Sommaire
11 / été et automne 2023
Les enjeux du label Capitale Européenne de la Culture pour le développement territorial
- Editorial
- Charles-Edouard Houllier-Guibert, Fabienne Leloup et Laurence Moyart Les CEC deviennent un champ d’étude au fil des années
- Articles
- Marina Rotolo Villes moyennes et labellisation CEC. Quels effets ?
- Corina Turșie Capital social et réseaux organisationnels dans le cadre de Timișoara, Capitale européenne de la Culture 2023
- Pauline Bosredon et Thomas Perrin Les maisons Folie d’hier à aujourd’hui, instruments d’une transformation urbaine multiscalaire
- Cristina Algarra Périmètre et mise en récit des candidatures françaises au label Capitale européenne de la culture
- Mathilde Vignau Les effets du titre Capitale Européenne de la Culture sur l’aménagement urbain local, 10 ans plus tard
- Maria Elena Buslacchi Toute ville Capitale. L’essaimage des Capitales européennes de la culture
- Synthèses
- Patrizia Laudati Compte-rendu d’ouvrage. Capitales Européennes de la Culture en Méditerranée : voyage dans les villes de l’entre-deux. Une perspective anthropologique sur les transformations urbaines depuis Gênes et Marseille
Maria Elena Buslacchi – 2020 – 191 pages - Anne-Marie Autissier Un nouveau cap pour les Capitales européennes de la culture ?
- Boris Grésillon La dissolution du 31 décembre 2013 : de la capitale de la culture à la capitale de la cloture
Capital social et réseaux organisationnels dans le cadre de Timișoara, Capitale européenne de la Culture 2023
Corina Turșie
En 2023 la ville de Timișoara devient Capitale européenne de la Culture. Cette année culturelle laisse derrière elle une période de préparation de près de dix ans, marquée par une série de difficultés, dont la crise de la pandémie qui a fortement touché le secteur culturel et créatif local. Sachant que le label culturel est une source potentielle de génération de capital social pour le secteur culturel, cet article propose, à l’aide des outils de la science des réseaux, une analyse empirique de l’écosystème culturel de Timișoara 2023. Les résultats permettent de discuter de la densité du réseau de partenaires, de la centralité des partenaires les plus connectés, de l’intensité de collaboration entre partenaires et des clusters de collaboration par type d’organisation ou nœud. Les résultats peuvent être une ressource pour appréhender, dans les politiques publiques, la pérennisation de l’écosystème culturel après l’obtention du titre de Capitale européenne de la Culture et questionne également sa dimension européenne.
In 2023 the city of Timișoara becomes European Capital of Culture. This cultural year has behind it a period of preparation of almost ten years, marked by a series of difficulties, including the pandemic crisis which has strongly affected the local cultural and creative sector. Knowing that the cultural label is a potential platform for generating social capital for the cultural sector, this article proposes, using the tools of network science, an empirical analysis of the cultural ecosystem of Timișoara 2023. The results allow to discuss the density of the network of partners, the centrality of the most connected partners, the intensity of collaboration between partners and the clusters of collaboration by type of organization or node. The results can be a policy resource for understanding the sustainability of the cultural ecosystem after obtaining the title of European Capital of Culture and they also question its European dimension.
1Quatre générations de Capitales européennes de la Culture (CEC) se sont succédées jusqu’à présent, coïncidant avec trois différents ensembles de législation européenne (Sassatelli, 2009 ; Garcia et Cox, 2013). Au fur et à mesure que le cadre législatif européen évoluait, nous avons observé des changements dans les objectifs du programme mais aussi dans les stratégies de développement culturel utilisées par les villes (Malcom, 2005 ; Grodach et Loukaitou-Sideris, 2007 ; Sacco et al. 2013 ; Turșie, 2015a). Le titre de CEC est obtenu après un concours national interne et les villes candidates ont plusieurs années pour préparer un programme culturel à dimension européenne, basé principalement sur la coopération culturelle. Le programme doit être pérenne et faire partie intégrante du développement culturel et social à long terme de la ville. La perspective du développement pérenne par la culture suscite un intérêt de recherche accru et soulève une critique récurrente : l’instrumentalisation de la culture pour des buts principalement économiques (Garcia, 2004). À cette perspective s’y oppose une autre : une vision bottom-up et non marchande du développement culturel dans laquelle la participation sociale, le capital social et la cohésion communautaire priment sur les considérations économiques (Sacco et al. 2014). Cependant, si les effets de développement urbain à long terme sont produits par la planification d’héritages pérennes et d’impacts sociaux et culturels (Liu, 2017), la difficulté demeure de les mesurer à cause de leur immatérialité (Garcia, 2005 ; Turșie et Perrin, 2020 ; Scardigno et al., 2022 ; Vujičić et al., 2023).
2Comment enquêter sur la pérennité, le dynamisme, l’effervescence culturelle d’une CEC sans compter uniquement, comme cela est habituellement fait, le nombre d’institutions culturelles et leur capacité à recevoir le public ou le nombre de tickets vendus ? Comment mesure-t-on l’impact du titre sur le renforcement pérenne du secteur culturel local ? Sans avoir l’ambition de répondre à toutes ces questions, cet article propose, avec l’aide des outils de la science des réseaux, une analyse empirique des réseaux de collaboration de Timișoara 2023. Ces connexions contribuent au développement de la dimension européenne du programme CEC, tâche difficile dans les villes périphériques postsocialistes (Turșie, 2015b ; Vesalon et Crețan, 2019). En choisissant Timișoara 2023 comme territoire de l’analyse, cette étude de cas contribue à la littérature sur l’importance du label CEC pour la quatrième génération des villes CEC, celles qui, depuis 2019, doivent proposer et suivre des plans de suivi et d’évaluation de leurs programmes culturels. De nouvelles approches méthodologiques peuvent être une ressource précieuse, notamment pour les politiques publiques.
1. Capital social et réseaux de collaboration
3Le lien entre le titre CEC et le développement du capital social a été discuté par plusieurs chercheurs. Le titre CEC est une source potentielle de génération de capital social pour le secteur culturel (Liu, 2017). Richards et al. (2013) mentionnent des mécanismes utilisés pour accroître le capital social, soit en augmentant l’interaction, en favorisant des niveaux d’identification plus élevés, soit en soutenant les structures et réseaux sociaux. Palmer (2004) considère que la valeur ajoutée du degré de collaboration au sein du secteur culturel peut avoir des implications importantes pour la planification d’événements, comme une augmentation du nombre de visiteurs, une augmentation de l’attention générée par l’événement et l’opportunité d’en tirer un profit économique. Enfin, ces collaborations contribuent à la pérennité du titre, car la valeur durable du label réside dans les contacts et réseaux internationaux créés au cours de l’année (Sjøholt, 1999) et la possibilité d’apprentissage au sein de ces réseaux.
4Le capital social est un concept complexe et contesté, avec des interprétations divergentes quant à sa signification et son usage (Bourdieu, 1986 ; Coleman, 1988 ; Putnam, 2000) et avec différents niveaux d’analyse : individuelle ou communautaire. Dans une argumentation par analogie simplifiée, si le capital humain fait référence aux capacités d’une personne et le capital économique à l’argent, alors le capital social fait référence aux relations et aux réseaux humains. La structure des relations humaines inhérente au capital social peut être saisie dans l’idée de réseaux sociaux, c’est-à-dire le réseau de relations entre les individus d’une population donnée. Les chercheurs conviennent généralement que le capital social est vu comme une ressource accessible à travers les contacts sociaux et les réseaux avec des normes, des valeurs et des compréhensions qui facilitent la coopération au sein ou entre les groupes (OCDE, 2001). Bourdieu conceptualise le capital social plutôt comme une ressource individuelle, dépendante de la position sociale d’une personne, alors que Putnam le voit comme une ressource pour la communauté ou la société dans son ensemble.
5Au niveau communautaire, l’engagement civique par le nombre d’organisations en son sein peut constituer une bonne mesure du capital social, car il signale des opportunités de création de liens qui sont à la fois solides et peu coûteux à établir. Le bonding social capital, le capital social de liaison décrit par Putnam, relie des membres de groupes culturels socialement homogènes. Il est plus introspectif, favorise la réciprocité et l’action collaborative et il permet d’inspirer un sentiment d’appartenance. La notion de bonding social capital a été critiquée notamment en termes d’intérêt personnel, d’exclusion des étrangers, d’outsiders (Callahan, 2005 ; Baycan et Öner, 2022). Le bridging social capital permet quant à lui de créer des liens entre des groupes hétérogènes ; il est plus tourné vers l’extérieur et limite des clivages existants. De tels réseaux permettent d’accéder à des informations et à des ressources en dehors du groupe et stimulent le renforcement de la cohésion communautaire, car les personnes qui forment des ponts entre des groupes habituellement non liés peuvent servir de médiateurs entre ces groupes et mobiliser les individus pour des causes communes. Selon Putnam, les deux types de capital social ont des objectifs différents mais peuvent coexister et être priorisés en conséquence. Les critiques de Putnam ont également développé le concept de linking social capital (Woolcock, 1998), qui ajoute une dimension politique à l’analyse, car ce type de capital social tisse des liens avec ceux qui ont des moyens financiers, de l’influence et du pouvoir politique.
6L’idée de réseau social est au centre de la compréhension du capital social. De plus, les éléments de capital social tels que l’obligation, la confiance, les canaux d’information, les normes et les sanctions sont facilités par la structure du réseau social. Ainsi, la densité ou la fermeture du réseau aide à créer de la confiance et des normes efficaces (Coleman, 1988) ou la réciprocité généralisée dont Putnam parle. La multiplexité dans les réseaux, c’est-à-dire le fait que les acteurs se connaissent dans plus d’un contexte, peut faciliter ce que Coleman appelle l’organisation sociale appropriable ou les avantages des relations d’un contexte à être appropriées pour être utilisées dans un autre (Coleman, 1988).
7Cette recherche mobilise le concept de capital social au niveau communautaire pour analyser le processus de développement du secteur culturel de Timișoara 2023 dans le cadre des collaborations développées. La base empirique de l’analyse est composée des documents de candidature de Timișoara 2023 : le Bid Book de 2016 (Timișoara 2021, 2016) et sa version révisée en 2022 (Timișoara 2022, 2023). L’étude proposée est une analyse relationnelle des collaborations entre organisations culturelles au sein de l’écosystème culturel et créatif de Timișoara 2023, comme instrument innovatif d’investigation sur le capital social communautaire.
8L’approche de la culture fondée sur les écosystèmes a été décrite par des chercheurs ainsi que par des décideurs. La Commission européenne (2018) souligne l’importance des secteurs de la culture et de la création pour l’innovation, la création d’emplois, la cohésion et le bien-être des sociétés. Au cœur de cette approche, on trouve l’idée selon laquelle les secteurs de la culture et de la création fonctionnent de manière intersectorielle avec différents secteurs adjacents, ou avec des secteurs complètement différents. Thorsby (2008) parlait d’interdépendance : les systèmes économiques, sociaux, culturels et environnementaux ne doivent pas être vus isolément. Une approche holistique est plutôt nécessaire, c’est-à-dire une approche qui reconnaît l’interdépendance, notamment entre développement économique et développement culturel.
9En évoquant la coopération et les échanges, les initiatives conjointes avec des opérateurs culturels et créatif locaux, nationaux et européens, nous avons également l’occasion de réfléchir à la résilience de l’environnement culturel de Timișoara : sa capacité à se reconstruire après une crise. Sur ce point, Cox (2000) estime que les forces du capital social entrent en jeu lorsque les communautés doivent faire face à des conflits, des problèmes ou des changements. Les mesures du capital social complètent et élargissent la gamme des indicateurs sociaux habituels et offrent de nouvelles perspectives sur la manière dont nous pouvons créer un système sociétal plus résilient.
10Dans ce qui suit, l’étude est divisée en trois parties : une chronologie des défis rencontrés par Timișoara dans la préparation du titre CEC, une présentation de l’écosystème culturel et créatif de Timișoara 2023 comme une analyse du réseau d’acteurs culturels inclus dans les documents de candidature, enfin une discussion sur la pérennité de l’environnement culturel et créatif de Timișoara ainsi que quelques implications pour les politiques publiques.
2. Chronologie des défis pour être CEC
11Ayant le slogan ‘Shine your light, light up your city!’, Timișoara CEC 2023 évoque dans son dossier de candidature plusieurs significations de la métaphore de la lumière. Timișoara est une ville pionnière : en 1884, c’était la première ville d’Europe continentale dont les rues étaient éclairées à l’électricité ; l’étincelle de la Révolution anticommuniste de 1989 a commencé à Timișoara. Dans une compréhension symbolique, la lumière intérieure des citoyens dont l’énergie est activée sera l’héritage du titre CEC. Le Bid Book est composé de trois territoires symboliques à explorer, de l’obscurité à la lumière. Le territoire ‘hommes’ évoque la dimension de l’inclusion sociale et la nécessité d’accroître l’accès et la participation à la culture. Le territoire ‘lieux’ explore les enjeux centre-périphérie, qu’il s’agisse de la distribution équitable des évènements culturels dans les différents quartiers de la ville, ou de la dimension transfrontalière de la candidature, impliquant la région historique du Banat. Le territoire ‘connexions’ ouvre la réflexion sur la dimension européenne de la candidature, construite entre autres à travers des partenariats organisationnels. Le passage des territoires symboliques est jalonné par des ‘stations’ et ‘trajets’ (projets phares) et les stations et trajets ont des ‘hôtes’ (leaders) et des ‘partenaires’ (organisations locales et européennes).
12Timișoara a remporté en 2016 le concours national pour l’obtention du label CEC en 2021, au travers de l’association Timișoara 2021, une structure non gouvernementale, étroitement liée à la Municipalité. Durant la période de préparation 2016-2020, l’association Timisoara 2021 a été fortement critiquée par une partie de la communauté culturelle locale à cause d’accusations de clientélisme qui ont compliqué les préparatifs ainsi que le retard dans le financement promis par trois institutions de financement (la Municipalité, le Conseil départemental de Timiș et le ministère de la Culture). En 2020, la pandémie a bloqué les évènements culturels prévus, sauf ceux qui ont eu la possibilité de migrer en ligne. Des mesures de gestion adaptative ont été prises au niveau individuel et collectif (Matei et al., 2021). L’année de CEC a alors été reportée à 2023. Après les élections locales de 2020, les changements de pouvoir politique ont été suivis de la démission de la directrice de l’association Timișoara 2021. Une nouvelle institution publique a été créée (le Centre de projets de la Municipalité de Timișoara) dans le but de gérer le titre et la préparation d’un nouveau Bid Book. La candidature initiale a été filtrée pour ne présenter que des projets considérés réalisables à court terme jusqu’en 2023, gérés par des organismes ayant prouvé leur activité ces dernières années. L’ancienne association Timișoara 2021 a changé de direction et n’a plus conservé que des fonctions de communication et de recherche de fonds. Dès lors, la gouvernance de Timișoara CEC 2023 est devenue assez compliquée. Le nouveau Bid Book, publié en 2022, ne présentait que 70% des projets à mettre en œuvre, financés principalement par la Municipalité et le Conseil départemental de Timiș. Les autres 30% restaient à développer début 2023. Plusieurs appels ont été lancés fin décembre 2022 et début 2023, avec l’arrivée de financements du ministère de la Culture, promis depuis longtemps. Même si cette partie de la programmation culturelle se déroule tardivement, l’organisation transparente des appels à projets et le mode clair de jugement visent à apporter de la confiance dans la gestion du projet Timișoara 2023, après qu’il y a eu dans la période précédente des soupçons d’intérêts privés, montrant le côté obscur du capital social.
3. Réseau de collaborations de Timișoara 2023
13L’analyse du réseau de collaborations dans le cadre de CEC est basée sur les données contenues dans le Bid Book. Le programme culturel a été analysé et organisé afin d’obtenir une matrice symétrique sur le réseau de collaborations entre les acteurs culturels. La figure 1 est une matrice 272x272 et les résultats sont visualisés avec le logiciel Gephi. Les 272 nœuds représentent toutes les organisations impliquées dans la mise en œuvre du programme culturel Timișoara 2023, qui sont mentionnées dans le Bid Book. Plus le nœud est grand, plus l’organisation est impliquée dans des projets. En violet, nous avons représenté les plus grands nœuds : le Centre de projets de la Municipalité et l’Université de l’Ouest de Timișoara. En bleu, on voit le Conseil départemental de Timiș, l’Institut français de Timișoara ou encore le Centre culturel allemand. Les 3466 traits représentent les collaborations entre ces organisations, qui partagent des stations et des trajets communs.
Figure 1. Le réseau de collaborations de Timișoara 2023
Source : l’auteure (avec Gephi)
14Les couleurs représentent des groupes de contenu du programme culturel : les stations culturelles. Plus précisésment, les fiches descriptives des stations et trajets présentes dans le Bid Book ont été analysées pour en extraire des informations sur les organisations hôtes (leaders) et les organisations partenaires. Trois types de collaborations ont été notés : leader-leader (leadership partagé) ; leader-partenaire ; partenaire-partenaire (membership partagé). Les résultats nous permettront de discuter de la densité du réseau de partenaires, de la centralité des partenaires les plus connectés, de l’intensité de collaboration entre partenaires et des clusters de collaboration par type d’organisation / de nœud. La figure 1 montre les 272 organisations locales, nationales, européennes ou internationales impliquées dans le programme culturel de Timișoara 2023. On peut extraire de ce réseau des informations sur sa structure, ses acteurs et les relations entre eux, qui sont présentées dans ce qui suit. La densité du réseau, calculée avec Gephi, est de 10%, signifiant que 10% des organisations du programme culturel de Timișoara 2023 étaient connectées dans un projet commun en 2022. Est-ce une opportunité ou un obstacle ? Il est important de mentionner que tous les ‘hôtes’, c’est à dire les responsables / leaders des projets culturels financés, sont des organisations roumaines, en tant qu’acteurs principaux du titre de CEC. De plus, la plupart des organisations partenaires sont de Roumanie (55%), principalement de Timișoara. Les partenaires européens (figure 2) sont des organisations françaises (4%) ou allemandes (3,8%), ainsi que provenant de pays voisins qui accueillent également des villes CEC : Veszprem 2023 en Hongrie, Novi Sad 2022 en Serbie (4%) et Rijeka 2022 en Croatie (1%).
Figure 2. Organisations partenaires par pays (gauche) et Organisations partenaires par type (droite)
Source : l’auteure (avec les dates de Bid Book Timișoara 2023)
15La Figure 2 nous indique aussi le type d’organisations. Un grand nombre de partenaires représente le secteur culturel et créatif indépendant (compris ici comme acteurs créatifs et culturels non-gouvernementaux ou privés), preuve de l’effervescence culturelle de la ville (Popa et al., 2021). Pour cette recherche, les sous-types d’acteurs par domaines d’activité n’ont pas été détaillés. Les autres acteurs impliqués dans le programme culturel de Timisoara 2023 sont :
-
les établissements d’enseignement (universités, lycées, écoles en majorité de Timișoara et de Roumanie mais aussi l’Université de Novi Sad ou l’Université Technique de Kaunas) pour 14,28%
-
les institutions culturelles publiques (théâtres, opéra, philharmonies, orchestres, musées et galeries) pour 11,08%
-
l’administration publique (mairies, conseils de département, ministères) pour 10,69%
-
les réseaux européens (des collaborations permanentes transnationales entre différentes organisations publiques et privées telles que Europeana Network, European Network of Co-responsible Territories ou Slow Food International) pour 6,03%
-
la diplomatie culturelle représentée par des instituts culturels de différents pays, dans la compréhension traditionnelle d’activité conduite par l’État et ancrée dans des processus bilatéraux (tel que l’Institut français à Timișoara, l’Institut polonais en Roumanie, le Centre culturel allemand à Timișoara, le Centre culturel serbe à Paris...) pour 5,57%
-
d’autres associations gérant des titres CEC (Bodo 2024, Elefisna 2023, Veszprém 2023) pour 1,6%
-
des associations professionnelles non liées à la culture (des médecins de thérapie intensive, des paysagistes, des spéléologues…) pour 1,59%
-
le secteur commercial (des banques et des hôpitaux privés à Timișoara...) pour 1,53%
16Différents types d’organisations sont impliqués dans le programme culturel révisé, soulignant la valeur ajoutée de la collaboration : mutualisation des ressources, augmentation de la participation du public, inclusion sociale ou innovation culturelle. Par exemple, un événement culturel récurrent dans la région de Banat, un concert de musique classique dans la grotte de Românești, implique désormais une association de spéléologues et la philharmonie de Timișoara comme partenaires dans un réseau hétérogène. Spotlight heritage est un projet qui implique quant à lui le Musée national d’Histoire du Banat et l’Université Polytechnique de Timișoara, ayant pour but de développer une plateforme digitale utilisant les technologies de réalité augmentée (AR) et de réalité virtuelle (VR) pour offrir un voyage virtuel à travers cinq quartiers de Timișoara. Sachant qu’au sein du secteur culturel et créatif, des opportunités d’innovation sont manquées en raison d’un manque de collaboration intersectorielle (Institut Goethe, 2020), il est important pour les villes CEC de cartographier tôt l’environnement créatif et culturel local afin d’identifier les organisations ressources, leur potentiel de bridging et d’imaginer des politiques publiques favorisant ce type de collaborations intersectorielles ayant du sens pour la communauté.
17En ce qui concerne les connexions, les organisations les mieux connectées dans le programme culturel de Timișoara 2023 sont présentées dans la figure 3. L’indicateur ‘Degré’ exprime le nombre de connexions avec d’autres organisations. Nous constatons l’importance significative des deux premières organisations (Le Centre de projets de la Municipalité et l’Université de l’Ouest de Timișoara) les plus grands nœuds dans le réseau culturel de Timișoara 2023. L’indicateur Closeness centrality ou centralité de proximité exprime le statut d’organisation centrale, c’est-à-dire ayant la possibilité de parcourir les chemins les plus courts en reliant la plupart des autres nœuds. On retrouve ici les organisations ressources, celles ayant un capital relationnel important :
-
une organisation fédératrice du secteur jeunesse (la Fondation départementale de la Jeunesse de Timiș)
-
des instituts culturels étrangers (français et allemand) localisés à Timișoara
-
un établissement de l’administration publique départementale (le Conseil départemental de Timiș)
-
des institutions culturelles publiques (le Musée national d’art de Timișoara, le théâtre national Mihai Eminescu de Timișoara)
-
le secteur indépendant, qu’il s’agisse d’une galerie d’art moderne d’importance nationale (Fondation Triade Timișoara) ou d’un centre communautaire indépendant,
-
le plus grand tiers-lieu à Timișoara (FABER) qui a été ouvert dans l’espace d’une ancienne usine d’huile et de peinture, action de régénération du patrimoine industriel et phénomène plutôt moins visible à Timisoara (Pavel et Jucu, 2020).
18L’Université de l’Ouest de Timișoara, le plus grand établissement d’enseignement de la région, a un capital relationnel bien établi et est également un réservoir de savoir-faire à partager dans la communauté.
19L’indicateur Eigenvector centrality montre une organisation fortement connectée à d’autres organisations bien connectées ; ce sont les organisations qui collaborent dans plusieurs projets avec les mêmes organisations, ayant elles-mêmes beaucoup d’autres collaborations. La multiplexité (acteurs qui collaborent dans plusieurs projets dans le programme culturel de Timișoara 2023) implique en premier lieu des acteurs ayant une capacité opérationnelle forte et constante. On voit ici la position centrale du Centre de projets de la Municipalité, une institution publique qui gère le financement de la plupart de projets inclus dans le Bid Book et qui, par conséquent, ayant le contrôle des ressources financières, exprime un capital social important de type linking. Une personne désignée comme curateur dans chaque composante du programme culturel a été mise à la disposition des acteurs du réseau pour construire des collaborations, fournissant à la communauté locale un précieux linking social capital.
Figure 3. Organisations les mieux connectées
N° |
Organisation |
Degré |
Centralité de proximité |
Centralité de vecteur propre |
1 |
Centre de projets Municipalité de Timișoara |
251 |
0.96 |
1 |
2 |
Université de l’Ouest de Timișoara |
213 |
0.89 |
0.96 |
3 |
Fondation départementale Jeunesse Timiș |
94 |
0.67 |
0.59 |
4 |
Institut français de Timișoara |
90 |
0.66 |
0.55 |
5 |
Centrel culturel allemand de Timișoara |
84 |
0.65 |
0.53 |
6 |
Conseil départemental de Timiș |
79 |
0.64 |
0.51 |
7 |
Musee national d’art de Timișoara |
64 |
0.61 |
0.42 |
8 |
Institut culturel roumain |
58 |
0.60 |
0.41 |
9 |
Fondation Triade Timișoara |
57 |
0.60 |
0.41 |
10 |
FABER Timișoara |
52 |
0.59 |
0.37 |
11 |
Theatre national Mihai Eminescu Timișoara |
46 |
0.58 |
0.37 |
Source : l’auteure (avec les dates de Bid Book Timișoara 2023)
20L’importance d’une organisation ressource dans le réseau réside dans son potentiel à faciliter la création rapide de nouvelles connexions. Si on se demande à qui s’adresser pour organiser un évènement impliquant le Centre Pompidou à Timișoara après 2023, on peut commencer par identifier une organisation déjà liée à cette institution culturelle. Cet exemple n’est pas pris au hasard, car dans le programme culturel CEC 2023 figure l’évènement culturel probablement le plus important en termes de budget et de visibilité potentielle : l’exposition sur le sculpteur Constantin Brâncuși en septembre 2023 qui implique des partenaires tels que le Centre Pompidou de Paris ou le Tate Modern de Londres.
21Le réseau faisant partie du programme culturel Timișoara 2023 qui relie le Centre Pompidou est représenté par type d’organisation (figure 4) ou par pays (figure 5). Le bonding consiste en des clusters de connexions entre des acteurs similaires : des acteurs culturels indépendants clés, dans le domaine des arts visuels tels que la Fondation Triade et la Fondation Art Encounters de Timișoara ; des institutions culturelles publiques telles que le Tate Modern de Londres, le British Museum de Londres, la Galerie Matica Srpska de Novi Sad, le Musée national d’art de Timișoara ; les institutions de la diplomatie culturelle (Instituts et Centres culturels français, allemand, polonais ou roumain) ; des universités (l’Université de l’Ouest de Timișoara, l’Université nationale d’Art de Bucarest, l’Université d’Art et Design de Cluj-Napoca). Sans prendre ici en compte l’ampleur des nœuds (la figure 5 représente l’ampleur des nœuds dans l’ensemble de l’écosystème), le réseau impliquant le Centre Pompidou exprime l’hétérogénéité des acteurs de différents types, qui sont connectés dans des projets culturels et qui partagent des trajets et stations communs dans le Bid Book.
Figure 4. Ego network Centre Pompidou par type d’organisation
Source: l’auteure (avec Gephi)
22Le bridging dans ce réseau s’exprime par le fait qu’il implique également la contribution d’un hôpital privé et d’une institution bancaire qui soutient l’exposition Brâncuși à Timișoara. Dans ce réseau, l’association Art Encounters organise une Biennale d’art contemporain à Timișoara et mène des projets de médiation culturelle impliquant des écoles, dans le but d’initier les enfants à la compréhension de l’art contemporain.
23Les coexistences des clusters de bonding ainsi que des relations de bridging dans un réseau culturel expriment des objectifs différents à atteindre. Le bonding est nécessaire pour relier des organisations similaires telles que les artisans locaux intéressés par les foires artisanales ou les musiciens intéressés par le partage de salles de répétition. Le bridging facilite des rencontres entre des acteurs différents qui apportent de la valeur ajoutée ; d’où l’importance des tiers-lieux comme FABER à Timișoara ou les centres communautaire de jeunesse dans les quartiers de Timișoara, comme ressources et espaces de rencontres.
Figure 5. Ego network Centre Pompidou, par pays
Source : l’auteure (avec Gephi)
24Sachant que la dimension européenne d’un programme CEC peut être donnée par des collaborations avec des organisations étrangères, dans le cas de Timișoara 2023 on retrouve une approche régionale, supranationale ainsi qu’une approche d’internationalisation. Une partie des organisations européennes avec lesquelles des organisations roumaines sont le mieux connectées sont localisées à proximité de Timișoara (figure 6). Elles impliquent d’autres villes CEC partenaires, reflétant une approche régionale : Veszprém, ville avec laquelle Timișoara partage le titre en 2023, et Novi Sad, ville avec laquelle Timișoara devait partager le titre en 2021. Une autre partie des partenaires les plus connectés est constituée d’institutions culturelles bien établies telles que celles dont nous avons déjà parlé, reflétant la nécessité d’accroître le profil international de la ville à travers des évènements majeurs qui apportent une grande visibilité.
Figure 6. Organisations et degré de connexion (Europe et Roumanie)
Source : l’auteure (avec les dates du Bid Book)
25En ce qui concerne les organisations les mieux connectées situées en Roumanie, on note le rôle majeur des trois universités de Timișoara pour le réseau de collaboration de CEC 2023. Selon Sorenson et al. (2006), il pourrait y avoir des effets de capital social basés sur la proximité des établissements d’apprentissage coopératif tels que les universités, les instituts de recherche ou encore les centres communautaires. L’Université de l’Ouest de Timișoara et l’Université polytechnique ont développé leurs propres programmes culturels inclus dans le programme CEC (les stations Reflections et Bright Cityscapes), ayant comme objectif le partage des connaissances dans la communauté, en exploitant leur savoir-faire et les relations institutionnelles déjà existantes. La diplomatie culturelle, représentée par les institutions implantées à Timișoara, comme l’Institut français de Timișoara ou le Centre culturel allemand de Timișoara, est également centrale pour assurer la dimension européenne du titre. Construire des contacts et des projets internationaux dans un contexte de pandémie a été un défi. Avoir ces types d’organisations à proximité s’est donc avéré une ressource clé.
26L’importance de la Fondation pour la Jeunesse, fédératrice pour les initiatives de quartier telles que la création des Centres de jeunesse, réside dans son rôle clé pour atteindre les objectifs d’inclusion sociale. Un exemple de bonne pratique inclusive dans le contexte CEC impliquant la Fondation a été décrit dans Lamour et al. (2022). Les 15 centres de jeunesse ont été créés en transformant des bâtiments industriels en espaces ouverts qui s’adressent aux jeunes de toutes les catégories sociales, y compris les jeunes défavorisés qui vivent dans des quartiers éloignés. Ces espaces ont accueilli des activités diverses, allant d’activités éducatives à des évènements artistiques et culturels (concerts, pièces de théâtre, expositions) en passant par des activités de loisirs. Dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, et afin d’exprimer une solidarité européenne, la Fondation a ouvert dans son principal centre de jeunesse à Timișoara un centre de transit pour les réfugiés ukrainiens.
4. Pérennité et implications pour les politiques publiques
27Le potentiel qu’a le capital social à apporter une contribution positive aux résultats dans divers domaines d’intérêt social et économique tels que le bien-être de la société, la sécurité communautaire, la culture, l’éducation et la santé, a suscité l’intérêt des décideurs et des chercheurs (OCDE, 2001 ; White, 2002 ; Hellerstein et Neumark, 2020). L’analyse des réseaux de collaboration créés est l’occasion de réfléchir sur les impacts sociaux à long terme du titre. Analyser le programme culturel mis en place passe par une approche relationnelle. Le Bid Book révisé en 2022 exprime des évolutions pragmatiques et des décisions prises après la pandémie et dans la proximité absolue de l’année culturelle. La plupart des partenaires impliqués sont des organisations de Roumanie basées à Timișoara. Les institutions publiques (les musées, les universités, les instituts culturels), qui ont mieux résisté pendant la pandémie que le secteur indépendant, sont plus intensément connectées dans les projets CEC. L’implication accrue des universités dans la vie de la communauté représente un potentiel d’apprentissage et de transfert de savoir-faire. La dimension européenne du programme culturel est exprimée au niveau des partenariats à travers deux perspectives : la coopération régionale ou transfrontalière avec des partenaires de proximité et la collaboration internationale avec des partenaires européens. Une collaboration intense avec les Instituts culturels étrangers, situés à Timișoara, représente un moyen plus accessible d’internationalisation ‘chez soi’.
28Une limite de la recherche est la description d’un réseau qui n’est que l’image statique d’acteurs impliqués dans l’implémentation du programme culturel CEC au niveau de l’année 2022. En essence, prendre un instantané des réseaux de collaboration locaux pour lier leur importance au développement local peut être trompeur. Ce qui peut initialement apparaître comme une ressource positive pour le développement local peut changer à un moment donné, lorsque les avantages de solides liens dans le réseau local atteignent leur apogée. De plus, cette image du réseau ne relève pas les comportements des acteurs, les niveaux de confiance, l’intégration des normes, autant de dimensions du capital social à investiguer. Finalement, le calcul de densité du réseau montre que seulement 10% des organisations impliquées dans le programme culturel de Timișoara 2023 étaient connectées, soulignant un potentiel d’ouverture ou une perte une fois l’année écoulée.
29Quel sera l’héritage après l’année culturelle ? La pérennité sociale et culturelle du réseau de collaborations mis en place pour le titre peut être questionnée en se basant sur l’expérience d’autres CEC pour lesquelles l’effervescence culturelle s’est apaisée aussitôt après l’année culturelle, par manque de financements similaires pour la culture et par le fait que les organismes gérant le titre ont une existence limitée. Il est important de mentioner que pour Timișoara 2023 un différentiel apporté par le label CEC est l’introduction d’un nouveau référentiel pour donner un contour à l’environnement créatif de la ville : l’écosystème culturel. Le dossier de candidature de Timișoara utilise ce concept en décrivant un programme appelé Power Station, ayant pour but le renforcement des capacités à long terme pour le secteur culturel local, offrant des services, des financements et un soutien aux individus, aux organisations et aux institutions locales pendant l’année culturelle mais également après. La mise en réseau des acteurs locaux et internationaux, la coopération intersectorielle et la médiation culturelle sont les points clés du programme, souhaitables pour obtenir un héritage à ce titre.
Conclusion
30Cette recherche propose, en utilisant les outils de la science des réseaux, une représentation des collaborations développées au sein du programme culturel Timișoara 2023. La description des collaborations entre les acteurs locaux, régionaux ou internationaux impliqués, un instantané au niveau de l’année 2022, permet d’avoir une image sur la dimension européenne du projet. C’est un jalon pour les analyses futures de la situation du secteur culturel et créatif et de sa dynamique.
31Il est important de souligner l’utilité des représentations et des mesures du capital social dans le cadre des décisions de politique publique, car le capital social est également une ressource politique (Montgomery, 2001). Plusieurs questions se posent, qui pourront être approfondies dans de futurs recherches en utilisant des méthodologies plurielles : quelles pratiques voire quelles politiques culturelles peuvent développer à long terme l’écosystème culturel et créatif ? En termes de résilience du réseau, quel est avenir de l’écosystème si un acteur disparaît ? Ces études pourraient être utiles pour les villes candidates au titre CEC qui seraient intéressées par les mesures du capital social afin de comprendre pourquoi certaines communautés s’adaptent mieux au changement que d’autres, pourquoi certaines communautés sont capables de faire mieux avec un ensemble donné de ressources et quelles influences façonnent la confiance de la communauté dans la réalisation des objectifs. Si les liens entre le capital social et la confiance et l’adaptabilité de la communauté s’avèrent suffisamment solides, alors la construction du capital social dans les communautés deviendra probablement une priorité croissante des politiques publiques.
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Corina Turșie, « Capital social et réseaux organisationnels dans le cadre de Timișoara, Capitale européenne de la Culture 2023 » dans © Revue Marketing Territorial, 11 / été et automne 2023
URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/rmt/index.php?id=939.
Quelques mots à propos de : Corina Turșie
Docteur en Sciences Politiques à l'Ecole Nationale d'Études Politiques et d'Administration Publique de Bucarest, Maître de conférences en Sciences Politiques à l'Université de l'Ouest de Timisoara, Corina Turșie est enseignante-chercheuse, spécialiste en politiques publiques européennes, particulièrement intéressée par le programme Capitale Européenne de la Culture.