Sommaire
1Depuis plus de deux décennies de recherche initiés par Denis Martouzet (1999), sur cet objet qu’est le rapport affectif à l’espace, les travaux se multiplient et l’intérêt est grandissant pour cette thématique (Rosanvallon, 2021). En témoignent les diverses disciplines1 représentées dans cet ouvrage comme autant de champs qui s’intéressent à cette question du lien indéfectible de l’homme à son espace de vie. Pour se retrouver et en débattre, les organisateurs du colloque intitulé « Saisir le rapport affectif aux lieux » ont choisi d’inviter les participants au Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle. Ce lieu si particulier nous semble tout aussi pertinent pour appréhender un tel sujet, tout autant qu’il pointe et oriente nécessairement sur l’importance, voire la prévalence du lieu dans l’établissement d’une relation d’ordre affective envers l’espace.
2Les contributions ici regroupées forment un volume impressionnant avec des productions riches et variées émanant d’un grand nombre d’auteurs. Il faut ici saluer le tour de force opéré par les directeurs de l’ouvrage pour réussir à le structurer et le faire tenir en un ensemble cohérent. Cinq parties tissent un fil rouge partant de la difficulté de définir et travailler ce sujet pour aboutir aux fondements de l’émotion-rationalité. Cependant, et dans un idéal, le lecteur aurait aimé trouver une lecture critique à l’issue de chacune de ces cinq parties : qu’apportent-ils ensemble ou séparément aux questions posées en introduction et qui ont été à l’origine du colloque ? Et ont-ils pu produire cet « événement2 » au sens d’Alain Badiou, tel que l’exprime Nicole Mathieu en préface, et si oui, comment le qualifier et faire surgir les vérités ?
3L’introduction du livre plonge le lecteur d’emblée dans la société des affects en affirmant qu’a eu lieu, en sciences sociales, un tournant qualifié d’« affectif » (Clough et al., 2007) sans trop s’étendre sur cette évolution, ce qui peut être dommageable pour un non-érudit sur le sujet. Est également posé le débat sur la définition des affects entre acception large et plus précise ainsi que le double enjeu qui consiste, d’une part, à comprendre les relations des individus ou groupe d’individus à leur environnement et, d’autre part, sur la compréhension des valeurs et idéologies qui animent ces relations. Ces défis sont nécessaires à relever dans le cadre de l’évolution ou de la transformation des territoires, que celle-ci soit volontaire ou non. Les affects apparaissent alors essentiellement ici dans leur dimension opératoire, soit leur propension à intégrer les sciences de la production spatiale.
4Les auteurs participent à définir l’objet, ses processus, à s’interroger sur la focale lieu ou individus, ou encore sur la relation, sans oublier les questionnements méthodologiques (disciplines, biais, écueils) au cœur de la saisie de cette relation affective à l’espace. Cependant il est dommage que toutes ces contributions ne débouchent pas, in fine, sur une proposition d’état de l’art de la question des affects. Les directeurs de l’ouvrage s’accordent toutefois à préciser que tous les auteurs s’entendent sur le fait qu’il s’agirait d’une « expérience d’habitation » (Lussault, 2015) en ce qu’elle réfère à du rationnel, de l’irrationnel, du cognitif, du sensible, de l’intentionnel ou de l’involontaire, elle touche (Feildel, 2016) par ce qu’elle met en relation un lieu et un individu ou groupe d’individus (Audas, 2015). Ce colloque a été pensé à la croisée entre chercheurs et praticiens, cependant l’on peut regretter le très petit nombre de contributeurs œuvrant dans une branche professionnelle (4 sur 45). Cet ouvrage aurait pu être l’occasion de faire transparaître ce que les va-et-vient opérés entre le savoir et le faire puis le faire et savoir-faire avaient donné pendant ces quelques jours de juin 2018. Cela imperméabilise une fois de plus ces deux mondes déjà fortement cloisonnés.
5Pour tenter de rendre compte, au plus près, de cet ouvrage, mon propos s’articulera en trois temps : un premier pour étayer au plus près les expériences émotionnelles relatées dans cet ouvrage dans ce qu’elles nous renseignent sur le fondement de notre être qu’est « d’habiter affectivement les lieux 3» (Audas, 2015). Puis j’examinerai les questions méthodologiques tant leur importance est cruciale pour faire jaillir ou ressurgir des émotions passées, enfouies, ou inconscientes. Enfin, ne peut être écarté cet objectif, que la majorité des auteurs présents semblent poursuivre, à savoir le recours à cette connaissance affective pour augmenter d’un nouvel enjeu la production urbaine contemporaine.
6Nombreuses sont les contributions qui amènent ce fameux « Trouble » (Ocquidant) que crée l’émotion, elles émeuvent en nous transportant dans ces univers si divers et si spécifiques à travers l’analyse d’extraits de romans contemporains (Feyereisen), d’œuvres artistiques (Méaux), de récits d’habitants (Pavy), de Travail de Fin d’Études (Chirouze), de pièces de théâtres (Lolive), de match de football (Rannou)... Ce trouble ressenti est lié aux puissants affects le plus souvent négatifs (violence, colère, tristesse, espoir, souffrance) présentés dans les diverses contributions. Cependant, ce qu’ils révèlent en creux, par la perte, la destruction, l’imagination d’une destruction, est souvent d’autant plus fort et puissant qu’ils tendent à montrer l’importance de l’attachement à nos lieux de vie. Toutes ces contributions montrent la prévalence du lieu dans cette relation en tant qu’il s’impose à l’individu comme s’il pré-existait un « génie du lieu », entendu comme détenteur d’une puissance émotionnelle, activée par son histoire (Feyereisen, Pavy), sa configuration ou son ambiance (Romieu, Rannou), lorsque ces dernières dimensions rencontrent un écho chez l’individu ou le groupe. De ces analyses, ressort que la séparation d’avec un lieu du quotidien fait apparaître le profond sentiment d’attachement, qui ne semble pas tant relié à la matérialité du lieu qu’à ce qu’elle permet de faire ressurgir, à l’instar de la madeleine de Proust.
7Les textes principalement issus de la deuxième partie intitulée « Evidence » témoignent d’un indubitable lien aux lieux tout en insistant sur la difficulté de faire émerger ou du moins de rendre tangible cette évidence, qui par essence, semble imperceptible, impalpable. Elle se niche dans une atmosphère (Nouvel), elle se devine dans les films par projection d’une intériorité de sens sur les images, par l’évocation de médialités4, par la cinégénie d’un lieu (Froger). L’Évidence peut aussi apparaître en utilisant des techniques transactionnelles, telles l’écriture affective (Jacob), la prise de vue ou encore en racontant des histoires par la formulation d’un récit (Simoens). Ces techniques de projection donnent à lire la nécessité de se raconter dans cet espace pour définir ce qu’on y met personnellement pour en faire un lieu. Il en est de même pour le « flairage » des lieux (Bonnard, Balez), lequel est très différent d’un individu à l’autre, et varie énormément dans le temps et selon le moment. Cette action de sentir, pas toujours conscientisée, surtout si le lieu est familier, la rend d’autant plus difficile à évoquer. Et c’est pourtant de l’association « lieu-odeur-moment » que naît l’émotion attachée à un espace et qui amène à créer un lien ou à le rompre définitivement. Ainsi une odeur trop familière ou alors trop dérangeante crée un rapport affectif négatif qui peut demeurer dans le temps car le lieu de l’odeur est alors associé à cet affect.
8Un deuxième point d’intérêt majeur de l’ouvrage est sans doute le recours à d’autres méthodologies d’enquêtes que celles classiquement utilisées en sciences sociales, en tendant toujours vers l’innovation pour tenter de saisir ce qui semble insaisissable : le rapport affectif aux lieux. Les réponses sont souvent recherchées dans des savoir-faire artistiques et les artistes également (Méaux), s’investissent dans des pratiques qui s’assimilent à celles de la recherche, en s’écartant de leur pratique habituelle. Les techniques que l’on retrouve dans ces écrits conduisent l’habitant à se remémorer un vécu (Pavy), à l’exprimer verbalement ou corporellement (récits, vidéo, audio), voire parfois à l’imaginer par la mise en scène théâtrale (Lolive). Les méthodes sont aussi celles déployées par l’anthropologie ou l’ethnographie ou encore la sociologie compréhensive pour faire vivre aux chercheurs ou aux étudiants ces ambiances si particulières des lieux (Romieu), pour les sentir, les vivre comme s’ils étaient eux aussi habitants et parvenir à faire ressurgir ces affects. Danet évoque aussi les films et plus précisément les lieux que ces documentaires autoportrait présentent, non pas dans leur esthétique mais dans leur puissance affective, pour ce qu’ils représentent, symbolisent pour tout à chacun. Simoens interroge la manière de capter l’attachement au lieu des habitants et montre que des techniques transactionnelles comme la photo ou l’écrit (par l’intermédiaire d’un blog) peuvent constituer un meilleur medium que les images de synthèse, pourtant plus souvent usitées. Jacob relate comment l’écriture avant-gardiste de Proust, inspirée par l’impressionnisme, souligne une réalité dans ce qu’elle recèle de plus poétique, justement parce qu’elle fait écho à un souvenir, une mémoire affective. Et cette mémoire s’appuie sur un objet (ici la madeleine) qui devient lieu par les affects qui s’y accrochent. Le souvenir peut ainsi être réactivé par des supports tels que photos, livres, graffitis, constructions dans l’espace public et susciter à nouveau l’émotion qui lui est rattachée. Certains chercheurs tentent de faire revivre l’émotion pour la saisir, c’est le créneau choisi par Ramadier quand il utilise le jeu de reconstruction spatiale. Chauvier et Hanna, dans une expérience pédagogique tentent, quant à eux, d’amener les étudiants à être plus créatifs et au plus près des territoires de projet. Ils cherchent ainsi à provoquer un trouble psychoaffectif en les conduisant sur des terrains non urbains, alors qu’ils sont pour la plupart métropolitains, suscitant notamment la perte de repères familiers. Pour aller au plus près de la réalité, sont repensées les typologies figuratives (Zaïri), l’analyse des représentations (Diaz-Soria et Hatt), les expériences de vie ordinaire en ce qu’elles pourraient révéler d’authentique, c’est-à-dire sans cette re-création qu’instaure nécessairement l’enquête de terrain. Les techniques déployées, peuvent parfois annihiler la révélation de ce qui émeut en empêchant de dévoiler les « freins » ou « directions » donnés par les émotions. Ces dispositifs conduisent le plus souvent à faire conscientiser aux habitants, touristes, étudiants leurs manières d’être au monde et d’habiter affectivement leur environnement. En les amenant ainsi à les raconter (de quelque manière originale que ce soit), le chercheur ne vient-il pas modifier l’objet même de sa quête ? Quelle place le chercheur doit-il adopter puisqu’il ne pourra que difficilement quitter cette position de surplomb pourtant si nécessaire pour approcher la complexité de la réalité des relations affectives aux lieux ?
9Pour le troisième point de notre propos nous souhaitons revenir sur ce que certains auteurs nomment une « instrumentalisation de l’affectif » laquelle nous ferait vivre, et de plus en plus, dans une « pseudo-réalité » (Deramond), une « urbanité créée de toutes pièces » (Laffont) faite de « mise en scène » (Zattoni) et interrogeant ainsi l’authenticité de nos rapports à ces espaces de vie, lesquels s’apparentent de plus en plus à des décors ou des montages faisant appel à l’imaginaire. Faut-il alors s’inquiéter de cet imaginaire aménageur qui s’impose de plus en plus par des colorations festives et ludiques dans la production de l’urbain ? La mise en valeur de stations touristiques (Bachimon et Anh Tu Le), l’usage des smartphones (Zattoni) ou encore l’expérience de réalité augmentée (Deramond) des lieux muséaux et patrimoniaux, proposent des dispositifs ou aménagements censés provoquer des émotions visant le bien-être. Ce qui semble actuellement s’apparenter à l’imposition d’une norme d’esthétisme et d’amusement, court le risque de diminuer la relation affective aux différents lieux, instaurée par les habitants, citadins, touristes, par appauvrissement de l’urbanité proposée. En suggérant des ambiances similaires en tous lieux de la planète, sont produits des pastiches qui finiront par ne plus jouer leur « rôle » de « passer pour la réalité » (Deramond) et détourner véritablement les usagers d’une volonté de participation à la production de l’espace. Pour le moment, les dispositifs numériques présents dans les musées semblent fonctionner en attirant les visiteurs (attrait de la nouveauté dans l’expérience muséale) mais qu’en retirent-ils réellement ? Quels souvenirs de ces expériences dans des lieux patrimoniaux pourront-ils se construire s’ils n’éprouvent pas par leur corps sensible ces hauts-lieux ? Les habitants ou usagers ne sont pas dupes et peuvent avoir l’impression d’avoir été utilisés pour alimenter un rapport de force entre acteurs de la production urbaine (Leclerq et Prévot), ou pour obtenir une distinction et aboutir à un retrait de leur engagement quand celui-ci n’est pas sincère et que l’instrumentalisation est, sinon visible, du moins ressentie ou vécue. Mallier rebondit elle aussi sur cette difficulté de penser et d’écrire un projet qui se voudrait partagé, tant les perceptions d’un même espace sont variées et, peuvent même parfois manquer de représentations, comme ce fut le cas pour un projet de rénovation à La Louvière en Belgique, lié à 50 ans d’immobilisme et de statuo quo sur ce territoire anciennement industriel (Simoens). Faubert suggère, pour sa part, de vivre l’expérience sonore de l’in situ proposée par les artistes sonores contextuels, pour réellement ressentir notre engagement dans le monde et celui du monde dans notre corps. Elle les envisage comme des éveilleurs de conscience, capable « d’ouvrir des lieux à d’autres usages, d’autres gestes, d’autres imaginaires » (Faubert). Ou alors faut-il y voir une autre forme d’instrumentalisation de notre relation au monde ?
10Même si toutes les contributions n’utilisent pas expressément le vocable de « ménagement des territoires » (Feildel, Favre et Thiébault), elles tendent vers cette proposition de changement paradigmatique concernant les interventions sur nos espaces de vie, afin de relever un même défi : celui de redonner place à l’affectivité pour travailler sur la qualité de la relation des individus et des sociétés à leurs espaces de vie (Feildel). Pour cela, d’un point de vue méthodologique, la piste du langage « comme faire habiter de l’être5 », est reprise et proposée par de Castelbajac, et partagée par d’autres contributeurs de l’ouvrage (Feildel, Mallier). Et, sur un plan plus théorique, ce sont les notions de paysage ou d’ambiance qui sont fréquemment discutées puisque :
Utilisées comme « lieux communs de l’affectivité » (Feildel) par le champ professionnel en réduisant leur complexité et faisant craindre une instrumentalisation,
Éléments de médiation pour un « aménagement adaptatif et collaboratif » (Mancebo et Salles),
Évoquées comme notions à renouveler (Favre et Thiébault) en proposant d’avoir recours au terme de prise6 (Favre et Thibault) pour penser les lieux dans leurs multiples possibilités d’appropriation et d’usages.
11Lacour et al. souhaitent, quant à eux, renouveler la pensée des économistes spatiaux, en partant, non plus d’une ville, souvent décrite comme cohérente face à des émotions incohérentes, mais d’une ville incohérente face à des émotions cohérentes. Ils ouvrent sur deux questions tout à fait pertinentes :
Comment la ville intelligente qui se dessine saura-t-elle intégrer ce facteur émotionnel ?
Faut-il pour cela avoir recours au concept d’émoraison de Laflamme pour ne plus nier la nécessité d’une approche plurielle de nos espaces de vie (Billaudeau et Charles) ?
12D’autres innovations surprenantes sont proposées par un neurobiologiste (Glowsinski) et une psychanalyste (Stamm). Le premier propose, pour concevoir une ville attractive, d’utiliser un modèle simplifié du cerveau selon un schéma en trois sphères (sensori-motrice, limbique et cognitive) afin de décrire l’organisation spatiale et le fonctionnement de la ville en suivant le modèle d’une fleur à trois pétales. Chacun d’eux représenterait un cercle de fonctions dévolues à la ville (exécutif, régulateur et énergétique), supposant qu’une ville attractive et durable dépendrait de relations équilibrées entre ces trois réseaux, et que tout dysfonctionnement de l’un d’eux rejaillirait sur la qualité de vie (physique et morale) des habitants. Stamm, quant à elle, tente de rendre la ville « suffisamment bonne » aux habitants, en s’appuyant sur la théorie de l’attachement de Winicott, et imagine une ville par l’éphémère et la mouvance plutôt que la stabilité.
13Cet ouvrage, par l’ampleur de ses contributions, témoigne du réel enjeu que constitue la reconnaissance et la prise en considération des affects liés à nos espaces de vie, tout en prenant la mesure d’un risque, celui de la manipulation voire de l’instrumentalisation de ces mêmes affects. La progression d’une telle compréhension des rapports à la ville n’est-elle pas paradoxalement ce qui risque de briser « cette coordination entre lieu et personne et entre une ambiance et un comportement » (Ocquidant) ? La prudence est de rigueur pour ne pas sombrer dans une « pseudo-réalité » (Deramond), alors même que les sciences sociales et le milieu artistique innovent toujours plus pour approcher le grain le plus fin de notre relation-au-monde, et le retraduire dans toute sa dimension poétique… et affective.
Audas N., 2015, La ville et le sablier. Sentir les temps urbains, PUFR, Villes et territoires, 300p.
Feildel B., 2016, « L’émotion est ce qui nous relie. Eléments pour une approche relationnelle des phénomènes affectifs et des dynamiques socio-spatiales », Nouvelles perspectives en sciences sociales, vol.11, n°2, p.233-259
Clough P.T. et Harlley, J., 2007, The Affective Turn. Theorising the social, Durham and London, Duke University Press, 328p
Martouzet D., 1999, « Espace urbain et urbanisme dans l’œuvre de Raphaël Confiant », L’Espace géographique, t.28, n°4, p.345-354
Rosanvallon P., 2021, Les épreuves de la vie. Comprendre autrement les français, Seuil, Compte à rebours, 224p.
1 Sans ordre d’importance : histoire, géographie, anthropologie, ethnographie, urbanisme, architecture, sociologie, paysagisme, psychologie de l’environnement, sciences économiques, cinématographie, photographie, biologie, philosophie, littérature, sciences politiques, milieu artistique, design olfactif, sciences de l’information et de la communication
2 Il y avait événement parce que précisément, du disparate, de la diversité́ surgissait une forme collective de se penser, de penser sa pratique de recherche, de ne pas hésiter à mettre en doute – comme ce fut le cas pour plusieurs architectes – la relation entre penser et agir (Mathieu in Laffont et Martouzet (Dir.), p.7)
3 L’habiter, reconnu comme une manière d’être-là et de faire avec l’espace, revêt des significations liées à la pratique et aux représentations des espaces, informant sur la tonalité affective du lien qui s’instaure par les processus d’appropriation et d’identification ainsi engagés
4 Les médialités, par opposition aux traces, pourraient donc être définies comme ce qui permet la restitution d’une présence sans la médiation indicielle des signes (Froger in Laffont et Martouzet, 2020, p.140).
5 L’ordre symbolique du langage permet donc d’habiter son corps, premier et nécessaire lieu de l’être, ce pour quoi M. Heidegger écrit : « La poésie est le “faire habiter” originel » (1951, p. 242).
6 Terme utilisé pour traduire celui proposé par Gibson qu’est l’affordance
Nathalie Audas, « Compte-rendu d’ouvrage. Ces lieux qui nous affectent » dans © Revue Marketing Territorial, 9 / été 2022
URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/rmt/index.php?id=840.
Maîtresse de conférences en aménagement-urbanisme à l’université Grenoble Alpes (UMR AAU, composante d’enseignement : IUT2 Carrières Sociales), elle mène une réflexion sur l’opérabilité des affects dans la fabrique de l’urbain contemporain pour tendre vers un urbanisme sensible. Nathalie Audas s’intéresse également aux expériences spatiales de mobilité en tant qu’élément central des modes d’habiter. L’ensemble de ses travaux scientifiques est marqué par une réflexion sur les méthodologies qualitatives en Sciences Humaines et Sociales dans leur propension à dévoiler le sensible.