Les Temps épiques
Structuration, modes d’expression et fonction de la temporalité dans l’épopée

sous la direction de Claudine Le Blanc (maître de conférences HDR en littérature comparée à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) et de Jean-Pierre Martin (professeur émérite de langue et littérature du Moyen Âge à l’Université d’Artois)

Le volume constitue les actes du septième congrès du Réseau Euro-Africain de Recherches sur les Épopées (REARE), organisé conjointement par Ursula Baumgardt (INaLCO/Llacan), Romuald Fonkoua (Paris-Sorbonne), Claudine Le Blanc (Sorbonne Nouvelle/CERC) et Jean-Pierre Martin (Université d’Artois/Textes et Cultures), qui s’est tenu à Paris les 22, 23 et 24 septembre 2016 à l’INaLCO et  à la Sorbonne. Il propose une exploration de la question de la temporalité dans l’épopée, question qui reste paradoxalement peu étudiée de façon systématique, en vingt-sept études couvrant un très vaste empan géographique et historique (de l’Afrique à l’Inde, de l’Antiquité aux séries contemporaines), précédées d’une introduction par les coordinateurs.

Les temps épiques
  • Claudine Le Blanc et Jean-Pierre Martin  Dédicace
  • Claudine Le Blanc et Jean-Pierre Martin  Introduction

L’énonciation temporelle dans Le Mvett de Tsira Ndong Ndoutoume

Blandine Koletou Manouere


Résumés

Cette étude, inspirée des travaux de Gérard Genette, porte sur la manière dont le temps se déploie dans le récit épique Le Mvett de Tsira Ndong Ndoutoume. En étudiant d’une part les repères temporels et leur symbolique par rapport au contexte socioculturel de l’épopée, et d’autre part le temps de la récitation épique et celui de l’histoire racontée, l’analyse de l’énonciation temporelle permet de montrer comment l’esprit du Mvett dépasse les frontières spatio-temporelles, socioculturelles et historiques pour s’inscrire dans une dimension universelle.

This text intends to analyze how time is used in the epics The Mvett of Tsira Ndong Ntoutoume. For Gérard Genette, the narration is an account of factual or imaginary events which are the object of the discourse. The exploration of the Mvett epics means the study of all the actions and situations experienced by the hero, Oveng Ndoumou Obame. In this lively epics from Central Africa, the story-teller relates the adventures of the hero who wants to eliminate the iron from the earth to avoid conflicts and promote peace, but the adventure is not an easy one…

Texte intégral

1Cette étude porte sur la manière dont le temps se déploie dans le récit épique de Tsira Ndong Ndoutoume, Le Mvett. Pour Gérard Genette, le récit désigne la succession d’événements, réels ou fictifs, qui font l’objet du discours, et leurs diverses relations d’enchaînement, d’opposition, de répétition, etc.1 L’analyse du récit du Mvett signifie alors l’étude de l’ensemble des actions et des situations vécues par le héros Oveng Ndoumou Obame. Dans cette épopée vivante d’Afrique centrale, le conteur musicien raconte une histoire : l’acte narratif de Tsira Ndong Ndoutoume consiste à relater les aventures d’Oveng Ndoumou Obame, qui veut faire disparaître le fer de la surface de la terre. L’analyse de l’énonciation temporelle ou le discours sur le temps implique d’une part les indications ou repères temporels qui ressortent dans le texte et la symbolique de ces indications par rapport au contexte socio-culturel de l’épopée, et d’autre part, l’étude du temps de la récitation épique et celui de l’histoire racontée. Les événements exposés s’étalent sur une durée dans des espaces précis. L’analyse du discours narratif est pour Genette, « l’étude des relations entre récit et histoire, entre récit et narration, et entre histoire et narration2 ».

2Pour étudier le temps dans un récit, Genette prend pour point de départ la division avancée en 1966 par Tzvetan Todorov3 qui classait les problèmes du récit en trois catégories : celle du temps, « où s’exprime le rapport entre le temps de l’histoire et celui du discours » ; celle de l’aspect, « ou la manière dont l’histoire est perçue par le narrateur » ; celle du mode c’est-à-dire « le type de discours utilisé par le narrateur ».

Relation entre le temps de l’histoire et celui du discours

3Ici, il s’agira d’étudier le temps de l’histoire et le temps de la performance du Mvett. Le temps de la narration est la position temporelle qu’occupe le narrateur par rapport à l’histoire qu’il raconte. Genette préconise quatre types de temps à savoir : la narration ultérieure, la narration antérieure, la narration simultanée et la narration intercalée.

4De prime abord, le narrateur du Mvett adopte la narration ultérieure en racontant ce qui est arrivé dans un passé lointain. Il présente l’histoire du peuple fang à l’époque des grandes migrations. Les contes et les légendes révèlent que les Fang descendent des bords du Nil. Pourchassé par les Mvele ou Bassa, l’un d’entre eux, Oyono Ada Ngono, musicien et guerrier, s’évanouit subitement. Son corps inanimé a été transporté pendant une semaine. Après ce coma, Oyono revint à la vie et annonça à ses frères qu’il avait découvert un moyen pour leur redonner du courage. Alors, tous se regroupèrent autour de lui et il se mit à chanter en racontant l’histoire imaginaire du peuple d’Engong. Il leur dit :

Quand je dirai :
Je sème le vent !
Vous répondrez
– oui !
Je dirai encore
– Je tire l’éléphant
Vous répondrez
– Oui !
Je dirai encore
– Que les oreilles écoutent !
Vous répondrez
– Qu’elles écoutent le Mvett4 !

5Tel fut le premier chant du Mvett qui sera repris par plusieurs générations de chanteurs du Mvett. Le Mvett est une épopée vivante, chaque orateur lui donne une nouvelle vie au cours d’une performance personnifiée. Le texte de Tsira Ndong Ndoutoume indique une succession de Mbomvett (interprètes du Mvett) depuis Ada Oyono Ngono, comme l’atteste la généalogie du héros, depuis les origines de la création5. Ce rappel à l’écoute de l’épopée en un refrain cité plus haut est repris en chœur par l’auditoire pendant chaque performance.

6Dans le récit de Tsira Ndong Ndoutoume, les repères historiques qui permettent de fixer exactement les exploits chantés n’apparaissent pas clairement. Pendant la performance du Mvett qui se vit, l’histoire que le narrateur raconte est abordée dans une narration simultanée simulée puisque le Mbomvett et son public sont en contact direct. La naissance du héros marque le début de l’histoire, mais sans pour autant donner une date précise ou un repère historique visible. Les faits racontés sont vécus au moment où le conteur les narre. Cette caractéristique est perceptible à travers des expressions telles que : « à ce moment6 », « soudain7 » et « maintenant8 », qui créent un « effet du réel » dans l’esprit de l’auditeur et le transportent dans l’univers merveilleux de l’histoire dans laquelle il est désormais fortement impliqué.

7L’épopée Mvett constitue un discours plus ou moins réel sur le passé d’un peuple connu. L’exode des Fang au xixe siècle s’arrête avec l’arrivée des Européens. Leur pays s’étend dans le sud-Cameroun, toute la Guinée Équatoriale et tout le Nord-Gabon. Le Mbomvett raconte des événements passés dans le présent tout en impliquant l’auditoire. Il dit : « Mets-toi, ami-auditeur, à la place de nos fantômes » (p. 129), « répondez oui, répondez oui » (p. 66). Aussi, l’emploi de la première personne du présent (« je sème le vent, je tire l’éléphant ») dans le chant épique montre que Tsira Ndong Ndoutoume suggère que la récitation a lieu dans un temps ultérieur au temps historique où se sont déroulées les aventures héroïques racontées. La présence des verbes au passé dénote donc l’antériorité de l’action racontée sur l’action narrative. Histoire et narration n’existent que par le truchement du récit9.

8En définitive, le type de narration dans le Mvett est ultérieur. Après que le héros a accompli ses exploits, le chanteur peut alors utiliser ses talents de conteur pour plaire à son auditoire et l’amener à réfléchir. Ici le temps de la récitation épique n’est pas celui du temps de l’histoire racontée. Les événements sont actualisés par le récit oral pour être consommés par le public. Le temps du récit est un faux temps, un pseudo-temps10.

Le rapport entre l’ordre du récit et la narration

9D’après Genette, « le récit est une séquence deux fois temporelle […] : il y a le temps de la chose-racontée et le temps du récit11 ».

10Genette adopte la catégorie du temps dans le même sens que T. Todorov qui illustrait son propos par des remarques sur les « déformations temporelles », c’est-à-dire les infidélités à l’ordre chronologique des événements, et sur les relations d’enchaînement, d’alternance ou « d’enchâssement » entre les différentes lignes d’action consécutives de l’histoire.

Mouvement général du texte : les articulations narratives

11Genette étudie les relations entre temps de l’histoire et temps du récit : les rapports entre l’ordre temporel de succession des événements dans la diégèse et l’ordre pseudo-temporel de leur disposition dans le récit ; les rapports entre la durée variable de ces événements, ou segments diégétiques, et la pseudo-durée (en fait longueur du texte) de leur relation dans le récit : rapport donc de vitesse ; rapport enfin de fréquence (relations entre les capacités de répétition de l’histoire et celles du récit12).

12Dans l’épopée Mvett de Tsira Ndong Ndoutoume, le mouvement temporel est simple dans ses grandes articulations. Le narrateur annonce la naissance d’Oveng Ndoumou Obame qui est le point de départ de l’épopée. Puis le second objet narratif est son initiation, dont la cause est de faire de lui un homme fort, capable de dominer le monde. Les principaux éléments constitutifs du récit dans l’épopée d’après leur ordre d’apparition sont, entre autres, la naissance, l’initiation, la mission, le départ, le conflit entre Oveng Ndoumou Obame et Nkabe Mbourou, la naissance de l’amour entre le héros et la belle Eyenga Nkabe Mbourou.

13À la naissance du héros, l’état des lieux de la société d’Engong indique un peuple affaibli et un vieux chef qui veut laisser un successeur fort. Les premières pages montrent la femme de Ndoumou Obame, fils du patriarche Obame Ndong, en travail depuis deux jours. Dès que le soleil disparaît, les douleurs de la contraction s’intensifient. Puis le temps redevient beau avec des « étoiles qui scintillaient dans le ciel ». La naissance extraordinaire du héros est ainsi décrite :

Il voulait voir ce qu’on lui avait raconté au pays des esprits d’où il venait […] Mais diantre, où était le chemin conduisant à ce monde merveilleux, Fallait-il plonger de la tête, déchirer cette carapace gluante dont les contractions devenaient de plus en plus énervantes ? Il bondit ? Ntsame Ondo pousse un hurlement atroce13.

14Après cette naissance très attendue, le grand-père appelle les trois cents magiciens d’Okü avec qui il signe un pacte d’initiation qui intervient immédiatement. Ndoumou Obame bondit dans la case la nuit même, enlève l’enfant à sa mère et le présente aux sorciers d’Engong qui se transforment en chauves-souris géantes, puis s’envolent dans la montagne. Il est à noter que la nuit est le moment par excellence de l’initiation. Le temps est lugubre, magique et mystique. Les sorciers vont remplacer ses os par du fer pour faire de lui un homme fort capable de vaincre toutes les autres tribus de la terre. L’enfant est baptisé Oveng Ndoumou Obame.

15Après l’initiation du bébé, le patriarche Obame Ndong annonce sa mort très prochaine : « Dans deux jours, au village, je mourrai d’un rhume. Au lendemain de mon inhumation, la nuit, vous retirerez mon corps de la fosse, l’apporterez ici. Vous savez ce que vous devrez en faire14. » L’enfant ainsi initié est le successeur du chef de la tribu des Flammes, qui, à « six lunes », a une santé de fer et une force prodigieuse. « Il paraissait avoir quatorze grandes saisons sèches15» Il a une mission : être autoritaire, audacieux, sans pitié, anéantir le fer, ne pas pardonner et soumettre les autres peuples. Sa force et sa beauté sont chantées par les jeunes filles des villages environnants.

16Pour mener à bien sa mission, le héros doit partir. Oveng Ndoumou Obame réunit tout son peuple, interdit l’usage du fer et charge Ela Minko de ramasser et de détruire tout ce qui contient du fer. Il lui confie alors un sifflet qui happe la ferraille. Ce dernier réussit à vaincre plusieurs tribus, mais se heurte à la résistance de Nkabe Mbourou, le chef de la tribu des Orages, et appelle son chef. L’image d’Ela Minko ligoté, qu’Oveng Ndoumou Obame aperçoit dans la mare magique, le pousse à partir au pays des fantômes pour demander conseil à son grand-père. Il traverse alors le pays des fantômes et se retrouve à l’endroit où Nkabe Mbourou fouette Ela Minko M’Obiang et le délivre. Alors commence la bataille entre Nkabe Mbourou et Oveng Ndoumou Obame.

17Obame vainc Nkabe Mbourou et remet le sifflet magique qu’il détient à Ela Minko. Nkabe Mbourou donne un coup de pied dans le ventre de Ndoumou Obame et casse son pied car le corps de son rival contient du fer. Alors, il doit se venger. C’est ainsi qu’il appelle sa fille Eyenga Nkabe Mbourou et lui demande de le venger.

18La rencontre avec Eyenga Nkabe Mbourou marque la naissance de l’amour. Oveng Ndoumou Obame tombe éperdument amoureux de la fille de son rival. « Elle pouvait avoir une vingtaine de grandes saisons sèches, âge qui donnait à ses seins nus la grosseur de deux papayes en maturation. […] Sa voix était douce et fascinante16. » C’est un amour impossible car la mission d’Eyenga Nkabe Mbourou est de venger son père. Eyenga doit épouser Engouang Ondo, le Chef des Armées de la Tribu des Immortels afin qu’il puisse combattre Oveng Ndoumou Obame :

Dis-lui qu’Oveng Ndoumou Obame m’a brisé une jambe et anéanti ma puissance. Dis-lui que l’homme de la tribu des Flammes prétend détruire le fer de la surface de la terre. Par son arrière-grand-père Evine Etsang, s’il ne vient pas me venger, c’est qu’il sera incapable de devenir ton époux17.

19Un conflit éclate entre Oveng Ndoumou Obame, qui veut avoir la belle Eyenga, et Engouang Ondo, le chef des Armées de la tribu des Immortels. Eyenga est face à un dilemme : épouser Engouang Ondo pour venger son père, ou bien épouser Oveng Ndoumou Obame par amour. Le duel entre les deux prétendants se solde par la victoire d’Engouang Ondo, le Chef des Armées des Immortels et la déchéance d’Oveng Ndoumou Obame, qui perd ses pouvoirs magiques.

20De ce qui précède, à première vue, le récit respecte l’ordre chronologique normal. Il n’y a pas de changement de position dans le temps de l’histoire. Cet aspect facilite la lecture ou l’écoute de cette épopée. Il apparaît clairement que le cycle de la vie consiste en une naissance, un séjour ici-bas, puis un retour à Dieu par la mort. Chez les Fangs, le séjour ici-bas est un vaste champ d’apprentissage et d’expérience de la lutte ardue de l’homme contre toutes les forces visibles et invisibles, proches ou lointaines. L’homme est en quête de l’immortalité. Pour y parvenir, il doit vaincre une série d’obstacles qui apparaissent dès sa naissance. Le temps de l’enfance est celui de l’innocence et de la pureté. L’enfant qui meurt avant quinze ans est assuré de l’immortalité, tandis que l’homme doit veiller sur sa famille par une lutte ardue pour la survie. Il n’acquiert la sagesse et la pureté qu’à la vieillesse. Alors, il accède à l’immortalité.

Les anachronies narratives

21Étudier l’ordre temporel d’un récit, c’est confronter l’ordre de disposition des événements ou segments temporels dans le discours narratif à l’ordre de succession de ces mêmes événements ou temporels dans l’histoire, en tant qu’il est explicitement indiqué par le récit lui-même, ou qu’on peut l’inférer de tel ou tel indice indirect.

22Le repérage et la mesure des anachronies narratives, qui sont les « différentes formes de discordance entre l’ordre de l’histoire et celui du récit », postulent implicitement l’existence d’une sorte de degré zéro qui serait un état de parfaite coïncidence temporelle entre récit et histoire18. Cet état de référence est plus hypothétique que réel. Il semble que le récit folklorique se conforme à l’ordre chronologique. L’anachronie est plutôt une forme rare. Elle est caractérisée par des rétrospections subjectives et objectives, des anticipations subjectives et objectives, des simples retours à chacune des positions. Pour Genette, les catégories narratives de l’analepse et de la prolepse supposent une conscience temporelle parfaitement claire et des relations sans ambiguïté entre le présent, le passé et l’avenir19.

23La prolepse se réfère à « toute manœuvre narrative consistant à raconter ou évoquer d’avance un événement ultérieur. » Dans le texte, la rétrospection se lit avant la récitation épique. Ainsi commence le conteur du Mvett pour anticiper l’histoire du héros épique :

L’épopée que vous allez lire a pour point de départ une des tribus d’Okü, la tribu des Flammes (Yemikaba). Son chef Oveng Ndoumou Obame, homme puissant, considérant que le fer (au sens de métal) est la cause de tous les maux qui accablent l’humanité, a pris l’incroyable décision de le détruire complètement de la surface de la Terre. […] Mais, il se heurte d’abord à l’opposition des autres tribus d’Okü20

24Ce sommaire anticipé introduit l’histoire en annonçant ce qui va se produire dans le récit. On parle à cet effet « d’intrigue de prédestination ». De même, le performateur cherche régulièrement à annoncer d’avance ce qui va suivre, afin de maintenir son auditoire en haleine et d’entretenir le suspense :

À travers ce monde complexe et mystérieux les nouvelles se propageaient avec une rapidité surprenante. Là-bas, dans les villages traversés par la roue d’Engong, on savait déjà qu’Eyenga-Nkabe allait arriver, montée sur un fauve. On prédisait son passage : « Dans trois jours, clamaient les uns ; dans quatre, ajoutaient les autres… » Et les conversations allaient bon train21.

25Avant qu’elle n’arrive à Engong, « on parlait déjà d’Eyenga Nkabe Mbourou, la courageuse fille de la tribu des Orages qui avait vaincu tous les obstacles pour parvenir au pays des Immortels22. »

26Les autres anticipations sont faites plutôt par les personnages. Nous avons par exemple Eyenga Nkabe Mbourou qui prédit ce qui adviendra d’elle si jamais elle transgressait la volonté de son père. Elle dit :

À quoi bon ? Ai-je le choix ? La volonté de mon père seule compte ! D’ailleurs, son fantôme me poursuivrait toute ma vie et me rendrait l’existence impossible. […] Je vais donc à Engong où je ferai ce que mon devoir me commande23.

27Dans cette épopée, on note également des prolepses itératives, qui renvoient à la question de la fréquence narrative. Les répétitions, dit Genette, ont une fonction d’annonce. À chaque occasion, on annonce l’arrivée d’Eyenga Nkabe Mbourou à Engong.

28Dans le récit du Mvett, il y a également l’analepse, qui correspond à « toute évocation après coup d’un événement antérieur au point de l’histoire où l’on se trouve24 ». La rétrospection est utilisée d’une part par le conteur. Elle est introduite par les mots et expressions qui expriment le passé, tels que : « depuis que le monde a été créé », « depuis la création du monde », « c’était l’époque des réjouissances ». D’autre part, elle peut être introduite par les personnages. La rétrospection est annoncée par des verbes comme « se rappeler » (« Il se rappelait un fait récent lors de la bataille qui l’avait opposé à Zip Bibana de la tribu des Binguila25 ») ou « se remémorer » (« Engouang Ondo se remémorait donc cette récente bataille26 »).

29Dans l’épopée Mvett, on note plusieurs retours en arrière. Eyenga Nkabe Mbourou ne cesse de rappeler le motif de son voyage à Engong, pour rester fidèle à la mission de son père. Elle déclare par exemple :

Aie pitié de moi, homme de la tribu de la barbe. Au moment où je te parle, mon père Nkabe Mbourou doit déjà être refroidi. Le coupable est Oveng Ndoumou Obame de la tribu des Flammes. Je pars à Engong épouser Engouang Ondo, le Chef de l’Armée des Immortels. Comme dot, mon père ne lui demande qu’une seule chose : le venger d’Oveng Ndoumou Obame27.

30La fille de Nkabe Mbourou fait également un saut dans le passé en énonçant des monologues intérieurs. Dans ses pensées, « elle songea à cet homme d’Engong… Elle se secoua pour chasser ces sombres pensées28 ».

31Il y a dans le récit des analepses externes qui ne risquent à aucun moment d’interférer avec le récit premier, qu’elles ont pour fonction de compléter en éclairant le lecteur sur tel ou tel « antécédent29 ». Quand Eyenga s’approche d’Engong, le narrateur rappelle l’effet que ce nom a sur le personnage. Il éclaire l’auditoire sur les inquiétudes de la jeune fille :

Ce nom ne l’enchantait point. Ce pays de mystère qu’était Engong avait été, depuis la création du monde, le cauchemar des peuples d’Okü. Ces hommes qui avaient découvert le secret de l’immortalité n’étaient-ils pas, par ce fait même, de véritables monstres surnaturels30 ?

32Lorsqu’on annonce l’arrivée imminente d’Eyenga à Engong, tout le peuple est réuni. L’un des guerriers les plus redoutables, Ndoutoume Mfoulou, montre ses exploits. Le narrateur fait un retour sur son passé glorieux :

Rescapé de la grande bataille au cours de laquelle la sorcellerie livra ses secrets au monde à Mbel-Alène, il avait subi, depuis son adolescence, les coups les plus durs. Son mépris du péril, son impétuosité lui valurent un jour le mystérieux coup de gourdin du guerrier Ekor-Ngui-Ndong, de la tribu des Gorilles, qui le propulsa si violemment dans le ciel que sa tête percuta la lune et s’y colla […] Les joueurs de Mvett en ont fait une légende31.

33Dans le récit du Mvett, on note également des analepses internes. Comme le relève Genette, le champ temporel est compris dans celui du récit premier et présente un risque évident de redondance ou de collision. Elles sont aussi appelées hétérodiégétiques, c’est-à-dire portant sur une ligne d’histoire, et donc un contenu diégétique différent de celui du récit premier32. Lorsqu’un personnage est nouvellement introduit, le narrateur veut éclairer les « antécédents ». Ou encore quand un personnage est perdu de vue depuis quelque temps, le Mbomvett fait ressaisir le passé récent. À titre d’illustration, le narrateur dit :

La fille des Orages ferma les yeux. Elle songea à cet homme d’Engong, Engouang Ondo, qu’elle ne connaissait pas et que son père lui avait choisi pour époux. Dans sa pensée, elle revit l’homme de la tribu des Flammes, Oveng Ndoumou Obame, debout près de son père agonisant. À vrai dire, elle aimait cet homme, malgré le dommage qu’il avait causé à sa famille33.

34Il y a aussi des analepses complétives ou renvois qui expliquent certains comportements. Quand Eyenga arrive à Engong, les femmes sont éblouies par sa beauté. « Elles étaient sincères. Au début de la matinée Eyenga Nkabe s’était offert un bain froid dans une rivière. Elle s’était ensuite imbibée d’amande de palme qui rend la peau lisse et luisante34. » Pour ce qui est du chef des Armées Engouang Ondo, le narrateur décrit quel type de personnage il est, ses ambitions et ses exploits :

Un peu partout dans l’univers, des hommes jaloux complotaient contre lui et son peuple. Des troubles éclataient, semant la ruine et la mort. Et, pour redresser ces torts et apaiser les esprits, il fallait se battre. Il se battait donc à contrecœur. Puis, après chaque combat, il avait des remords35.

35Il y a enfin des analepses répétitives ou « rappels ». Eyenga ne cesse de rappeler l’objet de son voyage : « Mon père m’envoie te dire d’aller le venger d’Oveng Ndoumou Obame de la tribu des Flammes. […] Il a brisé la jambe de mon père. […] Il anéantit le fer de la surface de la terre36 ». On rappelle sans cesse la puissance de l’ennemi qu’Engouang Ondo doit affronter pour épouser la belle Eyenga.

36En définitive, on peut constater que l’anticipation temporelle ou prolepse est beaucoup moins fréquente que la rétrospection, si l’on considère le fait que l’épopée est un discours sur le passé. C’est pourquoi nous avons une forte domination des analepses.

37Dans la récitation du Mvett, on note aussi des digressions. L’histoire est par moment interrompue pour faire place à d’autres récits qui s’écartent du sujet principal qui est l’anéantissement du fer par Oveng Ndoumou Obame. La digression peut être soit l’œuvre du performateur qui raconte une histoire dont il se souvient, soit l’œuvre des personnages qui se rappellent certains faits. À titre d’illustrations, on peut citer :

  • Le récit du combat farouche qui opposa Akoma Mba, le chef suprême des Immortels, à Evoung Tom Obiang qui avait « escalad[é] la lune » pour espionner les sciences sacrées37.

  • Le récit de la lutte entre Engouang Ondo et Zip Bibana : « Depuis qu’Engouang Ondo assumait la responsabilité de chef-guerrier d’Engong, il affrontait souvent les situations les plus difficiles en des circonstances les plus inattendues. Il se rappelait un fait récent, lors de la bataille qui l’avait opposé à Zip Bibana de la tribu des Binguila38… »

  • L’histoire d’Awoume Mvé et de la fille au crocodile : « À la surface de Biwole on voyait autrefois, il y a de cela bien longtemps, une jeune fille assise sur le dos d’un énorme crocodile, au bas du village Ebome39… »

38Dans cette dernière histoire, le Mbomvett dit explicitement que celle-ci n’a aucun rapport avec le sujet principal : « Mais remettons à une autre fois cette merveilleuse histoire et revenons à Nkobam40. »

39Les digressions suscitées sont doublées d’analepses. En effet, elles sont introduites par des verbes et expressions qui expriment la rétrospection. En ce qui concerne le récit du combat qui opposa Akoma Mba à Evoung Tom, le narrateur dit : « Dans la terre chaude habitée par Evoung Tom Biang qui, raconte-t-on, avait41 […] ».

Le rapport entre récit et narration

40Il s’agira d’analyser la durée du récit, la fréquence narrative et l’instance narrative.

41La durée est le rapport entre le temps véridique de l’action et le temps de sa narration. Dans la durée, Genette identifie l’ellipse, la pause et la scène qui sont présentes dans le récit du Mvett. En ce qui concerne l’ellipse, le temps du récit est inférieur au temps de l’histoire. Dans le texte, nous avons par exemple : « une lune s’était écoulée42 », « Des saisons de pluies s’étaient ajoutées aux saisons sèches43 », « quelques jours après44 ». Le temps élidé est clairement indiqué dans ces cas d’ellipse. Ensuite, il y a la scène où la durée du récit est égale au temps de l’action. Alors, le récit et le déroulement sont simultanés. C’est le cas des dialogues identifiés dans l’épopée. Enfin, la pause où le temps du récit est supérieur au temps de la narration. Il n’y a pas de narration et le temps de l’histoire est dit statique, sans durée. C’est le cas de cette description : « À cet âge sa santé était de fer et sa force prodigieuse. Bardé de muscles d’acier, le regard direct, les épaules larges, la poitrine massive45 ».

42La fréquence narrative est la relation entre le nombre d’occurrences d’un événement dans l’histoire et le nombre de fois où il se trouve mentionné dans le récit. Genette distingue trois types de fréquence narrative, à savoir le mode singulatif, le mode répétitif et le mode itératif. Dans l’épopée Mvett, le mode dominant est le singulatif. On peut raconter plusieurs fois ce qui est arrivé plusieurs fois. Dans la course pour anéantir le fer, le narrateur ne cesse de dire : « le fer disparaissait. Le fer se volatilisait46 ». On peut aussi raconter une fois ce qui s’est passé une fois. Le narrateur dit par exemple : « Le lendemain, Avené fit aligner devant les deux hommes toutes les filles du village47. » On note également des séquences où le récit est itératif, telles que : « Quatre lunes déjà que je me bats contre ces forcenés48 », « Voilà déjà une lune qu’il voyageait à travers le pays en quête d’une épouse digne des honneurs de sa tribu49. »

43L’instance narrative est l’articulation entre la voix narrative, le temps de la narration et la perspective narrative. L’étude de l’instance narrative permet de mieux comprendre la relation entre le narrateur et l’histoire à l’intérieur d’un récit donné. On distingue deux types de voix narrative à savoir le narrateur homodiégétique et le narrateur hétérodiégétique. Dans l’épopée Mvett, le narrateur est hétérodiégétique car il se contente de raconter les exploits des valeureux héros des peuples d’Oku et d’Engong, sans faire partie de l’action. Le temps de la narration est ultérieur : le Mbomvett raconte les origines du peuple d’Engong, ses fondateurs, ses héros, etc. Mais dans son récit, il fait parfois parler les personnages et prédit ce qui arrivera dans un futur plus ou moins proche. C’est ainsi qu’on note des prolepses telles que celle d’Eyenga qui, face au dilemme Oveng Ndoumou Obame - Engouang Ondo, pense à la mission que lui assigne son père : « D’ailleurs, son fantôme me poursuivrait toute ma vie et me rendrait l’existence impossible. […] Je vais donc à Engong où je ferai ce que mon devoir me commande50. » Enfin, pour ce qui est de la perspective narrative dans l’épopée Mvett, il y a un narrateur omniscient : c’est la focalisation zéro. Il devine les pensées de ses personnages et nous les communique. Lorsque Eyenga se perd dans ses pensées, il dit : « Elle songea à cet homme d’Engong… Elle se secoua pour chasser ces sombres pensées51. »

Conception et signification du temps chez les Fang Beti

44L’évaluation du temps chez les Fang Beti inclut le cycle de la vie, les saisons, les lunes (mois), les moments de la journée, etc. Dans l’épopée, les changements atmosphériques (climat, opposition jour-nuit) jouent un rôle très significatif et symbolique dans le déroulement de l’intrigue. Les repères temporels sont ceux que les Africains reconnaissent. Les moments de la journée sont déterminés à partir des déplacements du soleil dans le ciel par sa position par rapport à un élément naturel, ou le toit d’une case, ou par la silhouette. Par exemple, « le soleil est déjà derrière la montagne52 » signifie que le jour est proche : c’est l’aube. Pour évoquer le matin, on peut dire : « le soleil montait lentement vers l’azur » et, pour désigner l’heure de midi, « le soleil [s’est] reposé un instant au milieu du ciel53 ».

45La conception du temps exprime la manière de penser du peuple fang qui compte les années par saisons. Évaluant l’âge d’Eyenga Nkabe Mbourou, le narrateur dit : « Elle pouvait avoir une vingtaine de grandes saisons sèches54 ». Et pour évoquer la succession des années : « Les saisons sèches succédaient aux saisons de pluies ». Le mois correspond à une lune. On peut alors déterminer l’âge d’un bébé en faisant référence aux apparitions lunaires. C’est ainsi que, parlant d’Oveng Ndoumou Obame, le narrateur propose : « Son fils, qui avait déjà six lunes […] »

46Dans l’épopée Mvett, les distances et les superficies sont évaluées par rapport au temps mis pour les parcourir. » Nous avons par exemple : « La tribu des Flammes est loin, à quatre jours et quatre nuits de marche d’ici55 ». Le village de Meka-Mezok « mesurait sept jours et sept nuits de traversée au pas de course rythmé56 ». Aussi, pour faire allusion à un passé lointain, on se réfère aux origines de la création : « Depuis que le monde avait créé l’homme57 » ou encore « depuis la création du monde ».

47Le temps atmosphérique est tout aussi significatif. Le jour et la nuit sont pris en compte dans les étapes de la vie. Le jour est le moment le plus beau de la journée et de l’existence. La naissance du héros s’annonce sous un beau jour : « Le ciel était beau, le soleil splendide58 », « Un beau matin59 ». Il symbolise le monde visible, la clarté, la transparence, le moment où les enfants et les non-initiés vaquent à leurs occupations, bref, la joie. Mais aussi, pour ce qui est de la guerre, la majorité des combats se déroulent le jour, qui est un temps approprié pour voir l’ennemi et le vaincre. La nuit, quant à elle, est le moment approprié pour les initiés. Les forces invisibles de la nature se déploient pendant cette période. Les rites mystiques sont pratiqués, à l’instar de l’initiation d’Oveng Ndoumou Obame où sont conviés tous les sorciers-magiciens du village. Juste avant la naissance du héros, son grand-père dit : « Cette nuit, tu sonneras le tam-tam magique afin de réunir tous les initiés de la tribu des Flammes. Nous procéderons à un grand rite qui déterminera le genre d’homme que ta femme mettra au monde60 ». La nuit est aussi le temps des intimités. En cherchant l’hospitalité à la tombée de la nuit, Engouang Ondo rencontre la vieille Eleng-Akena, la reine du bout du monde. Après avoir nourri le voyageur épuisé, elle se transforme en une belle jeune créature et réussit à lui faire oublier Eyenga Nkabe Mbourou pendant un instant61. Le guerrier s’évade : « Pendant combien de temps Engouang Ondo dormit-il auprès de la belle Eleng Akena ? Il n’aurait su le dire62 ». La nuit est également un temps de réflexion : « Engouang Ondo était silencieux. Il réfléchissait aux moyens à mettre en œuvre pour vaincre l’ennemi63 ». Enfin, la nuit est le moment du repos après les dures batailles de la journée. L’accalmie s’installe : « La nuit se passa sans incidents64 ».

48Les changements climatiques bouleversent le cours des événements. Lors de l’initiation d’Oveng Ndoumou Obame, on note : « Aussitôt, d’énormes nuages couvrirent le ciel. La nuit, une nuit charbon drapa la nature65 ». Ce changement empêche les non-initiés de s’introduire dans la communauté des sorciers. Un autre exemple illustre le caractère merveilleux de l’épopée Mvett : « Les ténèbres brusques couvrirent la nature… Il plut pendant sept jours et sept nuits66 ».

Conclusion

49Au terme de cette étude, l’on ne saurait situer l’histoire racontée dans un temps historique précis, en dehors de celui des migrations des peuples fang au xixe siècle et des généalogies des chanteurs du Mvett et du héros. Mais il est avéré que le temps du récit est ultérieur au temps de l’histoire. La durée de l’histoire est mesurée en jours, lunes et saisons. Dans le Mvett, il y a accélération dans la relation des faits, si l’on tient compte du temps qui sépare la naissance à l’initiation.

50L’originalité de l’expression temporelle dans les épopées africaines se manifeste principalement par le pouvoir de dominer le temps. Oveng Ndoumou Obame a mis du temps pour sortir du ventre maternel. Le héros du Mvett, comme Djeki dans l’épopée douala du Cameroun67, domine aussi les limites de l’espace car il se rend partout à la vitesse qu’il veut. Il peut rejoindre son grand-père au pays des morts en quelques secondes. Les gens s’élèvent dans les airs pour voyager.

51Dans l’épopée vivante Mvett, c’est la parole du conteur qui fixe le temps et la durée des événements. Le récitant relate à chaque occasion l’histoire merveilleuse des peuples d’Okü afin que l’auditoire renoue avec les traditions ancestrales. Les nombreuses pauses descriptives impressionnent l’auditeur et lui permettent de s’évader. Le Mvett devient atemporel car l’Africain moderne replonge dans les croyances ancestrales et renoue avec son histoire. Les forces spirituelles invoquées par le chanteur du Mvett lui redonnent du courage et lui permettent d’affronter toutes les adversités de la vie. L’esprit du Mvett peut alors dépasser les frontières spatio-temporelles, socioculturelles et historiques pour s’inscrire dans la dimension universelle.

Bibliographie

Genette, Gérard, Figures III, Paris, Seuil, 1972.

Metz, Christian, Essais sur la signification au cinéma, Paris, Klincksieck, 1968.

Tiki A Koulle, Pierre Célestin, Les Merveilleux Exploits de Djeki La Njambe, Douala, Centre Culturel du Collège Libermann, 1991.

Tsira Ndong Ndoutoume, Le Mvett, épopée fang, Paris, Présence Africaine, 1983.

Todorov, Tzvetan, « Les catégories du récit littéraire », Communications 8, Paris, Seuil, 1966, p. 125-151.

Notes

1 Gérard Genette, Figures III, Paris, Le Seuil, 1972, p. 71.

2 Ibid., p. 74.

3 Tzvetan Todorov, « Les catégories du récit littéraire », Communications 8, Paris, Seuil, 1966, p. 125-151.

4 Tsira Ndong Ndoutoume, Le Mvett, p. 28.

5 Ibid., p. 21 à 26.

6 Ibid., p. 87.

7 Ibid., p. 102.

8 Ibid., p. 135.

9 Gérard Genette, op. cit., p. 74.

10 Ibid., p. 78.

11 Christian Metz, Essais sur la signification au cinéma, Paris, Klincksieck, 1968, p. 27.

12 Gérard Genette, op. cit., p. 78.

13 Tsira Ndong Ndoutoume, Le Mvett, p. 27.

14 Ibid., p. 31.

15 Ibid.

16 Ibid., p. 43.

17 Ibid.

18 Gérard Genette, op. cit., p. 79.

19 Ibid., p. 115.

20 Tsira Ndong Ndoutoume, op. cit., p. 19.

21 Ibid., p. 45.

22 Ibid., p. 49.

23 Ibid., p. 46.

24 Gérard Genette, op. cit., p. 82.

25 Tsira Ndong Ndoutoume, op. cit., p. 113.

26 Ibid., p. 115.

27 Ibid., p. 44.

28 Ibid., p. 46.

29 Gérard Genette, op. cit, p. 91.

30 Tsira Ndong Ndoutoume, op. cit., p. 47.

31 Ibid., p. 55.

32 Genette, op. cit., p. 91.

33 Tsira Ndong Ndoutoume, op. cit., p. 46.

34 Ibid., p. 51.

35 Ibid., p. 57.

36 Ibid., p. 53.

37 Ibid., p. 85.

38 Ibid., p. 113-155.

39 Ibid., p. 91-94.

40 Passim.

41 Ibid., p. 85.

42 Ibid., p. 45.

43 Ibid., p. 92.

44 Ibid., p. 148.

45 Ibid., p. 31.

46 Ibid., p. 35.

47 Ibid., p. 107.

48 Ibid., p. 110.

49 Ibid., p. 72.

50 Ibid., p. 46.

51 Ibid.

52 Ibid., p. 80.

53 Ibid., p. 149.

54 Ibid., p. 43.

55 Ibid., p. 77.

56 Ibid., p. 45.

57 Ibid., p. 37.

58 Ibid., p. 26.

59 Ibid., p. 27.

60 Ibid.

61 Ibid., p. 73.

62 Ibid., p. 74.

63 Ibid., p. 83.

64 Ibid., p. 149.

65 Ibid., p. 29-30.

66 Ibid., p. 61.

67 Pierre Célestin, Tiki A Koulle, Les Merveilleux Exploits de Djeki La Njambe, Douala, Centre Culturel du Collège Libermann, 1991.

Pour citer ce document

Blandine Koletou Manouere, « L’énonciation temporelle dans Le Mvett de Tsira Ndong Ndoutoume », dans Les Temps épiques : Structuration, modes d’expression et fonction de la temporalité dans l’épopée, sous la direction de Claudine Le Blanc et Jean-Pierre Martin, Publications numériques du REARE, 15 novembre 2018 Licence Creative Commons

URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/reare/index.php?id=437

Quelques mots à propos de :  Blandine Koletou Manouere

Docteur en littérature et civilisation africaines, Blandine Koletou Manouere est inspecteur pédagogique régional des langues et cultures nationales au Ministère des enseignements secondaires et enseignante vacataire à l’Université de Yaoundé I au Cameroun. Elle est l’auteur du livre Maternité et destins féminins dans les contes du Cameroun publié aux Éditions universitaires européennes en 2015. Membre actif du REARE (Réseau Euro-Africain de Recherches sur les Épopées), elle a également publié plusieurs articles scientifiques dans le domaine de la littérature orale africaine.