Sommaire
4 / hiver 2020
interactions entre Jeux Olympiques et territoires
Le numéro 4 de RMT repose sur des travaux académiques présentés lors des deux premiers colloques (juin 2018 et juin 2019) de l'ORME - Observatoire de Recherche sur les Mega-Events -, créé au sein de l'UPEM en vue du déroulement des Jeux Olympiques d'Eté à Paris en 2024.
Les universitaires Charles-Edouard Houllier-Guibert, directeur de cette revue, et Marie Delaplace, membre du comité de pilotage de l'ORME, ont coordonné ce numéro ainsi que des sessions lors de chacun des colloques, dont la session "Quel héritage en termes d’image pour les villes hôtes ou candidates des olympiades ?" spécialement proposée pour ce numéro thématique.
- Editorial
- Charles-Edouard Houllier-Guibert et Marie Delaplace Interactions entre Jeux Olympiques et territoires
- Articles
- José Chaboche et Alain Schoeny Les dimensions territoriales et urbaines des Jeux Olympiques d’Été : une revue des publications (1984-2018)
- Marie Delaplace L’image des territoires hôtes des Jeux Olympiques et Paralympiques : revue de la littérature et enjeux pour Paris 2024
- Jean-Loup Chapelet Au-delà de l’héritage : l’évaluation de la performance des Jeux Olympiques
- Nathalie Fabry et Sylvain Zeghni Pourquoi les villes ne veulent-elles plus accueillir les Jeux Olympiques ? Le cas des JO de 2022 et 2024
- Synthèses
- Barbara Szaniecki et Ana Helena da Fonseca Compte-rendu d’ouvrage. Designing the Olympics – representation, participation, contestation
Jilly Traganou – 2016 – 364 pages - Frédéric Bouin Innovation juridique et aménagement du territoire pour l’urbanisme parisien des JOP 2024
- Alexandre Faure Expérimentations et politiques urbaines. L'héritage de Tōkyō 2020 et les conséquences de son report
Pourquoi les villes ne veulent-elles plus accueillir les Jeux Olympiques ? Le cas des JO de 2022 et 2024
Nathalie Fabry et Sylvain Zeghni
Le renoncement de villes à la candidature aux Jeux olympiques d’hiver 2022 (Oslo, Innsbruck, St-Moritz, Sion) ou aux jeux d’été 2024 (Boston, Budapest, Hambourg, Rome, Munich) pour des raisons financières mais aussi en raison de protestations et ou de référendums locaux, s’est traduit par un choix très restreint pour le Comité International Olympique. Ces renoncements sont liés à la crainte des parties prenantes locales (politiciens, habitants…) d’une augmentation des coûts mais aussi au doute concernant l’intérêt d’accueillir un méga-événement. Pourquoi les boosters olympiques ne fonctionnent pas et pourquoi les déclarations générales sur les retombées des JO ne font plus sens pour les résidents ? L’étude des impacts sur un lieu d’accueil (emploi, vente, tourisme, attractivité...) des méga-événements donne à comprendre le lien « ville et méga-événement », tout en évitant une simple comptabilité d’équilibre, en raisonnant comme écosystème olympique. Dans un deuxième point, huit villes qui ont retiré leur candidature sont analysées à travers leurs motivations dont trois cas qui paraissent emblématiques : Oslo, Hambourg et Budapest.
The renunciation of cities to bid for the 2022 Winter Olympic Games (Oslo, Innsbruck, St. Moritz, Sion) or the 2024 Summer Games (Boston, Budapest, Hamburg, Rome, Munich), for financial reasons but also because of protests and/or local referendums, resulted in a limited choice for the International Olympic Committee. The fear of local stakeholders (politicians, inhabitants) of an increase in costs and the doubts about the interest of hosting a mega-event are the main reasons for the withdrawal. Why don’t the Olympic boosters work, and why do general statements about the impact of the Olympics no longer make sense to residents? First of all, we will study the impacts on a host location (employment, sales, tourism, attractiveness...) of mega-events. In order to understand the "city and mega-event" link, and to avoid a simple balancing act, we will reason in terms of the Olympic ecosystem. In a second point, we will analyze eight cities that have withdrawn their candidacy, and we will examine their motivations for doing so by focusing on three cases that seem emblematic to us: Oslo, Hamburg, and Budapest.
1Les Jeux Olympiques et para-olympiques sont des événements planifiés à long terme qui appartiennent à la catégorie des méga-événements sportifs occasionnels (Getz et Page, 2015). Ces évènements donnent au pays et à la ville qui les accueillent une forte visibilité internationale et engagent d’importants flux financiers comme le souligne Persson (2002, p.27) : « Olympic Games is big business ». Pendant longtemps, les pouvoirs publics et privés ont décidé et agi seuls en matière de candidature à l’organisation des JO. Plus récemment, la question de la légitimité de l’accueil des Jeux a été posée, en particulier par les citoyens lors des procédures de consultation préalable au dépôt de la candidature. A ces occasions, les mobilisations anti-olympiques, jusque-là inconnues et peu médiatisées, occupent souvent le devant de la scène. Derrière l’apparente noblesse des performances sportives de haut niveau, qui sont censées pacifier les esprits et inspirer les jeunes, un nombre considérable d’intérêts et de controverses se cristallisent autour des Jeux (Bourbillères et Koebel, 2019 ; Delaplace et Schut, 2020). Il peut s’agir aussi bien de questions urbaines que géostratégiques.
2Les JO illustrent de manière exemplaire et empirique la théorie du « droit à la ville », développée notamment par Lefebvre (1968), Castells (1983) et Harvey (2008) : les anciens quartiers industriels de la plupart des métropoles ont subi d’importantes transformations post-fordistes et post-modernes basées sur des projets et des événements hautement médiatisés, spectaculaires et éphémères. Ces projets de rénovation urbaine sont potentiellement des leviers de spéculation et de dépossession immobilière pour les populations locales qui subissent des expropriations, des déplacements mais aussi la confiscation de l’espace. Les populations locales peuvent subir une remise en cause de leurs droits les plus fondamentaux tels que le logement. La main-d’œuvre locale peut être exploitée et aliénée. Au cours des dernières décennies, certaines grandes villes ont été le théâtre de manifestations sociales de plus en plus nombreuses et diverses, défendant les droits de la population locale et faisant des revendications précises en réaction aux processus de réhabilitation et de gentrification d’anciens districts industriels. David Harvey (2008) utilise le concept de particularismes militants pour désigner les luttes émanant d’une zone urbaine particulière et susceptibles d’être étendues à d’autres endroits, ce qui leur donne in fine une portée beaucoup plus globale. Des réseaux se développent tel « Recht auf Stadt1» à Hambourg pour lutter contre la rénovation urbaine de certains quartiers. Ce réseau jouera un rôle non négligeable à Hambourg dans la campagne anti-candidature de la ville aux JO 2024.
3La littérature académique accorde de plus en plus d’attention aux enjeux sociaux et aux tensions qui peuvent survenir dans les métropoles candidates car depuis quelques années, les intérêts politiques, économiques et financiers des pouvoirs publics et des investisseurs privés s’opposent souvent à ceux des communautés locales. Les autorités, soucieuses de promouvoir les projets de rénovation urbaine, ont tendance à valoriser les répercussions positives que ces méga-événements pourraient générer et à minimiser la pression considérable exercée sur les ressources (main-d’œuvre, terrains, infrastructures) et le cadre de vie des résidents.
4D’un point de vue géostratégique, la ville hôte des JO renforce son statut de ville mondiale ce qui lui permet de capter de nouveaux flux internationaux et d’affirmer son attractivité dans un contexte de concurrence mondiale exacerbée. Pour ce faire, il convient de faire consensus sur son nom. Des auteurs comme Feizabadi et al. (2015) ou Monnin et Maillard (2015) se sont intéressés au boycott politique des JO et à son impact sur les relations diplomatiques. Dans tous les cas, le boycott devient un élément de régulation des relations internationales parmi d’autres (embargo, sanction économique). Bien entendu ce type de mesure impacte davantage le pays organisateur que la ville hôte. Elle peut aussi nuire à l’image du CIO (contestation du choix de la ville, incapacité diplomatique à régler les conflits). Au-delà des cas bien connus de Berlin (1936) et Moscou (1980), dès l’organisation des premiers JO à Athènes en 1896, un premier boycott avait eu lieu, celui de la Turquie.
5D’autres auteurs ont montré comment la corruption et le parrainage abusif par des multinationales, utilisant les JO pour faire valoir leurs intérêts commerciaux, pouvaient déformer l’idéal olympique. Il suffit de se rappeler le scandale de Salt Lake City en 1998, lorsque le comité organisateur local a soudoyé le Comité International olympique, et Atlanta, où les Jeux olympiques de 1996 ont été surnommés les Jeux Coca-Cola (Magdalinski et al., 2005) pour être convaincu qu’une telle distorsion est possible. Plus récemment, l’organisation des JO de Tokyo 2020 a également donné lieu à des suspicions de fraudes2.
6L’omniprésence de la notion d’héritage des Jeux doit également être soulignée, car on est loin de parvenir à un consensus tant sur le contenu que la mesure et sur sa réalité (Scheu et Preuss, 2017 ; Bason et Grix, 2018 ; Brittain et al., 2018 ; Chappelet, 2019). Un rapport de l’Assemblée de Londres (2007) sur l’héritage olympique de Barcelone, Atlanta, Sydney et Athènes souligne que les coûts et bénéfices réels sont en décalage avec les calculs ex ante. En termes d’impact sur l’emploi, les chômeurs vivant à proximité des parcs olympiques dans les quatre villes étudiées, n’ont pas connu d’amélioration de leur situation après les Jeux. De même, en termes de pratiques sportives, l’héritage ne semble pas évident comme le démontre le cas de Londres (Thomas et al., 2018).
7La liste des villes qui, par la force de référendum ou de revers politiques, ont décidé d’abandonner leur candidature s’allonge d’année en année. En effet, Boston, Budapest, Hambourg, Rome, Innsbruck, Oslo, Munich, Cracovie, Sion, St-Moritz et Davos et dernièrement Calgary, se sont retirées de la course. Les raisons invoquées sont financières, mais aussi protestataires. Les politiciens, les habitants et, plus généralement, les acteurs locaux craignent une augmentation des coûts et doutent de l’intérêt d’accueillir ce type de méga-événement. Cela soulève des questions de recherche intéressantes : pourquoi les stimulateurs olympiques ne fonctionnent-ils plus ? Pourquoi peine-t-on à convaincre l’opinion publique que les Jeux peuvent générer des effets d’entrainement ? Pour répondre à ces questions, nous devons d’abord nous concentrer sur le lien entre méga-événements et développement économique local (I). Organiser et accueillir les JO est l’art de concevoir un grand projet pour un territoire, d’ancrer son action dans l’éphémère tout en l’inscrivant dans l’histoire, sans trop ponctionner les finances publiques. Si les JO sont des marqueurs puissants dans l’imaginaire des (télé)spectateurs, sont-ils pour autant des leviers de croissance pour le tissu socio-économique local ? Dans un deuxième point, nous étudierons les défis émergents liés à l’accueil des Jeux et analyserons les motivations des villes qui, depuis 2014, ont retiré leur candidature olympique, pour 2022 et 2024, sous la pression des citoyens contestataires (II), afin de permettre une focale sur trois cas (III).
1. Les Jeux Olympiques sont-ils stimulants pour la ville hôte ?
8D’abord, sont présentés sur les bénéfices attendus de l’accueil d’un grand-événement sportif pour une ville hôte. Puis, la seule lecture comptable apparaît insuffisante et il convient de raisonner en termes d’effets plus diffus ou intangibles sur le territoire d’accueil envisagé comme écosystème.
1.1. Les bénéfices attendus de l’accueil d’un grand-évènement
9A chaque euro dépensé pour organiser les JO doit correspondre à minima un euro de recette selon la logique de l’analyse « coût / bénéfice » ou calcul des retombées directes de l’évènement. Il s’agit de comparer les coûts de l’organisation, compris au sens large du terme (constructions, aménagements, communication...), et les « bénéfices » engrangés par la vente de billets, de droits de retransmission, de redevance, d’accès, de propriété, d’appellation... Comme Porter et Fletcher (2008) ou Andreff (2012) l’ont noté, il existe toujours un écart entre les prévisions ex ante et la réalité ex post car les organisateurs ont tendances à surestimer les recettes et à sous-estimer les effets de substitution et les effets d’éviction et de déplacement de demande en particulier touristique (Fabry, 2019 ; Delaplace, 2020).
10Selon le Programme de l’OCDE pour l’emploi local et le développement économique (2010), les avantages locaux de l’accueil d'événements mondiaux qui « pourraient raisonnablement être attendus mais, bien sûr, ne sont pas garantis » (OCDE-LEED, 2010, p.12) sont répartis en avantages primaires de court terme et avantages secondaires à plus long terme.
11S’agissant des bénéfices primaires, l’OCDE (2010) avance que le méga-événement peut servir de catalyseur des stratégies de développement du territoire et permettre l’alignement de l’événement sur les stratégies de croissance des acteurs locaux. Cela permet à la ville d’afficher des priorités en matière de développement. C’est le cas pour les infrastructures de transports publics, les aménagements urbains, la rénovation urbaine, la transition énergétique... Ce type de projet ne peut se faire sans l’établissement de partenariats public-privé qui sont facilités par l’impact médiatique de l’événement en termes de promotion des marques et de renommée de la ville. L’OCDE mentionne également le fait qu’organiser de grands événements sportifs facilite la mise en place d’une économie de visiteurs. Il s’agit de générer des effets monétaires issus des dépenses des visiteurs sur place qui irriguent le tissu économique local par effet multiplicateur et effet de diffusion (chaine d’approvisionnement local). Ces effets, s’ils sont vraiment causés par l’événement, seront d’autant plus porteurs de croissance qu’ils sauront perdurer au-delà de l’événement.
12Les bénéfices secondaires sont liés à une utilisation améliorée des terrains et bâtis après l’événement, en particulier ceux qui sont reconvertis en logements sociaux ou équipements publics, ce qui contribue à l’inclusion sociale et à la rénovation urbaine. Un risque est cependant perçu par l’OCDE, celui de voir certains quartiers ayant bénéficié d’une restructuration se gentrifier suite à une hausse du prix des biens immobiliers. L’un des enjeux les plus important est le niveau de l’emploi. L’événement porte des créations d’emplois temporaires « avant » et « pendant » les JO et tout le défi consiste à pérenniser ces emplois directs et indirects dans des activités commerciales, les transports, les services... « après » les JO en facilitant l’employabilité des travailleurs (offrir des passerelles vers l’emploi, la formation, la qualification). Enfin, l’expérience acquise pour l’organisation d’un grand événement peut être capitalisée et employée à l’organisation d’autres grands évènements sportifs ou culturels.
13Une candidature olympique peut donc être un catalyseur pour le développement urbain, comme l’ont montré les exemples de Barcelone, ou encore de Londres, Sotchi ou Rio de Janeiro (Azzali, 2019). Même en cas d’échec de la candidature auprès du CIO, l’effet catalyseur peut être important, comme ce fut le cas à Paris en 2012. Cet échec a permis le développement du projet du Grand Paris par un nouveau gouvernement, qui a vu la métropole développer un réseau de transport efficace et un programme de rénovation urbaine ambitieux (Schut, 2020). Une candidature est aussi l’occasion d’imaginer une nouvelle forme de gouvernance pour les pouvoirs publics en développant le Partenariat Public Privé, un nouveau dialogue avec la communauté locale. Enfin, les projets peuvent contribuer à porter des expériences politiques dans divers domaines tels que le développement vert, l’intelligence, le développement favorable aux pauvres et le renouveau industriel, en finançant des microprojets et en développant l’unité sociale. Cependant, comme le souligne Chappelet (2016, 2018), hormis une notoriété accrue et une meilleure image internationale si tout se passe bien, les résultats ne sont jamais garantis à court terme ni à long terme.
1.2. Un équilibre complexe : l’écosystème olympique
14La candidature aux Jeux doit porter un « écosystème olympique » dans lequel chaque partie-prenante (stakeholders) va trouver un intérêt à s’engager et va pouvoir s’insérer dans une chaine de valeur locale. Selon Freeman (1984, p. 46), “Stakeholders are all those individuals, groups, and/or organizations that influence or are influenced by the actions of the focal organization”. Dans le cas des JO, on distingue les parties prenantes internes (Comité International Olympique, comité local d’organisation) et les parties-prenantes externes relativement nombreuses et hétérogènes (tableau 1). On peut citer de manière non exhaustive celles relevant de la catégorie « politique » au niveau de la ville, de la région et du pays car si une ville accueille les JO c’est en fait toute une chaine politique qui se mobilise. Il y a les parties-prenantes issues des « communautés » composées des résidents, spectateurs, des institutions académiques et des écoles, des chercheurs, des activistes, des acteurs du tourisme et de l’événementiel, et plus généralement des acteurs économiques locaux. On trouve également les sponsors, les médias (presse, TV, radios, Internet, médias sociaux...), les fédérations sportives et les diverses délégations nationales et comités olympiques locaux. Tous ces groupes d’intervenants sont essentiels à la planification et à la tenue des Jeux. Cependant, l’importance relative des différents groupes d’intervenants dépend des perspectives en termes de retombées (Parent, 2008, 2010 ; Mitchell et Fergusson, 2015), chacun s’attendant à un retour sur investissement tangible ou intangible (Matheson, 2008, 2009 ; Levy et Berger, 2013). L’organisation des JO dépend du nombre de parties prenantes et de leurs attentes qui peuvent être différents dans chaque phase du projet (Burton, 2003 ; Kassens-Noor et Lauermann, 2017). En fait, le comité organisateur local « ne doit pas seulement comprendre les besoins et les désirs des parties prenantes lorsqu’il traite avec elles, mais aussi comment créer de la valeur pour elles » (Parent, 2013, p. 33).
Tableau 1. Exemples de « retours attendus » pour les parties prenantes des JO
Source : Fabry et Zeghni
2. Les défis émergents de l’accueil des Jeux Olympiques
15En matière de contestation, il convient de distinguer la contestation exogène et la contestation endogène des JO. Les Jeux ont d’abord servi de porte-voix à une ou plusieurs causes, en raison de leur portée médiatique mondiale (Oliver et Lauerman, 2017). La contestation se fait pendant l’événement, organisée par des groupes militants préexistants qui s’occupent principalement de causes politiques et de droits humains, comme le salut du « point levé du Black power » en 1968 ; les boycotts pendant la guerre froide (Moscou 1980, Los Angeles 1984) ; les manifestations nationalistes tibétaines avant les Beijing 2008. La résonnance médiatique a été mise à profit non pas pour protester contre les Jeux olympiques, mais en faveur d’une autre cause, tel un « moment de mouvement » (Boykoff, 2014a, p.26). En d’autres termes, il s’agissait d’une protestation exogène aux Jeux olympiques. Récemment, de nouveaux mouvements de contestation sont apparus de nature plus endogène. Les uns contestent le leg des Jeux (mouvement anti-Olympiques) les autres leur légitimité (mouvement anti-bids ou anti-soumission). Ces deux formes de protestation ne s’excluent pas mutuellement et représentent une contrariété importante pour le CIO qui voit le nombre de candidatures se réduire et donc son choix de villes à désigner contraint. C’est cette dernière forme de contestation que nous développons.
2.1. Les formes contemporaines de contestation : mouvements anti-olympique et mouvements anti-bids
16Le mouvement anti-olympique critique le leg fait aux villes hôtes par ce que Lenskyj (2002, 2004) qualifie d’industrie olympique internationale3. Les universitaires jouent un rôle essentiel dans ce débat (Boykoff, 2014b ; Flyvbjerg et Stewart, 2012 ; Zimbalist, 2015a, 2015b, Duignan, 2019). Deux raisons principales sont évoquées. La première raison est liée à l’absence de liens explicites et gagnants entre les coûts engagés pour l’accueil des Jeux et les opportunités et les impacts sur les villes hôtes, sauf pour les sponsors (Boykoff, 2014a ; Louw, 2012 ; Müller, 2015 ; Zirin, 2014) comme en témoignent les contestations pour parrainages excessifs des JO de Londres 2012. Le concept de legs devient complexe et met moins l’accent sur les retours monétaires que sur les possibles avantages environnementaux, informationnels, éducatifs, durables ou de planification urbaine (Leopkey et Parent, 2012 ; Hartman et Zandberg, 2015 ; Brittain et al., 2018). La deuxième raison est liée à la gouvernance du sport olympique et à la corruption dans le mouvement olympique (Jennings, 1996 ; Lenskyj, 2008) et plus généralement au fait que le système de candidature internationale est considéré comme peu transparent et peu démocratique.
17Le mouvement anti-bids est le fait de militants qui contestent la légitimité de la candidature (Oliver et Lauerman, 2017). Ces mouvements sont plus enracinés localement et plus proactifs probablement en raison de l’usage par les citoyens contestataires de l’internet et des réseaux sociaux. Ces mouvements tentent de décourager le processus de planification olympique dès sa genèse, c’est-à-dire dès l’annonce de l’intention de la candidature. L’avenir urbain et le droit à la ville sont les préoccupations premières avancées par les militants4. Ils craignent un risque de gentrification et de déplacement des populations vulnérables.
18La contestation porte également sur la politique urbaine locale et sur l’utilisation des candidatures aux Jeux pour orienter la décision publique. Selon les militants, cette utilisation des candidatures transforme la politique urbaine en un programme technique entre le CIO et la ville candidate. Les acteurs locaux et, en particulier, les habitants, se trouvent mis à l’écart, craignant que les sommes consacrées à l’accueil des JO se substituent à d’autres investissements collectifs à destination des résidents. Ils craignent également les dépassements de coûts donc le risque d’augmentation des impôts (Billing et Holladay, 2012). Les mouvements de contestations obligent les villes candidates à plus de transparence dans la planification et la budgétisation de la candidature.
19Le mouvement anti-candidature est très organisé. Certains, par exemple « No Boston », se sont professionnalisés et aident les citoyens contestataires des autres villes à se structurer et à forger leurs éléments de discours. De ce fait, ce soft-power est à l’origine de nombreux abandons de candidature ou de retrait de candidatures. Ces militants ne sont pas contre l’organisation des Jeux, mais ils sont opposés au gaspillage des fonds publics et au dépassement des coûts. Ce contre-pouvoir demande des ajustements aux planificateurs, tels que des projections réalistes des coûts, des évaluations d’impacts à long terme, y compris environnementaux, pour optimiser les futurs investissements olympiques.
2.2. Méthodologie pour une application aux prochains Jeux Olympiques
20Une première étude des retraits des deux prochaines olympiades (Fabry et Zeghni, 2020) sert de résultats repris ici et complétés d’une analyse de trois candidatures caractérisant divers cas de retrait : la continuité d’un mouvement social illustrant le droit à la ville (Hambourg), la contestation du gouvernement en place débouchant sur la création d’un parti politique (Budapest) et, au-delà d’un oui référendaire, le retrait (Oslo).
21L’échantillon de l’étude comprend huit villes qui ont retiré leur candidature olympique pour l’organisation des JO d’hiver 2022 ou pour ceux d’été 2024. À l’exception de Boston (USA), les villes étudiées sont situées en Europe (Budapest, Davos, Cracovie, Hambourg, Munich, Oslo, Rome). À l’aide d’une méthode de recherche d’analyse de données de seconde main, nous avons effectué une compilation de ressources fondées sur des revues universitaires, des rapports d’institutions internationales, la presse internationale via la base de données Factiva, des communiqués de presse et Internet des villes candidates, afin de recueillir des exemples de retrait, des opinions et des résultats de référendums en liens avec les candidatures à l’accueil des JO. Les mots-clés utilisés pour la collecte du corpus étaient « Candidatures olympiques » ou l’équivalent anglais « Olympic bids » pour la période 2003-2018. Les rapports librement accessibles sur Internet proviennent d’institutions internationales telles que l’OCDE et le CIO. Nous avons également exploré certains sites web et blogs de mouvements militants, tels que No Boston 2024.
Tableau 2. Quelques sources mobilisées pour la composition du corpus
Source : Fabry et Zeghni
2.3. Résultats
22Le processus de candidature pour accueillir les JO est long. Les parties prenantes peuvent décider d’abandonner soit à un stade précoce, souvent à la première étape avant d’être désignées comme ville candidate, soit à la deuxième étape, une fois désignées comme ville candidate. Dans un premier temps (étape 1), chaque ville déclare son intérêt initial pour l’accueil de l’événement et confirme cette intension auprès du comité olympique national. Chaque comité national sélectionne, parmi celles qui ont fait acte de candidature, une seule ville pour leur pays. Une ville peut sortir du processus soit parce qu’elle a été éliminée par le comité national olympique, soit parce que les citoyens se sont mobilisés pour contrer cette candidature. Ce fut le cas de Boston, Davos et Munich. Ensuite, chaque ville retenue à l’échelle nationale est invitée à soumettre un formulaire (mini dossier de candidature) auprès de l’administration du CIO (étape 2). Chaque ville présélectionnée par la commission exécutive acquière le statut de ville candidate aux JO. À ce stade, une ville peut sortir du processus soit parce qu’elle a été éliminée par le CIO, soit parce que les citoyens se sont mobilisés pour arrêter la candidature avant le dépôt de la candidature officielle. C’est le cas de Budapest, Cracovie, Hambourg, Rome et Oslo. Au final, les membres du CIO élisent la ville hôte parmi les villes candidates qui restent en lice. Sur les huit villes qui se sont retirées récemment des candidatures olympiques, quatre l’on fait après un référendum populaire négatif (Cracovie, Davos, Munich, Hambourg), deux pour des raisons politiques (Oslo et Rome) et deux suite à des manifestations contestataires locales menées par les citoyens (Boston et Budapest).
Tableau 3. Le retrait des villes candidates à l’accueil des JO
23Le tableau 4 présente les principales critiques des parties prenantes locales concernant les candidatures des villes, pour l’essentiel, liées à la dimension financière de l’organisation des Jeux et aux risques afférents (dette, coûts des infrastructures, faible effet sur la croissance), tout comme les préoccupations environnementales.
Tableau 4. Principales critiques des parties prenantes locales à l’égard de la candidature olympique
Sources : Bakkenbüll et Dilger (2016), Dempsey et Zimbalist (2017), Fabry et Zeghni (2020), Hippke et Krieger (2015), Könecke et de Nooij (2017), Oliver et Lauermann (2017), et corpus constitué par les auteurs.
3. Focus sur trois villes aux motifs de refus différenciés
3.1. Oslo : au-delà d’un référendum positif, le retrait
24La procédure de candidature menée par le comité olympique et para-olympique de Norvège devait au final être validée par le Parlement norvégien. Bien que très bien classée, la candidature d’Oslo a été retirée le 1er octobre 2014 après que le Parlement a refusé de voter le financement des JO faute de majorité politique. Restaient en lice les villes d’Almaty et de Pékin (désignée en 2015). La Norvège a déjà accueilli les JO d’hiver à Oslo en 1952 et Lillehammer en 1994. Plus récemment, une première tentative de candidature pour les JO d’hiver de 2018 avait été faite et trois villes avaient déclaré leur intérêt : Tromsø, Trondheim et Oslo. C’est Tromsø qui avait été sélectionnée par le comité national mais en 2008, une évaluation a démontré que le projet engendrerait un dépassement des coûts et mobiliserait d’importants fonds publics. Le projet a été abandonné dans la foulée. En janvier 2010, le processus national est relancé et Lillehammer, la région de Stavanger-Bergen-Voss, Tromsø et Oslo se positionnent. Oslo est retenue par le comité olympique norvégien en 2011, conduisant la ville à organiser un référendum populaire sur la pertinence d’une candidature. Le 9 septembre 2013, la majorité des suffrages est favorable (55%). Forte de ce soutien populaire et en l’absence d’un appui ferme et définitif du gouvernement, la ville d’Oslo a envoyé le 12 Novembre 2013, sa lettre officielle de candidature. La candidature finale suppose l’obtention d’un soutien financier national (politique et économique) et de garanties financières de la part de l’Etat votées par le Parlement, seul compétent en matière budgétaire. Bien que jugé peu risqué en matière financière par des cabinets d’expertise mandatés par Oslo, le gouvernement norvégien restait sur la réserve. En mars 2014, la ville d’Oslo a donc fait parvenir son dossier de candidature au CIO sans l’appui inconditionnel du pays comme la Charte olympique le demande, mais avec l’appui d’acteurs socio-économiques majeurs telle la confédération des entreprises norvégiennes ou la confédération des syndicats norvégiens. Entre temps, le budget a été revu à la baisse, ce qui a été considéré comme irréaliste et intenable par de nombreux acteurs du monde sportif, politique et économique. Mais ce qui semble porter un coup fatal au projet est la diffusion publique des 7 000 pages d’exigences du CIO savamment reprises et exploitées par la presse norvégienne qui a relayé des demandes jugées extravagantes et infondées. Dans ce climat, le Parlement a refusé de voter la garantie de l’Etat et les soutiens financiers nécessaires. C’est donc le peu d’enthousiasme politique combiné à la crainte d’un dépassement budgétaire et les demandes peu raisonnables du CIO qui ont fait basculer le projet poussant Oslo à retirer sa candidature en dépit d’un referendum local positif. Le fossé qui sépare la conception et la pratique de l’olympisme du peuple norvégien et le mouvement olympique semblait trop important (Mc Aloon, 2016).
3.2. Hambourg : un retrait dans la continuité d’un mouvement social illustrant le droit à la ville
25Avec le projet phare Hafencity en son cœur, un important chantier de réaménagement du front de mer et le réaménagement de plusieurs quartiers ouvriers adjacents, Hambourg est devenue l’un des les plus grands chantiers d’Europe. Lutz et al. (2015) montrent la dynamique d’investissement accélérée de projets phares massifs à Hambourg, qui déplacent et marginalisent les habitants les plus pauvres. Le logement social a diminué de 50% et depuis 20 ans, une critique très vive et persistante s’est articulée autour de l’espace public et de l’urbain et contre le bradage néolibéral de la ville. Plusieurs initiatives ont critiqué les plans surdimensionnés et coûteux qui ne prévoyaient aucune disposition pour le logement social. Il est important de noter qu’à Hambourg, une forme très spécifique de protestation urbaine a émergé, poussée par les travailleurs et les activistes culturels qui ont introduit de nouvelles façons de faire de la critique radicale créative. En juin 2009, cela a abouti à une manifestation contre les plans de démolition de logements dans le centre-ville et de leur remplacement par de nouveaux condominiums. Le slogan des manifestants était "Die Stadt gehoert allen" (la ville appartient à tous). Pour la première fois, le slogan "Recht auf Stadt" (droit à la ville) a été utilisé à un niveau plus large car les manifestants ont exigé non seulement le blocage des projets urbains mais aussi un nouveau processus de planification démocratique pour inclure les habitants et garantir des loyers bas. C’est dans ce contexte de luttes urbaines prééxistantes que doit être lue l’opposition à la candidature de Hambourg aux JO 2024. Pour Pauschinger (2015) le projet des JO de Hambourg 2024 est une utopie olympique : ils devaient être durables d’abord en matière environnementale (JO climatiquement neutre), ensuite en matière de pérennité dans le temps grâce à une urbanisation raisonnée (transformation du village olympique et du stade olympique en parcs de logements, transformation du parc olympique en terminal de croisière), enfin en matière d’insertion dans la culture hanséatique locale et de relative frugalité (budgétaire). Ce programme s’opposait au gigantisme russe et chinois et entrait en résonnance avec la réforme du CIO pour 2020 qui incitait à l’organisation de JO frugaux, portés par des villes de petite taille favorisant l’unité de lieu et les mobilités douces. Mais en matière de mécanisme de financement, de responsabilité financière et de prise de risque politique, rien ne changeait pour Hambourg qui seule devait en assurer la charge. Les JO devaient servir de levier au développement urbain notamment en favorisant les liens entre le centre-ville et ses périphéries et le port. Ces Jeux étaient portés par une alliance économique puissante composée de la chambre de commerce de Hambourg, du réseau de transport publics, des entreprises publiques, des banques, des commerces, des cabinets d’architectes, des lieux culturels, de la presse régionale... Le budget a été considéré comme peu crédible par la cour des comptes de Hambourg, ainsi le gouvernement fédéral à qui il incombait de financer 6,2 milliards d’euros n’a pas fait montre d’un grand enthousiasme. Dans ce contexte, le référendum du 29 novembre 2015 qui invitait les citoyens de Hambourg à décider s’ils voulaient ou non que leurs représentants poursuivent la candidature, s’est transformé en lutte des clans : une partie favorable aux JO et l’autre, le mouvement « NOlympia Hambourg » animé par la société civile, beaucoup plus réservée sur la dimension financière et sur les bénéfices pour le renouvellement urbain. La candidature d’Hambourg se voulaient une alternative aux JO des pays peu démocratiques mais a été proposée comme un projet urbain autour du sport qui vise l’obtention de subventions, la transformation de l’espace public en espace privé et la renommée internationale de la ville. Les 51,6% de vote Non entrainèrent l’abandon de la candidature.
3.3. Budapest : la contestation du gouvernement en place et la création d’un parti politique
26Le 11 novembre 2013, le comité olympique hongrois a annoncé la candidature de Budapest aux JO de 2024. Mais, le 1er mars 2017, Budapest s’est retiré de la compétition. Le coût de l’événement a été évalué entre 1,8 à 3,6 milliards de dollars. Malgré un avis réservé du CIO le 15 décembre 2016, la candidature fut maintenue et devint un enjeu politique pour le gouvernement, le parti majoritaire et le premier Ministre Victor Orban. Dès l’origine, la candidature rencontra l’opposition des partis minoritaires du Conseil Municipal. Le soutien populaire aux Jeux était passé, selon des sondages, de 40% des hongrois en août 2014 à 53% en janvier 2016, pour redescendre à 45% en août 2016. La plupart des partis d’opposition et des organisations civiles ont critiqué le gouvernement pour son soutien à la candidature, l’accusant de corruption et de dépenses olympiques au lieu de développer les soins de santé, l’éducation et les transports à Budapest. En janvier 2017, une organisation civile appelée Mouvement Momentum a lancé une pétition en faveur de l’organisation d’un référendum pour les habitants de Budapest, afin de savoir s’ils veulent organiser les JO 2024. Plusieurs partis d’opposition ont rejoint le mouvement, la question du référendum sur les Jeux Olympiques devenant une question centrale du débat politique. Au total, 138 527 signatures devaient être recueillies auprès des habitants de Budapest jusqu’au 17 février 2017. Ce furent 266 151 signatures qui ont été soumises par Momentum. Devant le succès de la pétition, et avant même d’organiser un référendum, Budapest retira sa candidature. La mobilisation contre les Jeux était une mobilisation politique contre les choix du gouvernement en place et s’est traduite par l’apparition du Mouvement Momentum qui a obtenu près de 10% des voix aux élections européennes de 2019. En octobre de la même année il participe à la coalition qui conquiert la mairie de Budapest face au candidat du parti au pouvoir.
Conclusion
Comme l’histoire nous l’enseigne, les villes hôtes des JO gagnent rarement de l’argent car cet événement représente un risque financier important et la ville subit souvent ce qu’Andreff (2012) appelle « la malédiction du vainqueur de l’enchère » c’est-à-dire la différence entre les coûts ex-ante et ex-post inhérente à tout processus d’enchères. Parmi les raisons pour lesquelles les villes étudiées ont abandonné leurs engagements olympiques, nous avons observé une augmentation des contestations locales, un déficit de légitimité des JO et un manque d’implication des acteurs locaux. Les boosters olympiques ne fonctionnent pas automatiquement et les revendications générales sur le retour sur investissement font que l’opinion publique soutien de moins en moins ce type d’évènement. Les politiciens, les habitants et, plus généralement, les acteurs locaux, craignent une augmentation des coûts et doutent des avantages à accueillir les JO. Ce n’est plus une priorité pour la plupart des villes, même les plus riches et les plus saines financièrement. Les récents référendums sur les Jeux olympiques d’hiver de 2026 semblent confirmer cette tendance. Après Graz/Schladming (Autriche), Innsbruck (Autriche), Graubünden (Suisse), Sion (Suisse), Calgary (Canada) s’est retirée en décembre 20185 malgré le projet de réutiliser certaines infrastructures construites pour les JO de 1988. Pour sa part Sapporo a préféré reporter sa candidature à 2030, sans referendum. Le mouvement se poursuit pour les JO d’été de 2028 avec le retrait de la capitale autrichienne (Vienne). Si le Comité international olympique veut éviter à l’avenir une pénurie de villes candidates, il devra tenir compte des nouvelles attentes des acteurs locaux (Müller, 2015 ; Parent, 2013). Serait-ce le début d’une politique urbaine plus inclusive ? Des JO judicieusement basés sur des projets réalistes à long terme et utiles pour le développement durable des villes peuvent être une solution.
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1 Littéralement « droit à la ville ». Sur ce mouvement on consultera Lutz, Colini and Rostalski (2015).
2 Le président du Comité Olympique Japonais, Monsieur Tsunekazu Takeda, a été mis en examen le 10 décembre 2019 à Paris, pour "corruption active" dans le cadre d’une enquête sur l’attribution des JO de Tokyo 2020.
3 “I use the term Olympic industry to indicate that the International Olympic Committee (IOC), the national Olympic committees of its member countries, and its global corporate sponsors are primarily concerned with profit. Thus, I problematize fuzzy concepts such as ‘Olympic movement’, ‘Olympic family’, and ‘Olympic spirit’ that deliberately cloak the Olympic industry’s profit motive in pseudo-religious rhetoric. I examine how the mass media and Olympic boosters, including elected representatives, bow to Olympic industry pressure to suppress critical voices and to criminalize peaceful protest in Olympic host cities.” Lenskyj (2004, p.370).
4 Face aux enjeux contemporains de crises écologique et sociale, le concept de droit à la ville, hérité des travaux fondateurs d’Henri Lefebvre (1968) recouvre une légitimité et une pertinence. Ce concept vise à intégrer les citoyens dans la construction de la ville par deux processus, l’appropriation et la participation. L’appropriation a pour objectif d’offrir la possibilité aux populations d’occuper l’espace urbain à des fins de partage et de créativité. C’est ce que Michel de Certeau appelait en 1990 « l’invention du quotidien ». La participation est basée sur la capacité de chacun à prendre part aux décisions qui façonnent la ville (planification de l’espace urbain, choix d’investissement, stratégie de développement, transports...).
5 Pour Calgary, on consultera le site des citoyens contre les JO : https://nocalgaryolympics.org.
Nathalie Fabry et Sylvain Zeghni, « Pourquoi les villes ne veulent-elles plus accueillir les Jeux Olympiques ? Le cas des JO de 2022 et 2024 » dans © Revue Marketing Territorial, 4 / hiver 2020
Le numéro 4 de RMT repose sur des travaux académiques présentés lors des deux premiers colloques (juin 2018 et juin 2019) de l'ORME - Observatoire de Recherche sur les Mega-Events -, créé au sein de l'UPEM en vue du déroulement des Jeux Olympiques d'Eté à Paris en 2024.
Les universitaires Charles-Edouard Houllier-Guibert, directeur de cette revue, et Marie Delaplace, membre du comité de pilotage de l'ORME, ont coordonné ce numéro ainsi que des sessions lors de chacun des colloques, dont la session "Quel héritage en termes d’image pour les villes hôtes ou candidates des olympiades ?" spécialement proposée pour ce numéro thématique.
URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/rmt/index.php?id=454.
Quelques mots à propos de : Nathalie Fabry
Maître de Conférences (HDR) à l’Université Gustave Eiffel et au laboratoire DICEN-Idf, les recherches de Nathalie Fabry portent sur les ressorts de l’attractivité des destinations touristiques et le principe de développement des territoires par le tourisme à travers les notions à stabiliser de destination intelligente et de cluster de tourisme.
Quelques mots à propos de : Sylvain Zeghni
Maître de Conférences (HDR) à l’Université Gustave Eiffel et au laboratoire LVMT, les recherches de Sylvain Zeghni portent sur l’économie du tourisme, la Wise City, le développement territorial, l’analyse des Grands événements.