Sommaire
Pierre Corneille, la parole et les vers
sous la direction de Myriam Dufour-Maître, avec le concours de Cécilia Laurin
- Myriam Dufour-Maître, avec le concours de Liliane Picciola, de Bénédicte Louvat et de Cécilia Laurin Introduction
- LA FABRIQUE DU VERS CORNÉLIEN
- Bénédicte Louvat Le vers cornélien selon Corneille : parcours des paratextes
- Sylvain Garnier La comédie cornélienne et l’élaboration du vers dramatique classique
- Jean de Guardia Combien de vers ? Ornement et dramaticité chez Corneille
- Jean-Marc Civardi Corneille poète néo-latin
- Liliane Picciola Des vers espagnols aux vers cornéliens du Cid : modalités et intentions des réécritures
- François Regnault La prose de mes vers
- Gilles Declercq Résilience de la sentence cornélienne. Enjeux et tensions d’une forme-sens
- Marc Douguet Les hémistiches répétés chez Corneille
- Jean-Yves Vialleton « Ils ne sont pas venus, nos deux rois ? » : le vers brisé chez Corneille
- Pierre-Alain Clerc Déclamer Corneille
- Ludivine Rey La génétique du vers cornélien : les rapports complexes de la parole et des vers
- Poétique
- Influence des versifications étrangères
- Matrices et formes-sens
- LE VERS DRAMATIQUE
- Françoise Poulet Les comédies de Corneille ou la mise en vers de l’honnête conversation
- Michèle Rosellini Du duo au duel : la stichomythie, marqueur de violence dans le dialogue des amants
- Fabien Cavaillé Le pouvoir de parler, l’occasion de se taire. Interruptions de vers, paroles royales et violence dans Cinna, Héraclius, Suréna
- Jérôme Lecompte Formes de l’ethos héroïque : l’exemple de Cinna
- Cécilia Laurin « Connais-moi tout entière » : parole apocalyptique et dramaturgie cornélienne
- Myriam Dufour-Maître Allures du vers et obscurcissement du discours : le « style tardif » de Corneille
- Benoît de Cornulier Stances périodiques et inscriptions rythmiques dans les pièces de Corneille de Mélite au Cid (1629-1637)
- Stella Spriet Quels vers pour Andromède (1650) et La Conquête de la Toison d’or (1660) ?
- Claire Fourquet-Gracieux « Je n’ai pas cru à propos que l’homme parlât le même langage que Dieu ». Strophe et énonciation chez Corneille
- Sarah Nancy Vers, parole, musique. Les Airs sur les stances du Cid de Marc-Antoine Charpentier
- Le dialogue et le vers
- Parole, ethos et vers
- Vers lyrique, vers dramatique
Matrices et formes-sens
Les hémistiches répétés chez Corneille
Marc Douguet
L’article étudie la récurrence d’hémistiches « formulaires » dans le théâtre français du xviie siècle, notamment chez Corneille. Ces expressions figées nous amènent à jeter un regard nouveau sur le style d’écriture propre à cette période, qui repose en partie sur la combinaison d’éléments préexistants, et met en valeur la contrainte que le mètre fait peser sur l’écriture. Leur repérage permet également de caractériser la spécificité du style de Corneille, dont l’utilisation de ce genre de formules s’écarte souvent de celle de ses contemporains.
1« En cette occasion », « avant la fin du jour », « un poignard dans le sein » : ces expressions ont en commun de compter six syllabes et d’apparaître à de nombreuses reprises dans le corpus du théâtre français en vers du xviie siècle. Elles sont loin d’être les seules dans ce cas.
2On sait, depuis les travaux de Milman Parry1, que la poésie homérique a recours à un certain nombre d’expressions ou de vers « formulaires » qui permettent à l’aède de compléter facilement la mesure de son vers et témoignent de l’origine orale, improvisée de ces textes.
3Le contexte de production du théâtre français du xviie siècle est tout autre, et l’on n’y rencontre pas, de toute évidence, un phénomène de récurrences textuelles aussi systématique. La notion de « formule » nous semble cependant opératoire pour décrire le réemploi fréquent d’un certain nombre d’hémistiches dans ce corpus. Nous nous intéresserons ici à la quantification et à l’analyse de ces répétitions, en nous interrogeant notamment sur la spécificité du style d’écriture de Corneille que cette approche permet de mettre en lumière.
4Pour cela, nous avons extrait tous les hémistiches d’un corpus de 200 pièces représentées entre 1630 et 16802. Sans prétendre à l’exhaustivité, celui-ci est assez représentatif de la diversité de genres pratiqués à cette époque :
Répartition des pièces du corpus par genre3
5Le corpus comporte aussi bien des auteurs canoniques (avec l’intégralité des œuvres de Corneille, Molière et Racine) que des minores :
Répartition des pièces du corpus par auteur
6Enfin, il est distribué de manière chronologiquement équilibrée :
Répartition des pièces du corpus par année de création4
7Les deux hémistiches de chaque alexandrin du corpus ont été automatiquement extraits à l’aide d’un syllabeur. Celui que nous avons développé est plus modeste que d’autres travaux en analyse automatique du vers5, puisqu’il n’a pas pour ambition de placer avec exactitude la limite de chaque syllabe, mais uniquement de césurer un alexandrin. Sur 55 031 vers de Corneille dont on a préalablement vérifié qu’ils comptaient 12 syllabes, notre programme a un taux de reconnaissance de 99,98 %. La marge d’erreur est uniquement due à l’ambiguïté de certains mots, dont la prononciation change en fonction de la catégorie grammaticale (par exemple « content » et « fier », selon qu’il s’agit de verbes ou d’adjectifs).
8Le corpus est composé de 332 938 alexandrins, soit en théorie 665 876 hémistiches. Nous n’en avons retenu que 624 597, après avoir exclu ceux qui était distribués sur plusieurs répliques. Le nombre d’occurrences de chaque hémistiche est calculé après avoir supprimé les ponctuations et les majuscules6.
Lire l’alexandrin classique au prisme de la répétition
9La répétition d’un hémistiche possède des enjeux bien différents de la répétition d’un vers entier. Les deux phénomènes, bien que formellement similaires, sont également sans commune mesure en termes de fréquence. Dans notre corpus, 499 alexandrins sont intégralement répétés (soit seulement 0,1 % du total). Ils posent des questions diverses, mais facilement identifiables : emprunt parodique (on connaît le célèbre « Je suis maître, je parle, allez, obéissez » de Sertorius7, repris dans L’École des femmes8), personnage citant ironiquement un autre (la maxime « Le temps de chaque chose ordonne et fait le prix » est convoquée une première fois par Ptolémée face à Cléopâtre9, et reprise contre lui-même par cette dernière10), introduction d’un leitmotiv récurrent d’une pièce à l’autre (« Voilà quelle je suis et quelle je veux être » dans Théodore11, Héraclius12, Pertharite13 et Sophonisbe14), etc. Il serait intéressant d’étudier systématiquement ces reprises : certaines sont facilement repérables, d’autres ne peuvent émerger qu’à la lumière d’une extraction automatique. Certaines créent un effet de sens qui enrichit le texte, d’autres relèvent du plagiat, d’autres enfin semblent être dues au pur hasard.
10Les hémistiches répétés sont beaucoup plus fréquents : dans notre corpus, 16 % des hémistiches sont utilisés plus d’une fois, et un hémistiche apparaît en moyenne 1,11 fois. Sauf quand il s’agit d’une anaphore (phénomène qui n’est pas facilement quantifiable, mais qui semble n’avoir qu’une part réduite dans l’ensemble des récurrences), la reprise d’un hémistiche ne fait pas ici référence aux occurrences précédentes : le phénomène est trop fréquent, trop diffus pour que le réemploi soit introduit consciemment par l’auteur, ou directement perçu par le spectateur. On se situe donc sur un plan purement stylistique, et non pas herméneutique : détecter les hémistiches répétés permet de faire émerger des formules figées, des clichés et des idiomatismes propres à l’époque ou à un auteur en particulier. En écrivant son texte, le dramaturge combine en partie, de manière originale, des éléments préexistants.
11En complément des relevés quantitatifs opérés, nous avons développé une interface qui permet de repérer les hémistiches comptant plus de deux occurrences dans notre corpus15. L’utilisateur peut choisir un des textes de ce corpus, ou entrer n’importe quel autre texte. Les hémistiches récurrents sont mis en valeur en fonction de leur fréquence à l’aide d’un dégradé de couleurs. En cliquant sur un hémistiche, on affiche la liste complète de ses occurrences :
Interface de visualisation des hémistiches : Corneille, Cinna, I, 1, v. 1-15
12À titre d’exemple, les dix hémistiches les plus fréquents sont les suivants (nous donnons à chaque fois le nombre d’occurrences, et deux exemples en contexte, de préférence empruntés à l’œuvre de Corneille) :
Hémistiche |
Occurrences |
Exemples |
en cette occasion |
119 |
La fuite est glorieuse en cette occasion16 Je ne te défends point, en cette occasion, De prendre un peu d’espoir sur leur division17 |
en l’état où je suis |
98 |
Pour le moins un moment souffrez que je respire, Et que je considère en l’état où je suis, Et ce que je hasarde, et ce que je poursuis18 En l’état où je suis les maux dont je soupire M’ôtent la liberté de te rien contredire19 |
pour la dernière fois |
87 |
Pour la dernière fois, ingrat, je t’en conjure20 Allons jeter le sort pour la dernière fois21 |
à votre Majesté |
87 |
Pour en faire ma plainte à votre Majesté22 Je demande, Madame, à votre Majesté Le prix qu’elle a promis, et que j’ai mérité23 |
que votre Majesté |
70 |
Que votre Majesté, Sire, épargne ma honte24 Que votre Majesté désormais m’en dispense25 |
en cette extrémité |
68 |
Ils ont pris le théâtre en cette extrémité26 Nous ferons voir, Madame, en cette extrémité, Comme il faut obéir à la nécessité27. |
je vous l’ai déjà dit |
55 |
Je vous l’ai déjà dit, et vous le dis encore : Vivez avec Sévère, ou mourez avec moi28 Je vous l’ai déjà dit, et l’effet vous le montre : Vous perdez Amarante, et cet ami fardé Se saisit finement d’un bien si mal gardé29 |
une seconde fois |
51 |
J’ai de quoi me défendre une seconde fois30 Une seconde fois le triple chien Cerbère Vomira l’aconit en voyant la lumière31 |
les armes à la main |
42 |
Allons, allons, Seigneur, les armes à la main Soutenir le Sénat et le peuple romain32 Mais t’attaquer à moi ! Qui t’a rendu si vain, Toi qu’on n’a jamais vu les armes à la main33 ? |
de votre Majesté |
41 |
Et nous suivrons les pas de votre Majesté34 Je craignais d’approcher de votre Majesté35 |
13Sans se limiter à ces dix hémistiches, on peut établir une rapide typologie du phénomène (nous citerons désormais les hémistiches en les faisant suivre de leur nombre d’occurrences entre crochets). Il faut tout d’abord mettre à part les hémistiches composés d’un substantif assez long (trois syllabes ou plus), accompagné uniquement d’un déterminant, d’une préposition ou d’une conjonction, et placé en position de sujet ou de complément d’objet ou de nom : « à/que/de votre majesté » [87/70/41]), « de générosité » [40], « de ma fidélité » [35], « de mon affection » [34]), « ma curiosité » [29], etc. La récurrence est ici beaucoup moins intéressante que dans les autres cas : si de tels hémistiches sont fréquents, c’est tout simplement parce que les substantifs qui en constituent le terme principal le sont encore plus, et que les combinaisons de déterminants, de prépositions et de conjonctions qui peuvent les précéder sont de leur côté en nombre assez réduit pour qu’une même combinaison apparaissent plusieurs dizaines de fois. Ils renvoient aux thématiques morales, sentimentales ou politiques omniprésentes dans le théâtre du xviie siècle.
14Les hémistiches qui reposent sur l’alliance d’un plus grand nombre de termes (« je vous l’ai déjà dit » [55]), sur une combinaison de termes pleins (nom et adjectif : « la grandeur souveraine » [27] ; deux noms : « un poignard dans le sein » [27]) ou sur un substantif unique, mais en position de complément circonstanciel (« en cette occasion » [119], « en cette extrémité » [68]) sont plus significatifs : l’extraction automatique des hémistiches répétés permet ici de mettre en lumière un certain nombre de formules figées.
15Cette méthode s’inscrit pleinement dans la lignée des travaux menés en stylistique computationnelle sur les « segments répétés36 », dont le repérage permet de caractériser le style propre à un genre ou à un auteur, et d’évaluer, dans un texte, la part des éléments de langage propres à l’époque. Cependant, les recherches dans ce domaine s’intéressent avant tout à des textes en prose. Dans ce cas, pour détecter les récurrences, il est nécessaire de comparer tous les syntagmes composant le texte sur la base de leur nombre de mots (tous les segments de 2, 3, 4, 5 mots, etc.). Par rapport à cette méthode, prédécouper le texte sur la base des césures et des fins de vers permet de tirer parti du fait que les hémistiches constituent des unités à la fois rythmiques et syntaxiques : on n’extrait donc que des segments qui forment déjà des groupes cohérents, sans avoir à trier manuellement les résultats pertinents.
16Un des défauts de cette approche est de surévaluer la césure au détriment de l’unité du vers, et de la considérer comme une coupure, une pause entre deux segments indépendants. Or, comme le souligne Guillaume Peureux
Parler de la césure en termes de pause, d’arrêt ou de coupure relève de choix discutables : celui de faire de la lecture à haute voix le critère exclusif à partir duquel examiner sa métrique, mais aussi celui de faire comme si un vers long non composé de deux sous-vers avait préexisté au vers complexe, ce dont rien ne témoigne dans l’histoire de la poésie française37.
17Deux écueils se profilent. D’un côté, on risque d’oublier que l’hémistiche ne constitue pas toujours, au sein d’un vers, une unité syntaxique pertinente. Les dramaturges du xviie siècle pratiquent souvent le rejet, le contre-rejet ou l’enjambement internes (par exemple : « La reine, de l’Égypte a rappelé nos princes38 »). D’un autre côté, l’élocution fond dans tous les cas les deux hémistiches dans un même mouvement, et ceux-ci ne se situent donc pas sur le même plan.
18Cependant, notre projet est avant tout lexical, et non prosodique. Isoler les hémistiches n’est qu’une manière de faire émerger des idiomatismes, en se fondant sur le fait que, comme l’a montré Benoît Le Cornulier, « l’égalité interne de l’alexandrin (6 égale 6) permet d’y voir une suite de deux 6-syllabes contextuellement égaux, mais sans rime39 » et que, malgré des exceptions, la césure à l’hémistiche reste le plus souvent la plus forte rupture syntaxique du vers.
19Parmi les hémistiches formulaires, un certain nombre renforcent le pathos du discours en insistant sur le caractère exceptionnel de la situation et sur l’état émotif du locuteur : « en/dans cette occasion » [119/18], « en cet événement » [14] « en/dans l’état où je suis » [98/14], « en/dans cette extrémité » [68/19], « en/dans ce malheur extrême » [23/8], « dans ce péril extrême » [15], « en/dans cette conjoncture » [22/12].
20Les formules récurrentes sont également fréquemment convoquées pour modaliser l’énoncé et conférer une certaine posture au locuteur : insistance agacée (« je vous ai/l’ai déjà dit » [16/55], « je vous le dis encor » [22]), certitude (« il n’en faut point/plus douter » [37/25]), aveu (« je ne le puis nier » [14], « à vous dire le vrai » [13]), prétérition (« je ne vous dirai point » [40]), concession (« je ne demande point/pas/plus » [25/13/13]), posture éthique (« je fais ce que je dois » [20], « je ferai mon devoir » [14]). Toutes ces expressions illustrent la prégnance de la rhétorique sur le langage dramatique. On notera également la série des « pour la dernière fois » [87], « une seconde fois » [51], « pour la seconde fois » [15], « pour la première fois » [29], qui permettent de renforcer une déclaration, ou relient une situation dramatique à d’autres, passées ou à venir.
21Certains syntagmes figés possèdent au contraire une fonction référentielle : violence des relations (« les armes à la main » [42], « un poignard dans le sein » [27]), instinct (« la voix de la nature » [19]), fatalité (« la colère des dieux » [16]), pouvoir (« la suprême puissance » [25], « une entière puissance » [24], « un absolu pouvoir » [22], « le sceptre et la couronne » [6]), raison d’état (« pour le bien de l’État » [15], « l’intérêt de l’État » [13]), discours galant (« l’amour que j’ai pour vous » [16], « une si belle flamme » [17], « adorable princesse » [15], « cette jeune beauté » [15], « le bonheur de ma vie » [15], « l’objet de mon amour » [14]).
22Les expressions temporelles sont quant à elle nombreuses, et peuvent être associées à une sentence générale décrivant les mœurs du temps (« dans le siècle où nous sommes » [17]), à l’urgence d’une situation (« sans tarder davantage », [19], « ne perdons point de temps » [21]) ou à un dialogue sur lequel pèse une imminente séparation (« avant que de partir » [19]). La fréquence élevée d’« avant la fin du jour » [31] montre également à quel point les dramaturges explicitent le respect de l’unité de temps dans leurs œuvres afin d’accroître la tension dramatique.
23Les expressions spatiales renvoient elles aussi à l’universalité (« sur la terre et sur l’onde » [16]) ou au contraire aux lieux fréquemment convoqués dans le théâtre classique (« dans la chambre prochaine » [16]).
24Enfin, l’annonce des entrées et des sorties des personnages se passe rarement d’une expression du type « adieu je me retire » [16], « je m’en vais de ce pas » [16], « le voici qui s’avance » [16], « mais le/la voici qui vient » [12/11], « le/la voici qui paraît » [6/5], « le voici qui revient » [5], etc.
25Si ces expressions reviennent aussi souvent, c’est qu’elles constituent des idiomatismes propres à la rhétorique de l’époque. Les dramaturges puisent largement dans ce répertoire comme dans un dictionnaire d’« idées reçues40 » pour composer des discours originaux.
26Mais l’on sent aussi parfois, à la lecture de ces formules récurrentes, que l’invention verbale se soumet aux contraintes de la métrique. Plusieurs de ces hémistiches constituent de toute évidence des « chevilles41 ». C’est notamment le cas des compléments circonstanciels qui ne sont pas essentiels à la structure syntaxique de l’énoncé et dont le sémantisme est faible : « en cette occasion », « en cette extrémité », « en l’état où je suis » permettent de remplir commodément la mesure du vers. De telles expressions viennent se greffer à un énoncé, mais pourraient le plus souvent être supprimées sans nuire à sa cohérence.
27Dans d’autres cas, l’hémistiche est parfaitement ancré dans l’énoncé, mais l’ajout d’une épithète (la puissance sera « entière » ou « suprême », la princesse « adorable », la beauté « jeune ») ou le recours récurrent à une image (« la voix de la nature ») ou à une métonymie (« le sceptre et la couronne ») semble bel et bien répondre à l’influence de la versification.
28Il convient cependant d’être prudent, et d’examiner les occurrences en contexte. Ainsi, même si on peut toujours défendre son emploi et arguer qu’il enrichit le texte, « en cette occasion » est visiblement une facilité d’écriture dans ce passage de Phalante de La Calprenède :
Que votre Majesté ne trouve point étrange,
Si par un tel discours mon visage se change,
Et si je fais paraître en cette occasion,
Et mon étonnement et ma confusion42.
29Mais cet hémistiche introduit une restriction essentielle au sens du propos dans le vers d’Horace que nous citions plus haut : « La fuite est glorieuse en cette occasion43. »
30De même, dans « Non, c’est trop de rigueur, quoi que vous ordonniez, / Pour la dernière fois je me jette à vos pieds44 », « pour la dernière fois » renforce simplement la posture de suppliante du personnage. Mais quand Andromaque annonce, en parlant de son fils : « Céphise, allons le voir pour la dernière fois45 », l’hémistiche véhicule à lui seul toute la dimension tragique de la situation.
La spécificité de Corneille
31Le repérage des hémistiches répétés ne permet pas seulement de caractériser de manière globale le style d’écriture propre au théâtre du xviie siècle. Des spécificités auctoriales émergent également, qui permettent de mieux comprendre ce qui fait l’originalité de Corneille.
32En textométrie, la « diversité lexicale » calcule le nombre de mots différents employés dans un texte rapporté au nombre total de mots de ce texte : cette mesure permet de décrire l’étendue du vocabulaire d’un auteur et sa richesse. Sur le même modèle, on peut s’intéresser à la proportion d’hémistiches récurrents en fonction des auteurs (il convient évidemment de comparer des corpus de taille égale, puisque la diversité lexicale décroît automatiquement à mesure que le corpus augmente). On constate ici que Corneille a tendance à moins réemployer ses propres hémistiches que certains de ses contemporains. À l’intérieur du corpus des pièces de Corneille postérieures à 1660 (25 210 hémistiches), 1 101 hémistiches ont plus d’une occurrence, soit 4,4 %. Pour les pièces antérieures à 1637 (26 844 hémistiches), on compte 1 134 hémistiches répétés (4,2 %). Ce taux est à peu près comparable à celui des pièces de Racine postérieures à 1665, c’est-à-dire sans La Thébaïde et Alexandre : 25 516 hémistiches dont 950 hémistiches répétés, soit 3,7 %. Du Ryer se répète plus (25 804 hémistiches pour les pièces postérieures à 1637, dont 1 463 hémistiches répétés, soit 5,7 %), et il en va de même pour le théâtre de Boyer (27 292 hémistiches, 1 509 répétitions, soit 5,6 %). En revanche Thomas Corneille utilise moins souvent que son frère des formules identiques (tragédies postérieures à 1665 : 23 404 hémistiches, 691 hémistiches répétés, soit 2,9 %).
33Mais le plus intéressant est l’étude des hémistiches qui sont sur- ou sous-représentés chez Corneille par rapport au reste du corpus. La textométrie calcule la fréquence relative d’un mot en nombre d’occurrences pour un million de mots. On peut utiliser la même métrique, en prenant garde au fait que, pour être significative, la sur- ou sous-représentation doit porter sur un hémistiche suffisamment fréquent : un hémistiche qui a deux occurrences chez Corneille et aucune autre dans le reste du corpus mérite moins de retenir notre attention qu’un hémistiche qui aurait 50 occurrences en tout, dont la moitié chez Corneille.
34Pour éviter les variations dues au genre, nous n’avons comparé que les tragédies de Corneille (75 466 hémistiches) et l’ensemble des tragédies du corpus (309 994 hémistiches). Quelques faits saillants se dégagent. Corneille emploie significativement moins que les autres dramaturges « en cette occasion », qui constitue l’hémistiche le plus fréquent de notre corpus : on n’en compte chez lui que 6 occurrences, soit 80 pour un million, alors que la fréquence globale est de 161 pour un million. Le troisième hémistiche le plus fréquent, « pour la dernière fois », est encore plus sous-représenté (2 occurrences seulement, soit 27 occurrences/million d’hémistiches contre 187 occurrences/million d’hémistiches pour l’ensemble des tragédies). Les hémistiches « il n’en faut point/plus douter » sont également très peu utilisés dans ses pièces (respectivement 27 pour un million et aucune occurrence, là où ils ont une fréquence de 42 pour un million et 29 pour un million dans l’ensemble des tragédies). Il semble que Corneille ait eu à cœur d’éviter des formules au sémantisme extrêmement faible.
35En revanche, Corneille sur-emploie les hémistiches qui, tout en insistant sur l’acte de langage, mettent en relation le locuteur et son destinataire, et contribuent ainsi au dynamisme du dialogue : « je vous le dis encor » (119 occurrences/million d’hémistiches contre 39 dans le corpus), « je ne vous dirai point » (106 contre 61), « je vous l’ai déjà dit » (133 contre 81).
36Un autre ensemble remarquable est constitué des hémistiches « à ces conditions » (66 contre 32), « c’est l’unique moyen » (53 contre 23) et « puisque vous le voulez » (80 contre 35). La récurrence de ces formules montre bien que les personnages cornéliens ne cessent d’envisager l’avenir sous la forme d’une multitude de possibilités entre lesquelles ils doivent faire un choix, et qui font l’objet d’un débat. Cette réflexion constante sur les potentialités de la situation peut servir à lancer un défi, comme Prusias qui répond en ces termes à Laodice prétendant agir en reine indépendante :
Pour en faire l’épreuve allons en Arménie :
Je vais vous y remettre en bonne compagnie ;
Partons ; et dès demain, puisque vous le voulez,
Préparez-vous à voir vos pays désolés46.
37Il peut aussi s’agir de poser ses conditions afin de mettre en défaut les exigences de son interlocuteur :
Je t’épouserai lors, et m’y viens d’obliger,
Pour mieux servir ma haine, et pour mieux me venger,
[…]
À ces conditions prends ma main, si tu l’oses47.
38De manière générale, le personnage cornélien est toujours en négociation. Même un dialogue amoureux comme celui entre Sophonisbe et Massinisse a des airs de tractation diplomatique :
J’accepte votre hymen, mais pour vivre sans maître,
Et ne quitterais point l’époux que j’avais pris,
Si Rome se pouvait éviter qu’à ce prix.
À ces conditions me voulez-vous pour femme48 ?
39La surreprésentation de l’expression « en cette conjoncture », qui est quasiment spécifique à Corneille (sur les 13 occurrences en tragédies, 9 se rencontrent sous sa plume) va dans le même sens : cette formule peut être vue comme un équivalent de « en cette occasion », mais elle insiste plus sur la complexité d’une situation qui dépend de multiples paramètres. L’« occasion » place les personnages dans une certaine passivité face au fait accompli, tandis que la « conjoncture » leur permet déjà, par un effort d’analyse et de compréhension, de décomposer les difficultés et les opportunités qui se présentent à eux.
40Enfin, Corneille utilise plus qu’aucun autre dramaturge « pour la seconde fois » (172 occurrences pour un million d’hémistiches, contre 106 dans l’ensemble du corpus). Cette particularité peut être opposée à la très forte surreprésentation de « pour la dernière fois » chez Racine (730 pour un million, contre 187 dans l’ensemble du corpus, et seulement 27 chez Corneille). Deux conceptions de l’action tragique se dessinent ici.
41Le personnage racinien agit sans cesse dans la perspective d’un dénouement imminent. Dès l’acte I de Bajazet, Roxane déclare : « Il faut de nos destins que Bajazet décide. / Pour la dernière fois je le vais consulter49. » Il y aura en réalité encore deux autres entrevues entre les deux personnages, et, au cours de la troisième, Roxane emploie de nouveau la même formule : « Pour la dernière fois veux-tu vivre et régner50 ? » Dès l’acte I de Bérénice, Antiochus envisage sa rencontre avec Bérénice sous le signe de l’adieu : « Au moins, souvenez-vous que je cède à vos lois, / Et que vous m’écoutez pour la dernière fois51. » Il en va de même pour Titus à l’acte II (« Elle en sera bientôt instruite par ma voix, / Et je vais lui parler pour la dernière fois52. ») Là encore, cette « dernière fois » n’est pas tout à fait la dernière, et l’hémistiche ponctue à plusieurs reprises la pièce jusqu’au dernier vers (« Pour la dernière fois, adieu, Seigneur53. »)
42À cette forme d’hyperbate permanente, tendue vers le dénouement, s’oppose l’attitude du personnage cornélien, qui ne cesse au contraire de mettre en rapport le moment présent avec des situations passées. Ce faisant, Corneille unifie l’action en mettant en scène la mémoire que les personnages en ont. Il peut s’agir de montrer la récurrence d’un même schéma, comme quand Martian annonce à Pulchérie que le Sénat refuse de nouveau de lui choisir un époux à sa place (« Et son respect vous prie une seconde fois / De lui donner vous seule un maître à votre choix54. ») ou quand Rodogune rencontre de nouveau Antiochus et fait état des mêmes exigences qu’à l’acte précédent :
S[i mon cœur] vous explique mal ce qu’il en doit attendre,
Il emprunte ma voix pour se mieux faire entendre.
Une seconde fois il vous le dit par moi :
Prince, il faut le venger55.
43L’expression « une seconde fois » est emblématique d’une situation bloquée, où chaque personnage campe sur sa position. Mais elle montre aussi que les personnages ont conscience de l’impasse où ils se trouvent. C’est justement grâce à cette prise de conscience qu’ils parviennent à faire progresser l’action : quand le Sénat lui redemande de faire un choix, Pulchérie finit par céder ; et Rodogune fléchit parce qu’Antiochus refuse de nouveau la condition qu’elle lui pose.
44Ailleurs, « une seconde fois » est au contraire utilisé pour montrer le renversement de la situation. Les deux occurrences que l’on en trouve dans Sophonisbe s’inscrivent ainsi dans une série de trois confrontations entre Sophonisbe et Éryxe, dont la position respective varie au gré de la victoire de Massinisse (« Tout a changé de face, / Madame, et les destins vous ont mise en ma place56 »), du mariage entre celui-ci et Sophonisbe (« Une seconde fois tout a changé de face, / Madame, et c’est à moi de vous quitter la place57 »), et, enfin, du refus de Rome d’autoriser ce mariage (« Une troisième fois mon sort change de face, / Madame, et c’est mon tour de vous quitter la place58 »). Cet effet de série est renforcé par Sophonisbe, qui envisage la potentialité d’un nouveau retournement à la suite du premier (« Je vous suis obligée ; et ce qui m’en console, / C’est que tout peut changer une seconde fois59. »)
45Cette enquête sur les hémistiches répétés pourrait être prolongée dans de multiples directions : quantitativement, en comparant la fréquence des expressions les plus récurrentes en vers et en prose et en tentant de faire émerger d’autres phénomènes saillants (notamment dans l’évolution des hémistiches les plus fréquents) ; qualitativement, en approfondissant l’analyse des occurrences en contexte et en nuançant les constats que nous avons pu tirer concernant les caractéristiques stylistiques de l’écriture de Corneille.
46Mais il convient aussi de s’interroger sur le type de savoir que produit cette approche. Nous ne pouvons que rejoindre ici la conclusion de la vaste enquête textométrique de Charles Muller sur le vocabulaire de Corneille :
Cette analyse quantitative du vocabulaire a-t-elle apporté quelque chose à notre connaissance de l’œuvre théâtrale de Corneille ? Elle n’a certainement pas bouleversé l’idée que l’on s’en faisait. Elle contribuerait plutôt à confirmer les classements qui se sont dégagés lentement de trois siècles de représentations et de lectures60.
47Même si nous avons travaillé non sur des mots pris isolément, mais sur des groupements de mots, toute analyse quantitative pose le problème de l’interprétation des résultats : d’un côté, les nombres n’ont pas de sens en eux-mêmes ; de l’autre, toutes les occurrences d’un même syntagme ne se valent pas. Chacune est unique et produit un effet différent selon le contexte. Établir des statistiques textuelles est donc nécessairement réducteur et fait perdre une partie de l’information contenue dans le texte. Néanmoins, une fois que l’on a conscience des limites inhérentes à cette méthode, celle-ci se révèle un puissant outil heuristique, qui peut nous inviter à explorer de nouvelles pistes de réflexion : d’où l’importance, à nos yeux, de ne se pas se contenter de produire des listes d’occurrences, mais d’intégrer l’extraction automatique des récurrences à l’expérience de lecture, en développant une interface de visualisation qui replace les données quantitatives dans le flux du texte. Plutôt que des conclusions positives et définitives, nous ne pouvons que proposer une manière inédite de lire le théâtre de Corneille, une cartographie des hémistiches qui, sans se substituer au travail d’interprétation, attire notre regard sur le tissu des formules récurrentes qui parcourent son œuvre.
1 Milman Parry, L’Épithète traditionnelle dans Homère, Paris, Les Belles Lettres, 1928.
2 La condition préalable à une telle étude est évidemment de disposer des textes au format numérique : ils nous ont été fournis par le projet « Bibliothèque dramatique » (http://bibdramatique.huma-num.fr/) dirigé par Georges Forestier, et par le projet « Théâtre classique » (https://www.theatre-classique.fr/), dirigé par Paul Fièvre. Nous les remercions tous deux d’avoir rendu accessibles leurs sources XML, sans lesquelles ce travail n’aurait pas été possible. Le texte est celui de l’édition originale.
3 Les comédies héroïques ont été classées parmi les tragédies, qui reposent sur le même modèle stylistique.
4 La date de création, généralement antérieure à la date de publication, nous a été donnée par l’édition critique la plus récente de la pièce, ou, à défaut, par Henry C. Lancaster, A History of French Dramatic Literature in the Seventeenth Century, Baltimore / Londres / Paris, The Johns Hopkins University Press / Oxford University Press / Les Belles Lettres, 5 t., 1929‑1942.
5 Voir notamment Valérie Beaudouin, Mètre et rythmes du vers classique. Corneille et Racine, Paris, Honoré Champion, 2002 ; Éliane Delente et Richard Renault, « Outils et métrique : un tour d’horizon », Langages, vol. 199, 2015, p. 5-22 ; Xavier-Laurent Salvador, Versification : outil d’analyse du mètre français, https://gist.github.com/xavierLaurentSalvador, 2016 (consulté le 12 juillet 2020).
6 L’ensemble des données est accessible à l’adresse http://dramacode.demarre-shs.fr/dheform/patterns.sqlite (consulté le 12 juillet 2020). Notons qu’un des intérêts de ce programme aura été de repérer et de corriger un certain nombre d’erreurs dans les éditions numériques, qui faussaient les vers.
7 Corneille, Sertorius, V, 6, v. 1868.
8 Molière, L’École des femmes, II, 5, v. 642.
9 Corneille, La Mort de Pompée, I, 3, v. 256.
10 Ibid., II, 3, v. 636.
11 Corneille, Théodore, II, 2, v. 407.
12 Corneille, Héraclius, I, 2, v. 149.
13 Corneille, Pertharite, I, 1, v. 7.
14 Corneille, Sophonisbe, II, 4, v. 695.
15 Accessible à l’adresse http://dramacode.demarre-shs.fr/dheform/ (consulté le 12 juillet 2020). Code source sur https://github.com/marcdouguet/dheform.
16 Corneille, Horace, IV, 2, v. 1085.
17 Corneille, Pulchérie, II, 5, v. 707.
18 Corneille, Cinna, I, 1, v. 6-8.
19 Corneille, Tite et Bérénice, I, 3, v. 295-296.
20 Corneille, Héraclius, V, 3, v. 1659.
21 Corneille, Andromède, I, 3, v. 388.
22 Corneille, Clitandre, III, 1, v. 780.
23 Rotrou, Agésilan de Colchos, V, 6, v. 1838-1839.
24 Corneille, Le Cid, IV, 3, v. 1239.
25 Corneille, Horace, V, 2, v. 1591.
26 Corneille, L’Illusion comique, V, 6, v. 1764.
27 Corneille, Suréna, V, 1, v. 1503-1504.
28 Corneille, Polyeucte, V, 3, v. 1608-1609.
29 Corneille, La Suivante, I, 6, v. 234-236.
30 Corneille, Clitandre, I, 7, v. 244.
31 Corneille, Mélite, IV, 9, v. 1559-1660.
32 Corneille, Othon, V, 2, v. 1635-1636.
33 Corneille, Le Cid, II, 2, v. 409-410.
34 Vion d’Alibray, Le Soliman, I, 1, v. 19.
35 La Calprenède, Phalante, II, 4, v. 593.
36 André Salem, Pratique des segments répétés. Essai de statistique textuelle, Paris, Klincksieck, 1987. Voir également Dominique Legallois, « À propos de quelques n-grammes significatifs d’un corpus poétique du xixe siècle », L’Information grammaticale, vol. 121, 2009, p. 46-52, et Éliane Delente et Dominique Legallois, « La répétition littérale dans Les Rougon-Macquart : présentation d’un phénomène peu connu », Excavatio, vol. 28, 2016, en ligne : http://aizen.zolanaturalismassoc.org/excavatio/ (consulté le 12 juillet 2020).
37 Guillaume Peureux, La Fabrique du vers, Paris, Seuil, 2009, p. 163.
38 Corneille, Rodogune, I, 4, v. 279.
39 Benoît Le Cornulier, Théorie du vers. Rimbaud, Verlaine, Mallarmé, Paris, Seuil, 1982, p. 43.
40 L’étude des hémistiches répétés permet de rejoindre les nombreux travaux qui ont déjà été consacrés à la stylistique du cliché : notamment Michaël Riffaterre, « Fonctions du cliché dans la prose littéraire », Cahiers de l’Association internationale des études francaises, no 16, 1964, p. 81-95 ; Ruth Amossy et Elisheva Rosen, Les Discours du cliché, Paris, SEDES, 1982 ; Ruth Amossy et Anne Herschberg-Pierrot, Stéréotypes et clichés. Langue, discours, société, Paris, Nathan, 1997.
41 Pour plus de détails sur cette notion, on pourra se reporter à L’Évolution du vers français au xviie siècle de Maurice Souriau, où chacun des chapitres consacrés aux principaux poètes du xviie siècle (notamment Corneille) contient une section portant sur les chevilles, envisagées à la fois d’un point de vue pratique et théorique (Maurice Souriau, L’Évolution du vers français au xviie siècle, Paris, Hachette, 1893, p. 172-175).
42 La Calprenède, Phalante, II, 4, v. 635-638.
43 Corneille, Horace, IV, 2, v. 1085.
44 Boyer, Agamemnon, III, 5, v. 847-848.
45 Racine, Andromaque, IV, 1, v. 1076.
46 Corneille, Nicomède, III, 1, v. 779-782.
47 Corneille, Pertharite, III, 3, v. 993-1000.
48 Corneille, Sophonisbe, II, 4, v. 696-699.
49 Racine, Bajazet, I, 3, v. 258-259.
50 Ibid., V, 4, v. 1544.
51 Racine, Bérénice, I, 4, v. 185-186.
52 Ibid., II, 2, v. 489-490.
53 Ibid., V, 7, v. 1518.
54 Corneille, Pulchérie, V, 2, v. 1467-1468.
55 Corneille, Rodogune, IV, 1, v. 1171-1174.
56 Corneille, Sophonisbe, II, 3, v. 575-576.
57 Ibid., III, 3, v. 916-917.
58 Ibid., V, 4, v. 1643-1644.
59 Ibid., II, 3, v. 580-581.
60 Charles Muller, Étude de statistique lexicale. Le vocabulaire du théâtre de Pierre Corneille, Paris, Larousse, 1967, p. 263.
sous la direction de Myriam Dufour-Maître, avec le concours de Cécilia Laurin
© Publications numériques du CÉRÉdI, « Actes de colloques et journées d’étude », n° 26, 2020
URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/ceredi/index.php?id=957.
Quelques mots à propos de : Marc Douguet
Université Grenoble Alpes
Marc Douguet est maître de conférences à l’Université Grenoble Alpes et membre de l’UMR Litt&Arts. Il travaille sur le théâtre français du xviie siècle et a consacré sa thèse (à paraître chez Droz) à la question de la liaison des scènes. Il est également spécialiste en humanités numériques, fouille de données textuelles et édition numérique des corpus théâtraux.