11 | 2020

Ce volume est composé de deux dossiers thématiques.

Le premier dossier recueille des contributions consacrées « À la recherche du dénouement : théâtre, poésie, roman, conte, cinéma ».

 Les articles présentés dans la seconde section reprennent quelques-unes des interventions présentées lors de la Journée d’étude « José Moreno Villa en su exilio mexicano, ochenta años después », qui s’est tenue au Mont-Saint-Aignan le 18 novembre 2019. À l’occasion du 80eanniversaire de l’exil de 1939 et dans le cadre de la Série internationale des rencontres « Ochenta años después », organisée par la UAB (Barcelone) sous la direction de Manuel Aznar Soler (Grupo de estudios del Exilio literario / GEXEL), cette Journée s’est centrée sur la présence et l’actualité de l’œuvre de Moreno Villa, notamment sa production en prose (écriture autobiographique, essai, œuvre journalistique, correspondance) dans son évolution au sein des réseaux intellectuels instaurés en Amérique par les républicains espagnols.  

À la recherche du dénouement : theâtre, poésie, roman, conte, cinéma

Introduction

Daniel Lecler et Milagros Torres


Texte intégral

1Qu’est-ce qu’un dénouement ? Quels en sont les enjeux esthétiques et éthiques ? Qu’est-ce que clôturer un processus de création ? Qu’est que le dénouement confirme et qu’est-ce qu’il met en question ? Comment se construit-il ? Quelle (ré)solution permet-il, qu’est-ce qu’il démêle, dénoue ? Dans quelle mesure est-il libre, singulier, conventionnel ? Quelle surprise peut-il proposer au lecteur ou au public, quelle forme d’admiratio ?

2Le SET (Séminaire d’Études Théâtrales) a mené au long de ces trois dernières années une réflexion sur la poétique du dénouement en trois axes :

  • Le dénouement : construction et sens

  • Le dénouement singulier

  • Le “happy-end

3Ce segment, plus ou moins bref ou condensé, plus ou moins étendu, comporte, dans un certain sens, la quintessence de l’œuvre dans son ensemble. Partant du théâtre et de l’émotion que la fin, marquée par le genre, tragique, comique ou tragicomique, suscite chez le public – il s’agit du moment où le spectateur va abandonner la salle, le moment où il va se séparer de l’univers imaginaire auquel il a participé activement – nous avons décidé d’ouvrir notre réflexion aux deux autres genres littéraires, la poésie, la narration, et au cinéma également. Le dénouement ferme l’œuvre tout en faisant naître le souvenir de celle-ci dans l’esprit et dans la sensibilité du récepteur ; le rideau de silence que le discours et que l’image ont rompu revient et, avec lui, la réflexion, la rêverie, la possibilité d’analyse et de compréhension, ou, tout simplement, la possibilité de revenir au début de l’œuvre. Ceci est plus vrai dans la lecture que dans l’acte théâtral lui-même, ritualisé par définition.

4La confrontation théorique a dialogué avec l’analyse détaillé du texte ou avec l’analyse filmique. Les regards transversaux qui ouvrent notre livre, consacrés au théâtre antique (Ferry, Brunet) et au théâtre anglais du xviiie siècle (Martinez), sont suivis de la réflexion sur le théâtre du Siècle d’Or espagnol, sans oublier la poésie toujours articulée avec ce dernier (Meunier, Garrot, Marion-Andrès, Brito). Vient ensuite la narration, partant du premier roman moderne, Don Quichotte (Redondo), pour aller ensuite vers le conte contemporain latino-américain (Hanaï). La poésie espagnole des xxe et xxie siècles (Zimmermann, Lecler) côtoie le sonnet lopesque et son vers 14 (Torres). Pour finir, le cinéma d’auteur américain, Woody Allen en particulier, clôt le volume (Rabassó). Un débat riche et novateur s’est tissé entre tous les invités, contribuant ainsi à faire avancer une recherche qui demande à être développée, quoique déjà très bien représentée par certains ouvrages remarquables, entre autres, La fin du texte, ed. F. Bravo, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2011. Regards croisés en tout genre, nourrissant la transdisciplinarité qui anime l’ERIAC.

5La fin de la pièce, du roman, du conte, du poème, du film est ce moment où une séparation va se produire : le public va partir, transformé, les acteurs vont retourner dans leur loge après le salut, le poème va quitter la lumière de la lampe pour se reposer dans la pénombre du livre, fermé jusqu’à la prochaine lecture.

6Le dénouement condense et élargit, il fabrique une possibilité de solution, crée les conditions d’un départ, une fois le voyage achevé. Achevé ?

Pour citer ce document

Daniel Lecler et Milagros Torres, « Introduction » dans «  », « Travaux et documents hispaniques », 2020 Licence Creative Commons
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URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/eriac/index.php?id=692.

Quelques mots à propos de :  Daniel Lecler

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis – Laboratoire d’Études Romanes (EA 4385)
Daniel Lecler est maître de conférences habilité à diriger des recherches à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Spécialiste de littérature espagnole contemporaine et plus particulièrement de poésie des xxe et xxie siècles, il est auteur de nombreux travaux sur l’œuvre de Juan Ramón Jiménez en particulier Métamorphose et spiritualité dans ‘Sonetos espirituales’, le dernier en date, « L’Âne et la plume », sous presse, porte sur Platero y yo. En collaboration avec Belén Hernández Marzal, il a publié dans TDH (ERIAC, Université de Rouen-Normandie) Juan Ramón Jiménez : tiempo de creación (1913-1917), no 8, 2017. Actuellement, au sein du LER (Laboratoire d’Études Romanes) il porte, avec Annick Allaigre, un projet sur : « Le fait poétique : de la contestation à la transmission ». Viennent de sortir également, au sein de la Société des Langues Néo-Latines, deux ouvrages sur Jardins et mondes paysagers.

Quelques mots à propos de :  Milagros Torres

Normandie Univ, UNIROUEN, ERIAC, 76000 Rouen, France
Née à Madrid, professeure de Littérature du Siècle d’Or espagnol à l’Université de Rouen, ancien membre de l’École des Hautes Études Hispaniques (Casa de Velázquez, Madrid), Milagros Torres a consacré une grande partie de ses recherches à l’étude de la représentation du corps dans le premier théâtre de Lope de Vega. Elle est l’auteure de deux monographies, sous presse, Le corps dans le premier théâtre de Lope (1579-1605) et Lope o el laberinto de la intimidad. Estudios de 100 sonetos (Rimas 1602), ainsi que de nombreux travaux qui portent, entre autres, sur l’image théâtrale de la femme, le geste, les diverses modalités de la représentation scénique, le comique et le spectacle tragique. Ses recherches portent également sur la poésie du Siècle d’Or, en particulier sur le sonnet lopesque. Membre de l’ERIAC (Université de Rouen) et du CRES (Université de Paris III), elle a publié, en collaboration avec Miguel Olmos, Fatum : destin et liberté dans le théâtre, TDH, vol. 4, 2012, ainsi que, Tragique et comique liés, dans le théâtre, de l’Antiquité à nos jours (Du texte à la mise en scéne), Publications numériques du Cérédi, Actes de colloque, 7, 2012, en collaboration avec Ariane Ferry. Elle prépare actuellement la publication de deux ouvrages collectifs dans TDH, en collaboration avec Daniel Lecler, sur la poétique du dénouement et sur la relation entre poésie et théâtre. Après avoir créé la Compañía de Cómicos de Paris 13 (Université Paris Nord), elle dirige un Séminaire d’études théâtrales (SET) à l’Université de Rouen, ainsi qu’une troupe de théâtre, El corral del sol. Ces troupes ont produit une trentaine de spectacles.