Sommaire
4 | 2012
“Fatum” : destin et liberté dans le théâtre
Ce volume recueille quelques-uns des travaux pluridisciplinaires présentés lors de la journée d’études « “Fatum” : destin et liberté dans le théâtre » organisée par l’ERIAC sous la direction scientifique de Milagros Torres et Miguel A. Olmos et qui eut lieu le 17 avril 2009 à la Maison de l'Université de Rouen. Ce recueil est également le premier aboutissement des travaux du Séminaire d’études théâtrales (SET), qui a pour vocation de relier la théorie et la pratique théâtrales – une mise en scène de El Castigo sin venganza (Lope de Vega) a été représentée en 2010 par la troupe universitaire El corral del Sol, dirigée par Milagros Torres. Cette réflexion a déjà donné lieu au colloque international « Tragique et comique liés, dans le théâtre, de l’Antiquité à nos jours (du texte à la mise en scène) », organisé par les équipes CÉRÉdI et ERIAC avec le concours du CRES-LECEMO de l’Université de Paris III-Sorbonne Nouvelle et publié en ligne sur la Bibliothèque numérique du CÉRÉdI (Université de Rouen, 2012). Les textes ont été recueillis par Milagros Torres et Miguel A. Olmos.
- Milagros Torres et Miguel A. Olmos Avant-propos
- Paul Sudaka Œdipe – une parole gelée ou du destin à l’histoire
- Ginette Vagenheim Liberté et destin dans Les Captifs de Plaute
- Milagros Torres Corps du destin, ombres de liberté : Fatum et dénouement tragique dans La Célestine
- Claire Gheeraert-Graffeuille Destin et Liberté dans Hamlet de William Shakespeare
- Giuseppe Grilli Tres estrategias de Lope de Vega para burlarse de Τύχη y sus retos
- Mònica Güell Destin et liberté dans La Hija del aire de Calderón
- Maria Grazia Profeti Una “tragedia española”: El Castigo sin venganza
- Jean-Marie Winkler Destin, liberté, nécessité :Réécritures d’Œdipe Roi au temps de Voltaire et de Gœthe
- Miguel A. Olmos De quelques figures du destin dans la poétique de Valle-Inclán (suivi d’une note sur El Ruedo Ibérico, I, vii, 8)
- Serge Salaün L’homme tragique contemporain. Le théâtre espagnol du premier tiers du xxe siècle
4 | 2012
Avant-propos
Milagros Torres et Miguel A. Olmos
« Bien, tú has querido, con tu propia obstinación, que hayamos acabado por llegar a una situación que bien podría y debería haberse evitado y que es para ambos igualmente indeseable. Bien lo sabías o lo adivinabas la primera vez ; mejor lo supiste y hasta corroboraste la segunda ; ¡ y a despecho de todo te has empeñado en volver una tercera ! ¡ Sea, pues ! ¡ Tú lo has querido ! Ahora te irás como las otras veces, pero esta vez no volverás jamás. Ya no es por asesino. Tampoco es por ladrón. Ahora es por lobo ».
Rafael Sánchez Ferlosio, « El reincidente »
1C’est écrit ; c’est écrit mais où ? Le livre du destin est absent des bibliothèques. Il s’écrit a posteriori, car ses lignes, faites de chair et de vent, de terre et d’étoiles, ne sont pas lisibles lorsqu’on essaie de les appréhender. Elles s’imposent à nous lorsqu’on ne les cherche pas. Le destin se lit après : après quoi ? Après coup. Après la chose, après le temps, après l’évènement ; après la prise de liberté ?
2La liberté serait-elle la plume du destin ? Elle le révèle et le provoque. Peut-elle modifier le cours de ses eaux, souvent troubles ? Et le hasard ? Et les coïncidences ? On a dit c’est écrit, mais on ne sait pas quoi, ni où, ni pourquoi. Certains diront c’était écrit, d’autres non. Le destin tranquillise et inquiète, calme et désespère ; il résigne et il révolte. Le destin se pense au futur et se dit au passé, car rien n’est vraiment prévisible en ce qui concerne l’essentiel.
3Le théâtre se prête peut-être mieux que n’importe quel autre genre à sa représentation. Car le théâtre se tient près des choses et le destin semble tenir les fils qui les font bouger. C’est la tragédie ancienne qui lui a consacré tout d’abord un espace de réflexion et de matérialisation : le destin a pris corps en Grèce pour inspirer les littératures qui ont suivi. Et aujourd’hui nous nous réunissons pour dialoguer à ce propos, avec la richesse offerte par nos différentes disciplines. L’inépuisable sujet prendra corps grâce aux dires de chacun, à la parcelle limitée que chacun de nous laboure, pour faire surgir des résonances thématiques qui s’entrecroiseront à l’infini.
4Peut-on choisir sa destinée ? Il s’agit de réfléchir sur l’essence de la vie de l’homme sur terre à travers les systèmes de représentation des genres dramatiques. Réfléchir sur le temps et sur l’espace qui conditionnent la naissance d’un individu devenu personnage, sur l’hérédité et sur les conditions familiales et sociales, pour parvenir à s’interroger sur ses possibilités de choisir et sur les limites de son action. De la conception mythique et tragique du héros grec aux manifestations dramaturgiques modernes de ce questionnement, en passant par la production théâtrale du Siècle d’Or espagnol, nous nous proposons d’explorer des notions telles que transcendance, hasard, accident, mais aussi excès, chaos et ordre, responsabilité, intérêt collectif, plaisir individuel, c’est-à-dire une constellation conceptuelle qui sous-tend la notion de liberté, condition sine qua non de l’humain. Et pourtant, cette liberté paraît parfois bien limitée, que ce soit dans les œuvres ou dans nos vies. C’est écrit entre les lignes. Toutefois, il s’agira également d’examiner la dimension rhétorique et l’esthétique de la représentation théâtrale, sa nature corporelle et spectaculaire liée au rôle de l’acteur, sa réception liée à une catharsis possible.
5La journée d’études dont nous publions aujourd’hui quelques-uns des fruits a permis un débat riche où la littérature espagnole, la pensée philosophique, les littératures anciennes ainsi que d’autres littératures européennes – anglaise, allemande, française et italienne – ont pu trouver un espace d’échange et de réflexion commune dans les voix de : Paul Sudaka, Ginette Vagenheim, Claire Gheraert-Graffeuille, Giuseppe Grilli, Monique Güell, Maria Grazia Profeti, Jean-Marie Winkler, Serge Salaün, Miguel Olmos, Milagros Torres1.
1 Les éditeurs tiennent à remercier Mme Laurence Villard, vice-présidente de l’université de Rouen, de son soutien lors de la Journée du 17 avril 2009, ainsi que Mme Sofía Moncó Taracena, membre associée de l’ERIAC et très chère collègue, pour son aide technique précieuse lors de la composition des textes du présent volume.
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Quelques mots à propos de : Milagros Torres
Normandie Univ, UNIROUEN, ERIAC, 76000 Rouen, France
Quelques mots à propos de : Miguel A. Olmos
Normandie Univ, UNIROUEN, ERIAC, 76000 Rouen, France