Sommaire
La Digression au xvie siècle
Actes de la journée d’étude organisée à l’Université de Rouen en novembre 2014, publiés par Gérard Milhe Poutingon
- Gérard Milhe Poutingon Présentation
- Ariane Bayle La digression sur le charlatan : l’énigme d’une attraction
- Xavier Bonnier Digression et ekphrasis dans deux odes ronsardiennes
- Ellen Delvallée Spécification et consolation dans La Couronne margaritique de Jean Lemaire de Belges
- Olivier Guerrier « Discours naturel » et digression : Montaigne, La Boétie
- Xavier Malassagne La digression dans l’Histoire universelle d’Aubigné
- Gérard Milhe Poutingon « Superfluité d’habits » et « superfluité de langage ». Morales du vêtement et du discours au xvie siècle
- Pascale Mougeolle La varietà ou l’illusion du détour dans La Jérusalem délivrée
- Pascale Mounier L’amplificatio par l’anecdote personnelle : le meurtre en exemples chez Henri Estienne (Apologie pour Herodote, chapitre 18)
- Sangoul Ndong L’éloquence huguenote. Lecture pragmatique de la dispositio des Tragiques d’Agrippa d’Aubigné
- Anne-Pascale Pouey-Mounou « À propos » : digressions rabelaisiennes
- Ginette Vagenheim Digression et autobiographie chez Pirro Ligorio (1512-1582). L’éloge de Michel-Ange et de la peinture
La Digression au xvie siècle
« À propos » : digressions rabelaisiennes
Anne-Pascale Pouey-Mounou
1« Je ne l’ay demandé, dit Panurge au terme d’un échange obscur du Tiers Livre sur un point du Deutéronome, sans cause bien causée : ne sans raison bien resonnante »1 : paradoxale affirmation de pertinence, caractéristique du personnage, à un tournant du récit où il bascule du problème des dettes à celui du mariage, amorçant une aventure qui le mènera fort loin. Peut-être ne sait-il pas où il va ; mais les bifurcations de la vaniloquentia génèrent d’autres déplacements, de l’enquête divinatoire à l’embarquement, le faisant avancer quand même, ne repoussant la décision du mariage (son propos initial) que pour le doter d’un projet minimal (c’est-à-dire encore d’un propos) suffisant pour le mettre en branle. Si le jeu sur la cause (judiciaire, déterminante ou sophistique) et sur la « raison resonnante » trahit un discours qui s’emballe et perd de vue son objet, annonçant les « plaisants causeurs » de Montaigne2, il reste que le principe d’une pertinence est posé. Il s’agit d’une pertinence exploratoire, fondée sur une recherche intime qui est l’envers du paradoxe, sans que l’on soit sûr de retomber jamais sur le « propos » dont la digression est partie.
2Prétexte ou point de départ, ce point de bifurcation d’un récit aux revendications de pertinence provocatrices m’amène à m’intéresser de plus près à la locution « à propos », dont Gérard Milhe Poutingon a montré qu’elle génère, chez les « digressionnistes », abondance de jeux verbaux3. Je l’aborderai selon l’angle de la tempestivitas, notion présente dans les Adages d’Érasme4, afin d’envisager une dynamique de la parole digressive, d’un « propos » qui met en branle. Après un repérage préliminaire des jeux suscités par cette locution, je m’attacherai aux conditions de la tempestivitas rabelaisienne et aux stratégies narratives qu’elle éclaire.
La truelle et le couteau : héros intempestifs et décontenancés
3Les héros intempestifs sont des champions de l’« à-propos ». « C’est de moy que fault conseil prendre », clame Panurge ; « c’est bien à propos truelle », ironise-t-il, « Dieu te gard de mal masson ! »5 Mais leur art s’exerce surtout dans la démolition. La truelle à la bouche, le couteau à la main – tel Panurge brandissant le couteau dont il vient de trancher les patenôtres de la dame de Paris6 –, ils explorent les brèches et déchirent les conventions. Ils sont toutefois aussi des bâtisseurs, tel frère Jean à Thélème, et des ourdisseurs, au moins de mauvais tours.
4Un relevé des occurrences du mot « propos »7 permet ainsi d’envisager trois séries de cas. La première, régie par les locutions à propos et hors de propos, pose un principe de pertinence (souvent détourné) pour introduire des interruptions, tantôt brèves et provocatrices, tantôt longues et plus érudites : avec la question du juste tempo de la digression, idéalement brève, et celle de son « point kairique »8, se pose celle de son rattachement au propos initial. D’autres cas tournent autour de la question à quel propos ? et du souci de servir au propos, dans les prologues, l’enquête divinatoire ou l’explication de certains épisodes, chaque fois donc que se pose la question du sens ou de l’intentionnalité. Sont enfin concernés les menus propos qui bousculent la hiérarchie du récit et des discours. Ces différents emplois sont intimement liés par des jeux sur le mot « propos ».
5Voyons d’abord les provocations incidentes, introduites par la locution à propos. « À propos », commence Baisecul, lors d’un procès où Pantagruel prie les parties de s’exprimer brièvement « sans rien toutesfoys laisser de ce que servira au propos »9 ; on sait ce qu’il en est. À côté de ce souci de servir, plus ou moins crédible, les plaisanteries fusent. « À propos », demande Panurge à la dame de Paris, « n’estez vous amoureuse de moy ? », faisant feu de tout bois pour démonter par des équivoques sexuelles les « contenences » de la fausse dévote : « Meschant fol vous appertient il me tenir telz propos ? »10 « À propos truelle », demande le moine parmi de « beaux propos [tenus] en souppant », « pourquoy est ce que les cuisses d’une damoizelle sont tousjours fraisches ? »11, et cette question appelée par une cuisse de levraut s’enrichit d’une addition issue du proverbe De tous poissons fors que la tanche, détourné en deux temps, par la confusion entre le poisson et la viande, puis en 1542 par un glissement de la viande à la chair qui pose avec le problème du formalisme, celui du célibat ecclésiastique ; tandis que du gibier on passe à la chasse, image de l’engagement dans la guerre picrocholine et dans le siècle, l’abstinence supposée des moines et ses compensations que sont la viande blanche et le vin rouge sont associées au froc, censé stimuler la boisson et sous lequel il fait bon vivre, « le caiche roidde », « la teste [mal] cuyte » et « les yeulx rouges ». Cet habit ne laisse pas d’en préfigurer un autre « aspre aux pots » que Panurge arbore dans le Tiers Livre, soulignant les vertus aphrodisiaques de la robe de bure12. Et « à propos », demande encore le moine, « une femme qui n’est ni belle ni bonne, à quoy vault toille ? », s’interrogeant sur l’étoffe dont on fait les moniales, lors de l’institution de Thélème13. Ces interventions sont autant d’accrocs faits à l’habit monastique, tandis que le banquet constitue un espace de libération des « non-dits » opposable au « non-lieu » qu’est le cloître.
6L’inconvenance des propos est en effet cadrée par l’art des « menus propos » insérés, qui définissent un art de la conversation : frère Jean est ainsi décrit comme « courtoys »14. Plus autorisée, ou feignant de l’être, la digression longue qu’introduit à ce propos relève davantage de l’affirmation tranquille de pertinence, quoiqu’elle recèle des surprises, comme pour la fable du lion et du renard15. La complémentarité de ces deux formats digressifs éclate ainsi dans la répartition du discours de Pantagruel et du dialogue des Pantagruélistes aux chapitres 55 et 56 du Quart Livre où, parmi les « parolles » qui dégèlent, jaillissent « des motz de gueulle »16. Le procès, le banquet, Thélème ou la Thalamège constituent autant d’espaces cadrés où l’on teste les limites d’une parole incidente. Parfois celle-ci énonce ses propres lois d’auto-limitation : à la concentration des Pantagruélistes écoutant « à pleines aureilles […] comme belles huytres en escalle »17 fait contrepoint un dialogue distrait de Panurge et du moine en marge de l’entretien savant du Macrobe et d’Épistémon sur l’île des Macréons, lui-même digressif et qu’il met en abyme : « Macræon en Grec signifie vieillart », commence Panurge, puis, devant l’agacement de frère Jean, « À propos, […] je croy que le nom de maquerelle en est extraict », avant de conclure sans insister : « Allons pescher des huitres en escalles »18. Les huîtres en écaille, ou de l’art d’entrebâiller la possibilité d’un sens, d’écouter à demi-mot, ou de fermer son clapet à propos.
7Revenons enfin à nos moutons, ceux des chapitres 5 à 8 du Quart Livre où le long boniment de Dindenault, scandé par la locution à propos, est encadré par le « propous » qui fâche Panurge, « Voyez là une belle medaille de Coqu », et par sa harangue aux marchands en détresse, pour leur souhaiter de rencontrer quelque baleine « en cas que […] noyer ainsi ne leur vint à propous »19 : dures retrouvailles avec l’à-propos perdu. La digression se déploie ici le temps d’un malaise, d’une convenance perdue à une convenance retrouvée. De même, dans le Tiers Livre, les « propous » d’un Her Trippa persuadé de l’« à-propos » de ses pratiques fâchent Panurge, suscitant son besoin d’un autre échange, avec frère Jean, sur les couillons20. L’unité de cette séquence de l’excursion à l’île Bouchart, véritable excursus dont Pantagruel est absent, tient à son encadrement par le « propous » d’Épistémon blâmant les lenteurs du débat, en une paradoxale critique autoréférentielle de la digression, et à la conclusion apaisée de l’épisode : « Icy feut fin et du propous et du chemin »21, ce qui réhabilite la digression en y impliquant le pauvre Épistémon. Deux derniers cas, jouant sur la formule introductive à propos / hors de propos et l’à-propos d’un personnage, légitiment la digression par l’annonce d’une pertinence paradoxale : « Je ne seray hors de propous », dit Pantagruel, en relatant le conflit du rôtisseur et du faquin résolu par Seigny Joan, qui « se trouva à propous » ; et Bridoye de se souvenir « à propous » de l’appointeur des procès qui excellait à se « trouve[r] à propous, comme lard en poys »22.
8Ces remarques plaident pour une dignité de la digression, marginale et cadrée, festive et polémique, déroutante et pertinente, et pour le liant que rétablit le banquet humaniste entre le « menu principal » du texte et les digressions qui l’assaisonnent. Je reprends ces images à la tradition rhétorique – Aristote sur les expansions nominales, Quintilien sur les sentences, Érasme sur les adages23 –, en postulant qu’est en jeu un rapport entre la substance du texte et la propriété des circonstances adjointes, régie par la notion d’aptum, qu’exprime la locution à propos, et qu’une hiérarchie de cet ordre est posée dans la digression entre la « viande » substantielle du texte et le « condiment » digressif – la question étant celle du juste dosage, de l’adjonction de sel et de l’adéquation mutuelle des ingrédients qui constituent la pertinence. Il est temps de nous demander s’il existe une recette rabelaisienne de la tempestivitas.
Patience, bienveillance et indifférence : les conditions de la tempestivitas
9Un détour par les « lieux » correspondants des Adages déçoit à première vue au sens où Érasme, si attentif aux circonstances de la parole ou de l’action, se préoccupe moins des bifurcations du discours que de ses conditions d’application adéquate24. Toutefois plusieurs de ces adages résonnent étroitement avec des passages du Tiers Livre25, en particulier l’adage Nunc leguminum messis (1623), opposable au blé mangé « en herbe » (In herba esse, 1189), le long adage Nosce tempus (670) et ceux qui évoquent l’éloge paradoxal d’objets dérisoires. En effet, l’appréciation de la pertinence temporelle et celle de l’adéquation à l’objet sont liées, puisque c’est l’inadéquation qui fait trouver le temps long, et qu’inversement la pertinence référentielle est affaire de contexte. En témoignent les marques d’impatience ou d’intérêt de personnages rabelaisiens confrontés aux digressions. Leur appréciation est-elle affaire d’objet, de projet, de situation d’interlocution ?
10Commençons par la formule « Laissons ce propos », que Pantagruel répète à Panurge pour clore l’éloge des dettes ; on la retrouve dans la bouche du diablotin de Papefiguière vexé par les répliques du laboureur, ce qui atteste sa relativité26. Pantagruel blâme l’éloge des dettes en raison de son objet : « preschez et patrocinez d’icy à la Pentecoste, dit le géant, […], jà ne me ferez entrer en dettes ». En revanche il relance Panurge sur la « doctrine moult paradoxe et nouvelle » de la dignité des braguettes, et n’y répond que par le silence27. Cette disponibilité minimale à l’égard du costume de Panurge, malgré ses réserves, montre qu’il le relativise, comme chose « indifferent[e] » ou adiaphoron, pour privilégier la recherche de ses intentions28 : son silence permet ainsi à Panurge de continuer sur l’énoncé de son dilemme, un verbe qui suggère que la digression sur les braguettes n’en était pas une29. Si la pertinence de la digression dépend donc de son objet, c’est dans un cadre et en vertu d’un projet. L’objet, lui, peut se modifier en cours de route et n’est pas nécessairement connu d’avance.
11De fait, les deux interventions successives de Pantagruel sur les dettes s’appliquent à des propos différents, le premier général, le second plus intime, exposant les motivations de Panurge ; par la suite, des dettes aux braguettes puis au désir de mariage, la discussion se déplace, jusqu’à en venir à son objet sous-jacent, le « vouloir » du héros30. Et si la « chanson de Ricochet » – qui impatiente les deux interlocuteurs – reflète le blocage de la réflexion dans le dilemme, elle constitue aussi la perplexité en sujet véritable pour la suite de l’intrigue, faisant d’elle un objet paradoxal à part entière, réhabilitant les vertus de la durée31. En Papefiguière, de son côté, le petit diable n’a pas la largeur de vues de Pantagruel ; il ne tente pas non plus de continuer comme Panurge un propos qui demande à naître, mais de suivre un dessein obstiné, passant étourdiment d’un échec aux promesses fragiles de l’« année sequente » : erreur préjudiciable, puisqu’il y perdra derechef, et qui traduit son incapacité à s’inscrire dans le temps, comme le confirmera son inexpérience sexuelle face à la vieille. S’il ferme l’oreille au propos du laboureur, digressif et agressif, c’est que celui-ci réfère au cycle de vie et de mort du grain de blé selon l’Évangile, image de la résurrection, et lui rappelle son statut subalterne dans la Création32. Or le début du Tiers Livre et ce passage renvoient tous deux au « bon mesnagier » qu’il s’agit d’être33, à Salmigondin comme aux champs : un ordre de pertinence est posé. La digression s’y déploie dans le temps qu’il y faut, celui des cultures triennales ou celui, plus long, d’un travail de discernement.
12Lorsque, inversement, Grandgousier demande à Gargantua de « poursui[vre] [son] propos torcheculatif », il le ramène à son propos principal, mais non sans valider l’excursus d’un syllogisme scolastique, « propos » en lequel son fils l’a fait « quinault »34 : l’objet valait d’autant plus le détour que la suite des expériences pédagogiques de Gargantua confirmera sa pertinence excrémentielle. N’est-ce pas même par cette digression que l’épisode du torchecul rejoint le propos principal ? Autre propos « torcheculatif », la prétendue « continuation » que les Pantagruélistes donnent à la louange des Décrétales tient du contre-éloge ; elle ne prolonge l’éloge que pour l’acculer à ses ultimes conséquences, le rôle lucratif des Décrétales, suivant les lois de l’encomium35. Enfin, lorsque Pantagruel prie Panurge, dans le Cinquiesme Livre, de « conclure le propos » de l’apologue de l’âne et du roussin36, il n’attend pas qu’il y mette fin mais qu’il l’explicite par une morale, inutilement d’ailleurs, car ce récit riche en jeux sur les « propos » entendus et l’expression « à propos » est parfaitement compris, et peu goûté par ses interlocuteurs. Laisser, poursuivre, continuer, conclure : il s’agit moins de définir un objet que de dévoiler des intentions, au sein d’un dispositif qui restaure l’ordre des moyens et des fins. Que l’échange sur la digression l’interrompe, la réoriente ou l’exacerbe, il la radicalise toujours, pour aller jusqu’au bout de ses implicites.
13Ces digressions requièrent ainsi une réceptivité particulière que le prologue du Tiers Livre nomme « Pantagruelisme »37, faite de patience, de bienveillance et d’indifférence. La patience se trouve en toute ambiguïté dans la bouche de Panurge, qui grince ce mot entre ses dents à chaque allusion de Dindenault au cocuage ; la même patience goguenarde caractérise Panurge et le moine priés par Homenaz de « visiter premier les Ecclises que les cabaretz », ce qui donne comme digressifs la visite de l’église et la messe, puis l’éloge des Décrétales au regard de l’appétit sexuel de Panurge – qui a toujours mieux à faire38. Si la « patience » a ici l’effet d’une bombe à retardement, elle est mieux employée ailleurs, où elle se confond avec l’amitié de Pantagruel pour Panurge ou avec la bienveillance requise du lecteur « benevole ». Quant à l’impatient Épistémon qui, consulté par Panurge sur son dilemme, « pr[end] le propous » pour lui reprocher de se donner en (trop long) spectacle, « plus baveux qu’un pot à moustarde », sa critique des lenteurs du débat – qui « moult tarde »39 – revient à lui dénier toute importance : la moutarde, immangeable en elle-même, se subordonne aux plats qu’elle accompagne. À l’opposé, la bienveillance minimale de Pantagruel lui reconnaît une dignité émergente. La mise en scène de la longue durée est de la sorte axiologique : elle permet de réévaluer les enjeux des objets digressifs par des distorsions de perspective paradoxales.
14La réceptivité analogue de Grandgousier à l’égard du torchecul confirme son caractère exploratoire et inventif, confortant l’hypothèse d’une pédagogie de la démarche pantagruéline dans le Tiers Livre. Ce chapitre d’un à-propos douteux est régi par une quête d’adéquation entre les objets et l’usage qu’il s’agit d’en faire, la pluralité des moyens et une visée. Est-ce un effet de la copia, des excès de la mémoire, d’une autonomisation de la matière, si l’on en perd le fil ? Dans le passage déjà cité qu’a relevé Gérard Milhe Poutingon40, les jeux sur le mot « propos » sont nombreux. Mettant en abyme les digressions, ils résolvent aussi comiquement l’hésitation quant au « propos » poursuivi, « chier » ou « torcher le cul » – puisque « chier […] nous fault davant que le cul torcher » – en restituant rétrospectivement une démarche : c’est par là que Gargantua fait son père « quinault en ce propos ». Ils constituent enfin une étape dans la reconnaissance d’une capacité à discourir. C’est ainsi que les « petitz propos pueriles en diverses sortes » que Grandgousier s’attendait à partager avec son fils, propos où les digressions n’auraient pas valu qu’on les relevât, sont requalifiés au moment précis où le risque de digression est pointé, par l’assignation d’un objet, en « propos torcheculatif », puis en « propos » tout court, objet de l’admiration paternelle41. Au moment donc où surgit la double option de la cohérence et de la divergence dans un langage mûr, la requalification scelle la concomitance de la propreté et de la propriété, préalable à la reconnaissance de la maîtrise du langage dans le substantif seul. Reste à actualiser celle-ci : la confrontation des « propos » du jeune Gargantua frais émoulu de la scolastique au discours « propoz[é] » par Eudémon creuse le fossé de la capacité aux compétences et du substantif au verbe, appelant un travail éducatif42. C’est enfin cette émergence d’un « propos » adulte que traduit, sous la conduite de Ponocrates, la transmutation du « propos et argument » des leçons en « confer[ence] », des « passaiges […] competens » lus à table en « propos » de table, et des « leçons » en « devis », jusqu’à la dissociation finale de la « leçon du disner » et du reste de la conversation, « consommé en bons propous tous lettrez et utiles », autonomes43. L’art équestre de Gymnaste en est l’analogue corporel : éloge de la conversation, où le passage des « propos pueriles » aux « propos […] utiles » annonce les alternances de combats et de banquets de la guerre picrocholine.
15Si l’idée de pédagogie suggérait une démarche guidée, sur objectifs, il nous faut ici la nuancer. Le corps parle, c’est-à-dire aussi l’occasion, et « monsieur l’appetit » vient44, en un processus que le pédagogue accompagne ; « chier […] fault davant que le cul torcher », dit un tautologisme dont les scolastiques n’ont pas idée ; moutarde après dîner, préconise au rebours un titre de la librairie de Saint-Victor45… La formule récurrente « si bon sembloit » ouvre ici des bifurcations infinies au long d’un propos continu, annonçant le Fay ce que vouldras de Thélème46. La bienveillance du pédagogue suppose donc une part d’indifférence, au sens de la disponibilité qu’ouvre la considération des adiaphora dans les choix des « digressionnistes ». Si, au chapitre 13 du Gargantua, le jeune géant en remontre à son père, c’est bien parce que la pertinence est rétrospective. De même, les « propos » par lesquels passe Gargantua à la mort de Badebec illustrent cet art ouvert du discernement : par-delà le mélange des états de l’âme, que le texte traduit linéairement, une progression se fait au fil des revirements du veuf : « dont laissa son bon propos et tout soubdain fut ravy ailleurs »47. Car un « bon propos » est un propos que l’on peut laisser pour aller boire, ou pour partir en quête de la Dive Bouteille. Ainsi encore de l’emballement des Pantagruélistes à la fin du Tiers Livre, qui coupe court à la tentation de différer le départ : la concurrence des interventions, jouant sur le mot « propos », signale la convergence de l’équipage dans un à-propos retrouvé48. La disponibilité souhaitable consiste ainsi non seulement à laisser courir le propos, mais à le laisser s’arrêter, son point de congruence enfin trouvé.
Le congre d’Antagoras : stratégies narratives et pertinence poétique
16Se pose dès lors la question du statut narratif de ces « propos rompus », et de leur articulation avec une intentionnalité. « À quel propos […] tend ce prelude, et coup d’essay ? » demande le narrateur du Gargantua49 : à ce stade du prologue la réponse semble évidente ; peu après elle ne l’est plus. « À quel propos me feriez vous present d’un breviaire ? »50 demande-t-il dans le prologue du premier Quart Livre, mais cette fois pour inverser le rapport du contenant et du contenu et faire retour à la boisson : la description du bréviaire est ici plus suggestive, par son étiologie digressive, que cette question qui s’en tient à la surface d’une ornementation « opportun[e] » aux buveurs. « À quel propous », demandent les voisins de Couillatris, son « thesaur » lui est-il « advenu »51 ? Mais les limites du bûcheron font que seule l’occasion leur est donnée, sans l’éclairage sur les desseins des dieux qui les aurait sauvés. Quant à l’épisode même de la cognée perdue, malvenu au cœur des importants débats des Olympiens (« Où en estions nous ? »)52, il invite à revoir l’ordre des priorités posé par le texte. Jupiter lui-même y consent. Couillatris ou Panurge sont, de fait, des héros trop bruyants pour se laisser oublier, et c’est souvent même cette capacité qu’ont les perturbateurs à s’ériger en objet principal qui fait les délices de la narration.
17Quelques images d’apéritifs illustrent ces ambiguïtés. Ainsi, lors de l’accouchement énormissime de Badebec, le cortège de chameaux chargés de sel, de charcuterie et d’achards qui sort de son ventre a la valeur d’un préambule à l’apparition du géant, ce que perçoivent bien les sages-femmes53. Inversement, dans le Gargantua, l’évocation d’un autre cortège de chameaux chargés de vin constitue le point culminant de l’impréparation de Picrochole au long d’un « propous » qu’Échéphron n’a pas tort d’interrompre54. Le régime scolastique suivi par le jeune Gargantua – régime lourd, mais peu substantiel – ne procède-t-il pas du même malentendu, et n’a-t-il pas la même valeur apéritive au regard de l’intrigue, lorsqu’il engloutit apéritifs et condiments dans l’indifférenciation des « viandes »55 ? La dynamique continue d’un propos adjacent qui va dans ce livre des « propos » des Bien-Yvres56 à la civilité de Thélème, mais aussi de ces mises-en-bouche aux propos de table et d’un banquet à l’autre, définit ainsi une ligne directrice étroitement solidaire de l’intrigue, un principe digressif structurant.
18C’est ainsi que le cheminement, plutôt que l’itinéraire, des six pèlerins se solde par l’abandon des vieux schémas interprétatifs. Digression que « le propos requiert », selon le narrateur57, l’épisode introduit, par-delà l’interprétation de leurs mésaventures « par les bonnes parolles » de Lasdaller qui relit tout au prisme des psaumes, et par-delà les « beaulx propos » que frère Jean tient notamment sur les psaumes, la possibilité de « bonnes parolles » moins institutionnelles, délivrées par Grandgousier, et l’émergence d’un « propos » libre opposable aux « sermons » des prédicateurs58. Le « chemin » qu’ils suivent, terme récurrent, échappe tant au systématisme de la relecture scripturaire qu’à une destination prédéfinie.
19De même, dans le Tiers Livre, la référence au « scandale », étymologiquement un obstacle sur le chemin59, n’implique pas qu’une direction soit donnée d’avance : au contraire. Ce récit tout en discours est aussi itinérant : chaque discussion s’y confond avec un chemin d’investigation. Le banquet des savants déçoit en revanche par son statisme. Au milieu des réponses de Trouillogan, l’apparition sensationnelle du défunt Gargantua fait office d’interruption bienvenue. La prévenance du géant priant les Pantagruélistes de ne laisser pour lui « ne [leurs] lieux ne [leurs] propous » et demandant obligeamment « Sur quel propous estiez vous ? »60 résonne comiquement dans un contexte où ils n’en sont nulle part ; et sa colère finale contre ceux qui ne seront jamais « par leurs parolles pris » suggère un bon usage de la digression61 : puisque aucun avis définitif ne peut être émis sur le cas de Panurge, l’essentiel n’est-il pas que sa réflexion se déploie par bifurcation à partir des propos qui l’auront frappé ? C’est en tout cas à partir de cet épisode que l’intrigue bifurque, ouvrant une double option entre Myrelingues et Blois et, de là, la possibilité d’une troisième voie au port de Thalasse.
20Plus riche en péripéties exotiques, le Quart Livre n’en exploite pas moins le principe narratif analogue d’un périple errant en vue d’une fin lointaine, exploratoire, où chaque escale offre matière à discours. Dans les titres des chapitres, l’exposition des singularités observées alterne avec les commentaires, « brief discours », « raisonne[ment] », « pitoyable histoire », « notable discours », « menuz devis », « problemes propousez »62, sans parler des « parolles » gelées : halte parmi d’autres, digression, parenthèse ? Le récit « en archipel »63 permet d’éluder la question, s’effilochant jusqu’à l’acmé digressive que représente la logorrhée finale sur une diarrhée mémorable64 : il vaut la peine de « saluer les Muses » en effet, si d’une matière excrémentielle jaillit un tel flot de paroles, à l’instar des îles visitées et commentées tout au long du périple. Le discours vaut plus que les objets qu’il révèle !
21Quel rapport hiérarchique unit alors ces discours au récit ? La faim des Pantagruélistes a parfois valeur de critère à l’égard des digressions indues, mais pas toujours. En revanche, la priorité des questions alimentaires au sein du débat religieux faisant elle-même question, elles recoupent en fait le propos principal : « Le jeune », comme dit Panurge à Homenaz, « ne nous vient à propous »65. De l’escale à Cheli on ne saura ainsi rien sinon que l’on y « rue en cuisine »66, et cette information marginale constitue bel et bien l’essentiel de la visite. Quant à l’échange en ce lieu sur la raison « Pourquoy les moines sont voluntiers en cuisine », il trouve son aboutissement lors des préparatifs de la bataille contre les Andouilles, lorsque frère Jean prie un Pantagruel peu persuadé de l’à-propos de l’entreprise, mais respectueux du contexte, de déléguer l’affaire aux cuisiniers : « matiere de breviaire » promue en épisode essentiel67. L’échange sur les moines en cuisine éclaire ici la marche de l’intrigue : Pantagruel n’y expose-t-il pas l’idée, elle-même digressive à l’égard du « probleme propousé […] un peu chatouilleux », d’intrigues parallèles se déroulant, selon le decorum qui sied à chacun, au combat ou dans le secret des tentes où le poète s’occupe, tantôt à « descri[re] les prouesses » guerrières, tantôt à « fricass[er] Congres » 68 ? Des enjeux génériques s’ensuivent : au poète qui s’ingère entre les Andouilles et Quaresmeprenant, il n’est pas « indecent » de « fricasser » ce qu’il veut – c’est sa cuisine – ; il est « abhorrent » de s’en étonner.
22Je reviendrai pour finir à la formule du Tiers Livre dont je suis partie : pour qu’une « cause » soit reconnue, il faut lui avoir permis de se dire ; pour qu’une « raison » s’impose, il faut qu’elle ait pu résonner. Les jeux sur l’« à-propos » relevés chez Rabelais attestent ainsi la cohérence d’une pensée sur la tempestivitas où s’enracine sa prédilection pour les digressions dérangeantes, leurs modes d’imposition paradoxaux, leurs conditions de légitimité et les voies d’une narration de plus en plus rompue et discoureuse. La digression est d’abord cadrée, spatialement, idéologiquement et linguistiquement, par l’interpénétration des questions de pertinence, de finalité et de sens, la spatialisation des remarques incidentes et les jeux verbaux. Aussi pédagogique que ludique, elle suppose un ordre et une confiance dans les vertus révélatrices de la longue durée, et promeut une temporalité spécifique, conditionnée par une disponibilité radicale aux non-dits. Enfin, dans le prolongement des prologues, elle interroge structurellement les priorités du texte, banquets et champs de bataille, églises et cabarets, salles de réception et cuisines, escales et périple, décentrant le regard de l’intrigue principale aux épisodes annexes pour réévaluer leurs enjeux dans l’art tout culinaire de la « fricassée » textuelle.
1 Rabelais, Œuvres complètes, éd. M. Huchon avec la collaboration de F. Moreau, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1994, Tiers Livre, chap. 6, p. 371. Voir M. A. Screech, Rabelais et le Mariage. Religion, morale et philosophie du rire [1958], trad. fr. A. Bridge, Genève, Droz, 1992, p. 51-56, et Rabelais [1979], trad. fr. M.-A. de Kisch, Paris, Gallimard, 1992, p. 303-305.
2 Montaigne, Essais, éd. P. Villey-V.-L. Saulnier, Paris, PUF, [1965], 2002, III, 11, 1026 B.
3 G. Milhe Poutingon, Poétique du digressif. La digression dans la littérature de la Renaissance, Paris, Classiques Garnier, 2012, p. 67-68, 135, 138, 168-169, 172-173, 250-253, etc.
4 Voir dans Érasme, Adages, éd. J.-C. Saladin et al., Paris, Belles Lettres, 2013, t. V, p. 206-208, les loci Intempestiva et inepta, Tempestiva et Servire tempori.
5 Rabelais, éd. citée, Tiers Livre, chap. 2, p. 358, et chap. 18, p. 407. Sur Panurge, les « intérêts du détour » et les « délices de l’inutile » et d’une « parole concurrente », voir M. Marrache-Gouraud, « Hors toute intimidation ». Panurge ou la parole singulière, Genève, Droz, 2003, p. 33 sq., 138 sq.
6 Rabelais, éd. citée, Pantagruel, chap. 21, p. 293.
7 D’après J. E. G. Dixon, avec la collaboration de J. L. Dawson, Concordance des œuvres de François Rabelais, Genève, Droz, 1992, s. v.
8 Voir encore G. Milhe Poutingon, Poétique du digressif, op. cit., p. 136 sq.
9 Pantagruel, chap. 11, p. 254 et 257. Voir G. Milhe Poutingon, Poétique du digressif, op. cit., p. 52-53.
10 Pantagruel, chap. 21, p. 292 et 294.
11 Gargantua, chap. 39, p. 107-109, notamment p. 108.
12 Tiers Livre, chap. 7, p. 372.
13 Gargantua, chap. 52, p. 138.
14 Ibid., chap. 39, p. 107.
15 Pantagruel, chap. 15, p. 269 sq.
16 Quart Livre, chap. 55-56, p. 667-671.
17 Ibid., chap. 55, p. 667.
18 Ibid., chap. 25, p. 598.
19 Ibid., chap. 5, p. 548, et chap. 8, p. 555, ainsi que p. 550, 552, 553.
20 Tiers Livre, chap. 25-26, p. 429-430 et 432.
21 Ibid., chap. 24, p. 424, et chap. 28, p. 443. Sur cette séquence, voir O. Zhiri, L’Extase et ses paradoxes. Essai sur la structure narrative du Tiers Livre, Paris, Champion, 1999, p. 105-130, et sur la spatialisation de cette problématique de la pertinence, G. Milhe Poutingon, Poétique du digressif, op. cit., p. 107 sq. ainsi que « Panurge hors de propos : digression et philautie dans le Tiers Livre », Naissance du roman moderne : Rabelais, Cervantes, Sterne. Récit, morale, philosophie, éd. C. Michel, Rouen-Le Havre, PURH, 2007, p. 131-132.
22 Tiers Livre, chap. 37, p. 468-469, et chap. 41, p. 479 et 481. Voir G. Milhe Poutingon, Poétique du digressif, op. cit., p. 107, et A.-P. Pouey-Mounou, Panurge comme lard en pois. Paradoxe, scandale et propriété dans le Tiers Livre, Genève, Droz, 2013, notamment p. 27-30 et passim.
23 Aristote, Rhétorique, III, 1406a 18-19 ; Quintilien, Institution Oratoire, VIII, 5, § 26-28 ; Érasme, Adages, éd. citée, t. I, Prolegomena, p. 38.
24 Érasme, Adages, éd. citée, t. V, p. 206-208, « lieux » Intempestiva et inepta, Tempestiva et Servire tempori.
25 Voir encore Panurge comme lard en pois, op. cit., p. 382-383 sq.
26 Tiers Livre, chap. 5, p. 368-369, et Quart Livre, chap. 46, p. 645.
27 Tiers Livre, chap. 6, p. 367, chap. 8, p. 374, et chap. 9, p. 377. Voir O. Zhiri, L’Extase et ses paradoxes, op. cit., p. 55-65.
28 Tiers Livre, chap. 7, p. 372. Sur ce passage, voir M. A. Screech, Rabelais, op. cit., p. 306-307, et A.-P. Pouey-Mounou, Panurge comme lard en pois, op. cit., p. 40 sq., 71 sq.
29 Tiers Livre, chap. 9, p. 377.
30 Voir encore O. Zhiri, L’Extase et ses paradoxes, op. cit., p. 45-65.
31 Voir sur ces questions M. A. Screech, Rabelais et le Mariage, op. cit., p. 75 sq., et Rabelais, op. cit., p. 304-306 ; J. Céard, « Le jugement de Bridoye », Rabelais, éd. F. Charpentier, Cahiers Textuel, 15, 1996, p. 49-62 ; et O. Zhiri, « Le Tiers Livre, le temps et le sens », Rabelais et la question du sens, éd. J. Céard et M.-L. Demonet avec la collaboration de S. Geonget, Genève, Droz, 2011, p. 161-174 ; ainsi que les remarques d’E. Lacore-Martin, Figures de l’histoire et du temps dans l’œuvre de Rabelais, Genève, Droz, 2011, p. 64-70 et 81-83.
32 Quart Livre, chap. 46, p. 645.
33 Ibid., et Tiers Livre, chap. 2, p. 358, et chap. 7, p. 373.
34 Gargantua, chap. 13, p. 41. Voir G. Milhe Poutingon, Poétique du digressif, op. cit., p. 146.
35 Quart Livre, chap. 52, p. 658-662. Voir sur ce passage B. Renner, Difficile est saturam non scribere. L’herméneutique de la satire rabelaisienne, Genève, Droz, 2007, p. 161-169.
36 Cinquiesme Livre, chap. 7, p. 743.
37 Tiers Livre, prologue, p. 351.
38 Quart Livre, chap. 6-7, passim, et chap. 49, p. 651-654.
39 Tiers Livre, chap. 24, p. 425. Voir G. Demerson, Humanisme et Facétie. Quinze études sur Rabelais, Orléans, Paradigme, 1994, « Les calembours de Rabelais », p. 183 ; J. Céard et J.-C. Margolin, Rébus de la Renaissance, Paris, Maisonneuve et Larose, 1986, t. I, p. 22 et n. 34 ; G. Milhe Poutingon, « Panurge hors de propos… », art. cité, p. 131-132.
40 Gargantua, chap. 13, p. 41. Voir G. Milhe Poutingon, Poétique du digressif, op. cit., p. 146.
41 Gargantua, chap. 13-14, p. 38 et 42.
42 Ibid., chap. 15, p. 44.
43 Ibid., chap. 23, p. 65-66 et 70. Sur cette évolution, voir A.-P. Pouey-Mounou, « Du boniment au paradoxe : de quelques jeux de requalification rabelaisiens », Inextinguible Rabelais, actes du colloque de Paris-Sorbonne, 12-15 nov. 2014, éd. M. Huchon et al., à paraître chez Classiques Garnier.
44 Gargantua, chap. 23, p. 66.
45 Ibid., chap. 13, p. 41, et Pantagruel, chap. 7, p. 238.
46 Gargantua, chap. 57, p. 149.
47 Pantagruel, chap. 3, p. 226.
48 Tiers Livre, chap. 47, p. 495.
49 Gargantua, prologue, p. 6. Sur l’accentuation de cette logique de dialogue d’un prologue à l’autre, voir B. Renner, Difficile est saturam non scribere, op. cit., p. 62-86.
50 Quart Livre, prologue de 1548, p. 717.
51 Quart Livre, prologue de 1552, p. 533.
52 Ibid., p. 529.
53 Pantagruel, chap. 2, p. 224.
54 Gargantua, chap. 33, p. 93 et 95.
55 Ibid., chap. 21, p. 57.
56 Ibid., titre du chap. 5, p. 17.
57 Ibid., chap. 38, p. 104.
58 Ibid., chap. 38, p. 106, chap. 39, p. 106, et chap. 45, p. 121 et 124.
59 Voir Panurge comme lard en pois, op. cit., chap. 2.
60 Tiers Livre, chap. 35, p. 462.
61 Ibid., chap. 36, p. 466.
62 Quart Livre, titres des chap. 21, 27, 28, 37, 51, 63. Voir M. Marrache-Gouraud, « Souvenirs de voyage. Le mémorable dans le Quart Livre », Un joyeux quart de sentences, éd. M.-L. Demonet et S. Geonget, Genève, Droz, 2012, p. 89-102.
63 Voir F. Lestringant, « L’Insulaire de Rabelais ou la fiction en archipel (pour une lecture topographique du Quart Livre) », Études Rabelaisiennes, 21, Rabelais en son demi-millénaire, éd. J. Céard et J.-C. Margolin, Genève, Droz, 1988, p. 249-274.
64 Quart Livre, chap. 67, p. 697-701.
65 Ibid., chap. 49, p. 653.
66 Ibid., chap. 10, notamment p. 561.
67 Ibid., chap. 11, et chap. 39, p. 630. Voir aussi sur cette formule F. Rigolot, « ‘A plus bas sens interpreter’ : Frère Jean et la ‘matière de Bréviaire’ », Études Rabelaisiennes, 33, Rabelais pour le xxie siècle, éd. M. Simonin, Genève, Droz, 1998, p. 41-53.
68 Ibid., chap. 11, p. 563-564.
Actes de la journée d’étude organisée à l’Université de Rouen en novembre 2014, publiés par Gérard Milhe Poutingon
© Publications numériques du CÉRÉdI, « Actes de colloques et journées d’étude », n° 13, 2015
URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/ceredi/index.php?id=557.
Quelques mots à propos de : Anne-Pascale Pouey-Mounou
Université de Lille
Institut Universitaire de France