Sommaire
1Ce numéro 1 est en réalité le deuxième opus qui suit un numéro de commande d’articles auprès de chercheurs de plusieurs disciplines ainsi que des textes rédigés par le rédacteur en chef pour montrer ce que les formats de textes courts peuvent offrir à notre communauté. Ce numéro 1 répond à l’exigence scientifique en vigueur aujourd’hui en France, qu’est l’évaluation en double-aveugle pour les articles longs et l’accompagnement par un évaluateur pour les productions de synthèse. Ainsi, après un numéro 0 consacré à l’éventail disciplinaire que peut recouvrir le marketing territorial, RMT démarre avec un numéro varia composé de quatre articles longs qui sont deux constructions idiographiques et deux textes en quête de généralités. Les sujets des textes sont :
Les marques Territoires de plusieurs métropoles et régions françaises au moment de la réforme des territoires. Etude à l’ampleur inédite, 28 marques sont analysées pour faire ressortir la mobilisation des ambassadeurs en tant que déterminant clé qui justifie le passage de la mise en marque des territoires (dispositif abondamment utilisé en France ces dernières années) vers la nouvelle étape qu’est la gestion pérenne de la marque Territoire (situation bien plus rare qui atténue grandement la force des politiques de marketing des territoires en tant qu’action publique). La prise en charge par les acteurs privés peine à se déployer de manière solide en France, conduisant vers des marques déjà en sommeil.
Les contenus visuels des sites web de villes françaises, traités par Benoît Faye, dans la continuité d’une première publication issue de la revue canadienne de sciences régionales. En étudiant l’image officielle des villes qu’il appelle les identités projetées, Benoît Faye situe une quarantaine de villes au regard de plusieurs critères, des plus habituels, ceux utilisés pour les classements de ville, vers de plus originaux que sont différents labels et à travers eux, des aménités d’ordre qualitatif (végétalisation, offre culturelle, segmentation de la population…).
L’étude de la confiance économique au sein de la province marocaine de Kénitra, au regard de la marque de ce territoire. La littérature montre que la décision de localisation des entreprises est sujette aux perceptions des décideurs vis à vis d’un territoire, ainsi une politique de communication pour le développement local peut être étudiée sous ses effets d’influence. L’auteure Adraa Ismaili retient cinq attributs à étudier et elle propose une analyse d’entretiens mis en statistique qui confirme ou infirme une série d’hypothèses.
L’étude micro-sociologique d’une rue rouennaise dans le cadre de la Consumer culture theory. L’approche ethnographique de Cerise Thorel précise une méthode de travail rigoureuse par sa quête d’objectivité. A l’échelle d’une rue et avec peu d’entretiens, la richesse du traitement de l’information permet d’identifier différentes pratiques de consommation, faisant poindre la territorialité des consommateurs, un angle de vue à approfondir en combinant davantage la CCT, issue de la gestion, avec les apports de la géographie sociale, deux univers avec trop peu de collaborations et que nous espérons voir se conjuguer davantage dans cette logique transdisciplinaire recherchée dans RMT.
2Ce premier numéro accueille aussi des productions écrites plus courtes issues de la géographie, de l’économie et de la discipline de la civilisation britannique. Au sein des rubriques de format court, deux résumés de thèse sont présentés, sur deux sujets novateurs :
La thèse de José Ignacio Vila-Vazquez est la première en langue française à proposer dans son titre le terme Flagship. Les vaisseaux amiraux que l’on retrouve dans les projets urbains phares sont depuis plus d’une décennie utilisés dans les propos scientifiques sans être réellement définis, ce que cette thèse parvient à faire à travers l’étude de quatre cas européens particulièrement intéressants car peu présents dans la littérature francophone.
La thèse de Clément Marinos veut faire la démonstration que les réseaux d’acteurs peuvent tenir un rôle structurant pour le développement local en matière d’effets d’agglomération, ce qu’il étudie avec les espaces urbains bretons, c’est-à-dire les cas de villes moyennes dont les résultats viennent contredire les affirmations de nombreux géographes sur les bienfaits des grandes métropoles en matière de polarisation. Ces mêmes effets sont observables dans les villes de la Bretagne Sud, si petites à l’échelle du monde.
3Enfin, le texte d’Aurore Caignet et celui du collectif de doctorants géographes d’IMAGO, ont comme point commun l’étude de « l’image de la ville », expression que l’on retrouve beaucoup dans la géographie des représentations de la seconde moitié du XXè siècle. Ce sujet de recherche est une nouvelle fois traité par de nouveaux chercheurs ce qui amène à nous s’interroger sur l’apport scientifique au-delà des nombreuses monographies existantes. L’image des territoires est souvent étudiée lors des thèses mais nettement moins dans le prolongement de la carrière. Sur quoi cela repose-t-il ? Est-ce un objet dont on fait le tour le temps d’un lustre ? Ou bien y a-t-il des prolongements scientifiques à fabriquer, ce que la dernière rubrique de RMT, intitulée « Image et Territoire », offre dans chacun des prochains numéros ?
Charles-Edouard Houllier-Guibert, « Une diversité de toutes sortes » dans © Revue Marketing Territorial, 1 / été 2018
URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/rmt/index.php?id=247.
Maître de conférences en Stratégie et Territoire