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Corps, normes, genre. Discours et représentations de l’Antiquité à nos jours

Ce numéro de la revue électronique de l’ERIAC Synthèses & Hypothèses est le point d’arrivée d’un séminaire qui s’est poursuivi sur deux années (2017-2019), dans le cadre du Programme 2 de l’ERIAC : « Formes, expériences, interprétations », et des deux Journées d’étude qui l’ont conclu (en 2018 et 2019), sous le titre « Corps, normes, genre : discours et représentations de l’Antiquité à nos jours ». Les séances de séminaire ont donné la parole à des enseignants-chercheurs, de l’Université de Rouen Normandie et d’autres Universités, à des doctorants ou de jeunes docteurs, à des étudiants de Master, spécialistes de différentes périodes historiques et de questions très variées (le corps dans l’Antiquité, le roman mexicain contemporain, la vie des femmes indiennes, les pratiques sportives aux États-Unis, etc.), dans une approche résolument transdisciplinaire, qui correspond au profil de notre unité de recherche.

  • Catherine Baroin et Anne-Florence Gillard-Estrada  Introduction

Discours et images sur la nudité, le masculin et le féminin

Nudité et mixité dans le De arte gymnastica (1573) de Girolamo Mercuriale. Le dilemme du médecin humaniste et du chrétien

Ginette Vagenheim


Résumés

Lorsque le célèbre médecin de la Renaissance, Girolamo Mercuriale, rédige son ouvrage illustré sur l’Art de la gymnastique chez les Anciens (1573), destiné à aider ses concitoyens à se maintenir en bonne santé, il ne se doute pas qu’il aura à affronter des thèmes délicats tels que la nudité et la mixité, notamment dans les thermes. La lecture des textes anciens et l’iconographie mettront pour la première fois en difficulté cet humaniste amoureux de la culture gréco-romaine. Mercuriale s’efforcera dès lors d’interpréter ces sources, notamment du point de vue médical, de manière à promouvoir la civilisation antique tout en conservant un discours moraliste, conforme à l’idéologie mise en place par la Contre-Réforme notamment dans le domaine des arts visuels.

Texte intégral

1Girolamo Mercuriale (Forlì, 1530-1606) était un médecin et un humaniste au service de la Contre-Réforme. Ce triple statut le destinait inévitablement à aborder dans ses ouvrages des questions liées aux corps, au genre et aux normes et à chercher à les accorder au mieux avec ses convictions médicales, humanistes et catholiques. C’est ainsi, par exemple, que dans son traité de gynécologie intitulée Leçons sur les maladies des femmes (De morbis muliebribus praelectiones,1587), Mercuriale adopte la classification aristotélicienne des sexes qui définit la femme par sa capacité à procréer, tout en réfutant sa qualification de « monstre »1, incompatible avec la morale chrétienne. Il ajoute en outre, en se fondant cette fois sur Galien (129-201), la nécessité pour la mère de nourrir son petit (nutritio partus)2 , suivant en cela sa nature qui l’a dotée de mamelles (mammae). Il s’agissait d’un devoir que le jeune étudiant en médecine avait déjà exposé en 1552, dans le Nomothelasmus ou « guide à l’allaitement (du grec nomos, la règle et thelasmos, l’allaitement) »3. Pour Mercuriale, l’allaitement permettait à la mère de transmettre à son enfant ses qualités physiques et spirituelles et, après avoir sauvegardé son âme par le baptême, de lui faire « absorber, avec le lait, les bonnes mœurs et, si possible, les lettres » ; le nourrisson serait ainsi protégé d’une vie dévoyée et des maladies les plus graves4. Se référant ensuite à l’enseignement d’Hippocrate (-460 à -377), Mercuriale préconisait d’allonger de six mois l’allaitement des filles en raison de leur constitution plus froide5. Se fondant sur une connaissance déjà très vaste des auteurs anciens, Mercuriale cite enfin Platon (-428 à-348), Cicéron (-106 à -43), saint Jérôme (347-420) et même Averroès (1126-1198) pour le choix d’une nourrice, dans le cas où la mère ne pourrait s’acquitter de son devoir d’allaitement ; elle serait robuste, saine et devrait rester chaste pendant toute la période de l’allaitement pour éviter de provoquer les règles qui gâcheraient la qualité de son lait ; la nourrice ne se substituerait à la mère qu’en cas de nouvelle grossesse de cette dernière ou de maladie grave nécessitant l’absorption de médicaments ; car ce serait commettre un péché aussi grave qu’un avortement que de refuser délibérément d’allaiter son enfant. Cependant, si la mère contribue par son lait à la bonne constitution physique du nourrisson, c’est au père que Mercuriale estime convenable de confier l’éducation morale et intellectuelle de l’enfant dès son plus jeune âge, de façon à lui garantir la grâce divine suprême5. Revendiquant ainsi implicitement l’héritage des plus illustres médecins et philosophes anciens et médiévaux, Mercuriale adopte leurs préceptes et les articule sans aucune difficulté avec ceux de la morale chrétienne. La tâche ne fut cependant pas toujours aussi aisée, comme nous le verrons maintenant, en présence de certaines pratiques sociales en vigueur dans les lieux conçus dans l’Antiquité pour les exercices physiques, telles que la nudité et la mixité, que l’auteur aborde dans le De arte gymnastica (1569).

2Suivant l’exemple de Galien, qui avait consacré à la gymnastique médicale une partie de son œuvre en six livres sur l’Hygiène (De sanitate tuenda)6, Mercuriale rédige à son tour un ouvrage en six livres intitulé De arte gymnastica (1569)7, destiné à servir de guide à ses contemporains souhaitant rester en bonne santé (omnes valetudinis studiosos). Si le De sanitate tuenda ne traite que partiellement de la gymnastique, que Galien considère toutefois comme « loin d’être la plus dépourvue de noblesse »8, Mercuriale décide pour sa part de consacrer un ouvrage entier à cette discipline qui se rattache à la médecine préventive, supérieure, à ses yeux, à la médecine curative. Suivant encore l’exemple de Galien, Mercuriale exclut donc de son enquête la gymnastique militaire, un « mal nécessaire » conçu pour obtenir l’agilité et l’habileté indispensables pour vaincre l’ennemi au combat, et la gymnastique athlétique, qualifiée de « dévoyée » par Galien et dont le but est d’acquérir la force nécessaire à triompher dans les jeux. Les trois premiers livres retracent l’histoire des différents exercices de gymnastique dans l’Antiquité et décrivent ensuite chacun d’entre eux ainsi que les lieux où se pratiquaient ces exercices. Les trois derniers livres, de nature plus spécifiquement médicale et prescriptive, sont consacrés à l’individu et aux conditions physiques idéales pour la pratique de la gymnastique.

3Au moment de décrire, dans le premier livre, les lieux publics que les Anciens avaient bâtis pour les exercices du corps, à savoir les gymnases et les thermes, Mercuriale y ajoute le triclinium – ou salle à manger (triclinium signifie étymologiquement lit de table pour trois) – qu’il place à proximité des bains. Si Mercuriale adhère en tous points au discours médical d’Hippocrate qui préconise de s’adonner, entre autres activités, aux plaisirs de Vénus, indispensables à la bonne santé, il dénonce, en revanche la nudité et la mixité qui règnent dans les gymnases, les bains et à table, et qu’attestent les sources textuelles. Il s’agit de coutumes qui, à ses yeux, sont contraires à la pudeur et à la décence qu’exigent à la fois la morale romaine antique (mos maiorum) et la morale chrétienne9. Mercuriale va donc mener une enquête minutieuse sur l’ensemble des sources textuelles et iconographiques, pour en donner une interprétation en accord avec les préceptes qu’il expose dans le De arte gymnastica.

4Mercuriale naît à Forli en 1530. Il étudie la médecine dans les prestigieuses universités de Padoue et Bologne et exerce sa profession avec succès dans sa ville natale avant de s’installer à Rome ; il y passe sept ans au service du cardinal Alexandre Farnèse (1520-1589), dont il devient le médecin personnel (1563-1569). C’est à lui qu’il dédie la première édition du De arte gymnastica (1569), qu’il compose en profitant de la bibliothèque bien fournie en textes anciens du Palais Farnèse. Mercuriale y côtoie aussi les érudits les plus prestigieux de l’époque, italiens et étrangers, qui forment ce que l’on appelle « le cercle Farnèse », mais aussi des artistes et antiquaires comme Pirro Ligorio (ca. 1512-1583)10. En 1569, il quitte Rome pour occuper la chaire de médecine de Padoue et, en 1573, il est appelé au chevet de l’empereur d’Allemagne Maximilien II dont il réussit à sauver la vie ; mais, malgré l’insistance de son illustre patient, Mercuriale ne reste pas à son service. Il lui dédie toutefois la deuxième édition du De arte Gymnastica parue à Venise la même année (1573) et accompagnée cette fois de nombreuses illustrations dues à Ligorio11. Mercuriale quitte Padoue au bout de dix-huit ans pour l’université de Bologne. Cinq ans plus tard, il est appelé à l’université de Pise par le grand-Duc Ferdinand 1er de Médicis dont il devient le médecin personnel. Dans cette ville, il se lie d’amitié avec Galilée et se consacre à la publication d’ouvrages de médecine curative dans des domaines aussi divers que la pédiatrie (De morbis puerorum, 1583), la gynécologie (De morbis muliebribus, 1587), la dermatologie (De morbis cutaneis, 1572), la toxicologie (De venenis, 1584) ainsi qu’un traité sur la peste (De pestilentia, 1577) et de nombreux commentaires aux œuvres d’Hippocrate et de Galien12. Mercuriale meurt dans sa ville natale en 1606, à l’âge de 73 ans.

5Dans le premier livre du De arte gymnastica (DAG, 1573), Mercuriale rappelle que les Anciens pratiquaient les exercices physiques dans une palestre, ou gymnase, dont il fournit un plan détaillé (fig.1)13.

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Figure 1 — Palaestra, DAG, p. 22.

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Figure 2 — Lavacrum, DAG, p. 45.

6Il se fonde sur la description qu’en donne Vitruve, le célèbre architecte romain de l’époque d’Auguste, dans son livre intitulé De architectura14 ; Mercuriale cite également les membres du « cercle Farnèse » qui l’ont aidé à interpréter ce texte, parmi lesquels l’architecte Andrea Palladio15. Le médecin rappelle à ses lecteurs que le terme gymnase vient du verbe grec qui signifie « se déshabiller », ce qui implique donc que les Grecs étaient nus dans les gymnases : c’est du reste ce que confirment les vers du satiriste latin Martial (40-104) qui recommande à une matrone romaine de détourner son regard du gymnase et des thermes :

Le gymnase, les thermes, le stade sont de ce côté-ci : éloigne-toi. Nous nous déshabillons :
épargne-toi la vue de nos nudités (
Épigrammes, III, 68, 3-4)16.

7C’est ce dont témoigne également l’auteur chrétien du iiie siècle, Eusèbe de Césarée (265-339), qui rapporte, dans son ouvrage sur la Préparation évangélique, qu’aucun type d’intempéries ne pouvait empêcher les Grecs de s’exercer nus17. Face à ces témoignages concordants sur une réalité indécente à ses yeux, Mercuriale va émettre l’hypothèse que, dans l’Antiquité, ceux qui pratiquaient la gymnastique médicale ne se déshabillaient peut-être pas toujours ni entièrement ; c’est ce qu’attestent, à ses yeux, certaines sources textuelles, à commencer par Homère dont un passage, dans l’Iliade, nous apprend qu’à son époque, les athlètes portaient un caleçon (en grec, zôma)18. Mercuriale ajoute à ce témoignage l’anecdote de l’un d’eux, nommé Orsippe, transmise par l’auteur grec Pausanias (115-180), selon laquelle cet athlète remporta la victoire parce qu’il avait enlevé la ceinture qui entourait ses reins (en grec, perizôma) :

Orsippus [qui] contre l’usage ancien des athlètes qui portaient une ceinture dans les jeux, gagna nu la course à pied dans le stade d’Olympie […]. Je crois qu’il fit tomber volontairement sa ceinture à Olympie, sachant qu’un homme nu est plus agile à la course que celui qui porte une ceinture (Description de la Grèce, I, 44, 1)19.

8Quant à la mixité et à la nudité des femmes dans les gymnases, Mercuriale est contraint de reconnaître que Platon, au livre V de la République, recommande aux femmes « jeunes ou âgées », de s’exercer dans les palestres, avec les hommes, et pour ce faire, de se dévêtir :

456b Voici donc que le circuit parcouru nous ramène à notre point de départ, et nous convenons qu’il n’est pas contre nature d’appliquer les femmes de nos gardiens à la musique et à la gymnastique.
457 Oui. Ainsi les femmes de nos gardiens quitteront leurs vêtements, puisque la vertu leur en tiendra lieu ; elles participeront à la guerre et à tous les travaux qui concernent la garde de la cité, sans s’occuper d’autre chose.
457b Quant à celui qui se moque des femmes nues, lorsqu’elles s’exercent en vue d’un but excellent, il cueille vert le fruit du rire20.

9Quant à dire si la proposition de Platon était sage, Mercuriale préfère ne pas se prononcer sur la question : « non est locus examinandi »21. Pour ce qui concerne les thermes, l’auteur veut croire qu’on y cherchait à soustraire tous les corps nus aux regards ; c’est pourquoi Mercuriale suppose que les baigneurs se dévêtaient dans le frigidarium, plutôt que dans l’apodyterium pour éviter de traverser nus l’ephebaeum, et préserver ainsi, leur pudeur (« pudor ») ainsi que celle des autres baigneurs. Or Vitruve, que Mercuriale connaît bien, indique sans ambiguïté que lapodyterium était le vestiaire situé à l’entrée des thermes où les baigneurs se dévêtaient avant de pénétrer dans les autres pièces. Quant aux bains réservés aux femmes, également attestés dans les sources, Mercuriale soutient qu’ils avaient été construits « pour protéger celles- ci du regard des hommes » ; et quant à celles qui fréquentaient les bains mixtes, leur but était, bien entendu, de pousser les hommes au vice ; et c’est tout naturellement du côté des pères de l’Église que Mercuriale va chercher confirmation à ses allégations et plus précisément chez Cyprien (ca. 200-258) qui dénonce, dans son livre Sur la conduite des Vierges (De habitu virginum), les comportements licencieux des femmes qui fréquentent les bains mixtes)22 :

Mais qu’en est-il de celles qui fréquentent les bains mixtes (promiscuas balneas) ; qui prostituent à des regards avides de luxure des corps consacrés à la pudeur et à la décence (pudori ac pudicitiae) ? (19,1-4)23.

10Mercuriale ne pouvait décidément pas se résoudre à admettre que la mixité dans les thermes était unanimement approuvée par les Anciens ; il s’attela donc à chercher dans les textes un avis discordant qu’il crut trouver dans un vers du poète grec Hésiode (viie siècle avant J.-C.) où il était question de punir l’homme qui se laverait dans le bain des femmes24 :

Homme, ne lave pas ton corps dans le bain des femmes (Les Travaux et les Jours, v. 753)25.

11Pour certains critiques, il s’agit, en réalité, d’un exemple tiré d’une longue liste d’interdits qu’Hésiode se plaît à énumérer mais dans le but de les qualifier de « superstitions » et donc de les condamner comme telles :

Ne laisse pas s’asseoir sur l’immobile pierre des tombeaux un enfant de douze ans, ce serait mal agir et tu n’en ferais qu’un homme sans vigueur.
N’y place pas non plus un enfant de douze mois : l’inconvénient serait le même.
Homme ne lave pas ton corps dans le bain des femmes ; autrement tu subirais un jour une punition sévère (Les Travaux et les Jours, v. 750-754)26.

12Par conséquent, le vers d’Hésiode devrait être entendu comme énonçant le droit, pour l’homme, de se laver dans un bain de femme27. Quoi qu’il en soit, ce qui est indéniable, c’est qu’Hésiode n’indique en aucun cas que l’homme rejoint la femme dans son bain et qu’il s’agit ici d’un bain mixte, contrairement à ce que prétend Mercuriale. Ce dernier va d’ailleurs plus loin puisqu’il va reporter sur la femme la faute commise par l’homme dans le vers d’Hésiode ; en effet, Mercuriale ne cite pas directement le vers d’Hésiode mais il le reprend à Clément d’Alexandrie (150-215) qui l’utilise dans un contexte de sévère condamnation des femmes. Pour ce dernier, comme pour Cyprien cité plus haut, ce sont les femmes qui cherchent par tous les moyens à attirer les hommes dans leurs bains en exhibant leur nudité et c’est pour dénoncer ce comportement dévoyé que le Père de l’Église extrait le vers d’Hésiode de son contexte originel pour le détourner à ses fins idéologiques, dans un passage du Pédagogue :

Elles s’enveloppent devant leurs maris d’une affectation de fausse pudeur, et semblent craindre de se déshabiller devant eux ; mais tout étranger qui pénètre dans leur maison peut les voir, s’il le désire, et les contempler nues dans le bain. Elle les convient à ce spectacle, et leur montrent leur corps comme s’ils devaient l’acheter et le revendre. « Ne vous baignez pas dans un bain de femmes, disait autrefois le poète Hésiode » ; maintenant les mêmes bains sont communs aux deux sexes, qui se plongent ensemble et sans rougir dans ces eaux impudiques où les flammes impures de l’amour s’allument naturellement par la licence des regards, et où toute pudeur se noie et s’éteint (Le Pédagogue, III, V)28.

13Mercuriale poussera encore plus loin cette analyse pour le moins partiale et ajoutera à l’interdit moral une raison de caractère pseudo-médical pour condamner de manière définitive la pratique incriminée ; il évoque ainsi le danger, pour la santé des hommes, d’entrer en contact avec les flux corporels féminins notamment à l’occasion des bains mixtes :

Même dès les premiers temps, chez les Grecs, les bains des femmes étaient à part et il était interdit aux hommes d’y pénétrer pour des raisons de santé car, toute question de moralité mise à part, s’échappent aussi du corps des femmes et de leur flux menstruel, comme le rappelle Proclus, certains écoulements qui, s’ils infectent les hommes, qu’il s’agisse d’une contamination due à un bain partagé ou simplement à l’air respiré, endommagent leur santé sur-le-champ29.

14Avant de conclure son exposé sur les bains, Mercuriale va mobiliser, de façon tout à fait inédite dans le contexte du discours médical, ses connaissances archéologiques qu’il avait acquises pendant ses années passées à Rome au sein du cercle Farnèse et notamment au contact de Ligorio, le plus célèbre des antiquaires. Il s’agit de réfuter, à l’aide de preuves iconographiques cette fois, que la nudité et la mixité dans les bains n’étaient pas la norme dans l’Antiquité. Pour ce faire, Mercuriale va produire le dessin d’un monument dont il prend toutefois soin de préciser qu’il le tient de seconde main, dit-il et plus exactement de « de Pirro Ligorio, tiré de ses œuvres fameuses sur l’Antiquité, d’autant qu’il est, à notre avis, tout à la fois d’une très grande beauté et des mieux choisis pour éclairer le lecteur perspicace sur quantité de points » (fig. 2).

15Pirro Ligorio, l’auteur des illustrations de la deuxième édition du De arte gymnastica, a consacré la plus grande partie de sa vie à observer et dessiner les monuments anciens sortis de terre au cours des nombreuses fouilles menées à Rome à la fin de la Renaissance30. Il rassembla le fruit de ses inlassables recherches en quarante volumes, restés manuscrits, sous le titre d’Antichità romane, ceux-là précisément que Mercuriale qualifie d’« œuvre fameuse sur l’Antiquité ». De fait, l’œuvre de Ligorio fut unanimement saluée par les érudits du cercle Farnèse, notamment pour la qualité de ses dessins tout en dénonçant la tendance de Ligorio – bien connue de Mercuriale – à restaurer ou même à inventer certains monuments31. Si l’on retourne au dessin du bain (ou lavacrum), on n’y voit que des hommes dont la nudité est bien dissimulée, tantôt par l’eau, tantôt par un bras ou une tête et le personnage central représenté de face dans la partie supérieure du dessin porte pudiquement un caleçon (zôma) ; quant au personnage curieux, à gauche, dont on n’identifie pas clairement le sexe, il est complètement vêtu d’une large toge ; il s’agit clairement d’une reconstitution fantaisiste d’un lavacrum antique que Ligorio conçut, selon toute vraisemblance, sur les indications de Mercuriale, lors de la visite à son ami à Padoue en 156932. On retrouve la même censure dans les autres dessins du De arte gymnastica, où les parties génitales des athlètes sont dissimulées par un caleçon, comme chez les lutteurs (fig. 3) qui ne sont pas sans rappeler les caleçons rajoutés aux corps nus des hommes dans le célèbre Jugement dernier de Michel-Ange, également frappé par la censure de la Contre-Réforme33. La seule exception concerne l’exercice de la vociferatio qui provoquait le gonflement des testicules ; il était donc indispensable, pour le médecin, d’en montrer les effets physiologiques (fig. 4).

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Figure 3 — Luctatores, DAG, p. 103.

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Figure 4 — Vociferatio, DAG, p. 156.

16Après le gymnase et les bains, Mercuriale décrit le triclinium, qu’il place juste à côté des thermes. Selon lui, cette proximité s’explique par la coutume romaine à ne consommer qu’un repas principal par jour, en fin de journée et précisément à la sortie du lavacrum ; les athlètes s’étendaient alors le plus rapidement possible sur les lits pour ne pas perdre les bienfaits procurés par le bain34. Quant à la présence des femmes aux côtés des hommes, Mercuriale est forcé d’admettre que les textes le confirment, même indirectement ; c’est ce dont témoigne Cicéron quand il rapporte que chez les Grecs, les femmes ne prenaient jamais leurs repas avec les hommes :

Alors [Philodamus], pour répondre quelque chose, dit qu’il n’est pas dans les mœurs des Grecs que les femmes se couchent (accumberent) dans un festin aux côtés des hommes (Verrines, act. sec., I, 21, 26)35.

17Il en déduit donc que, chez les Romains, c’était le cas. Ce qui posait problème à Mercuriale, ce n’était pas le fait qu’hommes et femmes mangent ensemble, mais qu’ils soient couchés côte à côte sur le triclinium. Pour tenter, ici aussi, de concilier cette coutume indécente avec la morale, Mercuriale va invoquer une nouvelle fois, le témoignage de l’archéologie :

Il est vraisemblable que les femmes, quand elles s’allongeaient pour dîner, avaient une position différente de celle des hommes non seulement parce que, semble-t-il, des raisons d’honneur et de dignité pour l’un et l’autre sexe l’exigeaient ainsi mais parce que sur les marbres romains qui montrent des femmes allongées à table avec des hommes, celles-ci sont représentées sans nul doute attablées et en train de manger dans une posture qui diffère en quelque façon de celle des hommes, assises pour ainsi dire sans prendre quelque appui que ce soit sur les coudes36.

18Les dessins de marbres romains invoqués par Mercuriale sont au nombre de deux : celui dont Ligorio, qualifié ici aussi d’« autorité incontestable en matière d’antiquité », et celui d’un « marbre de la plus haute antiquité et précieux entre tous qu’on peut voir à Padoue dans l’élégante demeure de Paolo Ramnusio »37.

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Figure 5 — Accubitus, DAG, p. 55.

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Figure 6 — Turin, Archives d’État, ms.a.II.2, f. 44r.

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Figure 7 — DAG, 2006, p. 239.

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Figure 8 — Marbre de Ramnusio, Musée de Padoue.

19Pourtant, à y regarder de plus près, on découvre que le dessin de Ligorio auquel Mercuriale fait allusion contredit tout à fait les propos du médecin ; en effet, les femmes y sont à demi couchées dans la même position que les hommes, c’est-à-dire accoudées sur le bras gauche (fig. 6) : le dessin illustre donc bien la réalité décrite dans les textes, que Mercuriale feint d’ignorer dans son commentaire. Il va donc se fonder sur le seul monument de Padoue, représenté dans son état de conservation véritable, c’est-à-dire fortement endommagé. Il s’agit là d’une aubaine pour l’auteur puisqu’on ne peut y distinguer précisément ni le sexe des personnes représentées ni leur position exacte sur le triclinium, et l’on ne peut donc réfuter cette fois l’analyse de Mercuriale qui y distingue des femmes attablées auprès d’hommes couchés, et qui sont assises sans prendre appui sur leurs coudes. Cependant, ce qui donnera aux propos de Mercuriale toute leur autorité, c’est un détail, en apparence anodin : la position des esclaves ; ceux-ci se tiennent debout au niveau des pieds des convives qui sont couchés sur les triclinia. Cette position fait aussitôt venir à l’esprit du lecteur attentif des textes sacrés qu’est Mercuriale l’une des deux cenae domini (les cènes du Christ), et plus précisément l’épisode du repas du Christ chez Simon au cours duquel Marie-Madeleine lava de ses larmes de repentir les pieds de Jésus. L’humaniste nous fait remarquer que Marie Madeleine n’aurait pu laver les pieds du Christ s’il les avait placés sous la table et il estime en outre qu’« il aurait été inconvenant de voir une femme se mettre à genoux par terre sous la table pour laver et sécher les pieds du Christ »38. Mercuriale tire ainsi de l’examen du marbre de Padoue un enseignement inattendu et précieux sur la vie du Christ, à savoir que ce dernier, comme les Romains, prenait ses repas allongé sur un triclinium. Il n’y a du reste rien d’étrange, poursuit Mercuriale, à ce qu’en Palestine, à l’époque de Jésus, les habitants aient mangé comme les Romains, étant donné qu’il est de règle que les peuples soumis adoptent les coutumes de leurs conquérants. Le marbre de Padoue donne tout naturellement à Mercuriale l’occasion d’expliquer également la seconde cena domini, la dernière Cène, dans le passage qu’il emprunte cette fois à l’Évangile de Jean (13, 23). Le texte décrit l’apôtre Jean « couché sur le sein de Jésus (recumbens […] eius in sinu) » ; ici aussi, le texte ne se comprend que si l’on admet que le Christ est couché (recumbens) sur un triclinium avec ses apôtres, dont Jean. Or, dans l’iconographie des cenae domini, Jean est assis et s’appuie sur le sein du Christ39 tandis que Marie-Madeleine est accroupie sous la table, dans la position décriée par Mercuriale40. S’inscrivant alors dans les nouvelles directives de la Contre-Réforme codifiant la représentation des scènes religieuses, et notamment leur conformité à la réalité historique, Mercuriale saisit l’occasion de la découverte du marbre de Padoue pour faire représenter, pour la première fois, sous le pinceau du peintre Ludovico Cigoli (1597), la scène du repas chez Simon de manière « archéologiquement » correcte ; on y voit, Marie Madeleine debout derrière le Christ en train de lui laver les pieds (fig. 9) et dans la partie supérieure du tableau, apparaissent, en toutes lettres, les paroles de l’Évangile de Luc (VII, 37-38) citées par Mercuriale dans le De arte gymnastica :

Et ecce mulier quae erat in civitate peccatrix, ut cognovit quod accubuit in domo pharisaei, stans retro secus pedes Domini Iesu, lacrimis coepit rigare pedes eius, et capillis capitis sui tergebat, et osculabatur pedes eius, et unguento ungebat.

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Figure 9 — Rome, Galleria Doria Pamphilj, inv. 108.

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Figure 10 — Scottish National Gallery, Édimbourg.

20Alors que dans ses autres ouvrages médicaux, comme son traité de gynécologie ou son guide à l’allaitement, Mercuriale n’avait eu aucune difficulté à adapter les préceptes des auteurs anciens à la doctrine chrétienne, notamment celles qui concernaient le contrôle du corps des femmes, encore bien ancré dans la culture de la Renaissance, dans le premier livre du De arte gymnastica, l’humaniste et défenseur de la foi catholique s’était heurté à des pratiques intolérables pour l’ Église, telles que la nudité et de la mixité au gymnase et dans les thermes et à la présence des femmes couchées aux côtés des hommes au moment des repas. Or, l’enjeu consistait, pour le médecin, à publier un ouvrage consacré à la gymnastique médicale qu’il considérait comme fondamentale dans la prévention des maladies et donc pour la santé des individus. S’il chercha dès lors à ignorer certaines sources textuelles attestant les pratiques incriminées, ou à les manipuler, suivant l’exemple de certains Pères de l’Église, Mercuriale bénéficia également de l’aide de son ami Ligorio, qui lui permit de produire des preuves pseudo-archéologiques pour appuyer sa thèse, comme le dessin fantaisiste du lavacrum. Cependant, la preuve décisive à ses yeux lui vint d’un véritable monument archéologique, à savoir le triclinium de Padoue. En cherchant à démontrer que ce marbre montrait les femmes assises aux côtés des hommes allongés, Mercuriale découvrit incidemment un élément qui allait jouer un rôle fondamental dans le l’élaboration de la politique culturelle de la Contre-Réforme, à savoir la représentation historique de l’iconographie des cenae domini41. Ce précieux témoignage, qui fit passer au second plan, pour ses censeurs, la démonstration peu convaincante de Mercuriale sur les mœurs des Anciens concernant la nudité et la mixité, contribua en revanche au succès retentissant du De arte gymnastica et de ses illustrations bien au-delà de la Renaissance.

Notes

1 Hieronymus Mercurialis, De morbis muliebribus praelectiones, Venise, 1587, p. 2.

2 H. Mercurialis, De morbis, op.cit., p. 2. Dans la classification aristotélicienne, la femme est un monstre en tant que déviance du référent universel qu’est l’animal, humain, mâle : Aristote, Génération des animaux, IV, III, § 23.

3 Hieronymus Mercurialis, Nomosthelasmus, seu rato lactandi infantes, Padoue, 1552.

4 Les citations et les informations relatives au Nomosthelasmus sont tirées de l’article de Giancarlo Cerasoli, « Girolamo Mercuriale puericultore ed educatore : il Nomothelasmus », dans Alessandro Arcangeli, Vivian Nutton (dir.), Girolamo Mercuriale. Medicina e cultura nell’Europa del Cinquecento, Florence, Olschki, 2008, p. 99 : « atque cum lacte mores, ac litteras (si possibile sit) exsugendas eis porrigere ([…] unde non est mirum si nostris temporibus perversi mores, tot pene incurabiles aegritudines pullulascunt) ».

5 G. Cerasoli, art. cité, 2008, p. 98 : « verum etiam, quod maius est, illis summam gratiam apud immortalem Deum indipiscuntur ».

6 Galien y définit les règles à suivre pour conserver la santé tout au long de la vie et vieillir confortablement : Galeni de Sanitate tuenda libri sex, Thoma Linacro interprete, Lyon chez Rouillé, 1548 et Sabrina Grimaudo, La salute, de sanitate tuenda libro 1, Palerme, Duepunti, 2012 ; sur Galien : Vivian Nutton, La médecine antique, Paris, Les Belles Lettres, 2016 [traduction de Ancient Medicine, 20041, 20132] ; Véronique Boudon-Millot, Galien de Pergame : Un médecin grec à Rome, Paris, Les Belles Lettres, 2012.

7 H. Mercurialis, De arte gymnastica Libri sex, Venise chez Giunta, 1569. Sur Mercuriale, voir Jean-Michel Agasse, Girolamo Mercuriale, De arte gymnastica (L’art de la gymnastique), Paris, Les Belles Lettres, 2006.

8 Cité dans la traduction de J.-M. Agasse, op. cit., p. 16.

9 Voir l’analyse rigoureuse de Jean-Michel Agasse (op. cit.) dont cet article s’inspire et qui comporte un chapitre intitulé « Nudité et mixité : l’Antiquité scandaleuse (p. 169-172) ». Voir aussi Jean-Michel Agasse, « Philosophie et morale du corps dans le De arte gymnastica », dans Alessandro Arcangeli, V. Nutton (dir.), op. cit., p. 159-174.

10 Sur le cercle Farnèse et Ligorio, voir Fernando Loffredo, Ginette Vagenheim (dir.), Pirro Ligorio’s Worlds. Antiquarianism, Classical Erudition and the Visual Arts in the Late Renaissance, Leyde, Brill, 2019.

11 Ginette Vagenheim, « Una collaborazione tra antiquario ed erudite : i disegni e le epigrafi di Pirro Ligorio nel De arte gymnastica di Girolamo Mercuriale », dans A. Arcangeli, V. Nutton (dir.), op. cit., p. 127-157.

12 Sur la vie et l’œuvre de G. Mercuriale : J.-M. Agasse, op. cit. 2006, à qui j’emprunte la traduction française.

13 La référence est à l’édition illustrée de 1573.

14 Pierre Gros, Vitruve et la tradition des traités d’architecture. Fabrica et ratiocinatio : recueil d’études, Rome, Publications de l’École française de Rome, 2006.

15 Howard Burns, Guido Beltramini (dir.), Palladio. I quattro libri dell’architettura, Venise, Marsilio, 2008.

16 La traduction se trouve dans J.-M. Agasse, art. cité, 2008, p. 170.

17 Édouard Des Places, Eusèbe de Césarée. La Préparation évangélique, Paris, Le Cerf, 1974-1991, ad locum. Voir aussi J.-M. Agasse, op. cit., 2006, p. 44.

18 Homère, Iliade, XXIII, 683-685.

19 Traduction personnelle.

20 Traduction de Victor Cousin, Oeuvres de Platon, IX, Paris, 1833, disponible sur le site de Philippe Remacle : http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/rep5.htm.

21 J.-M. Agasse, art. cité, 2008, p. 171.

22 J.-M. Agasse, art. cité, 2008, p. 171.

23 Traduction personnelle.

24 J.-M. Agasse, op. cit., 2006, p. 120.

25 Traduction personnelle. Voir aussi la même traduction chez Ernest Falconnet dans note suivante.

26  Ernest Falconnet, Les Petits poèmes grecs, Desrez, 1838, p. 150. http://remacle.org/bloodwolf/poetes/falc/hesiode/travaux.htm.

27 D’après Jean-Michel Agasse, ce serait l’opinion d’H.-I. Marrou pour qui « il s’agirait d’une superstition condamnée comme telle par Hésiode » (J.-M. Agasse, op. cit., 2006, p. 264).

28 M. De Genoude, Les Pères de l’Église, IV, Paris, Sapia, 1839, p. 367. http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/clemens_alex_peda_03/lecture/5.htm.

29 Les traductions sont tirées de l’édition de J.-M. Agasse, op. cit., 2006. Ce qui rend encore plus suspecte l’explication pseudo-médicale et misogyne de Mercuriale, c’est la citation de Proclus, le philosophe du ve siècle après J.-C. dont aucun témoignage en ce sens n’apparaît dans son œuvre telle qu’elle nous est parvenue.

30 Sur les illustrations du De arte gymnastica, G. Vagenheim, art. cité, 2008. Le meilleur ouvrage de synthèse sur les fouilles de la Renaissance reste encore celui de Roberto Lanciani, Storia degli scavi di Roma e notizie intorno le collezioni romane di antichità, Rome, Loescher, 1902.

31 Sur la méthode de falsification de Ligorio : Ginette Vagenheim, « La falsification chez Pirro Ligorio. À la lumière des Fasti Capitolini et des inscriptions de Préneste », Eutopia, vol. III (1-2), 1994, p. 67-113.

32 Sur le séjour de Ligorio à Padoue, voir G. Vagenheim, art. cité, 2008, p. 132.

33 C’est le peintre Daniele da Volterra qui recouvrit les nus de Michel-Ange de caleçons et de voiles. Sur la nudité dans l’œuvre de Michel-Ange : Carlo Chenis, « L’iconografia della Capella Sistina. Spazio rituale nell’esaltazione del corpo umano », Rivista liturgica, 89, 2002, p. 144-162.

34 Et plus précisément, pour « profiter des vertus humectantes du bain ([ut] humectatione balnei magis fruerentur) » : J.-M. Agasse, op. cit. 2006, p. 148-149. Traduction personnelle.

35 Voir aussi Agasse, art. cité, 2008, p. 167 où le caractère inconvenant est indiqué par l’expression « indecorum valde ».

36 J.-M. Agasse, op cit., 2006, ad locum.

37 J.-M. Agasse, op. cit., 2006, ad locum.

38 J.-M. Agasse, op. cit., 2006, ad locum.

39 Dans le tableau du Tintoret, conservé à Paris, dans l’église Saint-François-Xavier, et réalisé entre 1533 et 1566, Jean semble s’être littéralement endormi sur la table.

40 On peut citer, par exemple, les deux tableaux de Véronèse, l’un conservé à la pinacothèque de Brera (1567-1570) et l’autre au château de Versailles (1570-1572) et même, plus tard, celui de Rubens au musée de l’Ermitage (1618-1620). Sur la question, voir aussi Fabrizio Federici, « Girolamo Mercuriale e l’’accubitus in coena antiquorum’ », dans Francesco de Angelis (dir.), Lo sguardo archeologico. I normalisti per Paul Zanker, Pisa, Scuola Normale, 2007, p. 221-237.

41 Voir à ce propos Ginette Vagenheim, « Des inscriptions ligoriennes dans le Museo Cartaceo. Pour une étude de la tradition des dessins d’après l’antique », Quaderni Puteani,1, 1992, p. 79-104.

Pour citer ce document

Ginette Vagenheim, « Nudité et mixité dans le De arte gymnastica (1573) de Girolamo Mercuriale. Le dilemme du médecin humaniste et du chrétien » dans « Corps, normes, genre. Discours et représentations de l’Antiquité à nos jours », « Synthèses & Hypothèses », n° 2, 2022 Licence Creative Commons
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Quelques mots à propos de :  Ginette Vagenheim

Ginette Vagenheim, après des études de philologie classique à l’Université de Louvain-la-Neuve, a obtenu son doctorat à la Scuola Normale Superiore di Pisa avec une thèse sur l’œuvre de l’antiquaire de la Renaissance, Pirro Ligorio. Elle enseigne depuis la langue et la culture latines au sein du département des Humanités à l’Université de Rouen-Normandie (1995-). Elle est habilitée à diriger des recherches (2001), membre honoraire de l’IUF (2001-), Life member de Clare Hall à Cambridge et Fellow de plusieurs universités étrangères, dont Harvard et Columbia University. Elle a publié plus d’une centaine de contributions dans des revues scientifiques (peer-reviewed) et maisons d’éditions internationales dans le domaine de l’érudition Classique et de l’histoire de l’épigraphie à la Renaissance (notamment sur Pirro Ligorio), ainsi que sur l’historiographie au xixe siècle. Elle prépare le catalogue raisonné des dessins de Pirro Ligorio (décembre 2021) et un livre sur La Villa de Varron à la Renaissance.