Sommaire
11 / été et automne 2023
Les enjeux du label Capitale Européenne de la Culture pour le développement territorial
- Editorial
- Charles-Edouard Houllier-Guibert, Fabienne Leloup et Laurence Moyart Les CEC deviennent un champ d’étude au fil des années
- Articles
- Marina Rotolo Villes moyennes et labellisation CEC. Quels effets ?
- Corina Turșie Capital social et réseaux organisationnels dans le cadre de Timișoara, Capitale européenne de la Culture 2023
- Pauline Bosredon et Thomas Perrin Les maisons Folie d’hier à aujourd’hui, instruments d’une transformation urbaine multiscalaire
- Cristina Algarra Périmètre et mise en récit des candidatures françaises au label Capitale européenne de la culture
- Mathilde Vignau Les effets du titre Capitale Européenne de la Culture sur l’aménagement urbain local, 10 ans plus tard
- Maria Elena Buslacchi Toute ville Capitale. L’essaimage des Capitales européennes de la culture
- Synthèses
- Patrizia Laudati Compte-rendu d’ouvrage. Capitales Européennes de la Culture en Méditerranée : voyage dans les villes de l’entre-deux. Une perspective anthropologique sur les transformations urbaines depuis Gênes et Marseille
Maria Elena Buslacchi – 2020 – 191 pages - Anne-Marie Autissier Un nouveau cap pour les Capitales européennes de la culture ?
- Boris Grésillon La dissolution du 31 décembre 2013 : de la capitale de la culture à la capitale de la cloture
Les effets du titre Capitale Européenne de la Culture sur l’aménagement urbain local, 10 ans plus tard
Mathilde Vignau
À travers cet article exploratoire, il s’agit de comprendre comment l’organisation du grand événement culturel européen a pu influer à moyen terme sur l’aménagement de l’hypercentre marseillais. Ce travail cherche à comprendre dans quelle mesure les constats territoriaux établis en 2013 se confirment ou s’infirment une décennie plus tard ? Un protocole de recherche quantitatif et qualitatif est proposé. D’une part, les questions abordées seront étayées par le traitement de base de données statistiques. Parallèlement, des entretiens ont été réalisés avec des acteurs aux profils variés. Le traitement des témoignages obtenus permet d’initier une première analyse de la perception des acteurs interrogés en ce qui concerne les effets territoriaux du titre européen à Marseille. Ces méthodes complètent un travail bibliographique dense dont les principaux résultats sont issus d’une thèse de géographie réalisée entre 2014 et 2019.
The aim of this exploratory paper is to understand how the organization of this major European cultural event has influenced the development of Marseille's city core over a 10 years’ time lapse. We want to understand to what extent the territorial observations made in 2013 are confirmed or invalidated a decade later. In short, what remains of this cultural event in Marseille today? To answer these questions, we propose both quantitative and qualitative research protocols. On the one hand, we use statistical databases, notably those of INSEE and URSSAF. On the other hand, we conducted four lengthy interviews with an architect, a PhD searcher, a real estate development specialist and an institutional executive working for the Aix-Marseille Provence local institution. By processing their testimonies, we initiate an initial analysis of how they perceived the territorial effects of the European title in Marseille. Beyond these methods we also use a dense bibliographical work mainly from a geography PhD thesis defended in 2019.
1Au mois de septembre 2008, la ville de Marseille associée à 92 communes bucco-rhodaniennes, est choisie par un jury d’experts européens pour accueillir et organiser le grand événement culturel : Marseille-Provence 2013 (MP 2013), Capitale Européenne de la Culture (CEC). Malgré de multiples difficultés territoriales (Viard, 2014 ; Peraldi et al., 2015), le périmètre Marseille-Provence, créé ex-nihilo, reste riche de nombreux atouts face à Lyon, Toulouse et Bordeaux, trois concurrentes aux politiques et infrastructures culturelles pourtant mieux rodées. Néanmoins, considérer Marseille et a fortiori les Bouches-du-Rhône à travers le seul prisme de la sinistrose, c’est sans doute oublier à quel point ces territoires ont pu être et sont encore aujourd’hui, la source de très nombreuses inspirations créatives. Que l’on pense aux artistes peintres originaires de la Provence (Cézanne, Granet, Mallet…) ou s’y étant installés (Picasso, Van Gogh, Matisse…), aux auteurs (Zola, Dumas, Giono, Izzo…), aux cinéastes (Pagnol, Guédiguian…) ou aux musiciens (Marseille reste entre autres, l’un des principaux berceaux du rap français), le territoire phocéen jouit de nombreuses ressources culturelles. Pour autant, plusieurs travaux (Maisetti, 2014, 2015 ; Vignau et Grondeau, 2022) portant sur la période de candidature antérieure à l’obtention officielle du titre, montrent que ce sont avant tout et en premier lieu, les acteurs de la sphère économique (CCI Marseille-Provence, Mécènes du Sud) puis politique1, qui ont majoritairement initié la candidature marseillaise. L’investissement prioritaire d’acteurs en dehors des sphères culturelles s’explique entre autres, par la situation difficile de la cité phocéenne depuis plusieurs décennies (Tirone, 1991 ; Viard, 1995 ; Ronai, 2009). De fait, au moment de sa victoire en 2008 et jusqu’au lancement de l’année CEC, ces difficultés restent nombreuses et l’hypercentre marseillais est en proie à plusieurs problématiques importantes en termes d’aménagement (omniprésence de la voiture, désorganisation des transports en commun, faiblesse de l’espace réservé aux piétons, insalubrité, logements et écoles vétustes…). Or, entre 2008 et 2013, une série de grands chantiers (en partie liée à la création de nouvelles infrastructures culturelles), va transformer l’hypercentre marseillais tout en modifiant son image. Ces changements découlent, pour plusieurs d’entre eux, de l’obtention du titre CEC qui a permis de concrétiser toute une série de travaux dont les projets existaient parfois depuis plusieurs années. Ainsi, sur une courte période, plusieurs infrastructures culturelles au rayonnement national voire international sont inaugurées, induisant une transformation radicale dans certains quartiers. Ce constat est particulièrement prégnant dans l’hypercentre marseillais et notamment sur le front de mer qui accueille concomitamment, le musée national du MuCEM, la Villa Méditerranée, le Musée Regards de Provence ou encore, l’infrastructure éphémère du Pavillon M dont le succès a été retentissant avec plus de 1,2 millions de visites pendant l’année CEC (Association MP 2013, 2014). Ces chiffres sont confirmés par la publication, dans le quotidien régional La Provence, de plusieurs articles valorisant l’intérêt des visiteurs pour cette infrastructure culturelle (Vignau, 2019).
2Marseille, à l’instar de Glasgow dans les années 1990, s’inscrit ainsi dans le sillage des villes pour lesquelles le titre européen dépasse largement le seul cadre honorifique pour incarner un levier du développement territorial (Giroud et Grésillon, 2011). C’est en tout cas la volonté affirmée par les décideurs locaux et les organisateurs du grand événement qui soutiennent l’idée d’une régénération urbaine par la culture, comme de nombreux autres territoires à l’échelle internationale (Rodrigues-Malta, 2001 ; Jeannier, 2008 ; Lusso, 2010 ; Nail, 2015). Ce positionnement politique transparaît d’ailleurs dans plusieurs discours des décideurs locaux, notamment lors des phases de candidature pour l’obtention du titre. De ce point de vue, on peut notamment citer :
« […] La désignation de Marseille-Provence comme capitale européenne de la culture sera vécue comme un formidable accélérateur des valeurs de dialogue et de tolérance en Méditerranée. […] Ce sera aussi un formidable levier de développement et de création de richesses pour un territoire qui construit aujourd’hui une nouvelle ambition en Europe et en Méditerranée » (Association MP 2013, 2007, p.4).
3En outre, si les acteurs économiques prônent régulièrement les effets vertueux de la culture sur le dynamisme des territoires tout en rappelant à quel point ce secteur est porteur d’inclusion et de mixité sociale, les acteurs politiques ne sont pas en reste sur ce point comme en témoignent les extraits du discours du maire de Marseille :
« Accentuer le développement, déjà engagé, d’une grande métropole européenne du sud et accroître les efforts d’amélioration du territoire et l’accroissement de son attractivité ; […] telles sont nos ambitions, et les raisons pour lesquelles j’engagerai personnellement toutes mes forces pour le succès du projet dont vous allez prendre connaissance » (ibid., p.5).
4Plusieurs des changements découlant directement ou non du titre de CEC ont ainsi affecté l’aménagement du territoire phocéen en induisant des transformations socio-spatiales qu’il est intéressant d’étudier a posteriori. C’est l’ambition principale de cet article qui s’inscrit comme un travail exploratoire visant à étudier, à travers une démarche méthodologique qualitative, les effets territoriaux (en termes économiques, sociaux, mais aussi du point de vue de l’image et de la transformation urbaine), de l’événement MP 2013, dix ans après sa mise en œuvre. En mobilisant une approche méthodologique qui associe, en plus d’un état de l’art sur le sujet, une analyse de contenu à l’étude de variables statistiques généralistes (INSEE) et sectorielles (URSSAF), ce travail s’inscrit dans la continuité de travaux antérieurs portant plus spécifiquement sur la préparation et l’organisation de cet événement. Finalement, il s’agit de comprendre dans quelle mesure les constats territoriaux établis en 2013 se confirment ou s’infirment une décennie après la fin du grand événement ? Que reste-t-il dix ans après son organisation, de l’événement CEC ? Afin de répondre à cette question, l’article s’oriente autour de trois réflexions. D’abord, il convient de rappeler brièvement en quoi la culture et la créativité constituent, de longue date, des champs souvent convoqués par les décideurs locaux pour justifier et crédibiliser d’importants projets d’aménagement, comme cela a pu être le cas autour du front de mer marseillais sur la période 2008-2013. Les premiers bilans économiques de l’événement MP 2013 plaident en faveur de tels positionnements politiques. Dans un deuxième temps, cette réflexion est étayée par l’étude de plusieurs variables socio-économiques issues d’une part, des bases du recensement de l’INSEE et d’autre part, de l’étude des données URSSAF disponibles en 2022 concernant l’emploi salarié privé. Ces chiffres permettent d’observer les principales évolutions socio-économiques de l’hypercentre marseillais à la fois d’un point de vue général (démographie, emplois, logements) mais aussi d’un point de vue plus spécifique (évolutions des emplois et des établissements dans les industries créatives et culturelles), en prenant l’événement MP 2013 comme année repère. Enfin, si MP 2013 a pu, par certains aspects, constituer un levier en termes d’aménagement et de développement économique dans l’hypercentre marseillais à court terme, cette affirmation doit nécessairement être nuancée par une approche analytique plus critique. A ce titre, la troisième partie consiste en un état des lieux, principalement autour du front de mer, dix ans après l’événement. L’objectif étant ici de traiter la question de la pérennité du titre européen, à la fois du point de vue des projets culturels et créatifs mais aussi du point de vue des infrastructures et des transformations territoriales dont les effets restent parfois contestables.
1. Convoquer la culture comme nouvel outil du développement territorial
1.1. Régénérer les territoires par la culture
5Le fait de considérer les champs de la culture et de la créativité comme des ressources pourvoyeuses de nombreuses retombées territoriales n’est pas récent. Dès le début des années 1980, l’émergence du processus de mondialisation (Levitt, 1983) coïncide avec l’entrée dans une ère de compétition territoriale accrue. Dans un tel contexte, plusieurs villes intègrent la société de concurrence (Le Galès, 2003) qui se généralise en France depuis le début des années 1990 (Gaudin, 1993). L’objectif principal est alors simple : chercher à se démarquer des villes concurrentes en se différenciant par le biais de projets territoriaux attrayants. Or, dans ce contexte, la culture et la créativité sont fréquemment présentées, à la fois par les sphères politiques et institutionnelles2, comme des secteurs particulièrement efficaces. Les différents travaux menés sur ces sujets, au même titre que certains cas d’école (Baltimore 1960, Glasgow 1990, Barcelone 1992, Bilbao 1997) vont donc inspirer les décideurs locaux à toutes les échelles. Nombre d’entre eux font alors le choix d’une régénération urbaine3 par la culture ou par le prisme des secteurs récréatifs sans véritablement considérer l’inévitable risque d’uniformisation territoriale induit par de telles décisions. De fait, si certains travaux (Guinand, 2015), insistent sur la diversité des modes opératoires de la régénération urbaine en fonction des terrains considérés ; la standardisation des grands projets territoriaux et notamment ceux qui se forgent autour des champs culturel et créatif, reste une réalité. Concrètement, cette uniformisation des pratiques et des projets de régénération urbaine par la culture repose sur un certain nombre de référentiels communs tels que la construction ou la rénovation d’un équipement phare (musée national, salle de spectacle, infrastructure ludique…), la mobilisation d’artistes, souvent à court terme (Lavanga, 2013), ou encore la sollicitation récurrente de starchitectes à la renommée internationale, pour développer des aménités culturelles et créatives remarquables. A ce titre, dans plusieurs articles, le géographe Bruno Lusso (2009, 2010) explique qu’il existe trois types d’actions culturelles au cœur des processus de régénération territoriale. La première consiste à doter la ville d’un ou plusieurs équipements culturels phares. La plupart du temps il s’agit de grands équipements structurants (Siino et al., 2004) comme la construction d’un musée emblématique (on pense au musée Guggenheim de Bilbao ou dans le cas de Marseille, à l’ouverture du MuCEM), d’une salle de spectacle de grande capacité ou encore, de nouvelles infrastructures sportives.
Illustration 1. Le Musée national du MuCEM à Marseille
Source : auteure, 2016
6En outre, ces politiques culturelles passent également par une régénération territoriale qui priorise et soutient les industries culturelles et créatives. Enfin, la valorisation et l’organisation de festivals constituerait le troisième axe privilégié par les décideurs locaux pour redynamiser les territoires au sein desquels ils officient. Ces différentes actions (en particulier la première et la troisième), sont souvent combinées lors de grands événements culturels et sportifs qui participent également d’une standardisation des politiques initiées en faveur des villes événementielles (Chaudoir, 2007). Or, ces politiques ne sont pas exemptes de limites. Ainsi, Lusso souligne les coûts élevés de plusieurs infrastructures culturelles et notamment des musées. L’équilibre financier est d’ailleurs rarement atteint dans le sens où les recettes émanant de leur fréquentation compensent difficilement les dépenses en termes de construction, de fonctionnement et de gestion (Lusso, 2009). En outre, la « course au musée » ou au grand événement culturel dans laquelle s’inscrivent désormais de nombreux territoires, exacerbe l’ultra compétitivité qu’induit souvent la mise en œuvre d’un marketing territorial très concurrentiel (Vignau et Grondeau, 2022). Par ailleurs, la construction d’infrastructures culturelles prestigieuses peut induire une forme d’élitisme ou d’entre-soi social, reposant sur des logiques inégalitaires. Le constat de cette limite n’est pas récent puisque dès le début des années 1990, les chercheurs Franco Bianchini et Michael Parkinson observent que l’obtention des financements4 nécessaires à la réalisation de tels projets de régénération urbaine est rarement corrélée avec un positionnement en faveur de projets culturels populaires mais traduit davantage un soutien à des initiatives artistiques élitistes qui permettent d’attirer des publics plus aisés (Bianchini et Parkinson, 1993). Pour autant, ces premières critiques ne semblent pas véritablement contraindre ou modifier la mise en œuvre de politiques de régénération urbaine notamment par la culture. Au contraire, la « mythologie CAME5 » (Bouba-Olga, 2019) qui reprend plusieurs des attentes liées à la mise en œuvre de grands projets ou d’événements culturels et créatifs, semble séduire de plus en plus de décideurs locaux. Les friches industrielles en reconversion sont particulièrement propices à ce type de projets. A Marseille, le cas de la réhabilitation de l’ancienne manufacture de tabac de la Belle de Mai en un friche culturelle et créative dès 1992, constitue un cas d’école faisant régulièrement l’objet de publications scientifiques (Grésillon et Bénit, 2002 ; Andres, 2006 ; Henry, 2014). Cette friche a en outre fortement contribué à la valorisation des potentialités culturelles de la ville pendant les phases de candidature CEC.
7Dans les sphères institutionnelle et académique, la littérature témoigne du profond intérêt suscité par la culture dans le cadre de processus de régénération urbaine. Du fait de son caractère polymorphe, de la positivité des messages mais aussi de la rapidité des résultats qu’elle engendre, la culture et plus particulièrement les grands événements culturels séduisent donc un nombre croissant de décideurs locaux. Ces derniers n’hésitent plus à convoquer les loisirs et le divertissement culturel comme de véritables leviers de transformation territoriale. Si ces constats peuvent se faire à différentes échelles, le cas de Marseille est particulièrement intéressant de ce point de vue et il convient de revenir brièvement sur la revalorisation du front de mer marseillais à travers le prisme du grand événement culturel MP 2013.
1.2. La revalorisation du front de mer marseillais par la culture
8L’événement MP 2013 a eu d’importants effets sur un périmètre dépassant largement le cadre d’une commune unique (Grésillon et Vignau, 2020). Toutefois, c’est à Marseille et plus précisément autour du front de mer que ces effets ont été les plus tangibles. Ce constat n’est pas vraiment surprenant d’une part, car la cité phocéenne reste la principale ville porteuse du projet et d’autre part, parce que le front de mer phocéen fait l’objet depuis plusieurs décennies, d’une ambition de régénération urbaine par la culture. C’est notamment l’objectif du périmètre de la Cité de la Méditerranée, l’un des nombreux projets présentés dans le cadre de l’opération d’intérêt national Euroméditerranée, initiée par l’Etat et les collectivités territoriales en 1995 (Rodrigues-Malta, 2001). Sur une autre portion du littoral marseillais, la volonté d’aménager le front de mer est visible dès les années 1970. Avant de revenir succinctement sur les principales transformations culturelles réalisées au sein de ce périmètre spécifique, il est intéressant de rappeler que l’obtention du titre européen en septembre 2008 n’a fait que concrétiser un certain nombre de projets qui figuraient dans des plans de régénération urbaine plus anciens.
Carte 1. MP 2013, un événement multiscalaire
9A ce titre, l’architecte Mélanie Hesnard, chargée de plusieurs projets à la suite de l’obtention du titre de CEC déclare :
« […] le concours initial qui englobait le site du J4 et du Fort Saint-Jean accueillant le futur MuCEM, n’a pas du tout été lancé pour Marseille, Capitale Européenne de la Culture. Il s’agissait d’un concours bien antérieur, gagné environ 10 ans auparavant, puis totalement abandonné pour des questions de budgets et d’accords entre les parties engagées. Ce projet a finalement revu le jour quand Marseille a été désignée Capitale Européenne de la Culture »6.
10Ce témoignage corrobore l’affirmation de Charles Boumendil, ancien président de la Société d’Economie Mixte (SEM) Marseille-Aménagement et spécialiste de la promotion immobilière :
« […] j’ai l’impression que la capitale européenne de la culture est arrivée à l’aboutissement d’un processus, commencé avec Euroméditerranée et la restauration du centre-ville, qui a changé l’image de la ville et qui a fait qu’elle a réussi à obtenir cette labellisation »7.
11Ces deux extraits d’entretiens indiquent que l’obtention du titre européen s’inscrit dans la continuité de réflexions et de projets d’aménagement anciens qui ont permis d’amorcer une régénération urbaine du front de mer phocéen sans pour autant combler les nombreuses difficultés et « l’inertie folle »8 de la ville. De fait, il existerait un lien patent entre la question de l’aménagement du territoire et le titre de CEC qui a largement contribué à concrétiser un ensemble de projets urbains de grande envergure. Ainsi, le front de mer phocéen a bénéficié des fonds alloués au titre et à l’organisation de l’événement MP 2013. Si de nouvelles centralités urbaines axées sur une revalorisation de l’espace public réservé aux piétons ont été créés sur ce périmètre, ce sont les aménités dédiées à la culture et aux loisirs qui retiennent l’attention. De ce point de vue, la transformation de l’ancienne aire du J4 jusqu’alors entièrement délaissée, en un épicentre culturel accueillant le triptyque emblématique : MuCEM, Villa Méditerranée et Musée Regards de Provence, est un exemple. Cette nouvelle centralité culturelle a été renforcée par l’implantation presque concomitante de nouveaux lieux récréatifs (les Voûtes de la Major, les Docks Village et les Terrasses du Port) basés sur d’importantes logiques marchandes (commerces, bars, restaurants, cinéma…), confirmant la volonté des décideurs locaux d’impulser un dynamisme économique plus large dans le sillage de l’événement MP 20139.
12Finalement, en 2023, le front de mer marseillais est sans conteste le périmètre où les effets et la pérennité du titre européen restent les plus visibles, symbolisant la métamorphose de la ville (Dedeban, 2013) et le renouveau de son image médiatique. De ce point de vue, il est important de préciser que le front de mer a fait l’objet d’une réelle campagne médiatique de la part de plusieurs acteurs territoriaux qui se sont appuyés sur ce périmètre spécifique dans le cadre des stratégies de labellisation et de marketing territorial, observées pendant les phases de candidature (Vignau, 2019 ; Vignau et Grondeau, 2022). Selon Mélanie Hesnard, ce périmètre constitue d’ailleurs « l’épicentre de MP 2013 ». Cette idée est confirmée par la personne cadre, exerçant au sein de la métropole AMP :
« Il y a eu trois énormes chantiers inscrits strictement dans le calendrier de la capitale : le Vieux-Port avec le projet de Norman Foster, le MuCEM et la Villa Méditerranée. Le Musée Regard de Provence a également été prévu dans les mêmes temporalités. L’ensemble de ces projets ne se serait probablement pas fait sans la capitale »10.
13Ces témoignages corroborent ainsi l’idée selon laquelle, le changement d’image de la cité phocéenne, amorcé dès les phases de candidature pour obtenir le titre CEC, constitue aujourd’hui encore, l’un des effets les plus prégnants lié au grand événement MP 2013. Pour autant, la pérennité des infrastructures culturelles construites « en dur » sur le front de mer marseillais, ne doit pas masquer certaines difficultés. En effet, si le MuCEM a connu une destinée remarquable en « explosant tous les pronostics de fréquentation qui avaient été établis » pour reprendre les propos de M. Hesnard, la Villa Méditerranée a quant à elle connu de plus grandes difficultés qui ne se sont résolues qu’une décennie plus tard. Parfois considérée comme une coquille vide, ce lieu conçu par l’architecte italien de renommée mondiale Stefano Boeri a été financé par la région PACA sans qu’une fonction claire ne lui soit réellement attribuée. Au moment du lancement de l’année CEC, il fait office de lieu de spectacles et de conférences mais à la fin des festivités, sa fonction et ses coûts de gestion posent question. Ce temps de veille subi est finalement comblé par la décision d’implanter en son sein la réplique de la grotte Cosquer, haut lieu de l’art pariétal, immergé dans les calanques marseillaises et jusqu’alors totalement inaccessible au public. La transformation fonctionnelle de ce bâtiment ouvert en juin 2022, permet un revirement de situation et maintient un lien important avec la culture et le patrimoine historique local.
14Finalement, en participant à la création ex-nihilo d’un nouvel épicentre culturel de portée nationale et internationale, la construction de ces infrastructures emblématiques a contribué à la régénération urbaine d’une partie de l’hypercentre marseillais. Cette régénérescence est notamment visible par les changements morphologiques et fonctionnels induits du Vieux-Port jusqu’aux Docks dans le quartier de la Joliette. En effet, avant l’organisation du grand événement de 2013, cette partie du front de mer était majoritairement en désuétude et en proie à plusieurs difficultés socio-économiques. Il va sans dire que l’existence et la concentration d’aménités telles que le MuCEM, la Villa Méditerranée ou le Musée Regards de Provence ont largement contribué aux effets de levier sur le secteur touristique. Les retombées économiques communiquées à court terme par les organisateurs de MP 2013 témoignent de l’importance de ces lieux. A titre d’exemple, entre juin et décembre 2013 et malgré son ouverture très tardive en milieu d’année CEC, le MuCEM a enregistré plus d’1,8 millions de visites11. Ces chiffres sont corrélés à la croissance du nombre de nuitées mensuelles effectuées dans les Bouches-du-Rhône. Ainsi, entre mai et juillet 2013, les principaux organisateurs affirment que ce chiffre a augmenté de 10% par rapport à l’année précédente (CCI MP et al., 2014). Ces résultats positifs participent de l’effet d’aubaine ou de levier auquel s’apparente souvent le titre de CEC et qui exacerbe la compétitivité entre les villes candidates. Pour autant, ces résultats restent ceux d’une année exceptionnelle et nécessitent d’être mis en perspective via l’analyse générale de certaines évolutions territoriales à moyen terme.
2. Les évolutions de l’hypercentre à l’aune du titre CEC
15L’ambition de cette deuxième partie est de produire une brève analyse statistique des évolutions de l’hypercentre marseillais en prenant l’année CEC comme point de repère. Il s’agit de présenter le cadrage méthodologique de l’article avant d’initier une première étude à partir des bases de données du recensement de la population de l’INSEE et de la base statistique sur l’emploi salarié privé, issue de l’URSSAF. Dans la continuité des réflexions précédentes, notre démarche reste exploratoire et a pour ambition principale de contextualiser davantage les effets du titre européen entre 2013 et 2023. De telles analyses permettent d’observer d’éventuelles évolutions spatiales à la fois d’un point de vue général et du point de vue plus spécifique de la culture.
2.1. Cadrage méthodologique et présentation du terrain d’étude
16Les résultats présentés découlent de l’exploitation de deux bases de données quantitatives dont les traitements statistiques sont interprétés à la lumière d’une analyse qualitative. Cette dernière se fonde sur la réalisation de quatre entretiens semi-directifs longs, menés entre janvier et février 2023 auprès de différents experts territoriaux (Tableau 1).
17L’objectif de ce travail est avant tout d’établir une analyse de contenu plutôt qu’une analyse de discours en tant que telle. En effet, l’analyse de contenu (Bardin, 2013), s’attache au sens et aux systèmes de représentations véhiculés par les discours d’acteurs (Gavard-Perret et al., 2008). Pour réaliser cette analyse de contenu, nous avons effectué une analyse thématique afin de faire émerger le sens des discours des acteurs interrogés. Cela implique donc de se concentrer sur le sens et non sur la forme des discours (Allard-Poési, 2002) du guide d’entretien ad hoc. Notre recherche s’appuie sur une méthodologie qualitative et exploratoire. A ce titre, elle se base sur la réalisation d’entretiens individuels semi-directifs permettant une compréhension la plus globale possible tout en recueillant les perceptions des acteurs interrogés (Miles et Huberman, 2003). Nous cherchons donc une compréhension des effets à moyen terme du titre de CEC à Marseille. Ainsi, quatre entretiens semi-directifs ont été réalisés. Selon Miles et Huberman, il est impossible d’interroger toutes les personnes prenant part à l’objet d’étude. Dans le cas du présent article, nous avons donc choisi d’interroger 4 acteurs phares en lien avec le sujet et expert des thématiques abordées.
Tableau. Liste des répondants ayant participé à l’étude
Source : auteure, 2023
18En ce qui concerne les deux bases de données statistiques retenues, le choix opéré s’explique pour deux raisons principales. D’une part, les variables du recensement de la population, fournies par l’INSEE offre un cadre méthodologique généraliste particulièrement fiable qui nous permet d’observer des données propres à la population locale. D’autre part, la base de données de l’URSSAF fournit un niveau d’informations plus spécifique et sectoriel que nous étudions sous l’angle de l’emploi salarié privé dans les industries culturelles et créatives. Néanmoins, malgré plusieurs apports, les données issues de la base URSAFF présentent une limite principale concernant le secteur étudié. En effet, en ne s’intéressant qu’au cas des effectifs et des établissements du secteur salarié privé, cette base de données statistiques reste lacunaire et ne permet pas de connaître les évolutions économiques des activités non salariées ou qui relèvent du secteur public. Cela pose difficulté lorsque l’on connaît les typologies précaires liées aux emplois culturels. Toutefois, ces variables accessibles offrent un premier aperçu de certaines évolutions portant spécifiquement sur le secteur de la culture avant et après l’organisation de la CEC 2013 au sein de la cité phocéenne. Ces éléments enrichissent nécessairement la réflexion générale autour des effets du titre européen dans l’hypercentre marseillais.
19Enfin, la présente recherche est située et contextualisée autour du terrain d’étude qu’est l’hypercentre marseillais qui inclut une partie des 1er et 2ème arrondissements. Ce choix s’explique du fait de notre démarche exploratoire qui invite à une compréhension approfondie des effets du titre de CEC au sein de la ville de Marseille. En outre, ce périmètre a été retenu dans le sens où, des travaux antérieurs (Vignau, 2019) ont permis de l’identifier comme le support territorial d’une large variété d’événements et d’infrastructures culturelles qui ont largement contribué à en modifier la morphologie et les usages avant, pendant et après l’obtention du titre européen.
Carte 2. L’hypercentre marseillais comme terrain d’étude
2.2. Analyses statistiques des principales évolutions socio-économiques locales
20Nous proposons en premier lieu d’analyser la croissance de population entre 1968 et 2019 (Graphique 1) pour constater les évolutions démographiques au sein de l’hypercentre phocéen sur le temps long. De telles variables présentent un intérêt dans le sens où, à travers l’organisation de MP 2013, plusieurs décideurs locaux ont eu la volonté de rompre avec une période de décroissance démographique au sein de ce périmètre, en contribuant autant que possible à son attractivité.
Graphiques 1. Évolutions démographique (1968-2019) et des PCS (2008-2013) dans l’hypercentre phocéen
21De fait, l’événement MP 2013 se produit dans un contexte de forte décroissance démographique. De ce point de vue, on sait que le territoire phocéen subit, depuis la fin des années 1960, les difficultés liées aux processus concomitants de mondialisation et de désindustrialisation. La diminution drastique du nombre d’emplois dans les grandes industries marseillaises (savonneries, huileries…) s’accompagne donc indubitablement de la chute du nombre d’habitants qui atteint son point le plus bas dans les années 1990. Le graphique montre un léger rebond jusqu’en 2008 (année d’obtention du titre) avant de connaître à nouveau une baisse démographique jusqu’en 2013. A partir de cette date en revanche, l’on constate une hausse progressive et constante du nombre d’habitants bien que ce dernier ne dépasse pas encore le nombre moyen de résidents sur l’ensemble de la période. De telles variables statistiques renforcent donc l’idée selon laquelle, l’événement CEC et l’ensemble des chantiers de régénération urbaine qui lui sont liés, auraient pu contribuer à l’attraction de nouveaux habitants au sein de l’hypercentre marseillais. Cette hypothèse mériterait d’être étayée par l’analyse d’autres données (à la fois quantitatives et qualitatives) pour être vérifiée.
22En outre, les principales évolutions concernant la composition socio-économique des habitants de l’hypercentre, témoignent d’éléments intéressants. En effet, si le nombre d’habitants par PCS n’a pas profondément été modifié avant et après l’événement CEC, l’on constate sur l’ensemble de la période (2008-2019) une réduction du nombre d’employés et d’ouvriers (représentant souvent les catégories socio-professionnelles les plus précaires) au profit du nombre de cadres et professions intellectuelles supérieures qui augmente régulièrement. L’hypothèse qui découle de cette deuxième analyse consiste à penser que les transformations territoriales réalisées dans le cadre du grand événement MP 2013 s’inscrivent dans la lignée de celles défendues par l’OIN Euroméditerranée dès 1995 : créer un quartier d’affaires dans le centre-ville marseillais. Entre 2013 et 2019, ces dynamiques se sont maintenues ce qui laisse suggérer des phénomènes de ségrégation ou de gentrification à plus ou moins long terme, renforcés par l’événement MP 2013. Les données émanant du recensement de l’INSEE permettent donc de formuler un certain nombre d’hypothèses concernant les effets à moyen terme de MP 2013. Ces éléments devront être affinés par des analyses statistiques plus précises afin de déterminer le poids réel de cet événement dans les dynamiques locales observées.
2.3. Analyses statistiques des données URSSAF
23La base de données fournie par l’URSSAF permet d’analyser l’évolution des effectifs salariés et des établissements du secteur privé sur la période 2006-2021 en nous concentrant spécifiquement sur les activités relevant des industries culturelles et créatives à partir des codes de la Nomenclature des Activités Françaises, établie par l’INSEE. Portant sur l’ensemble du territoire marseillais, les deux graphiques collectent un ensemble d’éléments caractérisant une partie de l’économie créative et offrant la possibilité d’établir des comparaisons diachroniques, d’une part sur le nombre d’emplois et d’autre part, sur le nombre d’établissements dans le secteur salarié privé.
Graphiques 2. Les données ICC de l’URSAFF pour Marseille (2006-2021)
24Que l’on considère l’évolution du nombre d’emplois salariés ou du nombre d’établissements concernant les ICC du secteur privé à Marseille, les premiers constats sont globalement similaires en ce qui concerne MP 2013. En effet, les deux graphiques permettent de penser que l’événement culturel n’a pas eu réellement d’effets positifs sur l’économie créative et culturelle de la ville au moins à court terme. De ce point de vue, on constate qu’après l’année 2013, les effectifs salariés du secteur privé, au même titre que le nombre d’établissements relatifs aux ICC tend à diminuer pour passer en dessous de la moyenne périodique en 2016. De fait, l’hypothèse d’un effet CEC sur les industries culturelles et créatives marseillaises doit certainement être nuancé, bien qu’il faille compléter cette première approche par une analyse plus exhaustive des données des secteurs public et indépendant, moins aisément accessibles. Outre ces premiers éléments, les deux graphiques mettent au jour un important rebond à partir de l’année 2020 ce qui peut sembler surprenant du fait du contexte sanitaire très peu favorables aux activités culturelles et créatives à cette période. Dans la continuité de ce travail exploratoire, une analyse statistique approfondie permettrait d’expliquer davantage cette situation.
3. Dix ans après, que reste-t-il de l’événement MP 2013 ?
3.1. GR2013 et Vieux-Port : deux exemples en faveur de la pérennité du titre CEC
25L’ambition de cette dernière partie est de revenir plus généralement sur les principaux constats pouvant être faits une décennie après la fin de l’événement MP 2013. Avant tout, il convient de préciser le label CEC est éphémère et n’a pas comme vocation première de s’inscrire sur le long terme. On l’a dit cependant, depuis le début des années 1990 cette affirmation doit être nuancée puisque l’on connaît les attentes des décideurs locaux concernant l’obtention d’un tel titre, qui s’inscrivent le plus souvent sur le temps long. Malgré cela, la plupart des événements ayant eu lieu dans le cadre de l’événement MP 2013 a pris fin au moment des cérémonies de clôture. Cela concerne principalement la programmation culturelle officielle. Quelques exceptions peuvent toutefois être relevée ici comme la biennale des arts du cirque ou encore le GR2013, un sentier de grande randonnée à vocation métropolitaine et artistique, initié par l’écrivain Baptiste Lanaspeze et l’artiste Nicolas Mémain. Il s’agit d’un exemple intéressant à plusieurs égards. D’abord, le GR2013 reste aujourd’hui l’un des rares témoignages des projets culturels ayant eu lieu pendant l’événement CEC et il constitue l’une des seules initiatives culturelles réellement multiscalaires dans le sens où le tracé du parcours de randonnée traverse plusieurs communes buco-rhodaniennes dans une logique d’inclusion territoriale et de préfiguration métropolitaine (Grésillon et Vignau, 2020). La pérennité d’un tel projet est visible du fait de l’existence de l’association du « bureau des guides », cofondée en 2014 par les initiateurs du GR2013 dont le site web officiel précise l’objectif de rassembler plusieurs acteurs territoriaux (artistes-marcheurs, collectifs d’habitants, architectes-constructeurs) afin de développer le projet. Parallèlement, les transformations visibles autour du Vieux-Port sont également riches d’enseignements. Les chantiers réalisés en mars 2012 pour accueillir les grandes manifestations culturelles de l’année CEC, ont durablement transformé la configuration mais aussi les usages de ce territoire. L’un des éléments les plus marquants de ce point de vue reste la piétonnisation d’un périmètre auparavant centré sur l’usage de véhicules individuels. Or, depuis l’obtention du titre, le Vieux-Port de Marseille accueille l’une des plus grandes places piétonnes de la ville et l’espace dédié aux voitures est désormais drastiquement limité.
Illustrarion 2. Vue sur le Vieux-Port réaménagé dans l’hypercentre marseillais
Source : auteure, 2019
26Finalement, une décennie après la fin des festivités de l’année CEC, plusieurs exemples rappellent l’organisation de cet événement, en tant que marqueurs particulièrement visibles dans l’hypercentre phocéen, tout autour du front de mer. Ainsi, les transformations découlant directement ou indirectement de l’obtention du titre européen témoignent en faveur de l’effet pérenne des processus de labellisation territoriale qui dépassent très souvent le seul objet culturel. Néanmoins, ces premiers constats ne doivent pas masquer la permanence de plusieurs difficultés et limites qui nuancent nettement la portée d’un tel titre.
3.2. La permanence de limites et de transformations territoriales contestables
27On l’a compris, à Marseille, plusieurs initiatives traduisent les effets territoriaux du titre CEC sur le temps long. D’autres en revanche mettent en évidence le caractère éphémère de certaines infrastructures tout en contrastant les effets territoriaux positifs largement valorisés par les décideurs locaux et les organisateurs à la suite de l’événement MP 2013.
28Considéré comme l’une des principales vitrines de l’événement MP 2013, le Pavillon M est une infrastructure temporaire de 1200m² réalisée par le scénographe Philippe Malta. Ce lieu structure éphémère, construit sur la place Bargemon près de l’hôtel de ville, a accueilli plusieurs expositions tout au long de l’année CEC. Composé en partie d’une structure en bois entièrement démontable, ce lieu n’a jamais eu vocation à et ce, en dépit de chiffres de fréquentation particulièrement encourageants (plus d’1,2 million de visites pendant toute la durée de l’événement). Présenté comme un « espace d’information et d’exposition »12, ce lieu sert d’étendard à la municipalité marseillaise comme le souligne C. Boumendil :
« Ça a été un extraordinaire outil de communication pour la ville […]. J’ai le sentiment que ça a été vraiment destiné à associer les marseillais à l’événement en leur donnant le sentiment qu’ils étaient partie prenante, que cet événement ne se passait pas à côté d’eux mais avec eux et pour eux. Il y a eu un engouement fantastique pour le Pavillon M ».
29En février 2014 et malgré le grand intérêt que lui portent les marseillais, le Pavillon M est entièrement démonté, rappellant que les temporalités d’une année CEC et les fonds qui lui sont associés s’inscrivent à court terme. Cela interroge sur la pérennité des investissements dans le champ de la culture surtout lorsque les infrastructures en question sont largement plébiscitées par le public auquel elles s’adressent. D’après la personne interrogée au sein de la métropole AMP, cette situation fait d’ailleurs écho à un positionnement particulier de la part des collectivités territoriales directement impliquées dans l’événement culturel. Ces dernières ont eu tôt fait de refermer le dossier MP 2013 une fois les cérémonies de clôture passées :
« […] il y a eu un phénomène assez étrange. Dès que la capitale européenne s’est terminée, la totalité des collectivités a voulu fermer le dossier le plus rapidement possible. […] Il y a eu une fin de non-recevoir catégorique de l’ensemble des acteurs : la ville de Marseille, le département à l’époque et la région. Je pense qu’il n’y a pas de passion pour les sujets culturels sur ce territoire et le prisme de lecture pour savoir comment on va s’en sortir passe plutôt par des réflexes économiques. Donc le Pavillon M a fait l’objet d’une fermeture programmée13 ».
30Ce témoignage souligne la déconnexion patente entre certains discours des décideurs locaux autour de la culture et la réalité tangible sur le terrain. A Marseille par exemple, les discours d’acteurs ont souvent permis de valoriser la dimension cohésive et inclusive des champs culturels et créatifs. Une partie de la candidature pour le titre est d’ailleurs fondée en référence à l’inclusion et à la mixité sociale. Or, d’un point de vue factuel, la très grande majorité des événements ou des infrastructures ont été concentrées autour du front de mer, sans proposer une réelle intégration géographique ou symbolique des quartiers périphériques. La dichotomie entre les discours d’acteurs et les actions menées dans le cadre d’une régénération urbaine par la culture ne concerne pas exclusivement le cas marseillais. Au contraire, la situation observée au sein du périmètre MP 2013 s’apparente à d’autres expériences comme lors de la mise en place de projets culturels par un bailleur social lyonnais dans le contexte de compétition pour le titre CEC en 2008 (Bouhaddou, 2019) : le projet 8ème art dont l’objectif était de créer un parcours d’œuvre d’art au sein du boulevard des Etats-Unis à Lyon, a été qualifié de « trop élitiste et trop coûteux » dans la presse14. Ce projet culturel n’a pas eu les répercutions escomptées et a rapidement avorté (seules deux des huit œuvres initialement prévues ont vu le jour). A ce propos, M. K. Bouhaddou souligne un décalage tangible entre des situations socio-territoriales complexes et des projets culturels inadaptés à de tels contextes :
« […] Le démarrage de la réflexion autour du projet 8ème art se fait au moment où on est en train de choisir qui sera la Capitale Européenne de la Culture en 2013. Lyon est candidate et le bailleur [Grand Lyon Habitat] par l’intermédiaire de son président qui avait travaillé au service culturel de la région [Rhône-Alpes], pensait que ce serait un projet suffisant pour faire basculer la balance en faveur de Lyon. Cela n’a pas marché ».
31Par ailleurs, le cas de l’événement MP 2013 permet de soulever la permanence d’une transformation socio-spatiale néolibérale contestable (Vignau et Grondeau, 2021). En effet, en 2023, ce constat mis au jour par certains artistes dans les premiers mois de l’événement MP 201315, est toujours d’actualité. Ainsi, en fondant notre réflexion sur une grille d’analyse du néolibéralisme urbain, l’on constate que les marqueurs territoriaux qui subsistent à la fin de l’année CEC s’apparentent parfois aux stigmates d’une idéologie néolibérale. Selon nous, ce type de régénération territoriale s’appuie sur trois critères principaux à savoir : l’exacerbation de la concurrence territoriale et des logiques marchandes, la stigmatisation insidieuse de la pauvreté ainsi que la sécurisation accrue de l’espace public. Autour du front de mer phocéen, ces trois facteurs sont visibles et ont été exacerbés par les chantiers mis en œuvre pour accueillir l’événement MP 2013. Le néolibéralisme urbain marseillais se traduit notamment par l’usage d’un mobilier urbain ségrégant (lorsqu’il existe car le nombre de bancs publics sur la place piétonne du Vieux-Port reste aujourd’hui encore, très restreint) mais aussi par la prédominance des caméras de vidéosurveillance tout autour des nouvelles infrastructures créées pour l’année CEC. Ces éléments constituent des limites socio-spatiales qui, si elles ne dépendent pas directement du titre européen, ont pu être exacerbées par les transformations territoriales qui en ont découlées. De ce point de vue, les limites de la régénération urbaine par la culture restent toujours présentes et visibles dix ans après. Or, bien que la vocation initiale des CEC ne soit pas de résoudre l’ensemble des problématiques du territoire labellisé, on peut légitimement s’interroger sur les effets pervers qui découlent directement ou non de l’obtention d’un tel titre, surtout lorsque les chantiers initiés ne se fondent pas prioritairement sur des logiques d’égalité et d’inclusion socio-spatiale. Finalement, à l’inverse de certains effets positifs visibles à court terme, il semble que ces limites s’inscrivent quant à elles sur un temps bien plus long.
Conclusion
32Tout au long de l’année 2013, les superlatifs n’ont pas manqué pour qualifier à la fois l’inauguration d’infrastructures culturelles prestigieuses et les succès de grandes manifestations ayant réuni de nombreux visiteurs. Alors que la fête bat son plein dans l’hypercentre marseillais et dans plusieurs des communes associées à MP 2013, la plupart des regards sont tournés vers le succès et l’indéniable opportunité territoriale que représente un tel titre. A ce moment-là pourtant, quelques voix s’élèvent déjà pour souligner la dimension élitiste de la programmation officielle et l’inégale inclusion de certains quartiers ou de certaines pratiques artistiques, notamment la culture alternative. Pour autant, malgré ces premières critiques, l’organisation de l’année CEC 2013 fait aujourd’hui figure de cas d’école, dans la lignée de Lille 2004, même si ces deux projets restent différents à plusieurs égards. De fait, en 2023, lorsque l’on interroge certains acteurs du territoire en leur demandant les mots clés définissant MP 2013 a posteriori, le constat est positif. A ce titre, pour les personnes que nous avons interrogées dans le cadre de cette étude, ce sont les termes « réussite », « extraordinaire opportunité » mais aussi « inattendu », qui sont convoqués pour qualifier l’événement. Bien que nous ayons montré la dimension temporaire de certains lieux ou événements dans le cadre de l’année CEC 2013, force est de constater que son aura perdure, l’exemple marseillais constituant une source d’inspiration pour plusieurs des villes françaises en lice pour l’année CEC 2028. Cependant, la culture et la créativité ont un rôle limité en termes de régénération urbaine. De ce point de vue, la dimension néolibérale de l’aménagement du front de mer phocéen qui découle de l’organisation du grand événement, constitue un facteur contestable devant également être analysé. En adoptant une démarche scientifique qui s’appuie sur des sources tangibles et des données factuelles, il convient avant tout de dépasser l’approche manichéenne trop simpliste et peu représentative des spécificités du territoire phocéen. Tout n’est évidemment ni entièrement bon, ni totalement mauvais dans les démarches de labellisation territoriale. Il existe de nombreuses nuances qu’il faut continuer à analyser en soulevant la dichotomie qui existe entre des discours d’acteurs, souvent forgés par des politiques territoriales très et peut-être trop ambitieuses, et le contexte social, économique et spatial des périmètres en question. Les premiers résultats de cet article méritent finalement d’être étayés par d’autres analyses en réfléchissant par exemple aux effets du titre culturel européen dans une perspective comparative (étude multiscalaire) ou encore dans une perspective d’approfondissement thématique. Ainsi, nous pourrions nous interroger sur les effets générés par l’organisation d’un tel événement culturel sur les évolutions plus spécifique du marché immobilier marseillais (particulièrement dans l’hypercentre). En effet, ce secteur participe grandement de l’aménagement d’un territoire et l’une de nos perspectives de travail serait de comprendre en quoi le champ de la culture pourrait représenter une opportunité de marché pour les promoteurs, les constructeurs ou les bailleurs sociaux ?
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1 La ville de Marseille approuve la candidature pour l’obtention du titre de CEC en mars 2004 comme en témoigne l’acte de délibération N° 04/0262/CESS lors de la séance du 29 mars 2004 du conseil municipal.
2 On pense évidemment au lancement des capitales européennes de la culture à l’initiative de la ministre de la culture grecque Mélina Mercouri et de son homologue français Jack Lang, en 1985. Mais l’intérêt politique pour la culture et la créativité est surtout visible en avril 1998, lorsque le DCMS (Department for Digital, Culture Media and Sport) britannique publie une série de rapports regroupés sous le titre Creative Industries Mapping Document. À propos des institutions, les Nations Unies, par le biais de l’UNESCO d’abord puis de la CNUCED, publient en 1982 le rapport intitulé Les industries culturelles : Un enjeu pour l’avenir de la culture et lance, à partir de 2004, le Creative Economy Programme.
3 La régénération urbaine s’entend ici comme : « La reprise de territoires déjà urbanisés, car ils sont affectés par diverses formes de délaissements, d’inadaptations ou de dysfonctionnements socio-économiques. » (Chaline, 2010, p. 127).
4 Financements principalement issus du gouvernement central ou du secteur privé.
5 L’acronyme CAME signifiant selon le chercheur Olivier Bouba-Olga : Compétitivité, Attractivité, Métropolisation et Excellence.
6 Extrait de l’entretien réalisé avec Mélanie Hesnard, architecte et enseignante permanente à l’ESPI (Ecole Supérieure des Professions Immobilières) Marseille, le 4 janvier 2023.
7 Extrait de l’entretien réalisé avec , Charles Boumendil, ancien président de la SEM Marseille-Aménagement et référent métier promotion immobilière à l’ESPI Marseille, le 6 janvier 2023.
8 Pour reprendre l’expression donnée par Mélanie Hesnard lors de l’entretien du 4 janvier 2023.
9 A titre d’information, les premières boutiques des Voûtes de la Major dans le quartier de la Joliette, sont inaugurées en septembre 2014, les Docks Village sont ouverts au public depuis le 10 octobre 2015 et le centre commercial des Terrasses du Port ont été inaugurées le 24 mai 2014.
10 Extrait de l’entretien réalisé le 1er février 2023, avec un cadre exerçant à la métropole AMP et souhaitant rester anonyme.
11 Un même visiteur pouvant être comptabilisé plusieurs fois. D’après le document intitulé Point sur la fréquentation Marseille-Provence 2013, publié en avril 2014 par l’association MP 2013.
12 Pour reprendre les termes publiés dans le premier article consacré au sujet du Pavillon M dans l’édition marseillaise du quotidien régional La Provence (17/01/2013).
13 Extrait de l’entretien réalisé le 1er février 2023, avec un cadre exerçant à la métropole AMP et souhaitant rester anonyme.
14 Le court article intitulé « 8e Art, un projet trop élitiste et trop coûteux », publié par le Progrès le 24/04/2016.
15 On pense notamment ici au travail de l’artiste alternative Keny Arkana qui publie en mars 2013 un mini-documentaire intitulé Marseille, capitale de la rupture.