Rouen 1562. Montaigne et les Cannibales

Actes du colloque organisé à l'Université de Rouen en octorbre 2012 par Jean-Claude Arnould (CÉRÉdI) et Emmanuel Faye (ÉRIAC).

L'isle du Brésil

Rouen 1562. Montaigne et les Cannibales

Note sur la communication de Mme Leyla Perrone-Moisés

Jacques Lévêque de Pontharouart et Jean-Marc Montaigne


Texte intégral

1Dans sa communication, Madame Leyla Perrone-Moisés aborde de nombreuses questions, mais ne fait aucune mention du continent austral. Or celui-ci constitue un élément déterminant du voyage de Gonneville, comme cela ressort des principales pièces du dossier :les « Mémoires » du chanoine Paulmier sont un projet très élaboré d’évangélisation du continent austral ainsi que le précise leur titre Mémoires touchant l’établissement d’une mission chrestienne dans le troisième monde, autrement appelé la Terre Australe, méridionale, antartique et inconnue.

2De même le volumineux dossier Duchesne de 116 pages de la Bibliothèque Nationale est intitulé Recueil de plusieurs relations tant anciennes que modernes, voyages, navigations et mémoires concernant le Troisième monde, c’est-à-dire la cinquième partie de l’Univers dépeinte dans toutes les mappemondes sous le titre des Terres Australes inconnues.

3Il faut aussi rappeler qu’avant le retour de Kerguelen de son voyage en 1776, presque tous les contemporains des xviie et xviiie siècles croyaient en l’existence d’un énorme continent austral faisant le tour de la Terre. L’ouvrage tardif (1756) du Président de Brosses Histoire des navigations aux Terres Australes en est la preuve, d’autant plus qu’il reprend la relation de Gonneville. Plusieurs cartes et mappemondes, dont celle de Louis Mayerne de Turquet dans sa seconde version, situent bien la terre d’Arosca sur le littoral du continent austral dans l’Océan Indien.

4Les différentes expéditions envoyées pour retrouver la terre de Gonneville l’ont toutes cherchée dans l’Océan Indien. Ignorer tous ces éléments concordants semble étonnant. Remplacer le continent austral, parce qu’il n’existait pas, par le Brésil, en procédant à une violation flagrante d’un passage essentiel du texte de la relation, l’est encore davantage.

5Le coupable de cette lecture volontairement faussée de la relation de voyage est Armand d’Avezac qui, en 1857 et 1869, a abusé tout son monde. Par la suite, les historiens l’ont suivi sans se donner la peine d’étudier son analyse et sans penser à vérifier l’authenticité de la relation de Gonneville. Ils se sont tous recopiés les uns les autres. Cela a duré jusqu’à la parution de l’article du 26 avril 1993 dans le Paris-Normandie, mais Mme Perrone-Moisés avait déjà publié son livre en 1992 dans sa version en portugais, suivie en 1995 de sa traduction française. Ainsi dans sa communication Mme Perrone-Moisès persévère-t-elle dans cette erreur originelle.

Pour citer ce document

Jacques Lévêque de Pontharouart et Jean-Marc Montaigne, « Note sur la communication de Mme Leyla Perrone-Moisés » dans Rouen 1562. Montaigne et les Cannibales,

© Publications numériques du CÉRÉdI, « Actes de colloques et journées d’étude », n° 8, 2013

URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/ceredi/index.php?id=771.

Quelques mots à propos de :  Jacques Lévêque de Pontharouart

Jacques Lévêque de Pontharouart, ancien armateur, s’est spécialisé dans l’histoire du commerce maritime haut-normand au XVIe siècle. En 1993, dans un article, il a contesté l’authenticité de la relation de voyage au Brésil de Binot Paulmier dit Gonneville. Il a publié en 2000 un livre intitulé Paulmier de Gonneville, son voyage imaginaire développant l’article de 1993.

Quelques mots à propos de :  Jean-Marc Montaigne

Jean-Marc Montaigne, économiste de formation, ancien président d’un GIE d’entreprises françaises, a mené des programmes agro-industriels en Russie et en Chine. Aujourd’hui en retraite, il s’occupe au sein des Éditions ASI, à Rouen, de projets liés aux relations entre le Brésil et la France à la Renaissance. Il est l’auteur du livre Le Trafiq du Bresil et d’un chapitre de l’ouvrage collectif Pau-Brasil aux éditions Axis-Mundi à Sao-Paulo.