Attractivité et mise en tourisme des espaces naturels : principes et méthodes d’évaluation appliqués aux parcs québécois

Manu Tranquard


Résumés

Un produit touristique doit bénéficier, pour fonctionner, de l’attractivité du site d’accueil et plus globalement de celle de la région et du pays où il s’implante. Afin de satisfaire la demande, cette région peut alors faire l’objet d’une mise en tourisme qui s’apparente à un processus de valorisation territoriale, laquelle s’inscrit dans une perspective de développement, de patrimonialisation du territoire et d’attractivité. Au Québec, l’offre des parcs concourt à cette logique de développement territorial en mettant de l’avant la nature comme premier produit d’appel touristique. En contexte de tourisme de nature, les ressources naturelles et les écosystèmes sont à la base de l’offre. Dans ce contexte, il peut apparaître opportun de recourir à un certain nombre de méthodes et d’outils relevant de l’ingénierie touristique, qui permettent d’inventorier et de caractériser les attraits naturels et de déterminer le potentiel de mise en valeur touristique des territoires. Élaborée à partir des résultats de recherches théoriques et de recherches-action, le propos illustre ces méthodes et outils par la présentation de la séquence de création du géoparc du Fjord du Saguenay (Québec).

To operate, a touristic product must benefit from the attractiveness of the host site and more generally from that of the region and the country where it is established (Lew, 1987; Gagnon, 2007). In order to meet demand, this region must then be the subject of tourism development which is similar to a process of territorial enhancement, which is part of a perspective of development, heritage of the territory and attractiveness. In Quebec, the supply of parks contributes to this logic of territorial development by promoting nature as the primary product of tourist appeal. In the context of nature based tourism, natural resources and ecosystems are indeed attractions that turn into products. These resources are the basis of the offer. In this context, it may seem appropriate to use a certain number of methods and tools relating to tourism engineering which make it possible to inventory and characterize natural attractions; and to determine the tourism development potential of the territories. Developed from the results of theoretical research and action research, this communication aims to illustrate some of these technical methods by presenting the creation sequence of the Saguenay Fjord geopark (Quebec).

Texte intégral

1L’objectif de la présente contribution est de faire état de la démarche de développement d’expertise en matière d’ingénierie de tourisme de nature menée au sein du Laboratoire d’expertise et de recherche en plein air (LERPA) de l’Université du Québec à Chicoutimi au cours des 15 dernières années. Cette expertise se fonde sur un travail d’analyse des principaux référents théoriques dans les domaines du tourisme, des sciences du territoire et du développement régional, ainsi que sur une démarche originale de modélisation d’outils techniques destinés au développement durable des territoires hébergeant des produits et services touristiques. Il s’agit donc d’une activité d’accompagnement scientifique et d’assistance méthodologique visant à outiller les gestionnaires de territoires naturels pour assurer plus efficacement le développement durable des sites et la protection des ressources essentielles.

2L’approche environnementaliste du développement durable que nous retenons s’inscrit dans la logique de bien commun des parcs où les objectifs de durabilité s'expriment plus précisément à travers certaines contraintes de préservation écologique, en lien avec les travaux de Costanza et Daly (1992) et le modèle de Barbier et Markandya (1990). Ces contraintes s’ajoutent aux critères de valorisation des atouts patrimoniaux d’un territoire soumis à exploitation touristique, élaborés par d’autres chercheurs (Torrente, 2009). Ensemble, ils déterminent les objectifs de méthodes d’opérationnalisation des projets touristiques de nature visant un développement durable, à savoir la préservation de la qualité du milieu, la préservation de la pérennité des ressources et la réduction quantitative et qualitative des impacts.

3Ces visées en point de mire ont notamment conduit à l’élaboration d’une séquence de mise en tourisme des parcs québécois, qui s’initie avec l’étude théorique des principes fondateurs portant sur l’attractivité des territoires naturels (partie 2), et se traduit par le recours à des méthodes d’évaluation du potentiel de mise en valeur du site d’accueil (partie 3). Dans une logique de compte rendu d’action sur le terrain, l’exemple de la création du géoparc du Fjord du Saguenay permettra finalement d’incarner et d’illustrer ces méthodes (partie 4).

1. Principes de mise en tourisme des territoires naturels et application à l’offre des parcs québécois

4Pour l’Organisation mondiale du tourisme, « le tourisme est un déplacement hors de son lieu de résidence habituel pour plus de 24 heures mais moins de 4 mois, dans un but de loisirs, un but professionnel (tourisme d’affaires) ou un but sanitaire (tourisme de santé) ». Les trois caractéristiques du tourisme sont donc le changement de lieu, la durée et les motifs du séjour. Élaborer un projet touristique requiert ainsi de déterminer si le site que les promoteurs souhaitent « mettre en tourisme » en a le potentiel, et s’il possède certaines caractéristiques intrinsèques permettant de générer un déplacement, un séjour et la consommation d’activités, notamment de loisir. Cette question a suscité des contributions scientifiques variées destinées à établir quels indicateurs déterminent ces caractéristiques, soit les conditions susceptibles de déboucher sur la réussite de la mise en tourisme d’un territoire jusque-là non touristique. Les indicateurs de l’aptitude à être mis en tourisme sont souvent identifiés et évalués à partir d’un contexte relativement urbain, au territoire historiquement exploité. Ce constat initial cadre mal avec les spécificités du tourisme en contexte canadien, où il doit être tenu compte de la prépondérance et des particularismes du tourisme de nature, cette forme de tourisme à laquelle peuvent être associés les produits et activités touristiques utilisant l’environnement naturel pour se réaliser, se concrétiser (Couture, 2002). Il correspond à « any type of tourism that relies on attractions directly related to the natural environment » (Weaver, 2001, p.16).

1.1. Aménités et tourisme de nature

5Au Canada, et au Québec notamment, une des motivations premières des touristes à séjourner et à vivre des expériences de découverte, est la possibilité d’être en contact avec une nature comportant une certaine qualité biologique ainsi qu’une diversité de paysages, présentant une pollution de tout ordre la moins marquée possible, et dans un contexte de relative quiétude et d’isolement (Tourisme Québec, 2002, 2007 ; AEQ, 2004). Dans ce contexte, et lors de la phase de planification du développement touristique, il peut alors être opportun de recourir à un certain nombre de méthodes et d’outils qui évaluent le potentiel d’un site, en tenant compte des spécificités canadiennes. Cette évaluation conduit à inventorier et caractériser les attraits naturels au moyen d’une analyse principalement biogéophysique, mais également à déterminer les conditions de mise en valeur touristique des territoires en termes de faisabilité technique et de préservation des ressources en vue de leur exploitation durable.

6Un produit touristique doit bénéficier, pour fonctionner, de l’attractivité du site d’accueil et plus globalement de celle de la région et du pays où il s’implante (Lew, 1987 ; Gagnon, 2007). Afin de satisfaire la demande, cette région doit alors faire l’objet d’une mise en tourisme qui s’apparente à un processus de valorisation territoriale, s’inscrivant dans une perspective de développement, de patrimonialisation du territoire et d’attractivité. Or, au regard de plusieurs modèles de l’attractivité touristique, ce processus de valorisation s’appuie sur des représentations du territoire à promouvoir comme la nature, la culture, l’architecture, la gastronomie, le savoir-faire, ainsi que sur l’organisation d’événements, en s’intégrant dans une stratégie axée à la fois sur l’image du territoire et sur la durabilité de son développement.

7Dans un premier temps, élaborer un projet touristique requiert donc de déterminer si le site que l’on souhaite mettre en tourisme possède certaines caractéristiques intrinsèques conduisant à générer un déplacement, un séjour et la consommation d’activités de loisir. Au Canada, la nature étant reconnue au niveau mondial pour être impressionnante, authentique et sauvage, est le premier produit d’appel touristique, avec une demande pour les activités de nature et d’aventure en croissance. L’offre d’activités est une offre « quatre saisons », et la visite des parcs nationaux et l’observation de la faune sont les deux activités les plus pratiquées sur tous les principaux marchés (Tourisme Québec, 2017). Ainsi la motivation du visiteur tient notamment aux aménités naturelles du site, leur disponibilité et leur qualité conditionnant principalement la capacité de mise en tourisme des territoires.

8L’origine du terme « aménités » est ancienne et remonte à l’époque romaine (Amoenitas, Cicéron, 66 avant J.-C.), évoquant « l’agrément, le charme, la beauté [d’un lieu ou d’un paysage]. Il s’agit d’un espace doté de caractéristiques vécues comme agréables à voir ou à sentir » (Mollard, 2007, p.4). Ce sont « les attributs, naturels ou façonnés par l’homme, liés à un espace ou à un territoire et qui le différencient d’autres territoires qui en sont dépourvus » (OCDE, 1999). En privilégiant une interprétation objective et fonctionnelle de ces définitions, il est possible de considérer que les aménités d’un site en sont les espaces naturels à dominante minérale, hydrologique ou forestière, les écosystèmes, la flore, la faune, la biodiversité ou encore le patrimoine bâti. Par ailleurs,

« on constate la dimension cognitive des aménités, c’est-à-dire du côté de la perception et du vécu. Cette dimension ne saurait être réduite à ce qui est « vu », à l’esthétique d’un paysage. Elle inclut aussi ce qui est lié à tous les sens : vue, toucher, odorat, saveur et goût, ouïe… jusqu’à des motivations inconscientes profondes » (Mollard, 2007, p.4).

9Ainsi, selon une interprétation davantage subjective, les aménités sont les attributs ou caractéristiques du site liés aux sens, au mode de perception et au vécu des usagers. Cette interprétation est dite subjective, car un même espace naturel peut être vécu par certains visiteurs comme un lieu très agréable, esthétique et chargé de plaisirs, et par d’autres, au contraire, comme un lieu qui angoisse ou fait peur.

10Cette distinction entre interprétations objective et subjective des aménités fait écho aux diverses approches qui tentent de cerner les concepts d’attraits et d’attraction touristique. Ces concepts sont également clefs dans la mesure où ils conditionnent la mise en tourisme des territoires, première étape vers une exploitation. S’ils relèvent tous deux de l’attractivité touristique, les concepts d’attraits et d’attraction ne s’équivalent pas pour autant.

1.2. Attraits et attractions

11Selon Laplante (1983), l’attraction est ce qui existe spécifiquement pour le touriste alors que l’attrait existe indépendamment de ce dernier. En ce sens, l’attrait réfère à une notion plus large que l’attraction ; il est le cadre dans lequel prennent place l’offre et la matière première des attractions.

« [L]’attrait est une ressource naturelle ou une ressource culturelle qui a le potentiel de rendre un territoire attrayant pour un touriste. Cette ressource, ou partie de la ressource, peut avoir été transformée en attraction à l’intention du touriste ou non. Des exemples seraient des montagnes, des paysages, le climat, des coutumes locales et même l’attitude des résidents d’un territoire » (De Grandpré, 2007, p.17).

12Les attraits sont donc les ressources naturelles et culturelles et les paysages, présents sur le territoire, qui ont le potentiel de contribuer au produit touristique. Ces attraits peuvent servir de toile de fond lors d’un voyage, ou avoir été mis en valeur par des entrepreneurs pour les rendre accessibles aux touristes. À ce moment-là, les attraits servent de base aux attractions. Selon certains auteurs (MacCannell, 1976 ; Leiper, 1990), une attraction serait quant à elle tout élément, tangible ou intangible, qui, à partir d’une mise en valeur appropriée de ressources naturelles ou culturelles, aurait la capacité d’attirer un touriste. Pour Lew (1987, p.54), « a tourist attraction consists of all those elements of ‘non-home’ places that draw discretionary travelers away from their homes » .

13Au vu de ces définitions, les aménités réfèrent aux ressources, au paysage ou au patrimoine d’un site au sens large. Les attractions sont davantage des produits élaborés ou à tout le moins mis en marché spécifiquement à l’attention d’une clientèle touristique. Les attraits sont quant à eux les valeurs intrinsèques du territoire susceptibles d’initier une démarche de visite. Ils correspondent davantage à l’idée que l’on se fait des caractéristiques des sites sur lesquelles repose « naturellement » la motivation des touristes de nature. Selon nous, le paysage, aussi complexe que soit cette notion (Peyrache-Gadeau, 2008 ; Fortin, 2008 ; Peyrache-Gadeau et Perron, 2010), entrerait dans cette dernière catégorie.

1.3. Attractivité et potentiel touristique

14Dans ce cadre, l’évaluation du potentiel touristique est étroitement liée à la question de l’attractivité :

« [L]a mesure du potentiel touristique a pour objet de donner une idée sur la valeur touristique des ressources à l'étude, sur la possibilité qu'elles ont d'attirer les touristes et de leur faire vivre une expérience touristique. Contrairement à ce concept, la mesure de l'attractivité touristique de ressources fournit une valeur touristique de ces ressources sans équivoque » (Moreau, 2001, p.32).

15Mais quel lien existe-t-il entre attractivité et potentiel touristique ? Si l’on se réfère à la littérature technique et scientifique, et notamment aux travaux des auteurs qui se sont spécialisés sur cette question et la diversité des modèles de l’attractivité touristique qu’ils ont développés, le potentiel touristique est régulièrement résumé à la notion d’attrait ou bien d’aménité. Toutefois, cette approche est trop réductrice, la notion de potentiel touristique englobant bien plus que le simple attrait.

16Précisons davantage certaines approches génériques concernant l’attractivité. Lew (1987) relève trois approches principales proposant une explication à l’attractivité des territoires. Gagnon (2007), dans un registre moins classique, en aborde une quatrième.

17Lew (1987) se réfère tout d’abord aux théories des géographes classiques (Vidal de la Blache, Blanchard). Selon Blanchard notamment (1960), les critères pour déterminer les localités touristiques passent d’abord par une identification des attractions naturelles (panorama, faune, flore, climat...) et culturelles (histoire, population, monument, institution...). Pour les tenants d’une approche aménagiste de la question de l’attractivité (Wall, 1996 ; Cazelais et al., 1999), le potentiel d’attractivité ne se réalise pour sa part qu’en fonction de la distance des foyers émetteurs ou de l’accessibilité du site. Les types d’attraits touristiques sont rapportés à des conditions de possibilité, voire à des contextes : originalité, accessibilité, positionnement à l’égard de l’offre comparable, aménagement, planification, capacité de support du milieu, disponibilité en services... (Wall, 1996, p.242, cité par Gagnon, 2007).

18Dans une conception plus perceptuelle de la question de l’attractivité touristique (Laplante et Trottier, 1985 ; MacCannell, 1989 ; Leiper, 1990), la société serait à la base de cette attractivité, celle d’un site touristique étant liée au « marquage » sociologique du territoire :

« Les attractions touristiques ne sont pas seulement une collection de représentations matérielles choisies au hasard. Lorsqu'elles figurent sur un itinéraire, elles représentent une obligation morale pour le touriste et, en même temps, elles tendent vers l'universalité, incorporant les domaines social, historique, culturel ainsi que celui de la nature dans une représentation unique que permet la visite » (MacCannell, 1976, p.45, traduit par Laplante et Trottier, 1985, p.42).

19Gagnon, pour sa part, lie l’attractivité des territoires à la composante symbolique des attraits, à leur charge identitaire et affective :

« L’attractivité d’un lieu ne serait pas donnée par la nature ni par la culture. Elle serait engendrée. Elle procéderait d’une émergence corrélée à un investissement de valeur de nature identitaire. Si l’on est attiré par un panorama, un paysage, il y a lieu de penser que le spectacle qui attire a été auparavant engendré par autre chose que les données naturelles et culturelles qu’il contient. Un paysage attire, par exemple, dans la mesure où quelque chose de plus, par rapport à ses contenus tangibles, a été investi. Ce quelque chose de plus, c’est une représentation symbolique, la plus généralement offerte par un ou des artistes » (Gagnon, 2007, p.5).

20Au terme de ce bref tour d’horizon de certaines approches de l’attractivité touristique, il est manifeste que les interprétations demeurent variées. Elles placent au cœur même de la dynamique d’attraction des éléments touchant à des registres bien différents : paysage, accessibilité, représentation symbolique, identité... Or, concernant plus spécifiquement le tourisme de nature, le fait que cette activité porte sur l’immersion en milieu naturel et sur la sensibilisation du touriste à sa fragilité et à son exceptionnalité, contribue à privilégier une approche géographique pour l’analyse du potentiel d’attractivité.

21En effet, quand bien même il existe par exemple une proximité recherchée avec la population locale, l’évaluation de l’attractivité des territoires devrait logiquement porter prioritairement sur l’existence d’attraits naturels ; sans ressources naturelles, sans attraits naturels, le tourisme de nature n’existerait tout simplement pas. Indépendamment des phénomènes de mode et de la charge symbolique et identitaire des territoires qui font l’objet d’une mise en tourisme, une des motivations premières des touristes de nature à séjourner et vivre des expériences de découverte sur ces territoires est en effet la possibilité d’y être en contact avec une nature comportant une certaine qualité biologique ainsi qu’une diversité de paysages exempte de pollution, du moins visible.

22Ce postulat intègre les principales conclusions des études récentes portant sur la motivation des touristes au Québec et au Canada (Tourisme Québec, 2002, 2007 ; AEQ, 2004). Les activités du tourisme de nature étant axées sur l’observation ou l’appréciation de la nature à des fins de découverte ou de pratique d’activités de plein air, un attrait majeur est l’immersion dans une nature « vierge », sans artifices. Le tourisme de nature induit par ailleurs une démarche participative des clientèles, une implication sensible et émotionnelle, une participation plutôt qu’une consommation. Il s’agit pour les clients de vivre une expérience, d’être acteurs de leur découverte (Macouin et Pierre, 2003), à partir d’une immersion dans le milieu naturel d’accueil. En ce sens, le tourisme de nature est un tourisme « de territoire » : « l’espace visité n’est plus un moyen, un espace réceptacle, mais devient une fin en soi, l’objet essentiel et la motivation principale de la visite » (UEC, 2006, p.1).

23Ceci étant posé, la question est alors de comprendre la manière dont la mise en tourisme d’un territoire naturel peut se réaliser en pratique. Plusieurs étapes, méthodes et opérations sont impliquées dans le processus qui permet l’évaluation de la capacité d’un territoire à permettre une exploitation touristique. Certaines sont génériques et communes à tous types de tourisme. D’autres, comme l’inventaire et la caractérisation des attraits naturels, deviennent essentielles en raison du fait que la disponibilité et la qualité de ces attraits priment en contexte de nature.

2. Méthodes et outils techniques d’inventaire et de caractérisation des attraits naturels

24Établir le potentiel touristique d’un territoire naturel signifie évaluer sa capacité à satisfaire la demande d’une clientèle touristique dans le cadre d’un projet économique viable. On entend par « satisfaire la demande d’une clientèle » le fait de répondre à ses attentes et ses objectifs, de rencontrer ses standards et exigences, notamment ici au regard des attraits naturels. L’analyse vise à déterminer tout d’abord les qualités et caractéristiques intrinsèques du territoire sur lequel on envisage d’opérer (étape 1), puis l’état du marché pour le projet envisagé (étape 2). S’ensuit une étude de la faisabilité technique du produit projeté (étape 3) qui se conclut par l’appréciation de la compatibilité de ce dernier avec les caractéristiques du territoire (étape 4), et la décision finale de lancer ou non le projet. La première étape est centrale et spécifique au tourisme de nature (les autres sont davantage génériques et communes aux analyses de préfaisabilité des projets touristiques au sens large). L’emphase sera donc mise ici sur sa présentation : théorique tout d’abord avec les principes qui fondent les outils, pratique par la suite (partie 4) avec l’exemplification de leur utilisation adaptée dans le cadre de la démarche de création du futur géoparc du Saguenay.

2.1. Évaluation du potentiel de mise en valeur du site : inventaire et caractérisation des attraits

25Pour obtenir un inventaire précis d’un territoire, une caractérisation des attraits peut être conduite au moyen d’une analyse principalement biologique, géographique et physique (Abichou et al., s. d. ; Wall, 1996 ; Blamey, 1997 ; Fennell, 1999 ; Hespel, 2000 ; Laurens et Cousseau, 2000 ; Moreau, 2001 ; Tardif, 2003 ; Litzler et Blais, 2003 ; Caillaud, 2004 ; Desmarais, 2007 ; GTI-DTD, 2007 ; Villeneuve, 2007 ; Charbonneau, 2008 ; Baholet, 2008). Cette analyse est incontournable, puisque l’activité touristique de nature repose essentiellement sur la valorisation du patrimoine naturel, au moyen de l’interprétation de ses composantes les plus exceptionnelles ou remarquables. La caractérisation des attraits permet alors de déterminer quelles composantes environnementales sont exploitables : pour attirer un nombre de visiteurs suffisant, une région doit offrir, ou potentiellement offrir, une masse critique de centres d'intérêt. Ceux-ci doivent être par ailleurs suffisamment attrayants et spécifiques pour être compétitifs. L’objectif de cette première analyse est donc de déterminer si le territoire dispose d’un “positionnement unique”, un argument de vente exceptionnel (un attrait, un site ou une activité singulière) qui procure au territoire un avantage comparatif absolu, reconnu par le visiteur.

26La méthode utilisée est celle notamment impliquée dans la réalisation des plans d’interprétation de bon nombre des parcs nationaux nord-américains. Elle emprunte au modèle d’évaluation touristique de Ferrario (1979) et passe par l’estimation des composantes biophysiques (abiotiques et biotiques), socioculturelles (patrimoine culturel) et sensorielles. L’outil utilisé se base plus précisément sur le modèle linéaire compensatoire de Fishbein et Ajzen (1975), qui détermine l’importance relative de chaque attribut dans la sélection de produits. Au moyen d’une « grille d’analyse des potentiels de mise en valeur des territoires naturels à des fins d’exploitation touristique » (Dumas et Delmaire, 2002), il est possible de déterminer quelles portions d’un territoire ont la capacité de concourir à son développement touristique et méritent d’être exploitées. Il s’agit ici d’évaluer la capacité d’attraction de ces unités de territoire au regard du mandat et de la clientèle cible envisagée par le promoteur. Concrètement, des études et recherches concernant le site sont colligées puis complétées par des inventaires de terrain portant essentiellement sur les attraits naturels, mais également sur les attraits patrimoniaux en lien avec l’histoire naturelle du site, dans une logique géoculturelle :

27Attraits naturels et aménités environnementales

  • Paysages caractéristiques et attrayants

  • Climat

  • Espèces ou habitats exceptionnels (ours, tourbières, par ex.)

  • Autres espèces sauvages intéressantes, inhabituelles ou typiques

  • Flore

  • Diversité des écosystèmes

  • Particularités géologiques (lacs, cours d'eau, falaises, par ex.)

  • Aires protégées (réserves naturelles, parcs nationaux...)

28Attraits culturels et patrimoniaux (tangibles et intangibles)

  • Patrimoine bâti (monuments, ruines...)

  • Construction d'architecture vernaculaire

  • Objets du patrimoine (outils, vêtements, meubles...)

  • Traditions (savoir-faire, us et coutumes...)

  • Gastronomie (produits, recettes et modes de fabrication locaux)

  • Évènements et festivals

29Ces attraits sont ensuite cotés en tenant compte de différents critères pondérés, par exemple :

  • Les propriétés des composantes du territoire (diversité, représentativité, rareté ou abondance, fragilité)

  • Leur potentiel sensoriel

  • L’accessibilité, la facilité d’aménagement et d’entretien du site

  • La capacité d’interprétation et la facilité de leur mise en valeur

30Le choix et le poids des différents critères dépendent de l’objectif du territoire et des priorités du projet touristique. Grâce à la cote obtenue, l’importance relative des potentiels de mise en valeur est déterminée pour l’ensemble des ressources inventoriées. Puis, un premier regroupement de potentiels tient compte de leur proximité physique afin de délimiter les superficies riches en ressources exploitables alors appelées « unités d’exploitation ». Chacune d’entre elles représente un site délimité géographiquement et fait ressortir une ressource naturelle dominante.

2.2. Étude de marché, étude de faisabilité technique et analyse stratégique

31En tourisme de nature, l’inventaire et la caractérisation des attraits sont prioritaires et critiques, au sens où la disponibilité et la qualité des attraits conditionnent le projet touristique. Si des attraits naturels existent, d’autres étapes sont alors requises afin de savoir si les ressources disponibles peuvent faire l’objet d’une demande suffisante pour que des moyens d’exploitation soient mobilisés. Les trois démarches subséquentes sont l’étude de marché, l’étude de faisabilité technique et l’analyse stratégique. Démarches généralement connues, elles ne seront ici présentées que sommairement.

32L’étude de marché (étape 2) consiste à procéder à un “état des lieux” du secteur touristique local. Il s’agit d’effectuer des recherches internes et externes pour déterminer le profil et les exigences de la clientèle potentielle et de définir les meilleurs créneaux d’exploitation du territoire. L’analyse de la situation et de l’organisation touristique sur le territoire passe par l’étude de l’offre, de la demande, de la concurrence et des tendances du marché (les attentes du consommateur par exemple). L’analyse de l’offre nécessite à la fois une recherche documentaire et une recherche de terrain (consultation de personnes-ressources, visites des lieux...). L’analyse de la demande permet de vérifier que la clientèle visée existe bien, qu'elle est suffisamment nombreuse, accessible et solvable, conduisant à définir plus précisément le(s) produit(s) ou service(s) envisagé(s) en fonction de chaque type de clients. L’analyse des tendances et de la situation du secteur touristique permet enfin de valider que le concept de projet envisagé cadre avec celles-ci. L’évaluation du potentiel touristique d’un territoire doit tenir compte de l’évolution des conditions extérieures générales, notamment des tendances affectant le comportement des consommateurs : il s’agit d’anticiper les opportunités et les risques liés aux nouvelles attentes des diverses clientèles, afin de pouvoir élaborer de nouveaux produits touristiques adaptés à ces évolutions.

33L’étude de faisabilité (étape 3) permet de confirmer, ou d’infirmer, que le projet envisagé est réalisable. Tous les prérequis doivent être précisément analysés et évalués, et chaque condition doit être satisfaite pour que le projet touristique ait des chances d’aboutir. La démarche d’évaluation doit être la plus objective et exhaustive possible. L’analyse financière (Ziffer, 1989 ; Prévil, 2000 ; Dreyfus-Signoles, 2002 ; Tardif, 2003 ; Cracolicia et al., 2006 ; Desmarais, 2007 ; Villeneuve, 2007) conduit quant à elle à s’interroger sur les éléments suivants :

  • Validation du modèle économique du projet

  • Estimation du chiffre d’affaires

  • Connaissance des règles fiscales

  • Analyse des sources de financement

34L’analyse organisationnelle vérifie les conditions d’obtention de certifications, reconnaissance interprofessionnelle ou labels de qualité. Certaines conditions peuvent être exigeantes à satisfaire. Une évaluation de ce qu’elles impliquent, préalablement au lancement du projet, est alors une démarche indispensable.

35L’analyse légale porte sur le montage juridique du projet touristique qui doit idéalement être validé par un professionnel, notamment en ce qui concerne le choix de la forme juridique de l’entreprise qui pilotera et gérera ce projet. Ce statut doit être compatible avec les objectifs et énoncés de mission, et le respect des intérêts de chacune des parties prenantes. Le projet doit également satisfaire aux normes et règlements spécifiques qui encadrent toutes les activités : respect des droits de propriété sur le territoire, respect des régimes de protection des espèces fauniques et des aires à statuts particuliers, respect des normes du travail...

36L’analyse de la capacité de gestion des risques est essentielle en contexte de tourisme de nature au Canada, le tourisme s’y pratiquant principalement en région isolée. Les conséquences de blessures y sont par essence plus critiques, c’est à dire plus complexes à gérer. Les producteurs du secteur doivent donc prioritairement planifier, estimer et contrôler le risque inhérent aux activités qu’ils proposent. Ainsi, lorsqu’on cherche à évaluer la faisabilité d’un projet, il est alors essentiel de mesurer systématiquement :

  • D’une part le niveau de difficulté et les risques possibles lors de la pratique de l’activité envisagée

  • D’autre part la capacité de gérer ces risques, de les limiter et de supporter leurs conséquences

37Quand bien même tous les autres critères (la demande, la concurrence...) sont favorables, si le producteur n’est pas en mesure (pour quelque raison que ce soit : surcoût financier, défaut de compétence technique...), d’assurer la gestion des risques de manière efficace et professionnelle, alors le projet touristique ne devrait pas être mené à terme.

38Par la suite, l’analyse stratégique (étape 4) prend en compte l’ensemble des données compilées lors des étapes précédentes (évaluation du potentiel de mise en valeur, étude de marché et étude de faisabilité) et les met en perspective pour évaluer dans quelle mesure elles créent un contexte favorable au futur projet. Il s’agit donc d’un bilan diagnostique, qui, en confrontant les résultats de l’analyse de la situation, permettra de décider de la pertinence de développer ou non le tourisme dans la zone et selon les modalités prévues. La méthode analytique FFOM (ou matrice SWOT) va définir, pour la région considérée, les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces (Zimmer et Grassman, 1996 ; Tourisme Québec, 2002). Il convient ensuite de totaliser et de classer les principaux avantages et inconvénients du projet par rapport à ces quatre paramètres, ce qui définit une “position stratégique de succès” appelée à être tenable, c’est à dire réaliste dans sa mise en œuvre. La dernière étape du processus, dite de décision d’opportunité, conduit à la décision d'entreprendre, ou non, le développement d'un projet touristique basé sur le patrimoine naturel.

Tableau 1. Processus d’évaluation du potentiel touristique d’un territoire

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Source : modélisation de l’auteur

39Orchestrer la mise en tourisme de nature d’un territoire est une méthodologie intégrée « en entonnoir », où le point d’entrée et la question centrale amènent à mesurer le potentiel nature du site, pour ensuite conduire une étude marketing plus classique. Cette analyse préliminaire devrait être dans les faits une évaluation du potentiel de tourisme de nature durable, ce qui en complexifie la méthode. Un exemple de la conduite d’une telle démarche peut ici être donné, avec le cas récent de Saguenay.

3. Exemplification par le cas du Géoparc du Fjord du Saguenay

40Afin de bonifier l’attractivité touristique de Saguenay, un projet visant à structurer un géoparc a été initié. Le but premier d’un géoparc est d’intégrer la préservation exemples significatifs de patrimoine géologique au sein d’une stratégie de développement socio-économique et culturel durable à l’échelle régionale, incluant la mise en valeur touristique tout en sauvegardant l’environnement. Pour viser l’acquisition de ce statut, et du label international afférent, une analyse scientifique détaille le potentiel du territoire à rencontrer les critères d’un géoparc, dans le cadre d’une démarche interdisciplinaire d’ingénierie touristique novatrice.

41Un géoparc est une unité territoriale regroupant un ensemble de sites identifiés pour leur valeur géologique ainsi que pour leur potentiel de mise en valeur touristique. L’analyse scientifique a servi à étayer la demande de reconnaissance en présentant un portrait des sites potentiels. Une difficulté résidait dans le fait qu’il n’existe pas de grille méthodologique ni de critères précis concernant le statut de géoparc. Seules des lignes directrices sont disponibles auprès de l’UNESCO, lesquelles doivent être traduites en indicateurs et critères afin d’analyser le potentiel. Telle fut alors la première démarche scientifique réalisée : établir, à partir des facteurs génériques, une grille détaillée de critères d’évaluation, permettant d’estimer le potentiel des territoires, puis élaborer une méthode pour opérationnaliser cette grille, dans le cadre d’une démarche d’ingénierie touristique. L’ingénierie touristique réfère aux méthodes et outils employés de manière rigoureuse et systématique comme supports aux opérations complexes d’élaboration, de réalisation et de suivi des projets dans le domaine du tourisme (Tranquard, 2013).

42Au terme de l’analyse des critères définitionnels d’un site et d’un géoparc au sens des principales instances officielles qui abordent cette question, deux principales composantes constitutives d’un géoparc peuvent ainsi être relevées :

  • La présence d’un phénomène géologique et géomorphologique d’intérêt pour l’interprétation des sciences de la Terre (Poirier, 2008)

  • Une valeur universelle exceptionnelle au titre du patrimoine naturel et des objectifs de géoconservation (Prichonnet, 2001)

43Par ailleurs, les sites exceptionnels étant par définition en nombre limité à l’échelle mondiale, le comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, en accord avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a accueilli favorablement l’idée d’élargir la « reconnaissance de sites géologiques/ géomorphologiques ». La notion de géoparc recouvre désormais globalement toutes les preuves de notre passé, tout l’héritage qui permet d’expliquer l’état actuel de la planète (Prichonnet, 2001), incluant les paysages, la biodiversité et le patrimoine géologique. Ainsi, les valeurs historiques, culturelles et autres des sites peuvent être prises en compte dans toutes activités de gestion et de protection (Grandigirard, 1999).

44Il a ainsi été considéré que le projet de géoparc du Saguenay devait se munir d’un caractère distinctif qui servira de cadre de référence à l’analyse, à la documentation et à la réalisation du projet. Le caractère multidisciplinaire ou multifacette du projet est apparu comme pouvant constituer sa marque identitaire, guidant également le choix de la méthodologie retenue pour inventorier et sélectionner les sites potentiels existant. Concrètement, deux premières démarches ont été réalisées : l’inventaire des sites à partir de leur potentiel intrinsèque ; la capacité de mise en valeur de ces sites potentiels. Ces deux éléments doivent en effet être considérés concomitamment, puisqu’il pourrait se trouver des sites comportant de nombreux attraits mais dont l’exploitation pourrait être techniquement impossible, ce qui compromettrait leur sélection au sein du futur géoparc.

3.1. Inventaire du potentiel intrinsèque des sites

45L’approche retenue pour procéder à l’inventaire des sites potentiels (Pralong, 2006) privilégie la synergie possible entre patrimoine géologique/ géomorphologique, écologique et historico-culturel. L’idée maîtresse est que ces valeurs peuvent révéler différents usages de l’entité géologique, en tant que ressource paysagère, ou économique ou encore comme faisant partie du patrimoine naturel et culturel (Poirier, 2008). Un inventaire transversal ou multi-thématique a ainsi porté sur différents types de patrimoines et d’attraits :

  • Patrimoine géologique et géomorphologique

  • Patrimoine géographique (géographie physique et humaine)

  • Attraits écotouristique et de tourisme d’aventure

  • Patrimoine archéologique et historique

  • Patrimoine biologique (faunique et floristique)

46De manière générale, les sites ont été évalués à partir des attraits qu’ils constituent au regard de :

  • Leur rareté ou exceptionnalité. Les sites retenus représentent un ou différents stades de l’histoire de l’évolution de la Terre, incluant les phénomènes biologiques et les processus géologiques actuels ou passés, et qui contribuent ou ont contribué au développement des reliefs terrestres ou les caractéristiques physiographiques ou géomorphologiques significatives (Dingwall et al., 2005).

  • Leur représentativité. Les sites retenus ont un caractère exemplaire, une valeur didactique, ou qui favorisent la lisibilité des phénomènes (Grandigirard, 1999). Ils fournissent un bon exemple des phénomènes géomorphologiques et géologiques observés Pralong, 2006).

47En pratique, l’inventaire des sites potentiels a été réalisé par des experts à partir de critères élaborés selon l’appartenance disciplinaire de chacun (tableau 2).

Tableau 2. Critères de sélection des sites potentiels selon les champs disciplinaires

Image 10000000000002D5000002B41A51B97B.pngSource : Tranquard et Morin, 2016.

48Sur la base de ces critères, les experts concernés par ces champs disciplinaires ont réalisé, à partir de diverses sources et sans contact entre eux, un inventaire systématique des sites potentiels existants. Ces sources varient selon la discipline : bases de données spécialisées, recensions d’écrits scientifiques portant sur le territoire saguenéen, entrevues dirigées avec des acteurs du milieu... Puis, les experts ont coté, au vu des informations obtenues, la rareté et la représentativité des sites analysés. Les cotes s’établissent de 1 à 10, posant alors la question du poids relatif des évaluations des sites potentiels selon l’angle disciplinaire retenu. L’évaluation du potentiel intrinsèque d’un site se fonde en effet sur les côtes attribuées par les experts disciplinaires. Or en termes d’importance, les 5 champs disciplinaires retenus (géologie et géomorphologie, tourisme d’aventure, géographie, biologie et histoire) n’ont pas été considérés comme équipollents, ou comme ayant le même poids ou la même importance. Même si l’approche retenue se fonde sur une analyse multifacette, l’importance des attraits géologiques et géomorphologiques reste en effet prépondérante dans un projet de géoparc. C’est la raison pour laquelle le coefficient attribué à la rareté géologique a été considéré comme plus important que pour les autres champs disciplinaires.

49Le cadre méthodologique qui sous-tend cette approche de pondération reprend celui présenté au début de la présente contribution. Il emprunte au modèle d’évaluation touristique de Ferrario (1979) et requiert l’utilisation d’une grille d’analyse des potentiels de mise en valeur des territoires naturels à des fins d’exploitation touristique (Dumas et Delmaire, 2002). Cette démarche générique a été adaptée aux exigences et spécificités du projet de géoparc et a conduit à développer une grille d’analyse multicritère originale à partir de la méthode dite de la somme pondérée. En pratique et au regard des principes génériques d’un géoparc, le coefficient retenu pour la rareté géologique, est de 10 ; celui de l’exemplarité géologique, de 8. En comparaison, il a été convenu que la moyenne des évaluations portant sur la rareté des autres champs disciplinaires serait cotée sur 5 ; et sur 4 pour la moyenne des évaluations portant sur l’exemplarité réalisées par ces mêmes autres champs disciplinaires.

50Par la suite, une cote supplémentaire a été attribuée au regard du caractère multidisciplinaire ou multifacette du site évalué. Concrètement, si un site a été retenu et évalué par l’ensemble des 5 disciplines, il incarne alors le caractère multifacette recherché et sera donc coté 5 sur 5. À l’inverse, un site qui ne présente un intérêt que dans un seul champ disciplinaire sera coté 1 sur 5. Ces évaluations portant sur le potentiel intrinsèque des sites ont au total un poids de 32 (somme des coefficients) (cf. Tableau 2).

3.2. Évaluation de la capacité de mise en valeur et d’exploitation touristique

51Le potentiel intrinsèque d’un site correspond à ses qualités naturelles, lesquelles ne peuvent être mises en tourisme uniquement du seul fait de leur existence. Ces qualités naturelles doivent en effet pouvoir être exploitées de manière à satisfaire la demande d’une clientèle touristique dans le cadre d’un projet économique viable (Tranquard, 2013). D’où l’importance de jumeler l’évaluation du potentiel intrinsèque à une seconde évaluation qui porte sur la capacité de mise en valeur des sites. Lors de cette deuxième étape, sont évaluées :

  • L’accessibilité physique, qui réfère à la facilité d’accès et de visite du site et des éventuelles infrastructures qui le composent. C’est la facilité avec laquelle les composantes les plus attrayantes du site peuvent être observées

  • La capacité de support des sites, qui concerne la fragilité aux impacts éventuels d’exploitation à partir de quatre éléments (la présence ou absence d’espèces protégées en raison de leur vulnérabilité, la présence ou absence de milieux fragiles, la présence ou absence d’artéfacts ou de vestiges historiques, la fréquence et la diversité des pratiques humaines, récréatives, industrielles à possibles impacts)

  • La concentration spatiale, qui porte sur la proximité des centres urbains (le point de référence est ici le centre-ville de Ville de Saguenay – arrondissement de Chicoutimi) et inclut aussi l’éloignement relatif par rapport aux autres sites du géoparc

  • La qualité du site et des infrastructures en place, qui réfère au nombre et à la diversité des exploitants (hébergement et restauration notamment) actuellement présents sur le site ou dans un périmètre proche

  • L’exploitation du site, selon le nombre et la diversité des activités de valorisation ou d’exploitation actuellement accessibles sur place ou dans un périmètre proche

52L’accessibilité physique et la capacité de support ont été cotées sur 5, puisque leur défaut peut être considéré comme des critères très limitatifs à leur mise en valeur. Ainsi un site géologique exceptionnel qui n’est accessible par aucune voie d’accès terrestre et qui comporterait des espèces végétales menacées ne pourrait logiquement être exploité en l’état au sein d’un géoparc.

53Au final, l’évaluation du potentiel intrinsèque d’un géosite (sur 32) et celle de sa capacité de mise en valeur (sur 18) permettent de quantifier sur 50 la valeur générale à être considéré comme un site pouvant intégrer le géoparc du Saguenay. Selon les pratiques établies en la matière au niveau mondial (Poirier, 2008), un géoparc regroupe en effet une quarantaine de sites en moyenne. L’inventaire riche du territoire du Saguenay a amené à une sélection des sites les plus appropriés. La méthode dite de la somme pondérée, (ou Weight Sum Method - WSM), emprunte aux méthodes d’agrégation multicritère (Schärlig, 1985), ce qui donne une prépondérance à la pondération des critères pour déterminer les choix.

Tableau 3. Grille d’évaluation du potentiel des sites

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Source : Tranquard et Morin, 2016.

3.3. Création d’unités thématiques de mise en valeur

54À partir de la liste des 50 sites potentiels identifiés par les experts disciplinaires, 40 ont été retenus sur la base des résultats quantitatifs générés par la méthode de la somme pondérée (carte 1). Cette sélection a relevé jusqu’à présent d’une analyse essentiellement quantitative qui peut être prolongée par une analyse davantage qualitative qui vise à concevoir une identité thématique propre au géoparc sur la base des similitudes entre les sites retenus. Ces sites peuvent être regroupés en « unités d’exploitation » ou « unités de mise en valeur », qui représentent une association autour d’une thématique patrimoniale dominante. Il s’agit, après l’inventaire et la caractérisation des attraits d’une part, et la sélection des sites au moyen d’une grille d’analyse des potentiels de mise en valeur d’autre part, de la troisième étape qui vise à valoriser le caractère distinctif du géoparc du Saguenay. Concrètement, 5 unités de mise en valeur font chacune ressortir une thématique dominante et unique. Les sites dont les attraits cadrent le plus avec cette thématique dominante sont intégrés à l’unité de mise en valeur. L’idée est la suivante : capitaliser sur les attraits principaux en regroupant les sites les plus apparentés pour en faciliter notamment la visite par les futurs géotouristes. Le géoparc du Saguenay aura ainsi une identité globale distincte qui se déclinera en 5 composantes thématiques. Ces unités pourront par la suite devenir des « routes » ou parcours touristiques. Il s’agit là d’une approche essentiellement marketing qui contribue à rehausser de manière plus générale l’identité territoriale du géoparc. Les 5 unités de mise en valeur proposées sont les suivantes :

  • Empreinte du temps

  • Colonisation et culture régionale

  • Développement industriel

  • Écotourisme

  • Aventure

55Il est à noter que ces catégories ne sont bien évidemment pas exclusives les unes des autres, au sens où un même site peut faire partie de plusieurs unités thématiques en raison de son caractère multifacette.

Carte 1. Localisation des géosites du projet de Géoparc du fjord du Saguenay

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3.4. Analyse du projet au regard des objectifs de développement durable

56Le travail d’analyse préparatoire à la création de ce parc pour devenir géoparc veut s’inscrire dans une démarche de développement durable qui est aujourd’hui particulièrement structurante dans les politiques nationales ou régional de développement territorial. Il n’y a pratiquement plus de projet touristique d’envergure qui ne l’intègre dans sa planification ou dans son cahier des charges, d’une part parce que plusieurs gouvernements l’ont inscrit dans leurs stratégies et politiques et, d’autre part, parce qu’il constitue un thème sociétal porteur. Une difficulté tient cependant à la distance qui subsiste entre les déclarations d’intention des politiques et leur application par le biais de moyens appropriés. Un autre constat, concernant la gestion quotidienne de l’entreprise touristique qui souhaite tendre vers un développement durable, témoigne d’un décalage entre la théorie et la mise en application de son cadre de référence (Vernon et al., 2005).

57L’analyse du projet saguenéen a été effectuée à partir de la Grille d’analyse de développement durable (GADD) de la Chaire en éco-conseil de l’UQAC (Villeneuve et al., 2016). Dans une perspective d’analyse systémique de la durabilité (Villeneuve et al. 2017), la grille questionne une quarantaine d’enjeux du répartis en six dimensions : enjeux sociaux, écologiques, économiques, éthiques, culturels et de gouvernance (figure 1) qui correspondent aux 40 thèmes de la version 2016 de la GADD, et font notamment référence aux 17 objectifs de développement durable (ODD) récemment adoptés par l’Assemblée générale des Nations Unies dans le cadre de leur programme de développement durable à l’Horizon 2030.

Figure 1. Quarante thèmes évalués dans l'analyse de développement durable

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Source : Villeneuve et al., 2016

58En synthèse, les résultats de l’analyse soulignent la considération de l’ensemble des dimensions du développement durable, et une performance globale qui montre un équilibre entre les différentes dimensions. L’analyse a par ailleurs permis de dégager certaines recommandations qui visent d’abord à rendre honneur aux qualités du projet, mais également à corriger les lacunes sur certains enjeux importants associés au développement durable (la gestion du risque, la sécurité sur les sites, la prise en compte des changements climatiques). Enfin, d’autres propositions ciblent des enjeux spécifiques et d’autres transversaux. Il est à noter que la plupart des recommandations formulées sont transversales et multidimensionnelles, c’est-à-dire que leur mise en œuvre permettrait de bonifier plus d’un enjeu, dans plus d’une dimension. Le projet a permis de modéliser une démarche intégrée d’analyse multicritère pour l’évaluation du potentiel des territoires à rencontrer les critères d’un géoparc. La modélisation étant envisagée comme une construction intellectuelle destinée à saisir, à « cartographier » un processus, une dynamique ou une logique d’action, dans le but d’en appréhender les composantes et de les traduire en une vision synthétique.

59La figure 2 synthétise donc les méthodes détaillées précédemment, replacées dans une logique intégrée et séquentielle. Cette approche générique permet de tenir compte des particularités du territoire sur lequel elle pourrait être employée. Il s’agit d’une démarche adaptée, qui intègre à la fois les concepts d’analyse multicritère, d’analyse systémique de durabilité et d’ingénierie touristique et qui met en dialogue les connaissances du territoire d’une diversité d’experts disciplinaires, dans une démarche interdisciplinaire, afin de bien cerner l’ensemble des potentialités d’un territoire à mettre en valeur.

Figure 2. Méthodologie d’analyse multicritère pour l’évaluation du potentiel d’un territoire de rencontrer les critères d’un géoparc

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Source : Tranquard et Morin, 2016

Conclusion

60Au niveau canadien, les ressources naturelles sont à la base de l’offre touristique des parcs nationaux qui mettent de l’avant la nature comme premier produit d’appel. En contexte de tourisme de nature, les ressources naturelles et les écosystèmes sont des attraits qui se transforment en attractions, et en produits. L’initialisation du circuit économique et la possible valorisation du territoire dépendent donc des ressources naturelles. À ce titre, les démarches de conception et d’élaboration des projets touristiques de nature nécessiteraient de considérer prioritairement la valeur intrinsèque des attraits naturels, tout autant que la capacité des promoteurs de mettre en œuvre des modalités d’exploitation appropriées. Les démarches requises pour ce faire sont parfois techniques. Des méthodes et outils d’analyse spécifiques sont alors sollicités, leur utilisation relevant notamment de l’ingénierie touristique. Les outils disponibles permettent ainsi de poser un diagnostic sur les opportunités touristiques du site, d’évaluer l’existence ou l’absence de composantes naturelles distinctives et significatives, qui forment le « fonds de commerce » et l’identité du territoire, ainsi que l’existence d’options de valorisation ou d’aménagement de lieux par rapport à une demande de loisirs.

61Or, dans la pratique et faute de moyens, l’évaluation du potentiel touristique à laquelle certains promoteurs recourent se résume souvent à une analyse minimaliste : celle de la situation et de l’organisation touristique du territoire (Dreyfus-Signoles, 2002). Il s’agit essentiellement d’une étude de marché, destinée à s’assurer que l’activité envisagée est économiquement réaliste et rentable. À des fins d’optimisation cependant, il peut alors être opportun de recourir à un continuum d’analyses permettant d’obtenir un portrait relativement exhaustif du potentiel touristique du territoire, tel qu’il a été présenté ici. Les démarches suggérées peuvent être bonifiées par une analyse complémentaire d’évaluation de la durabilité de l’exploitation touristique des territoires, en appui au processus de prise de décision d’opportunité. Adaptées et appliquées ici, ces analyses ont permis récemment de structurer un projet de création : le géoparc du Fjord du Saguenay. L’approche scientifique retenue a notamment intégré les préoccupations les plus à jour concernant le développement durable, évaluées et analysées grâce à des outils qui ont fait leur preuve dans des démarches similaires de développement territorial. Toutefois, les analyses produites ici ne concernent que la création de l’identité « Géoparc du Saguenay ». Pour incarner et mettre en marché ce nouveau label, d’autres étapes restent à venir. Celles-ci, pour être efficientes, doivent être conduites dans une séquence organisée, échelonnée. Il existe en effet une forme de technicité reliée au développement de produits touristiques dans lequel l’octroi d’un statut particulier peut certes constituer une étape importante, mais n’en est qu’une parmi d’autres. Dit autrement, la démarche initiale qui vise à solliciter le statut de Géoparc permet de faire un état des lieux des atouts d’un territoire, ce qui constitue un inventaire pertinent, mais qui devra être nécessairement prolongé, par exemple en proposant des pistes de bonification pour les objectifs les plus critiques révélés par l’analyse de développement durable.

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Pour citer ce document

Manu Tranquard, « Attractivité et mise en tourisme des espaces naturels : principes et méthodes d’évaluation appliqués aux parcs québécois » dans © Revue Marketing Territorial, 5 / été 2020

URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/rmt/index.php?id=498.

Quelques mots à propos de :  Manu Tranquard

Docteur en développement régional, Manu Tranquard est professeur agrégé en intervention plein air à l’Université du Québec à Chicoutimi (Canada) et chercheur au Laboratoire d’Expertise et de Recherche en Plein Air (LERPA). Ses travaux de recherche portent notamment sur l’ingénierie des projets touristiques de nature et sa contribution au développement durable des territoires qui supportent ces projets.