Combourg : elle s’occupait de l’ameublement du château ; elle attendait mon frère, qui devait amener ma belle-sœur en Bretagne. Mon frère ne vint point ; il eut bientôt avec sa jeune épouse, de la main du bourreau, un autre chevet que l’oreiller préparé des mains de ma mère. Enfin, je traversai une troisième fois Combourg, en allant m’embarquer à Saint-Malo pour l’Amérique. Le château était abandonné, je fus obligé de descendre chez le régisseur. Lorsque, en errant dans le grand Mail, j’aperçus du fond d’une allée obscure le perron désert, la porte et les fenêtres fermées, je me trouvai mal. Je regagnai avec peine le village ; j’envoyai chercher mes chevaux et je partis au milieu de la nuit23.

15Ce chevalier24 qui s’enfuit hors de la nuit fuit la confrontation du réel avec les images oniriques qui le poursuivent. Sans la présence du père, la pierre n’a plus de sens. Le plaisir douloureux de la nostalgie ne peut en effet se savourer qu’à partir d’une absence. Elle est, lit-on dans le livre xxix, « regret du pays natal » bien plus que de tout autre pays, mais aussi, comme le montre un court chapitre du livre iv, de la présence paternelle, aussi sombre et terrifiante fût-elle :

Je pleurai M. de Chateaubriand : sa mort me montra mieux ce qu’il valait ; je ne me souvins ni de ses rigueurs ni de ses faiblesses. Je croyais encore le voir se promener le soir dans la salle de Combourg ; je m’attendrissais à la pensée de ces scènes de famille. Si l’affection de mon père pour moi se ressentait de la sévérité du caractère, au fond elle n’en était pas moins vive25.

16Et Chateaubriand d’imaginer ce qu’il eût pensé de la carrière littéraire, politique et diplomatique de son cadet, spéculations assez vaines qui se concluent par un spectaculaire transfert :

Si j’avais pétri mon limon, peut-être me fussé-je créé femme, en passion d’elles ; ou si je m’étais fait homme, je me serais octroyé d’abord la beauté ; ensuite, par précaution contre l’ennui mon ennemi acharné, il m’eût assez convenu d’être un artiste supérieur, mais inconnu, et n’usant de mon talent qu’au bénéfice de ma solitude26.

17« Si j’avais pétri mon limon… » : si j’avais été mon propre père. Par un auto-engendrement d’une modestie très relative, Chateaubriand devient à la fois le géniteur et l’héritier, celui qui eût aimé avoir un fils qui eût été lui-même, lui qui a écrit qu’« après le malheur de naître, je n’en connais pas de plus grand que celui de donner le jour à un homme27 ». Être à la fois le père et le fils – deux mots qui ne manquent pas de sens pour un chrétien – c’est refuser toute autre transmission que solipsiste. Nul besoin pour cela de l’encombrant Combourg : le château a été la matrice où s’est fomenté un imaginaire narcissique, mais les « foyers paternels » sont maintenant « vides28 ». Le château va désormais vivre sa vie d’héritage incommode, délabré, réhabilité, classé monument historique, visité d’avril à octobre. « Mon père y rêva son nom rétabli, la fortune de sa maison renouvelée : autre chimère que le temps et les révolutions ont dissipée29 », écrit le mémorialiste : c’est le fils, père de lui-même, qui se chargera de rétablir le nom, ou plutôt de l’établir dans une assise qui n’eût pas plu à son géniteur, car, constate le fils indigne, sa « renommée littéraire aurait blessé sa gentilhommerie ; il n’aurait vu dans les aptitudes de son fils qu’une dégénération30 ». Comme le père a dérogé par le commerce, le fils a dérogé par l’écriture, mais c’est cette désobéissance qui a permis à l’un comme à l’autre d’exprimer le tréfonds d’eux-mêmes : une nostalgie féodale, pour l’un, et pour l’autre égocentrée. Tous deux s’emploient à conjurer une disparition.

18Dans les Mémoires d’outre-tombe, tout disparaît comme les châteaux de sable que le petit François-René édifiait sur la plage de Saint-Malo :

Un des premiers plaisirs que j’aie goûtés était de lutter contre les orages, de me jouer avec les vagues qui se retiraient devant moi ou couraient après moi sur la rive. Un autre divertissement était de construire, avec l’arène de la plage, des monuments que mes camarades appelaient des fours. Depuis cette époque, j’ai souvent cru bâtir pour l’éternité des châteaux plus vite écroulés que mes palais de sable31.

19La Révolution a joué le rôle de la marée montante, et les châteaux en ont été victimes tout autant que leurs propriétaires. Un exemple parmi d’autres : « Le château [de Montboissier], appartenant à madame la comtesse de Colbert-Montboissier, a été vendu et démoli pendant la Révolution ; il ne reste que deux pavillons, séparés par une grille et formant autrefois le logement du concierge32. » C’est là, non loin de cette absence de château, que le mémorialiste entend siffler la grive qui lui rappelle Combourg. Lors d’un voyage du Havre à Saint-Malo, il remarque les « châteaux brûlés ou abandonnés33 » et constate que la France n’est plus qu’une sinistre dévastation34.

À droite et à gauche du chemin, se montraient des châteaux abattus ; de leurs futaies rasées, il ne restait que quelques troncs équarris, sur lesquels jouaient des enfants. On voyait des murs d’enclos ébréchés, des églises abandonnées, dont les morts avaient été chassés, des clochers sans cloches, des cimetières sans croix, des saints sans tête et lapidés dans leurs niches. Sur les murailles étaient barbouillées ces inscriptions républicaines déjà vieillies : Liberté, Égalité, Fraternité ou la Mort. Quelquefois on avait essayé d’effacer le mot Mort, mais les lettres noires ou rouges reparaissaient sous une couche de chaux. Cette nation, qui semblait au moment de se dissoudre, recommençait un monde, comme ces peuples sortant de la nuit de la barbarie et de la destruction du moyen âge35.

20Commencée avec le démantèlement de la Bastille, la dématérialisation du passé fait disparaître les symboles de l’ancien monde comme la vague, sur la plage du Sillon, efface les châteaux de sable. Les « bandes noires » sont à l’œuvre, et « les remparts s’écroulent comme les cloîtres36 ». Combourg a survécu au tsunami, mais les bois ont été coupés : « le berceau de mes songes, écrit Chateaubriand, a disparu comme les songes. Demeuré seul debout sur son rocher l’antique donjon pleure les chênes, vieux compagnons qui l’environnaient et le protégeaient contre la tempête37. » Certes, dans le monde d’après, on rebâtit, on restaure. « J’étais appelé, raconte Chateaubriand, dans les châteaux que l’on rétablissait. On se rendait comme on pouvait dans ces manoirs demi-démeublés demi-meublés, où un vieux fauteuil succédait à un fauteuil neuf38. »

21« Faire d’un sarcasme la condition de la vérité39 », écrit Roland Barthes dans l’Avant-propos des Mythologies. Il semble que Chateaubriand l’ait lu par anticipation quand il évoque, pince-sans-rire, le début d’un monde nouveau :

L’abbé Delille était le poète des châteaux modernes, de même que le troubadour était le poète des vieux châteaux ; les vers de l’un, les ballades de l’autre, font sentir la différence qui existait entre l’aristocratie dans la force de l’âge et l’aristocratie dans la décrépitude : l’abbé peint des lectures et des parties d’échecs dans les manoirs, où les troubadours chantaient des croisades et des tournois40.

22Cette ironie devient mordante dès que la politique s’en mêle : « le château des Tuileries, si propre et si militaire sous Napoléon, au lieu de l’odeur de la poudre, se remplissait de la fumée des déjeuners qui montait de toutes parts : sous messieurs les gentilshommes de la chambre, avec messieurs les officiers de la bouche et de la garde-robe, tout reprenait un exercice de domesticité41 ». La Restauration est le temps de la restauration, dans tous les sens du terme. Le sarcasme est la réponse du nostalgique au présent. L’aura d’histoire et de légende s’est dissipée. À la grandeur succède le ridicule. En 1815, au retour de l’Empereur, « on voyait des aigles rentrer par les fenêtres du château des Tuileries, d’où sortait par les portes un troupeau de dindons42 ». Signalons que Chateaubriand suivra ces « dindons » jusqu’à Gand pour témoigner de sa fidélité « quand même » au roi de France. De la féodalité factice de Combourg aux Tuileries promues poulailler, les châteaux, décidément, ne sont plus ce qu’ils étaient.

23Louis XVIII a beau reconstituer les fastes de la monarchie et Charles X ceux du sacre, le régime est mort-vivant, et Chateaubriand résume sa carrière politique et diplomatique d’une phrase lapidaire : « À la joie que j’ai toujours éprouvée en sortant d’un château, il est évident que je n’étais pas fait pour y entrer43. » Si, dans les Mémoires d’outre-tombe, il se dépeint comme l’homme du désenchantement, posture que Henri Guillemin a magistralement déconstruite44, en réalité, il ne tient pas en place et, après 1830, il se fait l’intermédiaire entre la duchesse de Berry et Charles X, alors en exil à Prague. En mai et septembre 1833, il se rend auprès du Roi et découvre « l’immense château des rois des Bohême » : « L’édifice dessinait sa masse noire sur le ciel ; aucune lumière ne sortait de ses fenêtres : il y avait là quelque chose de la solitude, du site et de la grandeur du Vatican, ou du temple de Jérusalem vu de la vallée de Josaphat » – c’est-à-dire du monde des morts.

On n’entendait, poursuit-il, que le retentissement de mes pas et de ceux de mon guide ; j’étais obligé de m’arrêter par intervalles sur les plates-formes des pavés échelonnés, tant la pente était rapide.
À mesure que je montais, je découvrais la ville au-dessous. Les enchaînements de l’histoire, le sort des hommes, la destruction des empires, les desseins de la Providence se présentaient à ma mémoire en s’identifiant aux souvenirs de ma propre destinée : après avoir exploré des ruines mortes, j’étais appelé au spectacle des ruines vivantes45.

24Les pages où il raconte sa rencontre avec Charles X se déroulent dans un décor nocturne qui frôle le fantastique, et surtout dans un château qui en rappelle un autre.

Parvenu au plateau sur lequel est bâti Hradschin, nous traversâmes un poste d’infanterie dont le corps de garde avoisinait le guichet extérieur. Nous pénétrâmes par ce guichet dans une cour carrée, environnée de bâtiments uniformes et déserts. Nous enfilâmes à droite, au rez-de-chaussée, un long corridor qu’éclairaient de loin en loin des lanternes de verre accrochées aux parois du mur, comme dans une caserne ou dans un couvent. Au bout de ce corridor s’ouvrait un escalier, au pied duquel se promenaient deux sentinelles46.

25On se souvient que les corridors de Combourg ressemblaient à celui de la « grande Pyramide », autre royaume des morts. La montée au Hradschin est en réalité une descente dans l’autre monde, une catabase qui remplace un spectre par un autre, celui du père par celui du roi de France, « appuyé aux fenêtres de ce château comme un fantôme dominant toutes ces ombres47 ». Dans le décor néo-gothique du Hradschin, aux « salles annuitées », Chateaubriand découvre « les trois larves royales du château de Prague48 », c’est-à-dire Charles X, son fils le duc d’Angoulême, et le Dauphin, fils du duc de Berry qui, pour les légitimistes de la fin du xixe siècle, sera plus tard Henri V. Les retrouvailles avec le Roi sont pathétiques :

Je me mis à pleurer comme un enfant ; j’avais peine à étouffer avec mon mouchoir le bruit de mes larmes. Toutes les choses hardies que je m’étais promis de dire, toute la vaine et impitoyable philosophie dont je comptais armer mes discours, me manqua.

26Le Roi le prend alors « par la main » et le fait asseoir, honneur insigne, auprès de lui. « Il m’était impossible de retrouver la voix, en regardant dans la demeure des empereurs d’Autriche le soixante-huitième roi de France courbé sous le poids de ces règnes et de soixante-seize années49. » Ce moment de mutisme en rappelle un autre : celui des « soirées d’automne et d’hiver » à Combourg, lorsque le père spectre revient du fond des ténèbres et que ses proches se pétrifient dans le silence. Qui pleure donc le mémorialiste en fondant en larmes devant Charles X ? La monarchie ou le père mort avant que son cadet ne verse enfin une larme pour lui ? Combourg et Prague se font écho dans cette écriture du deuil, le père et le Roi se font face d’un bord à l’autre des Mémoires. « J’ai vu défiler tant de fantômes à travers le songe de la vie50 ! », s’exclame Chateaubriand, lui-même voix d’outre-tombe.

27Bien des années auparavant, l’adolescent fuyait Combourg : « ne pouvant plus rester dans ma tour, je descendais à travers les ténèbres, j’ouvrais furtivement la porte du perron comme un meurtrier, et j’allais errer dans le grand bois51. » En 1833, il fuit le Hradschin où ce qui reste de la famille royale coule des jours oppressants et sans but : « Je passai les salles désertes et sombres que j’avais traversées la veille, les mêmes escaliers, les mêmes cours, les mêmes gardes, et, descendu des talus de la colline, je regagnai mon auberge en m’égarant dans les rues et dans la nuit52. » Les deux « masses noires » des châteaux de Combourg et de Prague se répondent dans l’immense récit ; entre elles, il n’y a plus que des ruines.

28Sur l’arène de l’histoire seules subsistent deux forteresses transfigurées, toutes deux sauvées par un affect conflictuel avec leur figure tutélaire, deux vieillards d’un autre temps, deux incarnations de l’Ancien Régime devant qui l’enfant ou le diplomate ne peuvent formuler un seul mot. D’humeur « taciturne et insociable53 », le père est un bloc de colère concentré, « redoutable » jusqu’en ses silences, qui traite son fils « de manière violente54 ». Les relations avec Charles X sont moins agressives, mais Chateaubriand se souvient, en éclatant en sanglots, qu’il a été « cet impitoyable ennemi, ce dur opposant aux ordonnances de Juillet55 ». Le bâtiment massif, labyrinthique et nocturne qui les caractérise densifie leur présence dans l’imaginaire. Nous ne sommes pas dans l’espace ouvert du Nouveau Monde, du voyage à Jérusalem ou de l’Europe des ambassades. Combourg, aux murs de « huit à dix pieds d’épaisseur », se dématérialise, on l’a vu, pour devenir château de mémoire et de songe, mais retrouve dans le Hradschin sa densité et son opacité, comme si le conflit avec le père rebondissait jusqu’aux retrouvailles avec Charles X. Le babil et les larmes qui succèdent aux paroles paternelles ou royales témoignent de l’intensité invariable de l’affect. De Combourg à Prague, Chateaubriand met ainsi en scène une sensibilité de crise qui contraste avec les volutes d’ironie dont il fait preuve par ailleurs, mais entre pleinement dans la construction de son personnage. Conformément à sa vocation, le château, réel ou rêvé, reste un ouvrage stratégique.

29Le 25 septembre 1833, Chateaubriand est sur la route de Prague quand la grive de Montboissier se change en un autre oiseau56 :

Le 25, à la nuit tombante, j’entrai dans des bois. Des corneilles criaient en l’air ; leurs épaisses volées tournoyaient au-dessus des arbres dont elles se préparaient à couronner la cime. Voilà que je retournai à ma première jeunesse : je revis les corneilles du mail de Combourg ; je crus reprendre ma vie de famille dans le vieux château : ô souvenirs, vous traversez le cœur comme un glaive57 !

30De fait, dans « Mes joies de l’automne », au troisième livre des Mémoires, Chateaubriand a esquissé, en une admirable prose poétique, « le rassemblement des corneilles dans la prairie de l’étang58 ». Grâce à elles, un corridor secret s’ouvre dans la mémoire entre Combourg et le col du Tauern, que le voyageur a franchi le 23 septembre, jour anniversaire de son père59 :

Le Tauern a des glaciers, son plateau ressemble à tous les plateaux des Alpes, mais plus particulièrement à celui du Saint-Gothard. Sur ce plateau encroûté d’une mousse roussâtre et gelée, s’élève un calvaire : consolation toujours prête, éternel refuge des infortunés. Autour de ce calvaire sont enterrées les victimes qui périssent au milieu des neiges60.

31Ce calvaire fait écho à la croix de mission que l’enfant a vu ériger non loin du château paternel :

Après cela, on érigea une croix ; j’aidai à la soutenir, tandis qu’on la fixait sur sa base. Elle existe encore : elle s’élève devant la tour où est mort mon père. Depuis trente années elle n’a vu paraître personne aux fenêtres de cette tour ; elle n’est plus saluée des enfants du château ; chaque printemps elle les attend en vain ; elle ne voit revenir que les hirondelles, compagnes de mon enfance, plus fidèles à leur nid que l’homme à sa maison. Heureux si ma vie s’était écoulée au pied de la croix de la mission, si mes cheveux n’eussent été blanchis que par le temps qui a couvert de mousse les branches de cette croix61 !

32Ainsi, non seulement deux châteaux se font face, mais deux croix. On admirera la posture symbolique du futur auteur du Génie du christianisme soutenant la croix pendant qu’on la scelle dans le sol. Quant à la « mousse roussâtre » du Tauern, elle rappelle celle qui couvre désormais la croix de Combourg, car dans les Mémoires les lieux se font signe par-dessus les péripéties de l’histoire. La croix du Tauern amorce le mouvement de réincarnation, si le mot convient, de Combourg dans le Hradschin. Pour le mémorialiste comme pour son père, le passé lointain est toujours présent : le retour des motifs, au fil de l’œuvre du fils, est de même essence que, pour son père, le retour de la féodalité sur ses terres nouvellement acquises : un « dur désir de durer », pour reprendre le titre de Paul Éluard62, qui conjure l’impermanence et, au-delà, exorcise le néant. Le château est transtemporel, la croix est intemporelle. D’une croix l’autre, d’un château l’autre, une vie se passe : les cheveux « blanchissent » comme les neiges.

33Les Mémoires d’outre-tombe sont ainsi un perpétuel jeu de miroirs où les lieux, les personnages, les oiseaux mêmes, perdent toute substance matérielle pour n’être plus que des réflexions – choses mentales, infra-mentales dont le récit organise les rémanences. Au centre de cette fantasmagorie méthodique, Chateaubriand pourrait écrire, comme Annie Ernaux dans Les Années : « Ce qui compte pour [lui], c’est au contraire de saisir cette durée qui constitue son passage sur la terre à une époque donnée, ce temps qui l’a traversé, ce monde qu’[il] a enregistré rien qu’en vivant63. »

Notes

1 Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, éd. Jean-Claude Berchet, Paris, Classiques de Poche, 1989, 4 vol. ; ici, MOT, I, p. 175.

2 Le père de Chateaubriand, écrit Ghislain de Diesbach, « va s’imaginer, ou son fils le croira, qu’il n’a fait que recouvrer une terre ancestrale, où jadis régnèrent les Chateaubriand, alors que ceux-ci ne l’ont jamais possédée. » (Chateaubriand, Paris, Perrin, 2004 [1998], p. 13).

3 MOT, I, p. 185.

4 Sans oublier quatre enfants morts en bas âge.

5 Combourg, écrit Jean-Claude Berchet, « fut le lieu magique où un enfant à la fois rêveur et bien éveillé, solitaire et sociable, a eu la possibilité de compléter son expérience du réel et de se développer en toute liberté. » (Chateaubriand, Paris, Gallimard, 2012, p. 58).

6 Ghislain de Diesbach, op. cit., p. 25.

7 MOT, I, p. 220.

8 Ibid., p. 222.

9 Ibid., p. 221.

10 Ibid., p. 222.

11 Ibid., p. 227.

12 Ibid., p. 228. La terre de Combourg, poursuit Chateaubriand, « était riche en droits féodaux ; ces droits étaient de diverses sortes : les uns déterminaient certaines redevances pour certaines concessions, ou fixaient des usages nés de l’ancien ordre politique ; les autres ne semblaient avoir été dans l’origine que des divertissements. Mon père avait fait revivre quelques-uns de ces derniers droits, afin de prévenir la prescription. »

13 MOT, I, p. 221.

14 Ibid., p. 169.

15 Ibid., p. 269.

16 « Un arbre généalogique de la famille des Chateaubriand tapissait le manteau de la cheminée, et dans l’embrasure d’une fenêtre on voyait toutes sortes d’armes depuis le pistolet jusqu’à l’espingole. » (MOT, I, p. 266-267).

17 Ibid., p. 268-269.

18 Ibid., p. 185 et 296.

19 Ibid., p. 197.

20 Ibid., p. 173-174.

21 Ibid., p. 260-261.

22 Ibid., p. 316.

23 Ibid., p. 297.

24 Rappelons que le mémorialiste porte le titre de « chevalier de Chateaubriand ».

25 MOT, I, p. 317.

26 Ibid., p. 318.

27 Ibid., p. 236.

28 Ibid., p. 319.

29 Ibid., p. 297.

30 Ibid., p. 318.

31 Ibid., p. 203.

32 Ibid., p. 259-260.

33 Ibid., p. 544.

34 « Routes défoncées, canaux engorgés faute d’entretien, ponts abandonnés, forêts non entretenues, bâtiments appartenant à l’État dégradés et mis à sac, etc. Partout les traces de la Révolution, de la guerre civile et des invasions de 1793 demeuraient visibles. Rien n’avait été réparé », écrit Patrice Guennifey dans Le Dix-Huit Brumaire (Paris, Gallimard, 2008, p. 216).

35 MOT, II, p. 33.

36 MOT, IV, p. 357.

37 MOT, I, p. 298.

38 MOT, II, p. 80.

39 Roland Barthes, Mythologies, Œuvres complètes, Paris, Seuil, 2002, 5 vol., t. I, p. 676.

40 MOT, I, p. 685.

41 MOT, II, p. 601.

42 Ibid., p. 617.

43 Ibid., p. 167.

44 Voir L’Homme des Mémoires d’outre-tombe, Paris, Gallimard, 1965.

45 MOT, IV, p. 258.

46 Ibid.

47 Ibid., p. 297.

48 Ibid., p. 342.

49 Ibid., p. 259-260.

50 Ibid., p. 341-342.

51 MOT, I, p. 289.

52 MOT, IV, p. 282.

53 MOT, I, p. 266.

54 Ibid., p. 271.

55 MOT, IV, p. 259. En italiques dans le texte.

56 Voir notre article « Chateaubriand et les oiseaux de l’outre-tombe », actes du colloque « Les oiseaux, de l’animal au symbole », sous la direction d’Anne-Gaëlle Weber et Myriam White-Le Goff, revue en ligne L’Entre-deux, no 3, 2018. URL : https://www.lentre-deux.com/?b=34. Consulté le 2 avril 2022.

57 MOT, IV, p. 488.

58 MOT, I, p. 286.

59 Né le 23 septembre 1718. Aucun hasard dans les Mémoires d’outre-tombe.

60 MOT, IV, p. 482.

61 MOT, I, p. 249.

62 Paul Éluard, Le Dur Désir de durer, dans Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1968, t. II.

63 Annie Ernaux, Les Années, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2015 [2009], p. 250.

Pour citer ce document

François Raviez, « Entre symbole et nostalgie : Chateaubriand et les châteaux de l’outre-tombe » dans De pierre et de larmes. Châteaux à vendre, à détruire, à rêver,

Actes de la journée d’études organisée au château de Monte-Cristo en février 2022, publiés par Guillaume Cousin et Florence Fix

© Publications numériques du CÉRÉdI, « Actes de colloques et journées d’étude », n° 28, 2022

URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/ceredi/index.php?id=1271.

Quelques mots à propos de :  François Raviez

Université d’Artois
Textes et cultures